Recherche
:...התוכן שלנו ל
חדשות, מחקר, ניתוח וייעוץ
Vers un désert fertile ?
Après avoir prodigué des hydrocarbures et une manne pétrolière inestimable au cours des deux derniers siècles, les longues étendues de sable, qui couvrent plus de 2 330 000 kilomètres carrés, s’avèreraient fertiles. Convaincus de cette hypothèse, le royaume saoudien ainsi que les Émirats Arabes Unis redoublent d’efforts pour faire “fleurir le désert”. Ces deux États du Golfe, mais aussi le Liban et l’Égypte, lancent des programmes renouvelés de plantation et de micro-irrigation. Ce phénomène s’inscrit au cœur d’un mouvement de transition environnementale. En effet, l’euphorie régionale issue des années de rente pétrolière laisse désormais place au scepticisme. À partir de 2014, la chute des prix des hydrocarbures combinée à l’épuisement rapide des réserves de pétrole marquent la fin de l’État providence, confronté désormais à une dette publique croissante. Le défi politique et économique régional est complexifié par une augmentation de la demande alimentaire, due à un exode rural massif et à l’afflux de travailleurs étrangers.
Cependant, au début du XXIe siècle, la dépendance structurelle vis-à-vis de l’étranger pour le matériel et le personnel qualifié entrave la voie vers l’autosuffisance alimentaire. La révision des modèles agricoles hérités des années 1970 est essentielle pour moderniser les anciennes oasis ou conquérir de nouvelles terres agricoles. Mais comment augmenter les rendements alimentaires dans des pays où les précipitations moyennes ne dépassent pas quatre-vingts millimètres par an ? La perspective d’un désert reverdi est-elle réaliste ou ne serait-elle qu’un mirage ?
Réinventer les déserts : La micro-irrigation à l'avant-garde de la révolution verte
Pour lutter contre le déterminisme physique, la science prolonge les pratiques des agriculteurs afin de remédier à l’aridité des zones désertiques. De nombreux pays arabes s’appuient sur la micro-irrigation pour augmenter les rendements et encourager le développement de la verdure. Cette technique du “goutte-à-goutte” a l’avantage de réduire l’arrosage excessif des sols en acheminant l’eau directement vers les racines des plantes, là où elle est le plus nécessaire. C’est ainsi qu’Israël a transformé le visage du Néguev. Au fil de l’eau, cette région désertique, située au sud du pays, s’est métamorphosée en un oasis de denrées alimentaires. Le domaine de Nana, près de Beer-Sheba, produit annuellement entre 15 000 et 20 000 bouteilles de spiritueux grâce à la micro-irrigation. Fort de ce succès, l’État hébreu applique désormais le goutte-à-goutte sur 80% de ses terres.
De part et d’autre de la Méditerranée, des initiatives gouvernementales et associatives se déploient dans l’espoir de voir leurs terres se développer. Au Liban, le projet de développement des infrastructures agricoles financé par le FIDA a porté ses fruits. Il a permis la plantation d’arbres fruitiers dans les jachères des collines de la Bekaa et de Nabatieh, augmentant significativement les revenus des agriculteurs. En Égypte, le programme OFIDO (On Farm Irrigation Development Project In Oldlands), initié en 2009, vise le même objectif. À long terme, cette intervention devrait générer des emplois saisonniers pour plus de 21 000 hommes et femmes ruraux pauvres dans les gouvernorats de Kafr El-Sheikh et Beheira.
Quels coûts ?
Selon une série d'études menées par l'USAID dans la région d'Amhara, en Éthiopie, l'adoption combinée de l'irrigation goutte à goutte, de l'énergie solaire et des pratiques agricoles de conservation a permis de réduire la consommation d'eau de 30%, d'augmenter la productivité et les rendements de 15à 30%. La micro-irrigation à petite échelle représente donc un modèle efficace, fondé sur une infrastructure intelligente favorisant la résilience climatique et la durabilité financière. Cependant, le secteur fait face à un déficit mondial de financement estimé à environ 80 milliards de dollars américains par an pour le développement de ces infrastructures. Pour garantir leur viabilité à long terme, les coûts d'exploitation et de maintenance doivent être pris en charge par des coopératives agricoles organisées. Il est également crucial que les projets d'irrigation élaborent des stratégies de sortie bien définies, soutenues par une législation appropriée, afin d'assurer le financement continu nécessaire à l'exploitation et à la maintenance des infrastructures.
De l’Ambre au Mauve : la métamorphose surprenante des terres saoudiennes
Outre le génie scientifique, la nature serait-elle capable d’innovation? Au nord de l’Arabie saoudite, le désert a échangé sa teinte ambrée contre un mauve chatoyant. Ce petit miracle, visible près de la ville saoudienne de Rafha et surnommé “la lavande du désert”, a été favorisé par des pluies abondantes survenues fin 2022. Le royaume saoudien est en bonne voie pour devenir un terreau fertile. Les revenus pétroliers dégagés par cet État du Golfe ont permis de financer un programme agricole prometteur, fondé sur une agriculture de pointe accompagnée d’un système d’irrigation optimal. Entre 1961 et 2008, les surfaces agricoles équipées pour l’irrigation ont plus que quintuplé, passant de 323 000 hectares à 1 620 000 hectares. L’accroissement des terres cultivables a également favorisé l’établissement de grandes sociétés saoudiennes d’agribusiness. Parmi elles : Watania, qui exploite 30 000 hectares, Nadec avec ses 18 000 hectares, et enfin la plus opulente : la Al-Jouf Agricultural Development Company (Jadco), sous la gouvernance de la famille royale, qui gère 60 000 hectares. Positionnée sur plusieurs segments incluant à la fois la production agricole végétale et animale, Al-Jouf a connu une croissance exceptionnelle de 33% de son revenu net au cours des cinq dernières années. Là où fleurit la végétation, fleurit aussi le bénéfice.
Labourer les champs, voir éclore les premiers bourgeons estivaux sont des phénomènes qui démentent l'image fantasmée d'un Moyen-Orient aride et stérile. Cette vision erronée tranche avec une réalité bien moins manichéenne. Alors que le siècle précédent semblait encourager le pourtour méditerranéen à creuser sous terre pour évoluer dans la mondialisation, aujourd’hui, l'avenir régional se joue indéniablement en surface.
Sources :
https://journals.openedition.org/etudesrurales/17484
https://www.ifad.org/en/web/operations/-/project/1100001447
http://www.g-eau.fr/images/PRODUCTION/working-papers/WP9_Egypt_MOLLE.pdf
La maison de la sagesse : un phare de connaissance et de tolérance à Bagdad
Rêve et révélation
Au commencement : Bagdad. Fondée en 762, la ville était alors une métropole prospère et un centre névralgique du commerce, attirant des savants du monde entier. Son envergure était telle qu’elle comptait déjà plus d’1 million d’habitants, contre 50 000 à Rome qui était alors la plus grande ville d'Europe.
Au coeur de la ville, La Maison de la Sagesse a été établie sous le califat d'Harun al-Rashid (786-809), mais c'est sous le règne de son fils, Al-Ma'mun (813-833), surnommé le sage de Bagdad, que la bibliothèque atteint son apogée.
Al-Ma'mun est un passionné de littérature au point qu’il passe ses journées à lire et étudier. La tradition raconte qu’il était si féru de livres qu’il accepta de cesser la guerre contre les Byzantins en échange d’un rare manuscrit qui manquait à sa collection. Un soir, Al-Ma'mun fait un rêve dans lequel Aristote lui apparaît.
C’est suite à cela qu’il décide d’ouvrir la bibliothèque à tous les savants de l’époque, qu’ils soient juifs, chrétiens ou zoroastriens.
Érudition et tolérance
La Maison de la Sagesse n'était pas simplement une bibliothèque ; elle était un véritable centre de connaissances où des savants de différentes religions collaboraient harmonieusement. Cette diversité reflétait la vision inclusive des Abbassides, qui considéraient la quête de la connaissance comme un devoir transcendant les barrières religieuses et culturelles. Al-Ma'mun lui-même disait que "la connaissance est le but le plus noble et doit être recherchée de toutes parts". Ainsi, la Maison de la Sagesse a joué un rôle crucial dans la préservation et la transmission du savoir antique. Les savants y ont traduit des œuvres majeures de la philosophie grecque, de la médecine persane, des mathématiques indiennes et des sciences naturelles.
Parmi les traducteurs célèbres, on trouve Hunayn ibn Ishaq, qui a traduit les œuvres de Galien et d'Hippocrate ou encore Al-Khwarizmi, dont les travaux en algèbre et en astronomie ont eu une influence durable sur les sciences.
Les activités ne se limitent pas à la traduction et à la révision des ouvrages existants ; par exemple, Hunayn Ibn Ishaq enrichit également le vocabulaire arabe en introduisant une terminologie scientifique novatrice. Il adapte des mots grecs, comme philosophia qu'il transforme en falsafa, et crée des équivalents de sens adaptés au contexte arabe. Par exemple, pour le terme « pylore », il se base sur son sens étymologique grec (gardien) et utilise le mot arabe bawab (portier).
En plus des traductions et de l’enrichissement des langues, de nombreuses disciplines scientifiques sont mises à l’honneur. En effet, les mathématiciens de la Maison de la Sagesse ont par exemple introduit le système numérique indien (qui deviendra plus tard connu sous le nom de chiffres arabes) en Europe.
Al-Khwarizmi, souvent considéré comme le père de l'algèbre, a écrit "Kitab al-Jabr wa-l-Muqabala" qui peut être traduit par "Le Livre de l'Addition et de la Soustraction”, une œuvre fondatrice des mathématiques
Déclin et Héritages
À la suite de la mort d'al-Mamun, la Maison de la sagesse commence un lent déclin qui culmine avec sa destruction lors de l'invasion mongole.
En 1258, l'armée mongole dirigée par Hulagu Khan, le petit-fils de Gengis Khan et premier souverain mongol de l'Iran, saccage Bagdad. De nombreux manuscrits précieux sont jetés dans le fleuve Tigre, au point de noircir ses eaux. Anticipant ce désastre, l'astronome perse Nasir al-Din al-Tusi (1201-1274) parvient à sauver plusieurs milliers de manuscrits en les transférant à l'observatoire astronomique de Maragha, construit par Hulagu en 1259 dans le nord-ouest de l'Iran.
Cet observatoire devient alors un nouveau centre de savoir, où les manuscrits sauvés continuent de nourrir les esprits des savants de l'époque.
La Maison de la sagesse, précurseur en matière de traduction et de diffusion du savoir, a inspiré au fil des siècles de nombreuses initiatives similaires à travers le monde, tant en Orient qu'en Occident. Les centres de traduction et de connaissances se sont multipliés, notamment en Espagne musulmane avec la célèbre École de Tolède, où des savants musulmans, chrétiens et juifs ont travaillé ensemble pour traduire et préserver les œuvres classiques.
De plus, la tradition de la Maison de la sagesse a influencé les universités européennes du Moyen Âge. Des institutions comme l'Université de Salerne en Italie et l'Université d'Oxford en Angleterre ont été inspirées par le modèle de Bagdad, en particulier dans leur approche de la médecine, de l'astronomie et de la philosophie. La plus récente de ces initiatives est la "Maison de la sagesse – Traduire", fondée par la philosophe et académicienne française Barbara Cassin à Paris, visant à perpétuer l'esprit de cette bibliothèque légendaire à travers la promotion de la traduction et du dialogue interculturel.
Cette institution moderne continue de célébrer l'héritage de la Maison de la sagesse en réunissant des traducteurs et des chercheurs de divers horizons pour travailler ensemble sur des projets de traduction qui favorisent la compréhension mutuelle et la coopération internationale.
Ainsi, la Maison de la sagesse ne représente pas seulement un moment historique de la culture islamique, mais elle symbolise également une vision intemporelle de la recherche du savoir et de la coexistence pacifique entre les cultures. Elle rappelle que l'échange de connaissances et la collaboration entre différentes civilisations sont essentiels pour le progrès de l'humanité.
Sources :
https://www.bbc.com/afrique/monde-55396995
https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Maison-de-la-sagesse.html
La course aux minerais stratégiques des pays du Golfe pour assurer leur transition énergétique
L'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, comme d'autres nations de la région, cherchent à se positionner comme des leaders dans l'extraction et le traitement des minerais stratégiques nécessaires pour les technologies vertes.
Ces ressources, telles que le cuivre, le lithium, le cobalt et le nickel, sont devenues indispensables pour la fabrication des batteries, des panneaux solaires, et des éoliennes, devenues des éléments clés de la transition énergétique.
C’est dans ce but que ces pays renforcent à tour de bras leurs partenariats internationaux afin de sécuriser l'approvisionnement en minerais rares et assurer une souveraineté stratégique.
L’orient se tourne vers l’Afrique
Dans la sphère diplomatique, une rude bataille est menée pour assurer l’approvisionnement en minerais. En décembre 2023, les Émirats arabes unis, via International Resources Holding, ont acquis une participation majoritaire dans la mine de cuivre de Mopani en Zambie pour 1,1 milliard de dollars.
De son côté, l'Arabie saoudite a créé le fonds Manara, doté de 15 milliards de dollars, et a acquis 10% de la filiale de Vale, un géant minier brésilien spécialisé dans les minerais stratégiques. En plus de cela, le pays a signé des accords de coopération minière avec plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo, l'Égypte, la Russie et le Maroc. Enfin, des délégations saoudiennes ont également exploré des opportunités en Argentine et au Chili, pays riches en lithium. Ces investissements massifs dans les minerais stratégiques visent à soutenir la production locale de véhicules électriques, comme l'usine Lucid en Arabie saoudite, et à fournir des composants critiques à l'industrie aéronautique et de la défense. L’enjeu est clair : assurer une souveraineté permettant une transition énergétique.
Une réussite stratégique et une ambition nucléaire
« Je suis heureux d'annoncer que notre estimation du potentiel minéral inexploité du royaume est passée de 1.300 milliards de dollars à 2.500 milliards de dollars, soit une augmentation de 90% »
Tels sont les mots de Bandar Alkhorayef, ministre saoudien de l'Industrie et des Ressources minérales, lors d'une conférence à Ryad. La vision stratégique 2030 du royaume, porté par le prince héritier MBS, porte ses premiers fruits.
À cela s’ajoute, en 2023, la découverte de réserves significatives d'uranium, exploitables localement. Ces ressources pourraient permettre au pays de produire indépendamment le combustible nécessaire pour ses futures centrales nucléaires. Les explorations récentes ont identifié une variété de gisements d'uranium dans différentes régions du Royaume, notamment à Jabal Saeed, Madinah et Jabal Qariah dans le nord.
En outre, des quantités importantes de titane ont également été découvertes.
En complément de l'énergie solaire et éolienne, le royaume mise sur le nucléaire pour répondre à une demande croissante en électricité, qui a augmenté de 20 % entre 2012 et 2020. Le nucléaire jouera donc un rôle clé dans des projets énergivores tels que le dessalement de l'eau, actuellement dépendant de la combustion des hydrocarbures. Avec l'annonce en 2018 de la construction de 16 réacteurs nucléaires sur 20 ans, pour un coût de 80 milliards de dollars, l'Arabie Saoudite a réaffirmé son engagement en faveur du nucléaire.
Récemment, le prince Abdulaziz bin Salman a confirmé le développement de deux grands réacteurs, qui exploiteront les ressources locales en uranium, marquant une avancée significative dans la transition énergétique du pays.
Un impact économique et sociétal majeur
La transition climatique et l’industrialisation ont créé des milliers d'emplois dans les pays du Golfe, réduisant ainsi les taux de chômage et améliorant le niveau de vie des populations locales. En Arabie Saoudite, par exemple, le secteur minier pourrait générer environ 250 000 emplois directs et indirects d'ici 2030.
En investissant dans des formations et des infrastructures locales, les pays du Golfe souhaitent non seulement favoriser le développement des compétences et l'éducation mais aussi préparer une nouvelle génération de travailleurs qualifiés pour soutenir une industrie souveraine.
Les retombées économiques ne se limitent pas seulement à la création d'emplois. Selon les estimations, les projets miniers en cours en Arabie Saoudite pourraient ajouter jusqu'à 64 milliards de dollars à l'économie du pays chaque année. De plus, les investissements dans les technologies de l'information et les infrastructures logistiques nécessaires pour soutenir ces opérations minières stimulent d'autres secteurs économiques, créant un effet de ruissellement positif sur l'ensemble de l'économie. Sur le plan sociétal, ces développements offrent des opportunités d'éducation et de formation professionnelle aux jeunes, ce qui contribue à réduire les inégalités et à améliorer la mobilité sociale.
Les pays du Golfe mettent en place des programmes de bourses et des partenariats avec des institutions académiques internationales pour former des ingénieurs et des techniciens spécialisés dans l'industrie minière. Toujours en Arabie Saoudite, des initiatives comme le "Mining Skills Development Program" visent à former plus de 10 000 professionnels d'ici 2025.
Même si les conséquences positives sont nombreuses et que l’objectif d’une transition énergétique est louable et impératif, les critiques concernant l’extraction des minerais restent nombreuses car les techniques employées restent polluantes. C’est pour cela que les pays du Golfe multiplient les initiatives pour une exploitation minière durable et respectueuse de l'environnement.
Les gouvernements des pays du Golfe investissent dans des technologies vertes pour minimiser l'impact environnemental de l'extraction des minerais, conformément aux objectifs de la transition énergétique dictés par les COP. L'Arabie Saoudite, par exemple, a alloué plus de 2 milliards de dollars pour des projets de recherche et développement dans le domaine des technologies propres et de l'extraction minière durable.
Ainsi, la quête des pays du Golfe pour les minerais stratégiques est une réponse proactive aux défis de la transition climatique et une opportunité de redéfinir leurs économies. En outre, cette dynamique s'inscrit dans une longue tradition de liens culturels et économiques entre l'Orient et l'Afrique, où les échanges commerciaux et les interactions culturelles ont façonné des civilisations prospères et interconnectées. Historiquement, les routes commerciales qui traversaient le Golfe et l'Afrique de l'Est étaient des vecteurs essentiels de prospérité et de développement. Ces liens historiques sont aujourd'hui ravivés par les ambitions des pays du Golfe de s'industrialiser et de préserver leur souveraineté économique. Les défis communs que partagent l'Orient et l'Afrique, notamment en matière de développement durable et de transition énergétique, les placent à une intersection commune, ouvrant la voie à une coopération renforcée et à un avenir partagé prospère.
Sources :
https://alj.com/fr/news/leading-saudi-arabias-renewable-energy-revolution/
Redécouvrir Mohamed Zinet : Un artiste algérien au parcours unique
Le parcours d’un battant et militant
Mohamed Amokrane Zinet, plus connu sous le nom de Mohamed Zinet, a vu le jour à la Casbah d'Alger. Cette ville, qui a bercé son enfance, est restée au cœur de son inspiration artistique. Ayant participé à la guerre d'indépendance algérienne dans les rangs du FLN, il se tourne ensuite vers le théâtre, où il débute avec des pièces comme Le Cadavre encerclé de Kateb Yacine. Sa carrière théâtrale se poursuit en France et en Allemagne avec la troupe de Jean-Marie Serreau.
Son premier long métrage, Tahia ya didou! (Alger insolite), réalisé en 1971, est une œuvre emblématique. Commandé initialement comme un court métrage touristique par la mairie d'Alger, Zinet détourne ce projet pour en faire une célébration de la ville d'Alger, de ses habitants et de leur lutte pour l'indépendance. Ce film, sans récit ni dialogue traditionnel, se présente comme une sorte de "film symphonique". Bien que longtemps considéré comme perdu, il est finalement redécouvert en mauvais état dans les caves de la Cinémathèque d'Alger, et il est aujourd'hui vu comme un trésor cinématographique national.
La création de "Tahia ya didou!" a changé la vie et le destin de Zinet. Le film, bien que révolutionnaire, a coûté à Zinet sa carrière en Algérie. Son approche non conventionnelle et son franc-parler lui ont valu des critiques et des obstacles professionnels, le poussant à s'installer en France. Pourtant, le temps a fait de "Tahia ya didou!" une œuvre majeure de Zinet, témoignant de sa vision artistique audacieuse et de son engagement à représenter la véritable essence de son pays natal.
Une carrière marquée par des rôles puissants
Mohamed Zinet est également connu pour ses rôles dans divers films français des années 1970. Son interprétation dans Dupont Lajoie (1975) d'Yves Boisset est particulièrement mémorable. Zinet y joue le rôle de l'immigré venu venger son frère, ce qui en fait une figure emblématique du cinéma engagé contre le racisme. Le film, qui dénonçait le racisme ordinaire en France, fut un grand succès malgré les tensions et les menaces durant le tournage. Pour preuve, en 1974, alors qu'il tournait Dupont Lajoie, Zinet fut agressé par quatre hommes, ce qui entraîna son hospitalisation et son retrait du tournage. Cet événement tragique souligne les défis auxquels il a été confronté en raison de son origine et de ses choix artistiques dans une société très polarisée.
L'œuvre de Zinet est éclectique, Outre Tahia ya didou! et Dupont Lajoie, il a joué dans plusieurs autres films notables :
- Les Ajoncs (1970) de René Vautier
- Les Trois Cousins (1970) de René Vautier
- Le Bougnoul (1975) de Daniel Moosmann
- La Vie devant soi (1977) de Moshe Mizrahi
- Le Coup de sirocco (1978) de Alexandre Arcady
- Robert et Robert (1978) de Claude Lelouch
Dans Le Bougnoul, Zinet tient le rôle principal de Mehdi Ben Chraïdi, un film qui, malgré ses maladresses scénaristiques, demeure une critique acerbe du racisme en France. En 1978, il apparaît dans Les Sous-doués de Claude Zidi, interprétant Mustapha, un rôle qui démontre encore sa versatilité et son talent pour les pantomimes inspirées du cinéma muet.
Une réhabilitation en la mémoire d’un géant du cinéma
La Cinémathèque française a récemment mis en lumière l'œuvre de Zinet à travers une programmation spéciale. Cette rétrospective a permis de redécouvrir ses contributions et de comprendre la profondeur de son engagement artistique. Le documentaire Zinet, Alger, le bonheur (2023) de Mohamed Latrèche revient sur sa vie et son œuvre.
Les années passent et Mohamed Zinet reste une figure fascinante, inspirante et emblématique de l'histoire du cinéma algérien et français. Sa capacité à naviguer entre les rôles de comédien, de réalisateur et de militant, tout en affrontant les défis de son époque, en fait un modèle pour toute une génération.
C’est en visionnant ses films, notamment avec notre regard du présent, que l’on se rend compte de toute la richesse et la complexité des identités culturelles entre l'Algérie et la France.
Ainsi, Mohamed Zinet était un acteur et réalisateur dont les œuvres et les engagements militants ont laissé une empreinte durable sur le cinéma et la société. Il a su utiliser son talent pour lutter contre le racisme et les stéréotypes, notamment à travers des films comme Dupont Lajoie et Le Bougnoul. En collaboration avec des cinéastes militants comme René Vautier, il a défendu les droits des immigrés et mis en lumière leur précarité et leur résilience.
Inspiré par Charlie Chaplin, Zinet croyait en l’art comme moyen de lutte et de libération, utilisant la beauté visuelle et la pantomime pour exprimer des idées profondes. Son héritage est celui d’un artiste visionnaire et d’un militant passionné, dont l’engagement pour la justice sociale et la liberté d’expression continuent d’inspirer.
Sources :
https://www.cinematheque.fr/cycle/mohamed-zinet-1263.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Zinet
http://www.africine.org/index.php/personne/mohamed-zinet/7244
Pour l’amour du monde : un voyage à vélo de la Bretagne à Téhéran
Périple et rencontres
Au cours de cette aventure qui a duré près de 12 mois, à travers 12 pays différents, Isabel a traversé des montagnes, des déserts et des villes, pédalant environ 80 à 100 kilomètres par jour. Elle a bravé des conditions météorologiques parfois difficiles, des routes impraticables, et même des situations de tension politique. Il est certain que c’est une prouesse physique, mais ce qui rend le voyage d’Isabel particulièrement inspirant, c’est la manière dont elle a créé des ponts entre les cultures. Tout au long de son parcours, elle a fait des rencontres avec des habitants locaux, partagé des repas, et écouté des histoires qui lui ont offert une vision unique de la vie quotidienne dans les régions qu'elles traversaient. Isabel s’est immergée dans chaque culture, apprenant quelques mots de la langue locale et adoptant des coutumes et traditions nouvelles, toujours avec esprit d’ouverture et respect.
Un exemple d'une expérience marquante de son voyage a été sa traversée de l'Italie. Sur la côte amalfitaine, Isabel a été accueillie par une famille locale qui lui a offert l'hospitalité après une journée épuisante de pédalage sous le soleil d'été. C’est au cours de ce séjour imprévu qu’elle a découvert la convivialité du partage de la cuisine italienne maison autour d’une table chaleureuse. Ce genre de rencontres a été fréquent tout au long de son périple et a renforcé son sentiment d'amour pour l’humain : « Je me souviens d'un soir en Turquie où une famille m'a invitée à partager le dîner. Nous ne parlions pas la même langue, mais les sourires et la générosité ont suffi pour créer un moment inoubliable », raconte-t-elle.
Arrivée à destination
En arrivant en Iran, Isabel a fait l'expérience d'une hospitalité qui l'a profondément touchée, mais aussi de moments de tension. Lors de son passage à Tabriz, elle a été brièvement retenue par la police locale, méfiante à l'égard d'une étrangère voyageant seule dans une région rarement visitée par les touristes occidentaux. Après quelques heures d'interrogation et de discussions avec un guide local qui a plaidé en sa faveur, Isabel a été libérée. « Ce fut une expérience intimidante, mais cela m’a permis de comprendre à quel point la communication et la compréhension culturelle sont importantes », se rappelle-t-elle. Après cela, Isabel a été accueillie par une communauté de cyclistes iraniens qui l'ont félicitée pour son exploit, « En arrivant à Téhéran, j'ai ressenti une immense fierté. Ce voyage m'a appris tellement sur moi-même et sur la bonté des gens à travers le monde », conclut-elle. Évidemment, sa journée s’est finie par l’invitation d’une famille en Iran qui lui a offert le gîte et le couvert pour la nuit. Après tout, comme le dit un vieux dicton persan « l'invité est un don de Dieu ».
Plouhéran, roman graphique du périple
"Plouhéran" est le livre qu'Isabel Del Real a écrit pour partager son incroyable aventure à vélo de la Bretagne à Téhéran. À travers ses pages, elle raconte en détail son périple de 15 000 kilomètres, dévoilant les défis, les joies et les découvertes qui ont marqué son voyage. Plus qu'un simple récit de voyage, "Plouhéran" est une ode à la capacité humaine de se connecter avec des cultures différentes et de les aimer avec sincérité. Dans "Plouhéran", Isabel Del Real adopte un style d'écriture personnel et immersif, permettant aux lecteurs de ressentir chaque coup de pédale, chaque montée difficile, et chaque moment de doute et de joie. Elle décrit avec une grande sensibilité ses interactions avec les personnes qu'elle a rencontrées en cours de route, des fermiers en France aux marchands de bazar en Iran. Elle relate également des moments poignants, comme celui où elle a été aidée par une famille turque après une chute, ou encore le soutien qu'elle a reçu des cyclistes iraniens à son arrivée à Téhéran. Ce livre est une lecture incontournable pour quiconque rêve de liberté, d’aventure, et de connexion humaine.
Son aventure rappelle que, même dans un monde souvent marqué par des conflits et des divisions, il y a encore de la place pour l'espoir, la curiosité et le partage. Pour nous tous, son histoire est une invitation à embrasser l'inconnu et à partir à la découverte des merveilles que le monde et ses habitants ont à offrir.
Sources :
https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/plouheran-a-velo-de-bretagne-a-teheran
Qui est Sarah Idan ? Cette Miss Irak qui défilait sur tous les fronts
Cette musulmane séculaire est une personnalité qui détonne tant dans le paysage médiatique que diplomatique. Sarah Idan s’évertue à briser les barrières culturelles et religieuses, prônant le dialogue et l'éducation comme armes contre l'obscurantisme. Musicienne, traductrice et ambassadrice de la paix, elle déploie ses talents multiples pour un seul dessein : rapprocher les peuples et construire un monde plus juste. Chaque chapitre du parcours de cette icône moderne révèle une nouvelle facette de son engagement et de sa détermination.
Jeunesse de Sarah à Bagdad : Trouver sa voie grâce à la musique
La petite Sarah grandit à Bagdad. Dès ses premiers pas au cours élémentaire, la future reine de beauté intègre avec ses camarades les paroles et les mouvements d’une chorégraphie politique quotidienne : "Gloire à Saddam, longue vie à Saddam Hussein!". À cette époque, la société irakienne est corsetée par un appareil d’État oppressif. Dans l’émission “Story of Us”, l’ancienne miss confie : “Nous n’avions pas de liberté, nous ne pouvions même pas faire de blague sur Saddam Hussein… Il n’y avait que trois chaînes de télévision, toutes contrôlées par le régime.”
Malgré cet endoctrinement assénant, les pensées de la fillette sont ailleurs. Dans les années 1980, alors que la guerre Iran-Irak fait rage dans la capitale, Sarah noie le son des bombardements dans ses écouteurs. Cloîtrée dans sa chambre, elle repasse en boucle "The Voice Within" (La Voix en Moi) de Christina Aguilera. “Jeune fille, ne pleure pas, je serai juste ici quand ton monde commencera à s’effondrer… Aie simplement confiance en ta voix intérieure, tu trouveras la force qui guidera ton chemin.” À l’instar d’une Marjane Satrapi, se remémorant dans Persepolis le jour où elle découvrit la pop-rock américaine, l’adolescente irakienne commence à seréfugier dans la musique. Bercée par les mots d’une langue étrangère, elle apprend seule à déchiffrer ce dialecte inconnu. Ainsi naît sa vocation d’interprète.
À l’aube de ses seize ans, Sarah Idan candidate à un poste de traductrice proposé par l’ambassade des États-Unis. En dépit d’une expression orale fluide et de solides connaissances grammaticales, l’adolescente est recalée à cause de son trop jeune âge. “Reviens quand tu auras dix-huit ans” lui dit-on. Ce qu’elle fit, avec succès.
Désormais abritée par sa double nationalité irakienne et américaine - après avoir reçu la green card, promise par l’ambassade en échange de ses services - Sarah décide de vouer ses talents linguistiques à un nouvel usage. “J’étais consciente que je faisais partie des privilégiés et je voulais représenter l’Irak de la meilleure façon possible”.
La diplomatie en marche sur le Catwalk : l’amitié inédite de Miss Irak et Miss Israël
En 2016, Sarah Idan remporte le titre convoité de “Miss Irak”. Un an plus tard, la belle brune poursuit l’aventure en s’enrôlant dans la compétition de Miss Univers. Mais Sarah ne saurait se contenter d'arborer un sourire mièvre et un regard hagard devant les caméras. Soucieuse de la dimension diplomatique et inclusive de la compétition, Miss Irak prend l’initiative d’aller à la rencontre d’Adar Gandelsman : Miss Israël.
Cette rencontre inattendue, qui débouchera sur une belle amitié, est immortalisée par un selfie intitulé “Peace and Love from Miss Iraq and Miss Israël”. Immédiatement, le cliché fait couler beaucoup d’encre, tant sur la sphère numérique que dans la presse. Malgré les menaces et les tentatives d’intimidation, Sarah refuse de supprimer la publication de son compte Instagram. Elle réitère dans un entretien : “Il était important pour moi de saluer Adar, c’était la seule miss qui n’avait pas osé m’approcher. Je lui ai dit que je n’avais aucune haine à son encontre et que nous devions remplir notre rôle d’ambassadrices de la paix.”
En 2018, Sarah Idan est invitée à discourir en Israël. Bien que légèrement sceptique au départ, la reine de beauté accepte l’invitation. Ce voyage ébranle la vision qu’elle portait à l’État hébreu. “Toute ma vie, on m’avait répété qu’Israël était un État exclusivement fait pour les Juifs et que nous n’avions pas notre place là-bas… Or soudain, j’aperçois dans la rue une mère se promenant avec sa fille en hijab, ainsi que des pancartes souhaitant ‘l’Eïd Mubarak’. J’avais aussi remarqué que le manager de l’hôtel et certains représentants de l’assemblée où j’étais conviée étaient arabes.” L’ambassadrice de la paix ressort bouleversée par le séjour qu’elle vient de passer à Jérusalem. De retour aux États-Unis, Sarah jette son dévolu sur une nouvelle estrade pour défendre ses idéaux : les médias
Bientôt sur les marches du congrès : Sarah Idan, la candidate engagée
Aujourd’hui reconnue comme une activiste engagée, Sarah Idan tient à représenter son peuple sur la scène internationale jusqu’au bout. Forte d’une communauté de plus de 100 000 abonnés sur ses comptes X et Instagram, l’ex-miss Irak manie sa plume pour dénoncer l’irrespect des droits de l’homme. Sarah Idan rédige régulièrement des articles, publiés dans divers périodiques dont Algemeiner Journal. Sa dernière tribune alerte d’ailleurs sur la disparition de la diversité irakienne : “Malheureusement, la diversité de l'Irak est en train de disparaître. La population chrétienne a chuté de plus de 80 %, passant de 1,4 million en 1987 à environ 250 000 aujourd'hui. Les minorités religieuses en Irak fuient car elles ne voient aucun avenir dans leur ancienne patrie…” En plus d’être une oratrice médiatisée, la jeune femme est également fondatrice et présidente de l’association inter-culturelle Humanity4ward, qui aspire à promouvoir le dialogue et la coopération entre les Juifs et Musulmans à travers le monde.
Les prochaines marches que Sarah Idan a bien l’intention de fouler sont celles du Congrès. Candidate au poste de représentante du 30e district de Californie sous l'étiquette du Partidémocrate, Sarah a la ferme intention de donner une nouvelle inflexion à la politique américaine, tout en affrontant les négationnistes des événements tragiques du 7 octobre. En décembre 2023, elle s’est même rendue à Kfar Aza, une localité dévastée par les attaques terroristes du Hamas afin d’apporter de l’aide humanitaire.
En tant qu’ex-Miss Irak, Sarah Idan a toujours soutenu que les reines de beauté ne devaient pas être jugées uniquement sur leur apparence, mais avant tout incarner des modèles de grâce et de bienveillance.
Devenu un exemple vivant de ces mêmes valeurs, il semble bien que la jeune femme soit parvenue à écouter sa voix intérieure.
Sources
https://twitter.com/RealSarahIdan?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor
PiP World, la révolution Émiratis de l'éducation financière
L’émergence d’une idée audacieuse
La vision de PiP World est née d’une observation simple mais frappante : beaucoup de jeunes adultes manquent de compétences financières essentielles pour naviguer dans le monde complexe des finances personnelles.
Ainsi, inspiré par des initiatives internationales mais aussi par les besoins des nouvelles générations, Saad Naja a souhaité offrir un outil à la fois pratique et ludique permettant de comprendre que gérer son argent devrait être un savoir de base et accessible à tous.
La startup se distingue grâce à son utilisation innovante de la gamification pour capter l’attention de ses utilisateurs. Contrairement aux méthodes d’enseignement traditionnelles, l'application utilise des jeux et des simulations pour expliquer les concepts financiers de manière à capter profondément l’attention. Ainsi, au lieu de se confronter à des textes théoriques ou des calculs abstraits, les utilisateurs apprennent à gérer un budget, à épargner, et à investir de manière gamifiée. Cela permet non seulement de démystifier les finances mais aussi de favoriser un apprentissage plus intuitif à l’époque où les smartphones sont rois. De manière plus précise, la plateforme est conçue autour d’objectifs pédagogiques clairs, chaque module étant pensé pour enseigner un aspect fondamental de la finance personnelle. Elle couvre des sujets tels que le budget, la gestion des dettes, et l'investissement de base et intègre des récompenses et des niveaux à débloquer. Quoi de mieux pour motiver à l'utilisation ?
Levée de fonds et accélération
PiP World a récemment attiré l’attention avec une levée de fonds de 10 millions de dollars lors de son premier tour de financement auprès d’investisseurs tels que Exinity Group. Ce soutien financier massif va permettre à PiP World de se développer à l’international et de perfectionner ses modules éducatifs. Saad Naja, en commentant cette réussite, a affirmé : « Cet investissement nous permettra d'élargir notre offre et d'atteindre un plus grand nombre d'utilisateurs dans le monde, en particulier sur les marchés émergents où les outils financiers et les connaissances sont rares ». L'appui financier de Exinity devrait permettre à PiP World d’élargir son empreinte particulièrement dans la région du Moyen-Orient et en Asie, des régions qui voient une demande croissante pour des solutions éducatives digitales. Grâce à cette collaboration, PiP World espère également exploiter la base d'utilisateurs de Exinity, qui compte plus de 5 millions de traders actifs, pour sensibiliser un large public aux avantages de la littératie financière gamifiée. Nous l’aurons compris, le ciel est la seule limite de cette belle et jeune pousse.
Entrepreneuriat à impact
Pour PiP World, il n’est pas seulement question d’éducation financière. En effet, dans un monde où l’endettement des jeunes est une problématique croissante, cette plateforme est devenue un outil essentiel pour promouvoir une gestion responsable de l'argent. Elle a déjà attiré plusieurs milliers d’utilisateurs actifs, et son modèle pourrait servir de référence pour d’autres initiatives d’éducation dans divers domaines. Pour accroître davantage cet impact sociétal, la startup projette d'intégrer des fonctionnalités additionnelles dans les prochains mois, notamment des cours sur la finance durable et des conseils pour optimiser les investissements durables.
La success story de cette jeune pousse reflète à la perfection l’esprit brillant des entrepreneurs qui anime l’écosystème des start-ups dans le domaine de la tech, et plus particulièrement aux Émirats arabes unis. Elle est le fruit de la transformation rapide de la région MENA, notamment grâce à l’innovation technologique et à l’entrepreneuriat. L’éducation est un thème primordial que les gouvernements et les startups traitent avec passion pour arriver à faire émerger de plus en plus de talents.
Sources :
https://tribetechie.com/pip-world-secures-10m-seed/
https://www.edtechreview.in/news/pip-world-raises-10m-seed-funding-to-empower-financial-literacy/
https://medium.com/@cmointern.media/pip-world-raises-10m-to-gamify-financial-learning-d09a68b3ff91
https://incubees.com/pip-world-raised-10-m-seed-funding-from-exinity/
https://www.linkedin.com/company/pip-world/?originalSubdomain=ae
https://en.incarabia.com/pip-world-pockets-us10-million-in-seed-funding-691141.html
Redécouverte des poètes d’Orient - Yehuda Amichaï
Amichaï est principalement connu pour sa capacité à parler des grandes tragédies du XXe siècle à travers un langage accessible, sans fioritures, avec mélancolie, ironie, mais aussi avec un amour immense pour la vie et ses détails simples.
"Le lieu où nous avons raison
Est dur et tranchant
Comme une cour martelée."
(Extrait de L'endroit où nous avons raison)
Changement de paradigme
Yehuda Amichaï, né sous le nom de Ludwig Pfeuffer, a grandi dans une famille juive orthodoxe en Allemagne. Son enfance à profondément été marquée par la montée du nazisme qui força sa famille à fuir en 1935 vers la Palestine mandataire. Dès lors, la famille s’installe à Jérusalem et notre poète, alors jeune homme, est mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale dans la Brigade juive de l'armée britannique. Cette expérience marque le début de ses premiers écrits et l'éveille à l'importance des identités multiples. Par la suite, il participe à la guerre d’indépendance israélienne en 1948. C’est de cette manière tragique, par l’expérience de la guerre, qu’il mettra la douleur de l'exil au centre de son œuvre. Avant de devenir le poète de renom qu’il est aujourd’hui, Amichaï entreprend des études à l’université hébraïque de Jérusalem après la guerre, où il se forme à la littérature et l’histoire biblique. Rapidement, il commence à écrire en hébreu, sa langue d’adoption, un choix qui symbolise son enracinement en Israël mais tout en gardant en mémoire ses origines allemandes et européennes.
Un maître de la poésie Hébraïque moderne
Nous l’avons esquissé précédemment, Amichaï a révolutionné la poésie hébraïque en l'ancrant dans la réalité concrète et en s'éloignant des thèmes bibliques traditionnels pour aborder des sujets plus quotidiens. L’un des grands thèmes d’Amichaï est la guerre, mais traitée à un niveau humain et personnel, ce qui rend l'œuvre particulièrement touchante. Dans des poèmes comme De la hauteur de cette guerre, il transforme les récits de bataille en une réflexion sur la condition humaine, sur la douleur, la perte et l’absurdité des conflits.
"Dieu a pitié des enfants des jardins d'enfants,
Moins des enfants d'école.
Et les adultes, il ne les prend plus en pitié."
Malgré tout, Amichaï n'est pas seulement un poète du conflit, mais aussi un poète de l’amour et de la famille. Nombre de ses poèmes traitent des relations humaines, de l’amour romantique à l’amour parental, en passant par l'amour de la terre et du pays. L'un de ses recueils les plus célèbres, Amour à Jérusalem, illustre parfaitement cette dualité entre l’amour intime et l’amour pour la ville sacrée.
"Amour à Jérusalem"
L'une des œuvres les plus emblématiques d'Amichaï est sans doute Amour à Jérusalem, où il dépeint Jérusalem non seulement comme une ville sacrée et historique, mais aussi comme une métaphore de la complexité de la vie moderne. Jérusalem est à la fois un lieu de tension, de douleur, mais aussi de beauté et d'amour. Dans ce recueil, Amichaï explore l’histoire millénaire de la ville et les réalités politiques de son époque.
"Jérusalem est pleine de vieux paraboles et de prières,
Elle a été vendue tant de fois et achetée, conquise et abandonnée,
Et dans ses rues, les enfants continuent à jouer au football."
Ainsi, au fil des décennies, Yehuda Amichaï a été reconnu comme l'un des plus grands poètes d'Israël, non seulement pour sa contribution à la poésie hébraïque, mais aussi pour avoir su utiliser sa plume comme un pont entre le passé et le présent, entre l'intime et l'universel. Il est souvent considéré comme la voix poétique de Jérusalem, sa ville adoptive, qu'il a transformée en métaphore vivante de l'amour.
La paix par les mots
Au cours de sa longue carrière, notre poète est devenu un fervent défenseur du dialogue interculturel. Il était profondément convaincu du pouvoir des mots pour établir des ponts entre les cultures et les peuples. Dans ses poèmes, il rejetait la haine et dénonçait l'inutilité de la violence tout en plaidant pour un futur pacifié pour Israël et ses voisins arabes. Il écrivait :
"Même dans les guerres les plus violentes, la voix du poète est un refuge où nous pouvons entendre l’écho d’une humanité partagée."
Cette approche humaniste est au cœur de ses œuvres et de son engagement pour un monde où la compréhension mutuelle prime sur les différends. Amichaï voyait Jérusalem, cette ville millénaire au cœur des tensions religieuses et politiques, non seulement comme un symbole de division mais aussi comme un carrefour potentiel pour la réconciliation.
Même après sa mort en 2000, Amichaï est resté une voix puissante pour l'humanité. Ses poèmes sont devenus un outil de réflexion pour des lecteurs du monde entier, qu'ils soient israéliens, arabes, ou d'autres horizons. Sa poésie est souvent utilisée dans des contextes de médiation culturelle, montrant que les mots peuvent être un levier pour réconcilier.
Sources :
https://www.babelio.com/auteur/Yehuda-Amichaï/149215/citations
https://fr.wikipedia.org/wiki/Po%C3%A9sie_h%C3%A9bra%C3%AFque
https://www.poetryfoundation.org/poets/yehuda-Amichaï
https://www.espritsnomades.net/litterature/yehuda-Amichaï-la-vigie-de-jerusalem/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Yehuda_Amicha%C3%AF
https://www.babelio.com/auteur/Yehuda-Amichaï/149215/citations
https://books.openedition.org/pressesinalco/40424?lan
Levain et Levant : Comment le pain a-t-il façonné le Moyen-Orient ?
Recettes et Rites : l'essence du pain en Orient
D'un pays à l'autre, le pain prend différentes significations selon les événements et les saisons. Pour les juifs, le pain azyme, ou "matzah", est consumé avec amertume lors de la fête de Pessah, tandis que pour les musulmans, le pain pide est savouré avec allégresse dès le crépuscule pendant le mois de Ramadan.
En Arménie et en Iran, la confection du lavash - pain fin et croustillant, souvent accompagné de viande - correspond presque à une véritable cérémonie. Dans une atmosphère imprégnée de musique, les femmes au fourneau se partagent des histoires en attendant que la pâte lève. En plus de cette fonction de vecteur social, le lavash revêt également une dimension sacrée au moment des mariages. Lorsqu'il est placé délicatement sur les épaules des jeunes mariés, il symbolise les vœux de fertilité et de prospérité qui accompagnent ce passage crucial.
Au-delà de son rôle alimentaire, le pain incarne la vie et la connexion spirituelle. Dans le judaïsme, le tressage de la Challah est un rituel chargé de sens, où un morceau de pâte est réservé et offert aux prêtres de l'ancien temple, les cohanim, dans un geste connu sous le nom de "lehafrish" en hébreu. De même, dans le christianisme, le pain matérialise le corps de Jésus lors de la communion, établissant ainsi un lien tangible avec la divinité.
Breaking Breads : À Tel Aviv, Uri Scheft casse les codes et les miches
Des cieux vers la terre, le pain, autrefois distribué aux Hébreux sous l’apparence d’une manne divine durant la traversée du désert, s’est désormais bien fait apprivoiser par leurs descendants. Sur la route qui relie Beyrouth à Bethléem, en passant par Tel Aviv, les gourmets de la Méditerranée font preuve d’une créativité débordante pour réinventer leurs pains traditionnels. Uri Scheft, chef israélien, maître dans l'art de pétrir les saveurs et les cultures, fusionne habilement dans sa pâte les influences venues des quatre coins de la région : Maroc, Yémen, Géorgie, Danemark... Un tourbillon de saveurs, une palette de coutumes gastronomiques. D'origine scandinave, Uri Scheft confie que le pain a toujours été une source d'inspiration et de nostalgie dans son parcours de nomade. Quand ses parents quittent Copenhague pour s'installer en Israël, ils emportent avec eux le désir de préserver leur mode de vie danois. Sa mère, déjà passionnée de boulangerie, continue à concocter des pains et des plats typiques de Scandinavie.
Fadi Kattan : Le Chef Palestinien qui est passé de la maison du pain au palais de la gastronomie
Autre boulanger à casser les codes et les pains, Fadi Kattan a lui aussi tenu à partager ses mille et une manières de décliner l’usage de la farine à travers son livre de recettes : “Bethléem: A Celebration of Palestinian Food". Originaire de Bethléem, le chef palestinien a la particularité d’avoir grandi dans la capitale du pain. Littéralement. L’étymologie de Bethléem (Beit Lachma) signifie “maison du pain” en araméen. Façonné par ses pérégrinations en Inde, au Japon et au Soudan, Fadi Kattan continue de véhiculer sa cuisine en y ajoutant des spécificités locales de chaque terroir. Son livre s’est d’ailleurs vu être matérialisé avec l’ouverture d’Akub à Notting Hill.
Batrouni Bakery: Un pétrin familial où les saveurs se partagent
Quoi de plus agréable que de casser la croute en famille ? À Beyrouth, rue Broummana, la famille Batrouni a donné corps à l’authentique Batrouni Bakery, où des recettes traditionnelles, à base de za’hatar, manouché au fromage et autres mets libanais ornent les étalages. Conscients de ne pas être les seuls de la région à se lancer dans cette entreprise gustative, la famille Batrouni est parvenu à se démarquer en inventant des pâtisseries inédites.
“Plus de pain… qu’on leur donne de la brioche ?” Quid de la raréfaction des céréales dans la région ANMO ?
Ces trois bibles de la boulangerie mondiale ouvrent également les yeux sur une facette indéniable de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (ANMO) : la place occupée par le pain dans la vie quotidienne et sa raréfaction. Derrière chaque miche dégustée réside une réalité préoccupante de lutte structurelle contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Ce combat sociétal trouve son pilier dans les subventions alimentaires. En Égypte, par exemple, ces subventions représentent 1,3% du budget global et bénéficient à quatre-vingt-deux millions de personnes, assurant ainsi l'accès à des produits de base comme le pain baladi.
La demande de blé au Moyen-Orient est intimement liée à l’évolution démographique qui, selon les estimations du Club Déméter, devrait atteindre 390 millions en 2040 et 448 millions en 2100. Cette croissance imminente se couple inévitablement à une augmentation de la demande concernant les produits de base, à commencer par le pain. Or malgré une production locale importante, de nombreux pays de la région demeurent fortement tributaires des importations de blé pour répondre à leur demande alimentaire. La dépendance aux exportateurs d’Europe reste significative. Le Maroc importe vingt-six millions de tonnes par an. Ce montant atteint les trente-cinq millions pour la Turquie et grimpe jusqu’à quarante-six millions de tonnes à l’égard de l’Algérie. Cette forme de subordination souligne l'importance stratégique de cette ressource dans le contexte régional.
Il y a donc bel et bien du pain sur la planche.
Sources :
https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2007-3-page-70.htm
https://www.thesultan.com/fr/blog/exploration-du-pain-moyen-oriental/
https://rosenhebrewschool.com/fr/blog/challah-and-our-ascension-through-hebrew/
https://www.cairn.info/le-demeter--0011662117-page-319.htm
https://www.cairn.info/revue-communio-2017-2-page-19.htm
https://www.jewishfoodsociety.org/stories/an-israeli-baker-finds-his-danish-roots
https://www.lorientlejour.com/article/1347189/la-boulangerie-batrouni-une-histoire-de-famille.html
Credits image : Unsplash - Svetlana B
Credits image : Dinner a Love Story
Credits image : Seasoned With Sydney
Credits image : L’Orient-Le Jour
Les coeurs iraniens s’enflamment au rythme des danses
Les formes de danse en Iran sont très nombreuses mais l’une des plus répandues est celle dite de “l’improvisation”. Cette variété de danses est très populaire en Iran, surtout lors des événements heureux tels que les mariages. Sa grande particularité est que les danseurs évitent tout contact physique direct. Par exemple, même les couples ne se tiennent pas par la taille comme c’est souvent le cas en Occident. De plus, les mouvements de ces danses ne sont pas chorégraphiés à l'avance.
La danse la plus connue est celle "Téhérani" (raqs-e tehrânî), influencée par les traditions des Ouïghours, des Ouzbeks, des Turcs, des Arméniens et des peuples de l'Est de la Méditerranée. La danse Téhérani met l'accent sur les mouvements des bras, maintenus au niveau des épaules, et valorise les expressions du visage, ainsi que des mouvements subtils du bas du corps et des hanches. Les mouvements sont improvisés sur une musique à rythme 6/8, connu sous le nom de reng.
Bas les pas, interdiction de danser
En 1979, la révolution iranienne fait tomber la monarchie de Mohammad Reza Chah Pahlavi, dernier roi d’Iran. Après cela, l'Ayatollah Khomeini accède au pouvoir et établit un régime théocratique en Iran, fondé sur les lois de la Charia : c’est le début de la République islamique d'Iran.
Les restrictions sont nombreuses et celles imposées aux danses traditionnelles iraniennes sont sévères. Selon la loi islamique en vigueur en Iran, il est interdit aux femmes de danser seules en public ou de participer à des danses mixtes.
Cependant, depuis les mouvements de contestation déclenchés par la mort tragique de Mahsa Amini en 2022, la danse est devenue un puissant moyen d'expression contre le régime, à la fois pour les hommes et les femmes. Malgré les risques de répression, de nombreux Iraniens utilisent la danse comme une forme de protestation pour défier le régime et manifester leur volonté d’être libres. Ainsi, dans les rues, dans les marchés et sur les réseaux sociaux, les femmes dansent pour symboliser leur lutte pour la liberté et l'égalité.
Danser pour les femmes, la vie, la liberté
Il y a quelques mois, un chauffeur de taxi iranien s'est transformé en icône anti-régime inattendue après que ses danses dans un marché aux poissons soient devenues virales. À l'âge de 70 ans, cet homme, surnommé "Oncle Sadegh", attire régulièrement des foules dans la ville côtière de Rasht avec ses chants et danses. Récemment, une de ses vidéos a suscité un immense engouement sur les réseaux sociaux iraniens. Cependant, les autorités ont jugé que ses actions enfreignaient les normes islamiques. “Oncle Sadegh" a donc été arrêté et son compte Instagram, qui rassemble plus de 675 000 abonnés, temporairement suspendu. En réaction, des milliers d'Iraniens ont commencé à partager des vidéos en signe de soutien. Face à une pression publique croissante, les autorités ont finalement levé l'interdiction du compte Instagram de M. Sadegh et l’ont relâché.
Autre cas, celui de cinq jeunes femmes dansant sur la chanson « Calm Down » pour célébrer la journée des droits des Femmes. Filmée dans le quartier d'Ekbatan à Téhéran, la vidéo est devenue virale. On y voit ces jeunes femmes en « crop tops », avec leurs cheveux libres et dansant, ce qui constitue une entorse au règlement islamique en vigueur. Cette danse a donc entraîné des réactions des autorités, qui ont utilisé les images de vidéosurveillance pour identifier et arrêter les danseuses. Celles-ci ont été détenues brièvement et contraintes d'exprimer des regrets dans une vidéo avant de pouvoir être relâchées.
La prochaine danse
L’Iran dévoile chaque jour une nouvelle facette de son visage, portée par l'aspiration de sa jeunesse à obtenir plus de liberté. Cet élan est largement alimenté par la vision qu’ont les iraniens d’un Occident où démocratie et liberté individuelle sont maîtres. Grâce à la technologie, notamment aux VPN permettant de contourner les interdictions d’accès aux réseaux sociaux, la jeunesse Iranienne se connecte avec le monde, découvre des modes de vie différents et forge sa volonté de changer son pays. Ainsi, dans chaque coin de rue et dans chaque maison où une musique s’élève, la danse devient une déclaration d’amour à un avenir meilleur. Chaque pas en ce sens est la chorégraphie de la prochaine danse iranienne : celle d’un Iran prospère, uni et apaisé.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Danses_d%27Iran
https://www.journaldesfemmes.fr/societe/actu/2097752-en-iran-danser-est-un-crime/
https://www.youtube.com/watch?v=kP9j70fdzP0
https://www.ft.com/content/39b47e62-001d-48c5-8c17-e6568d9160af
https://www.iranintl.com/en/202303147109
Air Doctor : la success story israélienne qui révolutionne la santé des voyageurs
A chaque problème sa solution
L'idée derrière Air Doctor est née d'une frustration vécue par l'une des fondatrices, Jenny Cohen Derfler, lorsqu'elle s'est retrouvée en voyage à l'étranger sans accès facile à des soins de santé fiables. Consciente que ce problème touchait des millions de voyageurs chaque année, l'équipe d'entrepreneurs a décidé de s'attaquer à ce défi. « Trouver un médecin lorsque vous voyagez, et que vous ne parlez pas la langue locale, peut être une expérience angoissante. Nous avons voulu créer une solution qui simplifie cet aspect du voyage pour les millions de personnes qui partent chaque année », déclare Jenny Cohen Derfler dans une interview.
La plateforme Air Doctor propose une application qui permet aux voyageurs de se connecter directement à un réseau de plus de 20 000 médecins dans plus de 84 pays, couvrant ainsi une large gamme de spécialités médicales. De plus, que ce soit pour une consultation en personne ou en ligne, les utilisateurs peuvent filtrer leurs recherches par langue, spécialité ou distance.
Grandir pour atteindre la mission
Depuis sa création, Air Doctor a connu une croissance rapide. En 2023, la société a facilité des milliers de consultations médicales à travers le monde, et ce chiffre continue de croître avec la montée en puissance du tourisme post-pandémique. Par la suite, en octobre 2024, la start-up a bouclé un tour de table de 20 millions de dollars, visant à renforcer sa présence internationale et à élargir son réseau de médecins. Cette levée de fonds porte le total des financements de la société à 38 millions de dollars, une performance très impressionnante dans la Healthtech.
Grâce à cette levée de fonds, Air Doctor vise une expansion internationale plus agressive, notamment en Asie, en Amérique latine et en Europe. De plus, la start-up prévoit d'ajouter de nouvelles fonctionnalités à son application, notamment des services d'assistance multilingue et des offres de consultation préventive pour les voyageurs atteints de maladies chroniques.
Une vision et un esprit entrepreneurial à l’israélienne
Les fondateurs ont eu une lecture parfaite du marché en comprenant très vite que les voyageurs, qu'ils soient en déplacement d'affaires ou en vacances, sont de plus en plus conscients des risques pour la santé qu'ils peuvent rencontrer dans des environnements inconnus. C’est ce flair qui permet à Air Doctor de changer la donne. Il ne s’agit pas de mettre en relation mais d’offrir une tranquillité d'esprit. « Savoir que je peux accéder à un médecin anglophone, n'importe où et à tout moment, rend mes voyages bien moins stressants », raconte un utilisateur régulier de l'application. La startup incarne parfaitement l’esprit entrepreneurial du pays souvent qualifié de "Start-up Nation", car elle est le fruit d’un écosystème où l’innovation technologique est indispensable et où des solutions à des problèmes mondiaux émergent régulièrement.
Sans aucun doute, le parcours d’Air Doctor est une véritable success story qui allie technologie, innovation et vision. Mais assurément, même si cette dynamique de succès est particulièrement visible dans des pays comme Israël, d’autres pays, comme les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, connaissent également une véritable transformation et modernisation les mettant au cœur d’un avenir en commun.
Sources :
https://www.kametventures.com/news/air-doctor-scores-7-8m-to-connect-travellers-with-local-doctors
https://techfundingnews.com/air-doctor-secures-20m-to-expand-global-healthcare-access-for-travelers/
https://startuprise.org/air-doctor-a-multi-million-dollar-enterprise/
Redécouverte des poètes d'Orient - Imrou'l Qays
Du royaume au désert
Imrou'l Qays, fils d'un roi de la tribu des Kinda, est né dans une famille noble et influente du nord de l'Arabie. Sa lignée le destinait à un avenir prestigieux, mais sa vie prit rapidement une tournure plus tumultueuse, marquée par l’exil et la rébellion. En effet, alors qu'il grandit entouré de confort et de pouvoir, le jeune prince développe très tôt une passion pour la poésie, un domaine d'expression particulièrement prisé dans la société arabe préislamique. Pourtant, c’est cette passion qui, ironie du sort, allait le mener à l'exil. Dès son adolescence, Imrou'l Qays se démarque par ses poèmes amoureux, où il décrit sans retenue ses aventures romantiques et ses escapades nocturnes.
Cependant, dans une société où la pudeur et la discrétion étaient les normes pour les membres de la royauté, ses vers provocants et parfois jugés immoraux choquent la noblesse. Alors, son père, excédé par son comportement jugé irresponsable, le bannit de la cour. Ce bannissement, bien qu’une tragédie personnelle pour Imrou'l Qays, va paradoxalement marquer le début de sa légende. Dès lors, Imrou'l Qays commence une vie de nomade, errant dans le désert et se réfugiant auprès de tribus voisines. Cependant, ce rejet n’éteint pas son amour de la poésie. Au contraire, cette nouvelle liberté lui permet d’approfondir son art et de s’imprégner des paysages désertiques et des expériences de voyage.
La Mu'allaqa : L'œuvre immortelle
Le désert devient une source d'inspiration majeure dans ses poèmes. Il y décrit non seulement la beauté et la rudesse de cet environnement, mais également les émotions humaines qui s'y reflètent : l'amour, la perte, la nostalgie, et l'errance. Sa Mu'allaqa, l’un des poèmes les plus célèbres de la littérature arabe, illustre parfaitement cette dualité entre exaltation des plaisirs et contemplation de la frivolité de l’existence. Par exemple, ce poème commence par un nasîb, autrement dit, une introduction lyrique, où le poète se lamente sur ses amours passées et exprime son désir pour une femme aujourd’hui éloignée :
"Debout, mes compagnes, que nous pleurions au souvenir de l'aimée, d’un abri près de dunes qu'elle habitait jadis."
Ainsi, Imrou'l Qays n’hésite pas à aborder ses amours avec franchise, mais ces vers ne sont pas que des récits de conquêtes : ils véhiculent une profondeur émotionnelle qui rend ses poèmes universels. Le poète oscille constamment entre la joie d’aimer et la souffrance de la séparation, et c’est cette tension qui donne toute sa force à sa poésie. Les paysages désertiques qu’il décrit deviennent ainsi le miroir de son âme tourmentée, où la recherche de l'amour se confond avec celle de la paix intérieure.
Imrou’l Qays est également réputé pour son habileté à capturer les détails de la nature avec une grande précision. Il évoque les tempêtes de sable, les dunes mouvantes, la rareté de l'eau, mais aussi la beauté fragile des roses du désert, symboles de l’éphémère. Pour les lecteurs arabes, cette capacité à fusionner les éléments de la nature avec les émotions humaines a fait de lui un poète inégalé. Un autre passage célèbre montre cette sensibilité :
"Si le vent du matin passe au jardin, que le parfum de la rose apaise les cœurs qui souffrent."
Rédemption et héritage
Si la poésie d'Imrou'l Qays est marquée par la passion, elle est aussi empreinte de douleur et de perte. Après la mort de son père, il se lance dans une quête de vengeance pour récupérer son trône. Cette quête l'emmène à travers de vastes régions de la péninsule arabique, où il continue d'écrire et de se rapprocher des cours royales. Ses relations avec des souverains byzantins montreront son habileté à naviguer entre les mondes arabe et occidental. Cependant, Imrou'l Qays meurt dans des circonstances mystérieuses aux alentours de 540, sans avoir pu accomplir sa mission de vengeance. Il est dit qu’il serait mort empoisonné par l'empereur byzantin, Justinien Ier.
Quoi qu’il en soit, son œuvre a survécu bien au-delà de sa vie terrestre, continuant d'influencer non seulement la poésie arabe, mais aussi toute la tradition littéraire musulmane. Ses mu'allaqât ont été enseignées et transmises oralement bien après sa mort, devenant un modèle pour les poètes qui lui succéderont. Son influence se retrouve dans les écrits d’auteurs tels qu’Al-Mutanabbi et bien d’autres figures majeures de la poésie arabe. Ainsi, Imrou'l Qays n'aura pas seulement été un poète parmi tant d'autres, mais une figure centrale de la tradition littéraire arabe. Il est celui qui, à travers sa poésie, a su capturer la beauté et les contradictions de l’existence humaine. Sa capacité à dépeindre à la fois la grandeur de la nature et la complexité des émotions humaines fait de lui un poète intemporel, dont nous avons essayé de faire une modeste redécouverte.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mu%27allaq%C3%A2t
https://alresala-alarabiya.com/177471/
https://www.persee.fr/doc/jafr_0399-0346_2002_num_72_2_1311
https://fr.wikipedia.org/wiki/Imrou%27l_Qays
https://aftia.fr/imrou-el-qays-grand-poete-arabe/
https://hal.science/hal-01423476/document
La Tunisie en Couleurs : À la découverte du pays le plus mosaïque d’Afrique du Nord
La Mosaïque Tunisienne : Reflets d’un Héritage Multiséculaire
Ce savoir-faire apparaît aux abords de la Mésopotamie vers la fin du IVe siècle et se répand rapidement sur les côtes tunisiennes, où de nombreux artistes alexandrins viennent s’établir pour l’enseigner et le diffuser. D’abord adoptée par l’élite bourgeoise, cette nouvelle forme d’art pave les jardins, les séjours et les meubles des somptueux domaines ruraux de Sousse, Dougga ou Oudhna. À partir du IIe siècle après J.-C., l’ingéniosité des écoles de mosaïque suscite l’intérêt de la clientèle chrétienne pour orner les espaces sacrés et les stèles funéraires. Elle séduit également la communauté judaïsante de l’agglomération de Naro, très active entre la fin du Ve siècle et le début du VIe siècle après J.-C. Découverte en 1883, la synagogue de Naro était recouverte d’une somptueuse mosaïque formée de plusieurs panneaux figurés. Les reliques bigarrées extraites des tombes chrétiennes ainsi que de la synagogue de Naro sont aujourd’hui précieusement conservées au musée national du Bardo, qui renferme l’une des plus grandes collections de mosaïques romaines, byzantines, judéo-chrétiennes et arabo-islamiques. Installé dans l’ancien palais beylical, le Bardo est bien plus qu’un musée classique où trônent des œuvres froides et silencieuses ; ce haut lieu culturel déborde de couleurs, d’anecdotes et de styles artistiques propres aux diverses civilisations qui se sont succédées au fil des siècles.
Les Visages d’une Tunisie Caméléon : Héros et Dynasties Venus d’Ailleurs
Loin d’être stationnaires, les échanges issus des voyages, des conquêtes ou des alliances ont considérablement influencé le cours de l’histoire du pays. Ces interactions sont d’ailleurs mises en valeur par le musée, qui s’efforce de retracer le parcours des groupes ethniques et des figures emblématiques d’origine étrangère ayant contribué au grand édifice tunisien. Le territoire de l'ancienne Ifriqiya a, en effet, connu le règne de plusieurs dynasties étrangères telles que les Abbassides, les Almohades originaires du Haut-Atlas marocain et les Rostémides de Tahert (centre de l’Algérie actuelle). L’arrivée des Omeyyades en 670, sous la direction du lieutenant égyptien Okba Ibn Nâfi, a donné lieu à la fondation de Kairouan, considérée comme la première ville sainte du Maghreb. Ces occupations successives ont laissé des figures mémorables dans leur sillage. Des personnages légendaires peuplent le paysage militaire et politique de la Tunisie, parmi lesquels se distinguent le roi berbère Koceïla et la Kahena. Cette guerrière, juive ou chrétienne selon les interprétations étymologiques de son patronyme, serait venue de l’Est algérien pour poursuivre la résistance contre le califat omeyyade et aurait trouvé refuge dans l’amphithéâtre d’El Jem lors de sa dernière bataille.
Des Échos du Passé aux Vibrations Actuelles : Les Défis Multiculturels de la Tunisie Contemporaine
Hors du musée, que reste-t-il de ces communautés polychromes qui ont façonné le récit mythique de la Tunisie ? En 1856, on comptait une douzaine de milliers de chrétiens établis dans la capitale. En 2024, seulement 2 000 fidèles sont recensés. Cette minorité se compose de chrétiens européens, de chrétiens tunisiens et de migrants chrétiens d’origine subsaharienne. La population juive, qui était de 120 000 âmes en 1956, au moment de l’indépendance, ne compte aujourd’hui plus que 1 200 membres. En 2003, un tiers d’entre eux vivait dans la capitale et ses environs, tandis que le reste réside sur l'île de Djerba, où elle s’est installée il y a 2 500 ans. Malgré les défis contemporains en matière de sécurité et de représentativité, la communauté juive a connu la nomination historique de Renée Trabelsi en 2018, le premier ministre du Tourisme de confession juive, par Youssef Chahed.
Aujourd’hui, même les positions très controversées du président Kaïs Saïd en matière de politique migratoire et de tolérance religieuse n’ont pas réussi à altérer l’essence de la Tunisie, qui demeure profondément imprégnée de son passé multiculturel. Cela se reflète dans Radio Mosaïque, écoutée par plus de75 % des Tunisiens, selon les statistiques de Média Scan. Fidèle à son nom, Radio Mosaïque diffuse une musique internationale variée, allant de la chanteuse libanaise Nancy Ajram à Charles Aznavour, le célèbre auteur-compositeur franco-arménien, en passant par des artistes anglophones.
Le musée du Bardo n’est donc pas le seul à exposer des mosaïques. Bien que l'iconique panoramade l’alcôve de Virgile puisse toujours être admiré sur place, les amateurs d’art et les touristes devront explorer le reste du pays pour découvrir le patchwork culturel qui compose la Tunisie. En effet, chaque région contribue aux mille et un fragments d’un kaléidoscope historique qui définit la Tunisie d’Habib Bourguiba.
Sources
Bardo National Museum, Tunis
https://2009-2017.state.gov/documents/organization/132783.pdf
https://www.csactu.fr/la-tunisie-pays-des-mosaiques-par-excellence/
https://web.archive.org/web/20070502114736/http://www.magharebia.com/
Redécouverte des poètes d’Orient - Hafez de Chiraz
"Je ne peux plus me dire chrétien, hindou, musulman, bouddhiste ou juif...
L'amour m'a si complètement lié d'amitié,
Il m'a transformé en cendres et m'a libéré
De chaque concept et image que mon esprit ait jamais connus."
Un Maître de la Poésie Lyrique
Hafez, de son vrai nom Shams al-Din Muhammad, est né dans une famille modeste à Chiraz, une ville reconnue pour son bouillonnement culturel et intellectuel. Si nous le mentionnons, c’est parce que son éducation a été influencée par cet environnement, notamment à travers l'étude du Coran, d'où provient son surnom "Hafez", signifiant "celui qui a mémorisé le Coran". En effet, la théologie, la littérature et les sciences coraniques ont constitué une part importante de son apprentissage, influençant profondément sa poésie.
Hafez est rapidement reconnu pour son talent exceptionnel à manier les mots, alliant spiritualité et amour dans ses vers. La mystique soufie, très présente dans ses écrits, lui a permis de transgresser les frontières entre le sacré et le profane. Dès ses premières œuvres, il mêle la recherche de l’amour divin avec des métaphores sur l’amour terrestre, transcendant ainsi les limites traditionnelles de la poésie religieuse. Il est primordial de comprendre que l’influence du soufisme, un courant mystique de l’islam, est fondamentale dans l’œuvre d'Hafez. Ce dernier utilise des métaphores et des symboles pour évoquer la quête spirituelle, tout en restant accessible au lecteur par ses références à la vie quotidienne, à la nature, et aux émotions humaines. Par exemple, le vin et l’ivresse, des thèmes récurrents dans ses poèmes, représentent la dissolution de l’ego et l’union mystique avec le divin, une image controversée mais puissante dans le contexte islamique. Ci-dessous, deux vers de Hafez permettant de comprendre l’essence même de sa nature et qui vaudra bien mieux qu’une biographie :
« Le jour où je vins au monde, un désir d’amour s’est éveillé, De cet amour j’ai pris un goût qui ne s’éteindra jamais. »
Le Divân, oeuvre d’une vie
L'une de ses contributions les plus célèbres est son recueil intitulé "Divân de Hafez", qui rassemble ses poèmes. Ce recueil est devenu une référence incontournable en Iran, au point qu'il est couramment consulté lors d'occasions importantes, comme le Nouvel An persan.
Le Divan de Hafez contient environ 500 ghazals, bien que le nombre exact puisse varier selon les éditions et les compilations. Les ghazals sont principalement centrés sur deux thèmes principaux : l'amour (terrestre et divin) et le soufisme (la quête mystique de l'union avec Dieu). Hafez manie l’art du ghazal avec une subtilité unique, réussissant à fusionner des éléments spirituels et matériels, profanes et mystiques, tout en respectant la structure rigide de cette forme poétique. De plus, les poèmes du Divan sont souvent construits autour de métaphores et de symboles : le vin, la taverne, l'ivresse, le jardin, le rossignol, et la rose reviennent fréquemment dans ses vers. Ces éléments, bien qu'apparemment liés à des plaisirs terrestres, symbolisent en réalité des concepts plus profonds, notamment la recherche spirituelle et l'amour divin. Par exemple, le vin représente souvent la connaissance spirituelle, tandis que l’ivresse est synonyme d’extase mystique et de l’oubli de soi en Dieu.
« Si le vent passe au jardin, cueille une rose,
Elle est le miroir des visages joyeux. »
Un point particulièrement intéressant de ses vers est qu’en raison de leurs natures allégoriques et énigmatiques, le Divân a fait l’objet de nombreuses interprétations au fil des siècles. Certains y voient une expression de la quête spirituelle, tandis que d'autres y lisent des poèmes d'amour plus littéraux. La beauté du Divân réside précisément dans cette ambiguïté, qui laisse place à une multitude d’interprétations personnelles. Enfin, Le Divân de Hafez n’est pas seulement un recueil littéraire, il est un texte sacré pour de nombreux Iraniens. Il est utilisé de manière presque divinatoire : on pratique souvent ce que l’on appelle le fāl-e Hafez, une méthode de consultation où l’on ouvre le Divan au hasard pour obtenir des conseils ou des réponses à des questions personnelles.
Héritage
Hafez est mort à Shiraz en 1390, laissant derrière lui un monumental héritage littéraire. Après sa mort, sa réputation n'a cessé de croître. Son mausolée, situé à Chiraz, est un lieu de pèlerinage pour les amateurs de poésie et les admirateurs de son œuvre. Des siècles après sa disparition, ses vers continuent de résonner en Iran et dans le monde entier.
"Les poèmes que j’écris perdureront, leur flamme vivra dans les cœurs des hommes, longtemps après que je sois parti."
Il le savait, Hafez laisse une empreinte indélébile sur la poésie persane. Il est souvent comparé à des poètes comme Saadi et Rumi, mais Hafez a su trouver un style distinct, marqué par sa maîtrise des formes et des images et qui a su immortaliser les questions éternelles de l'amour, de la spiritualité et de la quête de sens.
Sources :
https://shs.cairn.info/revue-philosophique-2012-1-page-61?lang=fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hafez_(po%C3%A8te)
http://www.teheran.ir/spip.php?article448#gsc.tab=0
https://lequotidien.lu/culture/en-iran-la-bonne-aventure-se-dit-en-poesie/
https://www.librairieclareton.fr/livre/23528711-le-livre-d-or-du-divan-hafez-segher
https://discover.hubpages.com/literature/A-Glimpse-Into-The-Life-and-Poetry-of-hafezHafiz
https://fr.irandestination.com/poetes-persans/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Div%C3%A2n_de_Hafez
Hicham El Guerrouj : Légende et symbole de l'athlétisme marocain
Un Parcours Exceptionnel
Né le 14 septembre 1974 à Berkane, une ville située dans le nord-est du Maroc, Hicham El Guerrouj grandit dans une famille modeste où il découvre très tôt sa passion pour la course à pied en courant souvent avec ses camarades dans les rues de sa ville natale. Ainsi, son potentiel sportif est rapidement repéré, et il intègre les rangs du club local d’athlétisme dans lequel il se distingue par son talent naturel et sa détermination. En 1992, à l'âge de 18 ans, El Guerrouj quitte Berkane pour rejoindre le centre d’entraînement national à Rabat, la capitale du Maroc. Cette décision est un tournant crucial dans sa carrière car elle lui permet de s'entraîner aux côtés des meilleurs athlètes du pays et avec des entraîneurs de renommée internationale. C’est dans ce centre qu’il commence à se spécialiser dans les courses de demi-fond, notamment le 1 500 mètres, une discipline qui allait bientôt le propulser au rang de légende.
Sa carrière internationale débute véritablement en 1995, lorsqu'il participe aux Championnats du monde d'athlétisme à Göteborg, en Suède. Bien qu’il ne remporte pas de médaille cette année-là, ses performances attirent l’attention des experts, qui voient en lui un athlète au potentiel immense. L’année suivante, aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, El Guerrouj fait sensation en atteignant la finale du 1 500 mètres. Cependant, une chute dans les derniers mètres de la course l’empêche de concrétiser ses espoirs de médaille. Cette déception est un moment charnière dans la carrière de Hicham El Guerrouj. Déterminé à ne pas laisser cet échec l’arrêter, il redouble d’efforts et se consacre entièrement à l’entraînement avec une rigueur et une discipline hors normes. C’est comme cela qu’il entame une série de victoires impressionnantes, devenant rapidement le maître incontesté du demi-fond. De 1997 à 2004, El Guerrouj domine sa discipline et établit plusieurs records mondiaux, dont ceux du 1 500 mètres, du mile et du 2 000 mètres, records qui tiennent toujours à ce jour.
Un Symbole pour le Maroc et l'athlétisme
Hicham El Guerrouj est bien plus qu'un athlète accompli, il incarne la résilience et la fierté nationale dans un contexte où le Maroc lutte contre divers défis économiques et sociaux. Au cours des années 1990 et 2000, le Maroc traverse une période de transformation économique. Le pays s'efforce alors de diversifier son économie, longtemps dominée par l'agriculture, en investissant dans des secteurs comme l'industrie, le tourisme et les infrastructures. Cependant, le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, reste élevé, atteignant environ 20 % dans certaines régions. Cela a conduit à un sentiment d'incertitude et de recherche d'espoir parmi la population, en particulier chez les jeunes qui cherchaient des modèles de réussite et de persévérance.
Dans ce contexte, Hicham El Guerrouj est devenu une figure emblématique, offrant bien plus que des performances sportives exceptionnelles. Pour de nombreux Marocains, il symbolise la possibilité de surmonter les obstacles par le travail acharné, la discipline et la détermination. En battant des records mondiaux et en remportant des médailles d'or aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004, El Guerrouj a prouvé que le succès était accessible même dans un pays aux moyens limités. Ainsi, son impact dépasse largement le cadre sportif. Il incarne l'idée que le Maroc peut briller sur la scène internationale, non seulement en tant que nation d’athlètes talentueux mais aussi comme un pays capable de produire des leaders et champions dans tous domaines.
Le Maroc, nouveau fleuron de l'athlétisme
Comme nous l’aurons compris, Hicham El Guerrouj a profondément marqué le développement de l'athlétisme au Maroc et a contribué à la popularisation du sport à travers le pays. Fort de ses exploits, le Maroc a connu une véritable explosion de l'intérêt pour l'athlétisme, avec un nombre énorme de nouveaux jeunes aspirant à suivre ses traces. Cette dynamique a poussé le gouvernement marocain à investir massivement dans l'infrastructure sportive et les programmes de formation pour répondre à la demande croissante et cultiver de nouveaux talents.
En termes d'infrastructures, le Maroc a fait de grands progrès au cours des dernières années. En 2022, le pays comptait plus de 400 pistes d'athlétisme réparties sur l'ensemble du territoire, contre seulement 150 il y a dix ans. Ce développement a été soutenu par la construction de stades et de centres d'entraînement modernes dans les principales villes du pays, notamment à Rabat, Casablanca, Marrakech et Agadir. Le complexe sportif Prince Moulay Abdellah à Rabat est l'un des meilleurs exemples de ces efforts puisqu’il offre des installations de classe mondiale pour l'entraînement et la compétition. De plus, le nombre d'athlètes inscrits dans les clubs d'athlétisme marocains a également augmenté de manière significative. En 2023, on comptait environ 20 000 athlètes inscrits, dont plus de 5 000 femmes, contre moins de 8 000 en 2010. Cette croissance est en grande partie due à des initiatives locales visant à promouvoir l'athlétisme dès le plus jeune âge, avec des programmes scolaires et des compétitions régionales qui encouragent la participation des jeunes.
En termes d’ambitions, pas de complexes, le Maroc ambitionne de devenir une référence mondiale dans les disciplines du demi-fond et du fond, où le pays a déjà une longue tradition de succès. Le gouvernement, en partenariat avec la Fédération Royale Marocaine d'Athlétisme (FRMA), a mis en place un plan stratégique sur 10 ans visant à améliorer les performances des athlètes marocains sur la scène internationale. Ce plan inclut l'augmentation du budget alloué à l'athlétisme, qui a doublé au cours des cinq dernières années pour atteindre 50 millions de dirhams (environ 5 millions de dollars) par an. C’est aussi grâce à cela que des athlètes tels que Soufiane El Bakkali ont pu remporter une médaille d'or au 3000 mètres steeple aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 et de nouveau en 2024. Inspiré par des légendes comme Hicham El Guerrouj, il s’est montré à la hauteur de l'excellence marocaine dans l'athlétisme.
Ainsi, Hicham El Guerrouj, bien que désormais à la retraite, reste une légende vivante de l'athlétisme et une source d'inspiration pour le Maroc. Son héritage va au-delà des médailles et des records ; il incarne la persévérance, l'excellence et le désir de surmonter les défis. Sa carrière exemplaire continue toujours de motiver de jeunes athlètes à poursuivre leurs rêves et à atteindre les plus hauts sommets.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hicham_El_Guerrouj
https://www.youtube.com/watch?v=WOrVlsGQgFo
La mer Méditerranée : Carrefour des civilisations et source d'inspiration artistique au MO.CO.
Une célébration de la diversité méditerranéenne
L'exposition "Être Méditerranée" se distingue par son approche inclusive et variée de la culture méditerranéenne. En effet, en mettant en avant des œuvres de différentes disciplines artistiques telles que la peinture, la sculpture, la photographie et l'installation, l'exposition met en lumière la diversité et la richesse des traditions méditerranéennes. Comme l'explique Fabien Noirot, commissaire de l'exposition :
"l'objectif est de montrer une Méditerranée vivante, dynamique et en perpétuelle transformation, loin des clichés souvent véhiculés."
Dans cette exposition, les artistes sont originaires de pays tels que l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la Turquie, le Maroc ou encore l'Égypte et sont donc les premières pierres de cette mosaïque. Parmi ces artistes, on retrouve des noms emblématiques tels que Etel Adnan, connu pour ses peintures colorées inspirées des paysages méditerranéens, et Yto Barrada, dont les œuvres explorent les dynamiques sociales et économiques de la région. Ces artistes sont la représentation même de l'interconnexion culturelle et des échanges qui ont façonné la Méditerranée au fil des siècles. C’est donc par ce prisme, combiné à celui historique et contemporain, que l’exposition invite ses visiteurs à essayer de capturer l'essence de la vie méditerranéenne. Parmi les œuvres exposées, on trouve des photographies documentant les rituels et les traditions locales, des peintures évoquant les paysages ensoleillés et les scènes de la vie quotidienne, ainsi que des installations interactives qui invitent les visiteurs à explorer les différents aspects de cette région riche et complexe.
Réfléchir à notre héritage commun
La profondeur de cette exposition s’exprime aussi à travers un constat, la mer Méditerranée est sans doute la mère que nous partageons tous puisqu’elle a été témoin de la naissance des trois grandes religions monothéistes. C’est ainsi que nous retrouvons au plus profond de notre civilisation moderne les influences et marques de ces courants.
La Méditerranée a été le cadre de nombreuses histoires bibliques. Ses côtes, notamment en Israël, sont profondément ancrées dans l'histoire juive. Des villes comme Jérusalem et Haïfa ont été des centres spirituels et culturels pour les Juifs pendant des siècles. La diaspora juive s'est également étendue à travers le bassin méditerranéen, notamment en Espagne, en Italie et en Afrique du Nord, où les communautés juives ont prospéré et contribué à la culture locale. Cette mère a aussi été cruciale dans l'histoire chrétienne. La vie de Jésus-Christ se déroule en grande partie autour de la mer de Galilée et dans les villes méditerranéennes de la Palestine. Après la mort de Jésus, ses disciples ont voyagé à travers le bassin méditerranéen pour prêcher l'Évangile. Des centres comme Rome, Constantinople (aujourd'hui Istanbul), Alexandrie et Antioche sont devenus des piliers de la chrétienté. Les croisades, bien que conflictuelles, ont également mis en évidence les interactions entre les chrétiens européens et les sociétés méditerranéennes. Enfin, son dernier enfant, l'islam, s'est rapidement étendu à travers la Méditerranée. Des villes comme Le Caire, Tunis et Cordoue sont devenues des centres majeurs de la civilisation islamique. L'Andalousie, avec sa capitale à Cordoue, a été un exemple éloquent de la coexistence entre musulmans, chrétiens et juifs, où les sciences, les arts et la philosophie ont prospéré.
C’est ainsi que la Méditerranée et ses rives ont depuis des millénaires été un carrefour des civilisations, un espace où les échanges commerciaux, culturels et intellectuels ont prospéré, donnant naissance aux bibliothèques d'Alexandrie et de Cordoue, aux marchés de Venise et de Beyrouth, et aux académies de Bagdad et de Damas, forgeant en profondeur notre héritage commun.
Ainsi, le but de cette exposition est de faire comprendre que nos racines communes sont profondes et qu’il est indispensable d’en prendre conscience pour “réfléchir sur notre héritage commun et envisager des solutions collectives pour les défis futurs."
Sources :
https://fr.silvanaeditoriale.it/exhibition/1209/etre-mediterranee-moco-exposition
https://www.youtube.com/watch?v=_OZZ6zuXDrg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Religion_abrahamique
https://www.iemed.org/publication/la-mediterranee-une-mer-de-paradoxes/?lang=fr
L’humour pour unir : le triomphe d’un duo Israélo-Palestinien à Berlin
Une Initiative Unique
Berlin est une ville réputée pour sa diversité culturelle, son dynamisme artistique et le progressisme de ses idées. Pourtant, personne ne se doutait qu’elle allait accueillir un événement inédit qui réunit un humoriste israélien et palestinien sur la même scène. L’idée de réunir des comédiens issus de deux communautés souvent perçues comme antagonistes n’est en soit qu’un rappel que pendant la majeure partie de l'histoire de l’humanité, musulmans et juifs ont prospéré ensemble. Dans sa construction même, ce spectacle a pour objectif de briser les stéréotypes et de montrer que l’humour peut être un excellent moyen de surmonter les divisions. De manière sous-jacente et à long-terme, l'événement promet d’ouvrir la voie à davantage d'échanges culturels et de compréhension mutuelle entre les peuples israéliens et palestiniens.
Des Rires pour unir
Le spectacle de stand-up se déroule dans un cadre intimiste dans lequel le public est composé d'un mélange de cultures et de nationalités. Tout est propice à l’émulation. Les humoristes abordent des thèmes variés, allant de la vie quotidienne à la vie politique, en passant par les expériences personnelles. Chaque performance est empreinte d’une touche personnelle qui reflète avec pudeur les difficultés et les joies propres à la vie en Israël et en Palestine. Voici un exemple dans lequel les comédiens racontent une histoire sur les malentendus linguistiques fréquents, tandis qu'un autre aborde les différences culturelles avec une légèreté qui désarme les tensions.
Shahak plaisante sur la confusion qu'il a ressentie en apprenant l'allemand : 'Quand je suis arrivé ici, quelqu'un m'a dit "Ich hab' dich lieb" et j'ai paniqué, pensant que j'allais être adopté par une famille allemande !' Abdul, sans hésiter, ajoute : 'C'est rien ça—quand j'apprenais l'hébreu, je pensais que "Shalom" signifiait à la fois bonjour et au revoir, du coup, je quittais chaque conversation avant même qu'elle ne commence !'"
Espoir et réconciliation
Ce stand-up israélo-palestinien est une preuve indispensable que l'art peut et doit jouer un rôle crucial dans la l’apaisement et la réconciliation entre communautés juives et musulmanes. Néanmoins, l’humour est un moyen avec une singularité bien particulière car il permet d’aborder des sujets délicats avec humanité et sensibilité. Pour preuve, les spectateurs, qu'ils soient israéliens, palestiniens ou d'autres nationalités, réagissent avec des éclats de rire et des applaudissements faisant régner une atmosphère fraternelle. Le constat est flagrant, le public montre que malgré les conflits politiques, il existe une soif de prospérité partagée. Pour aborder ces sujets qui n’en restent pas moins délicats, il faut avoir une compréhension fine de l’histoire et de l’art de vivre à l’orientale. En ce point, les deux humoristes à l'affiche de ce spectacle ne sont pas des novices. Ils savent faire rire tout en abordant des sujets profonds et complexes de la région du Moyen-Orient.
Ce duo illustre parfaitement comment l'humour peut surmonter les barrières et rassembler les gens, indépendamment de leurs différences. Ce spectable est définitivement un modèle de ce que la collaboration culturelle peut accomplir puisqu’elle offre aux coeurs un espoir d’un futur harmonieux entre les peuples israélien et palestinien.
Sources :
https://www.arte.tv/fr/videos/120828-000-A/berlin-un-stand-up-israelo-palestinien/#
https://en.wikipedia.org/wiki/Shahak_Shapira
https://www.berlinerfestspiele.de/en/programm/2024/reflexe-und-reflexionen/kalender/stand-up-comedy
Cybersécurité quantique : les Émirats Arabes Unis mènent la révolution des réseaux de communication inviolables
La technologie quantique : un réseau à l'épreuve du temps
La technologie quantique promet de révolutionner le domaine des télécommunications, et les Émirats Arabes Unis l’ont parfaitement compris et s’efforcent de devenir des pionniers dans cette avancée. Le cœur de cette technologie réside dans la Quantum Key Distribution (QKD), qui repose sur l’utilisation des qubits, les unités fondamentales de l'information en informatique quantique. Contrairement aux bits classiques (0 ou 1), les qubits peuvent exister dans plusieurs états simultanément, permettant ainsi des formes de calcul et de communication infiniment plus complexes et sécurisées. En effet, la QKD utilise les principes de la mécanique quantique pour générer et distribuer des clés cryptographiques de manière totalement sécurisée. Pour autant, ce qui la rend particulièrement efficace, c’est le fait qu’elle exploite le phénomène d'intrication quantique et la loi de l’observation de la physique quantique : toute tentative d'interception d'une communication quantique perturbe automatiquement le système. Cela permet de détecter immédiatement toute écoute clandestine, garantissant ainsi l'inviolabilité des échanges. Pour être encore plus précis, les qubits, souvent encodés à l’aide de photons, sont envoyés par un canal de communication, et la clé partagée est générée sur la base de l'état quantique des photons. Ainsi, si un tiers essaie de capter ces qubits, les changements dans leurs états quantiques seront instantanément détectés par les utilisateurs légitimes, et la clé sera rejetée. Ce processus rend pratiquement impossible toute tentative d'écoute secrète ou de piratage, une différence fondamentale par rapport aux méthodes cryptographiques actuelles basées sur des algorithmes mathématiques, qui peuvent être décryptés avec suffisamment de puissance de calcul.
De plus, le projet en cours aux Émirats Arabes Unis ne repose pas uniquement sur des infrastructures terrestres. En partenariat avec l’Agence Spatiale des Émirats, une composante clé du réseau quantique est l'intégration de satellites capables de distribuer des clés quantiques sur de vastes distances. Cela est essentiel, car la portée des fibres optiques pour la QKD reste limitée à environ 100 km, au-delà de laquelle des répéteurs sont nécessaires. Les satellites permettent donc d’étendre cette portée à l’échelle mondiale. Ainsi, les communications quantiques via satellite permettent de surmonter les limitations géographiques et les pertes de signal sur de grandes distances. Le réseau satellitaire pourra distribuer des clés quantiques à des utilisateurs situés dans des régions éloignées, assurant ainsi une sécurité inviolable sur tout le territoire des EAU, et potentiellement au-delà.
Une Ambition Stratégique pour les EAU
Comme nous l’aurons compris, l’objectif principal de ce projet est de développer un réseau de communication quantique ultra sécurisé promettent une protection totale capable de résister aux cyberattaques les plus sophistiquées.
"Cette technologie marque une étape cruciale dans la protection des informations critiques, et nous nous réjouissons de son potentiel à garantir une sécurité inédite", a déclaré Ahmed Al Hammadi, directeur de la recherche au TII. Ce projet vise à répondre aux besoins croissants de cybersécurité dans un monde de plus en plus numérique et interconnecté.
Le point particulièrement intéressant est que cette infrastructure quantique va non seulement renforcer la cybersécurité des secteurs critiques comme la finance, la défense et les infrastructures stratégiques, mais elle pourrait également jouer un rôle crucial pour le secteur privé. Le marché des télécommunications est en pleine évolution et la sécurité des données est une préoccupation croissante pour les entreprises et les gouvernements. Le projet mené par le Technology Innovation Institute (TII) en partenariat avec l’UAE Space Agency vise aussi à répondre à ces enjeux. De nombreuses entreprises internationales pourraient également bénéficier de cette avancée en adoptant des solutions de sécurité quantique. D'après le Technology Innovation Institute, "le marché global de la cybersécurité devrait atteindre 300 milliards de dollars d'ici 2026", et les communications quantiques pourraient en constituer un levier clé. Israël, la Chine, les États-Unis et maintenant les Émirats Arabes Unis se placent en leaders dans cette course à la sécurisation des données par le biais de la physique quantique.
De plus, dans un contexte géopolitique complexe, la maîtrise de la communication quantique confère un avantage stratégique indéniable aux pays qui en disposent. Les EAU, avec leurs ambitions technologiques et spatiales, cherchent à se positionner comme une force motrice dans la région MENA. Cette avancée leur permettra de renforcer leur sécurité nationale, mais aussi de contribuer au leadership technologique de la région, en attirant de nouveaux partenariats et investissements dans les secteurs des hautes technologies.
Sources :
Le "Startup Act" tunisien : une révolution entrepreneuriale
Les contours du "Startup Act"
Le "Startup Act" comprend de nombreux textes législatifs et réglementaires encadrant les différents dispositifs de soutien. Néanmoins, 3 axes principaux dessinent les contours de cette initiative : le label, les facilités administratives et les avantages fiscaux. Le “Label Startup” est de loin le plus recherché par les startups technologiques car il permet aux jeunes pousses répondant à des critères spécifiques tels que le stade de création, le degré d’innovation ou encore la scalabilité, d'accéder à divers avantages. En 2023, plus de 900 startups avaient déjà obtenu ce label.
L'un des principaux avantages du label est l’accès à la “Bourse Startup”, une allocation destinée aux co-fondateurs de startups en phase de lancement. Cette bourse couvre les frais de vie pendant un an, avec des montants indexés sur la rémunération antérieure, variant entre 1 000 TND et 5 000 TND par mois. Cela permet aux entrepreneurs de se concentrer pleinement sur le développement de leur entreprise sans se soucier des contraintes financières immédiates.
En outre, le Congé pour la Création d'une Startup offre aux cofondateurs la possibilité de prendre un congé d'un an, renouvelable une fois, pour se consacrer entièrement à leur projet entrepreneurial. Ce congé est protégé par la législation, garantissant que l'employeur, qu'il soit public ou privé (à l'exception des entreprises privées employant moins de 100 salariés), ne peut s'opposer à ce départ. De plus, les bénéficiaires ont la sécurité de retrouver leur emploi initial à tout moment, moyennant un préavis.
Autre avantage, les jeunes diplômés intégrant une startup peuvent également continuer à bénéficier des programmes d'emploi tels que le CIVP. Cela signifie que même en quittant la startup, ils peuvent réactiver leur éligibilité à ces programmes pendant trois ans, offrant une sécurité supplémentaire aux jeunes talents qui choisissent la voie entrepreneuriale.
Le nouveau visage de l’éco système entrepreneurial tunisien
Depuis son lancement il y a désormais plus de 6 années, le "Startup Act" a profondément impacté l'économie et l’éco système entrepreneurial tunisien. Il a contribué à la création de milliers d'emplois, en particulier pour les jeunes, et a stimulé l'innovation dans de nombreux secteurs. Selon un article de Resilient Digital Africa, "le secteur technologique tunisien a connu une croissance de 14% en 2022, en grande partie grâce aux initiatives du Startup Act." Par ailleurs, de nombreux entrepreneurs tunisiens témoignent des avantages offerts par le "Startup Act". Par exemple, Amel Saidane, co-fondatrice de l'incubateur "BetaCube", déclare : "Le Startup Act a été un catalyseur pour notre écosystème, nous permettant de nous développer plus rapidement et de manière plus durable."
Tout d'abord, l'initiative a favorisé la création de plus de 900 startups innovantes dans des secteurs technologiques tels que la santé, le transport, l'éducation, le climat et l’IA. Ces startups bénéficient désormais d'un accès simplifié au financement grâce à des fonds dédiés et à des exonérations fiscales, ce qui a attiré l'intérêt des investisseurs étrangers et dynamisé l'économie locale. En effet, les investissements dans les startups tunisiennes ont dépassé les 300 millions de dinars (environ 100 millions de dollars) depuis le lancement de l'initiative. De plus, il est primordial de mentionner que les startups et l’entrepreneuriat jouent un rôle majeur dans la création d'emplois, réduisant de fait le chômage et le “brain draining”. Selon le rapport de GSMA, cet essor de l’éco système entrepreneurial a contribué à créer plus de 50 000 emplois directs et indirects.
La cartographie ci-dessous offre une perspective précise permettant de cerner la profondeur de l’impact du "Startup Act" :
Le “Startup Act 2.0” pour consolider et améliorer
En 2023, le gouvernement tunisien a décidé de renforcer le "Startup Act” en introduisant le "Startup Act 2.0", qui vise à compléter le cadre initial et à stimuler davantage la croissance des startups. Pour ce faire, le gouvernement tunisien va mettre l'internationalisation au cœur du nouveau dispositif. Les startups tunisiennes bénéficient désormais de programmes spécifiques pour accéder aux marchés internationaux, nouer des partenariats étrangers et obtenir des financements mondiaux. Par exemple, en 2023, plus de 50 startups tunisiennes ont participé à des salons internationaux grâce à cette initiative. Autre point crucial, l’accès au financement est renforcé. Des mesures supplémentaires facilitant l'accès aux fonds d'investissement et aux crédits bancaires ont été mises en place. Le gouvernement a instauré des garanties pour encourager les banques à prêter aux startups, ce qui a permis d'augmenter les flux de capitaux vers les jeunes entreprises innovantes de 30% en 2023.
La Tunisie, terre de talents, poursuit sa quête pour diversifier et stimuler son économie en créant un véritable écosystème entrepreneurial. Le Startup Act et le Startup Act 2.0, ancrés dans une législation nouvelle, apportent des solutions sur le terrain pour permettre au pays de concrétiser ses ambitions. Grâce à ces initiatives, la Tunisie est en train de se positionner comme un leader régional en matière d'innovation et d'entrepreneuriat, avançant résolument dans la direction d’un avenir économique prospère.
Sources :
https://startup.gov.tn/fr/startup_act/discover
https://www.linkedin.com/pulse/ecosystem-deep-dives-tunisias-start-up-act-timothy-motte/
https://www.facebook.com/eotunisia/?locale=sq_AL
https://startup.gov.tn/fr/startup_act/benefits_to_entrepreneurs
Book Club - Intimités israéliennes avec Zeruya Shalev
Zeruya Shalev
Zeruya Shalev, née en 1958 au kibboutz Kinneret en Galilée, a grandi dans une atmosphère où la littérature était vénérée.
Partagée entre les oeuvres contemporaines et récits religieux, Zeruya choisit d’étudier la Bible à l'Université hébraïque de Jérusalem, avant de se lancer dans l’écriture.
Le talent de Zeruya Shalev se fait vite remarquer et récompenser. Quelques années après la publication de son premier roman Dancing, Standing Still, l’autrice reçoit le Golden Book Prize pour Vie amoureuse. En 2014, l’écrivaine obtient également le prix Femina du meilleur roman étranger pour son ouvrage Ce qui reste de nos vies.
En 2004, Zeruya Shalev est victime d'un attentat-suicide à Jérusalem, dont elle ressort blessée et traumatisée. Cet épisode retarde la publication de son roman Late Family qui traite de la désintégration et de la reconstitution d'une famille, inspiré en partie de ses propres expériences. Inspirée par la magie des contes de la Comtesse de Ségur, l’autrice israélienne tient à insuffler une précieuse dimension narrative à ses œuvres tout en explorant les profondeurs de la société à travers des thèmes profonds : politique, culture et épreuves personnelles.
Élevée dans un monde nourri par les récits,Zeruya a puisé dans une tradition familiale où lire n’était pas une activité silencieuse. L’oralité de la lecture est bel et bien au coeur de son oeuvre.
Dans cet entretien inédit, Zeruya Shalev se livre d’abord sur ses souvenirs d’enfance, où elle se revoit bercée par la voix de son père, relatant les aventures épiques de la Bible et de l’Odyssée… Désormais, c’est par le biais de ses propres œuvres que l’écrivaine prolonge l’écho paternel.
Car Zeruya n’écrit pas, elle raconte. Dans Stupeur, elle raconte l’histoire d’Atara, cette jeune femme qui cherche à collecter les pièces du puzzle familial. Pour la première fois, il semblerait que son père mourant, la confonde avec une mystérieuse Rachel. Mais qui est donc cette femme ? Quelle influence a-t-elle eu sur ce père solitaire et interdit ? Coûte que coûte, la jeune Atara se met en tête de retrouver cette figure énigmatique, quitte à traverser le désert.
Toujours au cours de l’entretien, l’autrice s’attarde sur l’importance des dialogues qui ponctuent les pages de son roman, révélant une toile complexe de relations : hommes et femmes, hommes et hommes, femmes et femmes… Zeruya souhaite ainsi attirer l’attention de l’auditeur sur cette rencontre intergénérationnelle qu’il verra se dessiner au fil du roman. Embrasée par la vie de ses multiples personnages, l’autrice n’hésite d’ailleurs pas à adopter chaque perspective sans jugement, de façon à contempler chaque facette de l’existence. Pour Zeruya Shalev, être autrice est semblable au métier d'actrice. Il s’agit de s'approprier un rôle, prêtant sa plume à chacun de ses personnages.
Mais, malgré le caractère animé qui émane du style de l’autrice, un aspect intrigant surgit de la discussion autour de son livre. Stupeur présente des trous subtils, similaires aux notes de la chanson “Des Trous”de Yael Naïm. Avec malice, Zeruya confie que ces "petits trous" subsisteront, offrant ainsi au lecteur, la liberté de compléter par lui-même des réponses partiellement dévoilées.
Encore une ultime tentative de dialogue ?
Sources :
https://akadem.org/fiche_conferencier.php?id=1581
http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/zeruya-shalev-23179.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zeruya_Shalev
Du sable aux fleurs : Israël fait éclore la vie au milieu du désert
A l’épreuve climatique du Néguev
Le désert du Néguev s'étend sur 13 000 km², formant un triangle dont la pointe sud touche le golfe d'Aqaba et la ville d'Eilat. À l'ouest, il est bordé par la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza, tandis qu'à l'est, il longe la vallée de l'Arabah, marquant la frontière entre Israël et la Jordanie. Au nord, sa délimitation est plus floue, s'étendant entre Gaza et la mer Morte.Le climat aride du Néguev représente une barrière naturelle aux cultures traditionnelles. Avec des précipitations annuelles parfois inférieures à 100 mm et des températures estivales qui atteignent souvent les 45°C, l’agriculture semblait autrefois impossible dans ces régions. Pourtant, c'est dans ces conditions extrêmes qu'Israël a développé des technologies agricoles révolutionnaires qui permettent de cultiver des fruits, légumes et fleurs dans le désert.
La technologie au service du désert
En quelques années seulement, la startup nation s'est imposée comme pionnière dans les technologies agricoles, notamment à travers l'irrigation goutte-à-goutte, une méthode qui a révolutionné la gestion de l’eau dans les zones arides. Inventée par l’ingénieur Simcha Blass dans les années 1960, cette technique consiste à apporter de petites quantités d’eau directement aux racines des plantes pour éviter les pertes par évaporation, particulièrement élevées dans le désert. En effet, grâce à cette méthode, Israël réduit avec succès la consommation d’eau tout en augmentant la production agricole. En plus de réduire la consommation d'eau, cette méthode favorise une meilleure absorption par les plantes, augmentant ainsi la production tout en minimisant l'utilisation d'engrais. Le succès de l’irrigation goutte-à-goutte a permis de convertir des terres autrefois infertiles en zones agricoles productives. Aujourd’hui, environ 60 % des fruits et légumes exportés par Israël proviennent du Néguev, preuve que le défi est relevé. Il est important de souligner que l'irrigation goutte-à-goutte a largement été perfectionnée par Netafim, une entreprise israélienne fondée en 1965 dans le kibboutz Hatzerim. Cette société est aujourd'hui un leader mondial de la micro-irrigation, avec une part de marché de plus de 30 %.
Autre technologie clé israélienne pour fleurir le désert : l'agriculture de précision et l'utilisation des serres intelligentes. En effet, ces serres intelligentes, également appelées serres automatisées, permettent de maximiser l'efficacité des ressources et de répondre aux défis climatiques en ajustant automatiquement les conditions environnementales. Grâce à une technologie avancée de capteurs, les niveaux d'humidité, de lumière et de température peuvent être surveillés en temps réel, ce qui optimise la croissance des cultures tout en minimisant la consommation d'eau et d'énergie. Les capteurs sophistiqués utilisés dans ces serres mesurent en continu l'état des cultures et des sols. Par exemple, AgroWebLab, une entreprise israélienne spécialisée dans l'agriculture de précision, a développé des capteurs capables d’optimiser l’irrigation et la gestion des nutriments. Par la suite, les données récoltées permettent aux agriculteurs de mieux anticiper les besoins des plantes, d’ajuster l’apport en eau et en nutriments, et de prévenir les maladies potentielles. Selon un rapport de l'Institut Volcani, les serres intelligentes en Israël permettent une augmentation de la productivité agricole de plus de 15 % par rapport aux méthodes traditionnelles. En parallèle, la consommation d'eau peut être réduite de 25 à 30 %, ce qui est essentiel dans un pays où les ressources en eau sont rares. Pour combiner cette approche par les serres intelligentes, Israël a développé l'agriculture de précision, qui repose sur l’analyse des données pour une gestion fine des parcelles. Les entreprises comme Taranis et Prospera combinent des données satellitaires et des drones pour surveiller les cultures en temps réel. Cette technique permet de détecter des anomalies, de prévenir les maladies, et d’apporter une solution rapide, ce qui réduit les pertes. Prospera, par exemple, utilise l'intelligence artificielle pour analyser les données des cultures et fournir des recommandations en temps réel aux agriculteurs.
Une vision stratégique pour régénérer le Néguev
David Ben Gourion, ancien premier ministre israélien et père fondateur de l'État Hébreux déclarait : « Il est de notre devoir de faire fleurir le désert ».
Tout est dit. L'irrigation goutte-à-goutte, les serres intelligentes ou encore le dessalement dont nous n’avons pas parlé ne sont que quelques-unes des nombreuses initiatives qui s’inscrivent dans un projet plus vaste : le développement du Néguev, une région historiquement marginalisée. Ce projet est une vision nationale pour renforcer la sécurité alimentaire du pays et attirer de nouvelles populations dans le sud d’Israël car la pression démographique est très forte dans la capitale. Depuis 2020, le gouvernement israélien multiplie le lancement de plans stratégiques pour l’implantation de nouvelles villes et l'expansion des infrastructures dans le désert du Néguev. Cela inclut des projets d'énergie solaire, l'agriculture de haute technologie et la construction d’habitations.
Là où le désert a été un obstacle pour plus d’un pays, Israël, par sa capacité à innover et par sa volonté profonde de vivre sur une terre sainte, a réussi à transformer le désert en une terre fertile et productive. Ce succès est non seulement un exploit technique, mais aussi une démonstration que rien ne peut se faire sans des esprits déterminés.
Sources :
A la pointe de l'innovation : les nouveaux centres de recherche dans la région MENA
Les Emirats arabes unis : vers une recherche de pointe
Les Émirats arabes unis se sont engagés dans une transformation économique majeure au cours des dernières décennies, passant d'une économie basée sur le pétrole à une économie diversifiée axée sur l'innovation et la connaissance. Dans cet esprit, le pays a lancé plusieurs initiatives visant à établir des centres d'excellence dans des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, l'énergie renouvelable et l'aérospatiale. Par exemple, le Centre Spatial Mohammed bin Rashid pour la Recherche et l'Innovation est devenu un acteur majeur dans le domaine de l'aérospatiale, avec des projets ambitieux tels que l'exploration de Mars. Cette initiative reflète l'engagement des Émirats arabes unis à repousser les frontières de la recherche scientifique et à contribuer aux progrès de l'humanité.
Le Maroc : un carrefour de connaissances en Afrique
Le Maroc s'est positionné comme un acteur majeur de la recherche en Afrique, avec l'établissement de centres d'excellence dans des domaines variés tels que l'agriculture durable, les énergies renouvelables et la santé publique. Par exemple, le Centre de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles (CRESEN) à Benguerir est devenu un pôle d'excellence dans le domaine des énergies renouvelables, contribuant à la transition énergétique du pays et de la région. De même, le Maroc investit dans des programmes de recherche agricole pour promouvoir la sécurité alimentaire et le développement rural. Ces initiatives renforcent la position du Maroc en tant que carrefour de connaissances en Afrique et ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement durable du continent.
Israël : un hub mondial de la recherche
Israël est depuis longtemps reconnu comme un leader mondial dans le domaine de la recherche et de l'innovation. Malgré sa petite taille géographique, le pays a produit un nombre impressionnant de découvertes scientifiques et technologiques qui ont eu un impact mondial. Des exemples concrets incluent les avancées en médecine, telles que la technologie de diagnostic précoce du cancer développée par des chercheurs israéliens, ou encore les percées en matière de cybersécurité, avec des entreprises israéliennes en tête dans ce domaine. Le Centre d'Excellence en Cybersécurité de Beer-Sheva, en collaboration avec l'Université Ben Gourion, est un exemple notable de la manière dont Israël investit dans des infrastructures de recherche de pointe pour promouvoir l'innovation et l'expertise dans des domaines stratégiques.
L'émergence de centres d'excellence aux Émirats arabes unis, au Maroc et en Israël, marque une nouvelle ère de dynamisme et d'innovation dans le paysage de la recherche mondiale. Ces initiatives offrent des opportunités sans précédent pour les chercheurs et les scientifiques, tout en stimulant le développement socio-économique et en renforçant la compétitivité mondiale de ces nations. Alors que ces centres d'excellence continuent de prospérer et d'évoluer, ils sont destinés à jouer un rôle crucial dans la résolution des défis mondiaux et à ouvrir de nouveaux horizons pour l'avenir de la recherche scientifique.
Sources :
https://barometre.cnrst.ma/index.php?option=com_content&view=article&id=123%3Ascimago-2&catid=17%3Aactualites&Itemid=101
https://www.securityworldmarket.com/int/Newsarchive/beer-sheva-israel-to-become-centre-for-cyber-security
https://www.greenenergypark.ma/#:~:text=Le%20Green%20Energy%20Park%20est,Mohamed%20VI%20Polytechnique%20(UM6P).
https://www.maroc.ma/fr/actualites
JO 2024 : le Moyen Orient gravit les marches du podium
Comme l’a exprimé Raphaël Enthoven dans ses vœux olympiques, le sport nous enseigne que l’adversaire n’est pas l’ennemi, que l’on peut s’affronter tout en se respectant, et que des confrontations intenses peuvent se dérouler de manière pacifique et civilisée. Quelles leçons aurons-nous tirées de cette édition 2024 concernant le Moyen-Orient ? D’une part, les éclatantes performances des athlètes régionaux : 12 médailles pour l’Iran, 7 pour Israël, suivis de près par Bahreïn avec 4 médailles, puis le Maroc, l’Égypte et la Tunisie. D’autre part, une représentation inédite des délégations féminines d’Afrique du Nord et du Golfe Persique. Entre euphorie et rebondissements, le progressisme et l’espoir étaient au rendez-vous.
Révélations Olympiques : De l’Algérie à l’Afghanistan, les Athlètes Féminines Accumulent les Médailles
À l’image de guerrières légendaires trônant sur le mont Olympe, les Artémis et Athéna orientales ont fait résonner leur nom dans les gradins des stades enflammés. Athlétisme, haltérophilie, boxe ou encore gymnastique artistique, elles ont prouvé que le corps féminin pouvait s'adapter à toutes les disciplines. Faisant preuve d’une force herculéenne, Sara Ahmed a décroché la médaille d’argent en haltérophilie. En mobilisant toutes ses forces, la championne égyptienne a soulevé une barre impressionnante de 268 kilos, battant ainsi son record précédent de 255 kilos, établi lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016.
Le Bahreïn n’a pas non plus démérité. Avec ses quatre médailles, dont deux en or, le royaume du Golfe a vu ses marathoniennes triompher sur les pistes du steeple. Winfred Mutile Yavi, coureuse bahreïnienne de 24 ans, a remporté la sixième médaille olympique de l’histoire du Bahreïn. Son sprint inattendu dans les dernières secondes de la compétition lui a permis de réaliser la quatrième meilleure performance de l’histoire du 3000 mètres steeple, avec un temps de huit minutes et cinquante-deux secondes. Sa compatriote, Salwa Eid Naser, a quant à elle décroché la médaille d’argent sur l’épreuve du 400 mètres. Débordantes de joie et d’ambition, les deux championnes ont été reçues en grande pompe au palais du roi Hamad Ben Issa pour présenter leurs médailles. « C’est un rêve qui devient réalité », s’est exclamée Winfred Yavi. « Cette victoire signifie beaucoup pour moi et pour le pays. »
Autre participante qui a ébloui le public : l’iconique Kaylia Nemour, qui, du haut de ses dix-sept ans, a offert à l’Algérie la médaille d’or en gymnastique artistique aux barres asymétriques. La gymnaste franco-algérienne, qui avait précédemment concouru sous les couleurs tricolores, a cette fois rendu hommage à son autre pays de façon magistrale. Exécutant ses mouvements avec puissance et assurance, elle semblait en parfaite harmonie avec le rythme de sa chorégraphie. Le moment bouleversant où, les larmes aux yeux, elle découvre son classement final restera gravé dans les mémoires. À ses côtés, la boxeuse Imane Khelif a également apporté une médaille d’or à l’Algérie.
Au-delà des exploits des sportives citées, il faut saluer le courage des héroïnes de l’ombre, telles que Nigara Shaheen. Ne pouvant concourir sous le drapeau de son pays natal, cette judoka afghane n’a pas laissé le régime taliban mettre fin à ses rêves. Arborant une chevelure indomptable et un sourire contagieux, Nigara Shaheen est une personnalité influente. Ses douze mille abonnés sur Instagram suivent régulièrement ses publications inspirantes. Lors d’un entretien, elle a partagé son expérience olympique : « Mon parcours doit redonner espoir à toutes les petites filles afghanes ». Ce message fait écho au hashtag #LetUsExist lancé par la taekwondiste afghane Marzieh Hamidi, dans le cadre de la lutte contre l’apartheid de genre qui pèse sur Kaboul. « Je vous invite tous à soutenir les femmes afghanes et à combattre l’injustice qu’elles subissent », écrit Hamidi sur X. Espérons que, quelque part dans le pays, leurs voix soient entendues et relayées par les sportives de demain.
De la douleur à la victoire : quand le sport devient un acte de résilience
Cet élan d’espoir se propage également parmi les réfugiés présents dans la compétition. Le taekwondiste iranien Hadi Tiranvalipour qualifie sa famille olympique et lui-même de “ceux qui n’abandonnent jamais”. Cet adage résonne jusque dans les cœurs de la délégation israélienne. L’État hébreu, encore ébranlé par le douloureux mois d’octobre 2023, est parvenu à surmonter sa peine et s’est illustré dans de multiples disciplines : judo, gymnastique artistique, planche à voile… Les sept médailles remportées lors de cette édition constituent la meilleure performance olympique jamais atteinte par Israël. Parmi les lauréats, le nom de Tom Reuveny retient l’attention. Il a décroché la première place du classement en planche à voile. Au large de Marseille, le navigateur a hissé les couleurs bleues et blanches de son pays, rappelant à certains égards l’épisode historique périlleux de l’Exodus. En 1947, ce vieux bateau panaméen, parti du port de Sète avec près de cinq mille rescapés d’Europe centrale à bord, avait difficilement pris la direction de la terre sainte pour y construire une nouvelle vie. Cette médaille d’or remportée en mer symbolise aussi la résilience d’un État toujours hanté par le souvenir des onze membres de sa délégation, enlevés puis assassinés par le groupe terroriste Septembre noir lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Cette année, la délégation israélienne a affiché un sourire radieux tout au long de la compétition, repartant comblée par les triomphes de ses athlètes et par l’atmosphère chaleureuse qui a enveloppé cet événement sportif tant attendu.
À vos marques, prêts, gagnez. Mais la véritable victoire que chacun poursuit n’est pas faite de plomb ou d’acier. Elle incarne l’accomplissement d’une “diplomatie du Ping-Pong”, autrement dit la coopération harmonieuse et constructive entre les pays d’un même continent.
Sources :
Franc-Tireur n°144
https://www.herodote.net/10_juillet_1947-evenement-19470710.php
https://www.moretoherstory.org/reporting/afghan-athlete-marzieh-hamidi-launches-letuslive-hashtag
https://www.lhistoire.fr/les-premiers-jeux-olympiques
Arabie Saoudite : Une transformation centrée sur la qualité de vie au cœur du programme Vision 2030
Depuis son lancement en 2018, le Programme "Quality of life" (QOL) reflète l’engagement du Royaume à améliorer les conditions de vie de ses citoyens, résidents et visiteurs. Ce programme transforme l'Arabie Saoudite en une destination mondialement reconnue pour la culture, le divertissement et le tourisme.
L'un des résultats les plus visibles du programme QOL est l’amélioration notable des classements des villes saoudiennes dans l'indice mondial de la qualité de vie. Des villes comme Riyad et Djeddah ont gravi plusieurs places, signe du succès du programme en matière d'infrastructures urbaines, de soins de santé, d'éducation
et de qualité de vie globale. L’objectif de placer trois villes saoudiennes parmi les 100 villes les plus agréables à vivre dans le monde d'ici 2030 est en bonne voie d’être atteint.
Le programme ne s'arrête pas là : il met aussi un fort accent sur l’expansion des opportunités culturelles et récréatives. L'Arabie Saoudite a ainsi connu une hausse notable de la participation aux activités sportives, soutenue par des investissements dans des initiatives et infrastructures sportives.
Des partenariats avec des organisations internationales, telles que l'UEFA et le Live Nation Entertainment, ont permis l'organisation d'événements de classe mondiale et de programmes de formation, renforçant ainsi les secteurs du sport et du divertissement locaux.
Le programme "Quality of life" s'engage également à préserver et promouvoir l’héritage culturel et historique du Royaume. Des initiatives comme la création de festivals culturels, de musées et de sites patrimoniaux visent à reconnecter les Saoudiens à leur histoire tout en la faisant découvrir à l'échelle mondiale. Cette renaissance culturelle est soutenue par des programmes éducatifs promouvant les arts et métiers traditionnels, garantissant ainsi la transmission de ces compétences aux générations futures.
En parallèle, le Programme "Quality of life" met un accent particulier sur la durabilité environnementale et la santé. Des initiatives telles que "Green Riyadh" et le "King Salman Park" transforment le paysage urbain avec la création d'espaces verts, encourageant les activités de plein air et favorisant un mode de vie plus sain pour toutes les générations. En intégrant la durabilité dans la planification urbaine et en promouvant la participation communautaire à la conservation de l’environnement, l’Arabie Saoudite améliore non seulement la qualité de vie de ses citoyens, mais assure également un avenir plus sain et durable pour les générations à venir.
Grâce à une approche globale, qui englobe le développement urbain, la culture, le divertissement et le tourisme, le programme "Quality of life" redéfinit le paysage social de l'Arabie Saoudite. En favorisant l'innovation, en encourageant la participation publique et en développant les infrastructures nécessaires, le programme ouvre la voie à un avenir plus durable et prometteur.
L'engagement du Royaume envers l'amélioration de la qualité de vie transforme non seulement ses villes, mais améliore également le bien-être de ses habitants, faisant de l'Arabie Saoudite une destination de plus en plus attractive pour y vivre, y travailler et y séjourner.
Le Programme "Quality of life" ne se limite pas à une série d'initiatives : il incarne une vision plus large pour l'avenir de l'Arabie Saoudite, axée sur le bien-être et le bonheur de son peuple. Alors que le Royaume poursuit son évolution, le succès de ce programme sera un indicateur clé de sa capacité à équilibrer modernisation rapide et préservation de son riche patrimoine culturel et environnemental.
Les progrès réalisés jusqu'à présent sont impressionnants, mais la véritable mesure du succès réside dans la façon dont ces développements se traduiront par des améliorations durables dans la vie quotidienne des citoyens et résidents saoudiens. Vision 2030 est un programme ambitieux, mais grâce à l’élan généré par des programmes tels que celui-ci, l'Arabie Saoudite est sur une voie prometteuse pour atteindre son plein potentiel.
Sources :
https://english.aawsat.com/gulf/4396501-ranking-saudi-cities-improves-global-livability-index
https://www.spa.gov.sa/en/N2027066
https://www.vision2030.gov.sa/en/explore/programs/quality-of-life-program
Israël dans l'espace : un pilier de l'exploration spatiale dans la région MENA
Les origines de la course à l'espace
L'exploration spatiale n'est pas un concept nouveau. Depuis des siècles, les rêves d'atteindre les étoiles ont inspiré les écrivains, tels que Jules Verne avec ses œuvres visionnaires comme "De la Terre à la Lune". Pourtant, c'est au 20ème siècle que les progrès technologiques ont enfin permis de transformer ces rêves en réalité. La Seconde Guerre mondiale a été un catalyseur dans ce domaine, avec les avancées technologiques réalisées par l'Allemagne nazie dans le domaine des missiles balistiques.
La fin de la Seconde Guerre mondiale a vu émerger une nouvelle ère de rivalité entre les États-Unis et l'Union soviétique, connue sous le nom de guerre froide. Alors que ces deux superpuissances se disputaient le leadership mondial, l'espace est devenu le nouvel horizon à conquérir. La mise en orbite du premier satellite artificiel, Spoutnik 1, par l'Union soviétique en 1957, a marqué le début de cette compétition. Cet exploit a suscité l'admiration mondiale pour la technologie soviétique, tout en mettant en évidence le retard des États-Unis dans le domaine spatial.
L'épopée américaine vers la lune
Face au défi lancé par l'Union soviétique, les États-Unis ont intensifié leurs efforts dans le domaine spatial. Le président John F. Kennedy a fixé un objectif audacieux en 1961 : envoyer un homme sur la Lune avant la fin de la décennie. Ainsi, le programme Apollo est né, symbolisant la détermination américaine à relever ce défi. Après des années d'efforts, le 21 juillet 1969, Neil Armstrong devient le premier homme à poser le pied sur la surface lunaire, marquant un moment historique dans l'exploration humaine de l'espace.
L'Union Soviétique : pionnier de l'espace
Malgré le succès de la mission Apollo, l'Union soviétique a également marqué l'histoire de l'exploration spatiale avec une série de réalisations impressionnantes. De Youri Gagarine, le premier homme dans l'espace, à Valentina Tereshkova, la première femme, l'Union soviétique a démontré sa capacité à repousser les limites de l'exploration spatiale. Les réalisations soviétiques ont également contribué à stimuler les efforts américains pour conquérir l'espace.
La contribution d'Israël à l'exploration spatiale
Dans cette course effrénée vers les étoiles, Israël a marqué sa présence avec des contributions remarquables à l'exploration spatiale. Ilan Ramon, né le 20 juin 1954 à Tel Aviv, est devenu un pionnier de la conquête spatiale israélienne en tant que premier astronaute du pays à prendre part à une mission à bord de la navette spatiale Columbia. Avant son voyage dans l'espace, Ramon a mené une carrière impressionnante dans l'armée de l'air israélienne, cumulant de nombreuses heures de vol et participant à des opérations militaires notables, dont l'attaque sur le réacteur nucléaire irakien d'Osirak en 1981.
Après avoir été sollicité par la NASA, Ramon a intégré l'agence américaine en 1997 en tant que spécialiste de la charge utile. Son rêve de devenir astronaute s'est concrétisé le 16 janvier 2003 lorsqu'il est devenu le premier astronaute israélien à quitter la Terre à bord de la navette Columbia. Cependant, la mission STS 107 a pris une tournure tragique lorsque la navette a explosé quelques minutes avant d'atterrir le 1er février 2003, entraînant la perte de tout l'équipage à bord, y compris Ramon.
Malgré cette tragédie, l'héritage d'Ilan Ramon perdure, symbolisé par les pages de son journal de bord miraculeusement retrouvées et exposées à Jérusalem, ainsi que par les souvenirs personnels qu'il a emportés dans l'espace, tels que des poèmes de sa femme, des lettres de ses proches et un rouleau de Torah miniature. Ramon, considéré comme un héros national, a incarné l'espoir et la résilience du peuple israélien, tout en portant avec lui le souvenir des survivants de l'Holocauste, dont sa mère et sa grand-mère, à travers des objets symboliques comme le dessin de Peter Ginz, un enfant tué à Auschwitz.
Sources :
https://guideisrael.fr/ilan-ramon
https://www.editions-ellipses.fr/PDF/9782340039186_extrait.pdf
Grands scientifiques de la région MENA à travers les âges : un héritage interreligieux
Vers l'An 0
Philon d'Alexandrie (20 av. J.-C. - 50 apr. J.-C.)
Philon d'Alexandrie, érudit juif de renom, a vécu à une époque où l'héritage de la culture hellénistique fusionnait avec les traditions juives. Philon est réputé pour ses contributions à la philosophie et à la théologie. Il a développé une approche sophistiquée de l'interprétation allégorique des textes sacrés, cherchant à concilier la pensée grecque avec la tradition juive. Ses travaux ont eu une influence significative sur les penseurs juifs ultérieurs, ainsi que sur les premiers théologiens chrétiens.
Al Khawarizmi (780-850)
Al Khawarizmi, également connu sous le nom de Muhammad ibn Musa al-Khwarizmi, était un mathématicien et astronome persan dont les travaux ont été essentiels pour le développement de l'algèbre et de l'arithmétique. Né vers 780 dans la région de Khwarezm (actuel Ouzbékistan), Al Khawarizmi a travaillé à la cour califale de Bagdad, où il a contribué de manière significative aux progrès scientifiques de l'époque. Son ouvrage "Al-Kitab al-Mukhtasar fi Hisab al-Jabr wal-Muqabala" (Le Compendium sur le calcul par achèvement et équilibre) a été traduit en latin, introduisant ainsi les concepts algébriques en Europe occidentale.
Ptolémée (vers 100 - 170 apr. J.-C.)
Claudius Ptolémée, également connu sous le nom de Ptolémée d'Alexandrie, était un savant gréco égyptien de l'Égypte romaine. Son œuvre majeure, l'"Almageste", a été une référence fondamentale en astronomie pendant plus d'un millénaire. Ptolémée a développé un modèle géocentrique de l'univers, dans lequel la Terre est située au centre, avec les autres corps célestes orbitant autour d'elle. Bien que ce modèle ait été ultérieurement remis en question par les découvertes de la Renaissance, il a été d'une importance capitale pour le développement de l'astronomie médiévale et de la cartographie.
Vers l'An 1000
Moïse Maïmonide (1135 - 1204)
Moïse Maïmonide, également connu sous le nom de Rambam, était un érudit juif séfarade, médecin et philosophe, né en Espagne musulmane et ayant vécu plus tard en Égypte. Il est surtout connu pour son œuvre majeure, le "Guide des égarés", dans lequel il cherche à concilier la philosophie aristotélicienne avec la théologie juive. En plus de ses contributions à la pensée philosophique, Maïmonide a également apporté des avancées significatives dans le domaine de la médecine, influençant la pratique médicale en Europe pendant des siècles.
Avicenne (980 - 1037)
Abu Ali al-Husayn ibn Abd Allah ibn Sina, plus connu sous le nom latinisé d'Avicenne, était un polymathe persan dont les travaux ont eu une influence majeure sur la philosophie, la médecine, la physique, l'astronomie, la théologie, la logique et les mathématiques. Son œuvre la plus célèbre, "Le Canon de la médecine", est restée un texte médical de référence en Europe et dans le monde islamique pendant plusieurs siècles. Avicenne a également apporté des contributions importantes à la philosophie, notamment dans le domaine de la métaphysique et de la logique.
Gerbert d'Aurillac (938 - 1003)
Gerbert d'Aurillac, également connu sous le nom de Pape Sylvestre II, était un érudit chrétien qui a joué un rôle crucial dans la transmission du savoir scientifique et philosophique de l'Antiquité à l'Europe médiévale. Il a introduit les chiffres arabes et le système décimal en Europe occidentale, facilitant ainsi les calculs mathématiques avancés. Gerbert était également un fervent promoteur de l'astronomie, introduisant les astrolabes en Europe et contribuant à la diffusion des connaissances astronomiques héritées des savants musulmans.
Vers l'An 2000
Albert Einstein (1879 - 1955)
Albert Einstein, né en Allemagne, était un physicien théoricien de renommée mondiale, dont les travaux ont révolutionné notre compréhension de l'univers. Son œuvre la plus célèbre, la théorie de la relativité restreinte et la théorie de la relativité générale, a transformé notre vision de l'espace, du temps et de la gravité. Einstein a également apporté des contributions importantes à la physique quantique, notamment par son travail sur l'effet photoélectrique, pour lequel il a reçu le prix Nobel de physique en 1921.
Ahmed Zewail (1946 - 2016)
Ahmed Zewail, né en Égypte, était un chimiste égyptien-américain qui a été récompensé du prix Nobel de chimie en 1999 pour son développement de la spectroscopie ultra-rapide, qui permet de visualiser les mouvements des atomes et des molécules à l'échelle de la femtoseconde. Cette technologie révolutionnaire a ouvert de nouvelles perspectives dans de nombreux domaines, notamment la chimie, la biologie et la physique des matériaux. En plus de ses réalisations scientifiques, Zewail était un ardent défenseur de l'éducation scientifique et de la coopération internationale dans la recherche.
Georges Charpak (1924 - 2010)
Georges Charpak, né en Pologne et naturalisé français, était un physicien célèbre pour son invention de la chambre proportionnelle multifils, une avancée majeure dans le domaine de la détection des particules subatomiques. Pour cette contribution remarquable, il a reçu le prix Nobel de physique en 1992. La chambre proportionnelle multifils a révolutionné la manière dont les physiciens étudient les interactions des particules à haute énergie, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles découvertes dans le domaine de la physique des particules.
Un Héritage Interreligieux et Interculturel
À travers ces exemples, il est clair que le patrimoine scientifique de la région MENA est profondément enraciné dans une diversité religieuse et culturelle. Les contributions des savants juifs, musulmans et chrétiens ont enrichi le savoir humain et ont transcendé les frontières géographiques et religieuses. Leur héritage continue d'inspirer les générations futures à poursuivre la quête du savoir et de la découverte, en promouvant la compréhension mutuelle et la collaboration au-delà des différences religieuses et culturelles.
Alors que nous célébrons ces grands esprits et leur impact durable, il est essentiel de reconnaître l'importance de la tolérance, du dialogue et du respect mutuel dans la promotion de la science et de l'innovation. En honorant et en préservant cet héritage interreligieux et interculturel, nous nous engageons à cultiver un avenir où le savoir et la coopération transcendent les divisions qui ont trop souvent marqué l'histoire de notre monde.
Sources :
https://www.cairn.info/le-judaisme-ancien-du-VIe-siecle-avant-notre-ere--9782130563969-page 119.htm
https://www.futura-sciences.com/sciences/personnalites/algebre-al-khwarizmi-1811/
https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Claude_Ptol%C3%A9m%C3%A9e/139769
https://www.nobelprize.org/prizes/physics/1921/einstein/biographical/
https://www.science.org/doi/10.1126/science.aai8466
https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Avicenne/106902
https://www.universalis.fr/encyclopedie/gerbert-d-sylvestre-ii/
Émirats Arabes Unis : nouvel eldorado des millionnaires ?
Un afflux sans précédent de millionnaires
Selon Henley & Partners (société de conseil internationale spécialisée dans la résidence et la citoyenneté par investissement) et son rapport “Private Wealth Management” sur les tendances de migration des millionnaires en 2024, les EAU devraient attirer 6,700 nouveaux millionnaires cette année. Cette affluence est principalement due à l'absence de taxe sur le revenu, combinée à des initiatives telles que le programme de visa doré qui offre des avantages considérables aux investisseurs étrangers. Ainsi, la célèbre ville de Dubaï par exemple, a vu sa population de millionnaires augmenter de 78 % au cours de la dernière décennie.
En comparaison, les États-Unis et Singapour, respectivement deuxième et troisième dans les classements de Henley, devraient attirer nettement moins de millionnaires cette année, avec des afflux nets de 3,800 et 3,500 millionnaires.
D'autres pays comme la Chine connaissent des exodes de millionnaires et devraient perdre 15,200 millionnaires, principalement en raison d’une volonté de recherche de meilleures infrastructures et d’opportunités. Le Royaume-Uni, quant à lui, pourrait voir un exode de 9,500 millionnaires cette année, chiffre aggravé par l'incertitude post-Brexit et les changements dans le régime fiscal non-dom.
Comme nous l’avons constaté, les flux migratoires des millionnaires sont incessants et se dirigent massivement vers Dubai. Alors, pour cerner au mieux les conséquences de ces arrivées, il est légitime de se poser la question de l’impact économique et social provoqué par ces flux.
Des millionnaires au service d’une société en plein boom
L'arrivée de ces millionnaires aux Émirats Arabes Unis a des répercussions majeures sur l'économie du pays. Sur le plan économique, on peut par exemple citer une croissance du PIB soutenue par une augmentation de 44% des transactions immobilières en 2023. En parallèle, la même année, les investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 16 milliards de dollars, une augmentation de 7,4% par rapport à l'année précédente.
Les bénéfices ne s’arrêtent pas là, les secteurs du luxe, de la finance et de la technologie ont particulièrement bénéficié de cet afflux. Par exemple, les ventes de biens de luxe ont augmenté de 20% en 2023 et l’industrie financière a créé plus de 10,000 nouveaux emplois.
Sur la plan sociétal, l'afflux de millionnaires a contribué à la diversité culturelle de Dubaï avec désormais plus de 70 nationalités représentées parmi les nouveaux résidents fortunés. Autre exemple, cette fois sur le plan de l’éducation et de la santé, une allocation de 2 milliards de dollars supplémentaires a été actée pour l'amélioration des écoles publiques et des hôpitaux grâce à l'augmentation des recettes fiscales en 2023.
Le rôle du Dubai International Financial Centre (DIFC) dans l'attraction des millionnaires
DIFC joue un rôle central dans l'attrait qu'ont les investisseurs pour les Émirats Arabes Unis. En étant la principale zone économique spéciale dédiée aux services financiers au Moyen-Orient, le DIFC offre un environnement de régulation et de gouvernance conforme aux normes internationales. Avec plus de 2,500 entreprises enregistrées et un écosystème dynamique pour les banques, les compagnies d'assurance et les gestionnaires d'actifs, le DIFC est une plateforme clé pour l'expansion régionale et mondiale.
Par exemple, celle-ci est dotée d'un cadre juridique indépendant basé sur le droit commun anglais, ce qui assure aux entreprises et aux investisseurs une transparence et une sécurité juridique élevées. Elle propose également des exemptions fiscales sur les revenus des sociétés et des particuliers pour une période de 50 ans, rendant l'investissement dans le centre extrêmement attractif pour les millionnaires cherchant à maximiser leurs revenus.
Ainsi, les Émirats Arabes Unis, et plus spécifiquement Dubaï, sont en train de devenir le nouveau centre de gravité pour les millionnaires qui investissent de manière massive pour transformer l'économie des Émirats Arabes Unis.
Sources :
https://www.pauljorion.com/blog/2022/06/17/ou-vont-les-migrants-millionnaires/
Lezzoo : La startup pionnière de la transformation numérique de l'Irak
L'aventure de Lezzoo a commencé par une vision simple mais puissante : mettre la commodité au bout des doigts des Irakiens. Yadgar Merani, un visionnaire qui comprend parfaitement les besoins et les défis du marché local, a cherché à combler les lacunes en matière d'accessibilité aux biens et services essentiels.
S'appuyant sur la pénétration croissante des appareils intelligents, Lezzoo a entrepris de créer une plateforme numérique transparente capable de répondre à un large éventail de demandes, de la livraison de nourriture à l'épicerie et au-delà.
La plateforme et les services
La plateforme de Lezzoo est un service complet de livraison à la demande qui met en relation les utilisateurs avec un réseau d'entreprises locales. Lezzoo propose une valeur ajoutée unique à la fois pour les entreprises avec lesquelles elle travaille et pour ses clients finaux.
L'application fournit une plateforme pour les livraisons de restaurants, l'achat de produits alimentaires, les services de réparation, les produits pharmaceutiques et les solutions pour les sites web de commerce électronique.
En intégrant de multiples services dans une seule plateforme, Lezzoo est devenu un guichet unique pour la commodité urbaine.
Surmonter les défis
Opérer en Irak et au Kurdistan présente des défis uniques, allant des obstacles logistiques à l'instabilité économique et politique. La startup a investi massivement dans la mise en place d'une infrastructure de livraison solide, comprenant une flotte de véhicules de livraison et un réseau de livreurs formés.
En outre, Lezzoo a établi des partenariats avec des entreprises locales afin de garantir un approvisionnement régulier en biens et services. L'un des défis les plus importants a été d'instaurer la confiance sur un marché où les transactions numériques sont encore relativement nouvelles.
Lezzoo a relevé ce défi en mettant en place des passerelles de paiement sécurisées et en veillant à ce que le service à la clientèle soit une priorité absolue.
Impact sur l'économie locale
L'impact de Lezzoo va au-delà de la simple commodité pour les consommateurs. La startup a créé de nombreuses opportunités d'emploi, des livreurs au personnel d'assistance, contribuant ainsi à l'économie locale. En s'associant à des entreprises locales, Lezzoo soutient également les petites et moyennes entreprises (PME) en leur fournissant une plateforme numérique qui leur permet d'atteindre un public plus large et de se faire connaître.
La réussite de Lezzoo témoigne du potentiel des startups irakiennes à stimuler la transformation numérique et la croissance économique. En répondant aux besoins locaux par des solutions innovantes, Lezzoo a établi une référence pour les autres entrepreneurs de la région.
Alors que l'écosystème des startups en Irak continue d'évoluer, Lezzoo est prête à rester à l'avant-garde, ouvrant la voie à un avenir plus connecté et plus pratique pour tous les Irakiens.
L'écosystème irakien des startups continue de se développer, sous l'impulsion d'entrepreneurs jeunes et ambitieux. Parmi les autres secteurs clés, citons la fintech, le commerce électronique, les technologies de la santé et les technologies de l'éducation. Les incubateurs et accélérateurs locaux tels que "The Station", KAPITA et Iraq Tech Ventures apportent un soutien vital.
Malgré des défis tels que l'instabilité politique, le financement limité et les problèmes d'infrastructure, l'écosystème est prometteur avec des investissements internationaux en hausse, des solutions innovantes et un nombre croissant d'initiatives du gouvernement irakien pour promouvoir l'esprit d'entreprise et les startups technologiques.
Sources :
https://kurdistanchronicle.com/babat/2605
https://www.ycombinator.com/companies/lezzoo
https://www.iraq-businessnews.com/2024/06/25/iraqi-govt-to-launch-tech-incubators-in-universities/
https://kapita.iq/content/issue/mapping-iraqi-entrepreneurial-ecosystem
Les divas de la musique arabe : un héritage intemporel
Au milieu du 20e siècle, la musique arabe a connu ce qui est souvent décrit comme son âge d'or. C'était une période de prospérité culturelle où des artistes visionnaires ont émergé, captivant les foules avec leurs talents musicaux exceptionnels.
Parmi eux, Oum Kalthoum se démarque comme l'une des voix les plus puissantes et les plus influentes de cette époque.
Sa capacité à transmettre des émotions profondes à travers ses chansons a fait d'elle une véritable légende.
Oum Kalthoum : l’immortelle
Aucune liste de divas arabes n’est fiable sans mentionner la légendaire Oum Kalthoum. Originaire d'Égypte, sa voix puissante et son interprétation magistrale ont captivé les auditeurs pendant des décennies.
Oum Kalthoum a transcendé les frontières nationales pour devenir une icône mondiale de la musique arabe, attirant des foules immenses lors de ses performances en direct. Elle était une grande figure politique et féministe en ayant fait de la
place des femmes dans la société égyptienne l’une de ses plus grandes préoccupations.
Sa capacité à transmettre des émotions complexes à travers sa musique était incomparable. Des chansons épiques comme "Enta Omri" et "Al Atlal" sont restées gravées dans les mémoires, évoquant l'amour, la perte et la nostalgie d'une manière profondément poétique.
Même des décennies après sa mort, en 1975, Oum Kalthoum demeure une source d'inspiration pour les chanteurs du monde entier.
Warda : la rose d’Algérie
Warda, née en France de parents algériens, a conquis les cœurs du monde arabe avec sa voix douce et mélodieuse. Connue sous le nom de "La Rose Algérienne", elle a apporté une touche d'élégance et de grâce à la scène musicale arabe. Sa carrière prolifique a traversé plusieurs décennies, et ses chansons emblématiques telles que "Batwanes Beek" et "Harramt Ahibbak" continuent à inspirer les générations futures.
En plus de son talent vocal exceptionnel, Warda était également une icône de style, captivant le public avec sa présence scénique et son charme naturel. Son héritage perdure à travers sa musique intemporelle et son influence durable sur la culture musicale arabe.
Fayrouz : L'étoile du Liban
Fayrouz, également connue sous le nom de "Najat Al Huda" (Étoile de la Guidance), est une légende vivante de la musique libanaise. Sa voix cristalline et son répertoire diversifié ont fait d'elle une figure emblématique de la scène musicale arabe depuis les années 1950.
Avec des chansons comme "Kifak Inta" et "Bhebbak Ya Lebnan", elle a incarné l'esprit et l'âme du Liban, capturant les espoirs et les rêves de tout un peuple.
Au-delà de sa carrière musicale, Fayrouz a également été une voix de l'unité et de la résilience pendant les périodes tumultueuses de l'histoire libanaise. Son engagement envers son pays et sa musique a valu à Fayrouz une place spéciale dans le cœur des fans du monde entier. « Ces paroles poétiques explorent les grands thèmes de l’amour, de la séparation, de l’attachement à la terre et de la liberté dans une patrie heureuse. ».
Asmahan : La mystique syrienne
Asmahan, née en Syrie, a fasciné le public avec sa voix envoûtante et son aura mystique. Son style unique, mélangeant des éléments de musique arabe traditionnelle avec des influences occidentales, a créé un son novateur qui a capturé l'imagination de nombreux auditeurs.
Des chansons telles que "YaHabibi Ta'ala" et "Layali El Ouns Fi Vienna" résonnent encore aujourd'hui avec leur charme intemporel.
Malgré sa vie tragiquement courte, Asmahan a laissé un héritage indélébile dans le monde de la musique arabe. Son talent précoce et sa personnalité intrigante continuent à inspirer les amateurs de musique du monde entier.
Dalida : une icône plurielle
Dalida, bien que née en Égypte et d'origine italienne, mérite une place parmi les divas de la musique arabe en raison de son impact significatif sur la scène musicale du Moyen-Orient.
Avec des tubes comme "Helwa Ya Baladi" et "Salma Ya Salama", elle a conquis le cœur de millions de fans arabes à travers le monde.
Sa capacité à chanter dans plusieurs langues, y compris l'arabe, a contribué à élargir son attrait international. Dalida a réussi à fusionner des styles musicaux variés pour créer un son unique qui dépasse les frontières culturelles.
Ensemble, ces divas de la musique arabe forment un héritage inoubliable, symbolisant la puissance de la musique pour unir les peuples et transcender les différences. Leur influence perdure, inspirant les générations futures à embrasser la richesse de la culture arabe à travers la musique.
Sources :
https://www.rtbf.be/article/les-divas-du-monde-arabe-doum-kalthoum-a-dalida-10782956
https://leclaireur.fnac.com/article/275689-la-folle-histoire-doum-kalthoum-la-diva-du-monde-arabe/
https://afriquemagazine.com/oum-kalthoumjamais-la-diva
https://divas-arabes.imarabe.org/les-voix-d-or/warda/un-style-sans-cesse-renouvele
https://divas-arabes.imarabe.org/les-voix-d-or/asmahan/l-enfant-prodige-de-la-musique-arabe
Les pratiques du jeûne à travers les religions : tradition et spiritualité
Dans l'islam, le jeûne est l'un des cinq piliers de la foi musulmane et est observé pendant le mois de Ramadan.
Les fidèles s'abstiennent de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil. Pour les musulmans, le Ramadan est un mois de piété, de réflexion et de rapprochement de Dieu, où la privation alimentaire est accompagnée de prières et d'actes de charité envers les plus démunis.
Quant au christianisme, le jeûne est ancré dans les récits bibliques, où il est pratiqué par des figures emblématiques telles que le roi David ou le prophète Daniel. Jésus lui-même jeûna pendant 40 jours avant de commencer son ministère, et il enseigna à ses disciples l'importance de combiner jeûne et prière dans leur vie spirituelle. Aujourd'hui, les catholiques jeûnent lors du mercredi des Cendres et du vendredi Saint, comme une expression de repentance et de préparation à la célébration de Pâques.
Dans le judaïsme, le jeûne revêt un caractère expiatoire et commémoratif, rappelant les moments où le peuple juif s'est détourné de Dieu. Des jeûnes collectifs comme Yom Kippour, le jour le plus saint de l'année juive, sont observés pour l'expiation des péchés et le renouvellement de l'alliance avec Dieu.
L'appel de la faim : un chemin vers l'élévation spirituelle
Le jeûne occupe une place centrale dans de nombreuses traditions spirituelles. Il représente bien plus qu'une simple abstention de nourriture. C'est un voyage intérieur, une exploration de soi et une communion avec le divin. Dans chaque tradition, le jeûne est imprégné de significations profondes et revêt différentes formes, mais son objectif ultime demeure la recherche de l'essence spirituelle de l'être humain.
Dans cette optique, les pratiquants du jeûne voient en cette discipline un moyen de se libérer des distractions matérielles et de se concentrer sur leur relation avec le divin. Le jeûne devient alors un acte de dévotion, une expression de foi et un moyen de cultiver une conscience spirituelle plus profonde.
À travers les âges, les pratiquants du jeûne ont embrassé cette discipline comme un moyen de se purifier, de se transformer et de se rapprocher de leur divinité. Que ce soit dans le contexte du Carême, du Ramadan, de Kippour ou des jeûnes observés dans d'autres traditions, cette privation volontaire devient une épreuve de foi, une période de réflexion profonde et une occasion de se détourner des plaisirs matériels pour mieux se connecter à l'essence spirituelle de la vie.
Le jeûne est souvent associé à des rituels de purification physique et spirituelle, symbolisant le renouveau et la régénération. Pour de nombreux croyants, cette période de privation est également une opportunité de se recentrer sur leurs valeurs spirituelles, de renforcer leur détermination et leur discipline, et de cultiver un état de gratitude et de contentement intérieur.
Le jeûne comme pont entre le physique et le spirituel
Bien que le jeûne soit souvent perçu comme une pratique ascétique, réservée aux fervents croyants, il offre également des bénéfices physiques tangibles. Des études scientifiques modernes ont mis en évidence les effets positifs du jeûne sur la santé, allant de la régénération cellulaire à la réduction de l'inflammation.
Le jeûne peut donc être considéré comme une forme de médecine holistique, stimulant la guérison et le bien-être à la fois sur le plan physique, mental et spirituel. En se privant de nourriture, les pratiquants du jeûne expérimentent souvent une clarté mentale accrue, une sensation de légèreté physique et une connexion spirituelle plus profonde, les aidant ainsi à transcender les frontières entre le physique et le spirituel, offrant à la fois des avantages corporels et une élévation de l'âme.
Le jeûne comme porte vers l'unité universelle
En dépit des différences doctrinales et culturelles, le jeûne unit les croyants à travers le monde dans une expérience commune de dévotion, de discipline et de recherche spirituelle. C'est un rappel puissant de notre humanité partagée et de notre quête universelle de sens et de transcendance. En observant le jeûne, les individus transcendent les divisions religieuses et culturelles pour se connecter à une vérité plus profonde et à une unité universelle.
À travers les diverses pratiques de jeûne présentes dans les grandes traditions religieuses, nous découvrons un fil conducteur universel de recherche spirituelle, de purification et de connexion avec le divin. Le jeûne demeure un symbole puissant d'unité.
Sources :
https://www.sciencesetavenir.fr/nutrition/d-ou-vient-la-tradition-du-jeune-dans-les religions_29178
https://www.geo.fr/histoire/judaisme-christianisme-islam-pourquoi-jeune-t-on-213958
https://www.atalayar.com/fr/articulo/societe/du-jeune-dans-trois-religions-monotheistes/20210430130652151013.html
https://jeune-et-sens.fr/le-jeune-les-religions/
Pluie à tout prix : L’ensemencement pluvial au Moyen Orient
Reverdir les déserts grâce à la technologie, tel est l’objectif des nombreux programmes d’ensemencement des nuages qui se développent au Moyen-Orient.
Depuis la dernière décennie, plus de quatre-vingts projets d’ensemencement des nuages ont été recensés par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à travers le monde, notamment en Asie, en Afrique et à présent au sein du croissant fertile.
Préserver ce statut de fertilité est effectivement une préoccupation majeure.
Alors que l’agriculture représente à elle seule 80 % de la consommation hydrique dans la région MENA d’après la Banque mondiale, l’eau vient à manquer.
En Arabie saoudite, les précipitations sur le long terme sont inférieures à cent millimètres, soit l’un des taux les plus faibles au monde.
Aux Émirats arabes unis, le thermomètre affiche régulièrement la chaleur ardente de 45 °C, justifiant la soif inassouvie des habitants. Un Émirien consomme en moyenne cinq cents litres d’eau par jour, soit le triple de la consommation mondiale.
Attendre un miracle ou le provoquer ? Accordant leur confiance à la géo-ingénierie pour contrôler le ciel, les États du Golfe deviennent peu à peu maîtres de la pluie et du beau temps.
Un miracle scientifique : émergence de la pluie artificielle et son arrivée dans la région MENA
Au commencement était la guerre. Les prémices de la pluie artificielle se manifestent dans le cadre militaire de la guerre du Vietnam, lors de l’opération Popeye en 1962. À l’origine de cette découverte, les États-Unis réinvestissent par la suite dans cette méthode pour des desseins agricoles : irriguer les terres de l’Ouest, en Californie et au Nevada.
À partir des années 1960, Israël s’aventure à son tour dans cette entreprise prométhéenne. Tout comme ses proches et lointains voisins de la région MENA GCC, l’État hébreu est sujet à la sécheresse.
Après des premiers essais au nord d’Israël, de nouvelles expérimentations sont menées dans le désert de l’Arabah, qui s’étend du golfe d’Aqaba jusqu'au sud de la frontière jordanienne.
Bien que circonscrites dans le temps, les missions d’ensemencement des nuages ont sensiblement contribué à transformer cette zone aride en un prodige climatique.
En dépit d’une chaleur torride, l'agriculture prospère dans l’Arabah. Selon Noa Zer, directrice du développement des ressources pour le Conseil régional central de l’Arabah, plus de 50% des produits frais du pays y seraient cultivés.
Loin d’avoir la tête dans les nuages, l’Arabie saoudite a elle aussi opté pour la pluie artificielle. Le potentiel saoudien en termes d’exportations agricoles n’est pas à négliger.
Bénéficiant de 173 000 hectares de terres arables - en contraste avec les 27 000 hectares français - le royaume saoudien pourrait, en effet, investir davantage dans le secteur primaire.
Après l'échec d'un plan d'autosuffisance alimentaire en raison du manque de ressources hydriques, le gouvernement a décidé de lancer un programme d’ensemencement pluvial. À l’heure actuelle, le processus a été initié aux abords de Riyadh ainsi qu’au-dessus du plateau rocheux de Nejd, que les avions nationaux survolent pour y libérer de l’iodure d’argent.
Ayman Ben Ghulam, président du Centre national de météorologie, a tenu à préciser que le programme devrait se poursuivre au cours des cinq prochaines années et permettre d'augmenter le taux de précipitation jusqu'à 20%.
Dépeinte comme une option viable et respectueuse de l’environnement, la pluie artificielle semble bien s’aligner avec les préceptes de la vision 2030 du prince MBS, en ce qu’elle contribue à l’intensification de la couverture végétale de l’Arabie saoudite ainsi qu’à la sécurisation de nouvelles sources d’eau.
Qui sème la pluie, récolte l’intempérie : l’ensemencement pluvial comporterait-il des risques ?
La transition climatique n’aurait-elle pas raison de l’hubris scientifique ? Le 17 avril dernier, l’aéroport de Dubaï était envahi par les eaux. En l’espace de vingt-quatre heures, le pays désertique s’est retrouvé englouti sous plus de cent vingt millimètres d’eau, l’équivalent de deux ans de pluie. Également frappés par ce déluge, le Qatar, Bahreïn et la principauté d’Oman déplorent un total de vingt morts.
Si les regards inquisiteurs se tournent vers les ingénieurs à l’initiative des programmes d’ensemencement, il n’en serait rien.
Une étude du centre Anelfa (Association Nationale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques) tend à prouver que l’iodure d’argent, agent fondamental de l’ensemencement pluvial, ne serait pas nocif pour l’environnement, compte tenu des faibles proportions utilisées.
En outre, l’ensemencement repose sur un principe de ciblage précoce et contrôlé, excluant ainsi les cumulonimbus, nuages les plus susceptibles de déclencher des intempéries. Le cataclysme observé dans le Golfe résulterait donc plus vraisemblablement de l’inversion chronique des vents du Pacifique, due au phénomène El Niño.
Ayant déjà sévi en Afrique du Sud, dans le Sahel et en Amazonie au cours de l’année 2023, El Niño continue de s’étendre, redistribuant les précipitations sur de nouvelles surfaces à son gré.
Quand la technologie se joint à la spiritualité : pluie et traditions religieuses
Au-delà des considérations économiques et des préoccupations climatiques, la pluie artificielle revêt également une dimension spirituelle, répondant précisément à une prière semestrielle.
Dans le Judaïsme, la fête de Chemini Atseret, célébrée au cœur de l’automne, marque le début de la saison des pluies. Également formulée comme une bénédiction quotidienne tout au long de l’hiver, Chemini Atseret vise à exprimer la reconnaissance envers le ciel pour l’eau prodiguée, tout en priant pour que le vent continue de souffler et que la pluie continue de perler sur les moissons.
La sollicitation de la pluie se retrouve dans le Christianisme. Sabine, martyre chrétienne du IIème siècle, correspond à une sainte à qui s’adresser pour invoquer la pluie en cas de sécheresse.
Précieuse ressource en tout point de vue, la pluie est préservée et volontairement déclenchée si nécessaire. Et s’il paraît incongru voire cocasse, qu’en 2018, l’Iran accuse les Émirats et Israël, de “lui voler ses nuages”, faisant justement allusion aux opérations d’ensemencement artificiel, la raréfaction des ressources hydriques et l’esprit créatif des ingénieurs du XXIème siècle, révèlent une nouvelle ère où les frontières entre la nature et la technologie s’estompent.
Sources :
https://reporterre.net/Quand-les-Etats-veulent-controler-la-pluie
https://agriculture.gouv.fr/arabie-saoudite
https://infos-israel.news/israel-cultive-plus-de-50-de-ses-legumes-dans-le-desert-darava/
Crédits image : https://oumma.com/emirats-arabes-unis-une-pluie-artificielle-experimentee-video/
L’Iran face à son destin pour élire son prochain président
Des Iraniens font la queue en attendant de voter à l'élection présidentielle, le 28 juin 2024, à Téhéran. © Majid Asgaripour, West Asia News Agency via Reuters
Ce vendredi 28 juin, les électeurs iraniens, au nombre de 61 millions, se rendent aux urnes pour élire leur nouveau président. Cette élection, organisée dans l'urgence, revêt une importance particulière car elle pourrait marquer un tournant politique majeur pour l'Iran, avec des réformateurs et des conservateurs divisés sur l'avenir du pays.
Des élections à forts enjeux
Tout d’abord, il faut comprendre que ces élections présidentielles se déroulent dans un contexte de forte tension sociale, d’incertitude politique et économique. Les candidats en lice devront non seulement convaincre un électorat profondément divisé, mais aussi naviguer dans un paysage politique complexe où les tensions internationales et les problèmes internes pèsent lourdement. Cela fait maintenant plusieurs années que l’Iran est confronté à des défis économiques majeurs, notamment en raison des sanctions internationales et de son isolement diplomatique.
Réformer par le vote, Pezeshkian nourrit l’espoir
Massoud Pezeshkian, âgé de 69 ans, médecin d'origine azérie devenu député est le seul candidat réformateur autorisé par le Conseil des Gardiens. Quasi-inconnu avant sa candidature, il est devenu un symbole d'espoir pour les camps réformateurs et modérés, marginalisés ces dernières années. Pezeshkian promet des réformes sociales et économiques profondes, une lutte contre la corruption et surtout une ouverture diplomatique permettant de sortir l'Iran de l’isolement diplomatique et du cercle infernal des sanctions.
Pour lui faire face, 2 conservateurs, Mohammad-Bagher Ghalibaf et Saïd Jalili. Mohammad-Bagher Ghalibaf est l’actuel président du Parlement et ancien commandant militaire. Il prône une politique économique de résistance et d'autosuffisance nationale, alignée avec les principes de la Révolution islamique. Il est également favorable à une politique étrangère prudente, méfiante à l'égard de l'Occident. Saïd Jalili est quant à lui l’ancien négociateur du dossier nucléaire iranien. Celui-ci est fermement opposé à tout rapprochement avec l'Occident. Il défend une ligne dure sur les questions de sécurité nationale et soutient le développement du programme nucléaire iranien.
Les changements concrets si Pezeshkian venait à être élu
Massoud Pezeshkian a clairement exprimé son désir de modérer les lois sur le port du voile. Le débat sur le hijab, relancé après la mort de Mahsa Amini en 2022, demeure un sujet brûlant. Pezeshkian est le seul candidat ouvertement critique des méthodes de répression actuelles et manifestant une volonté de permettre une plus grande liberté d'expression et de choix pour les femmes iraniennes. Sur la question du programme nucléaire iranien, Pezeshkian adopte une position de réouverture et de négociation. Il a souligné la nécessité de relancer l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 afin de lever les sanctions économiques sévères qui paralysent l'économie du pays. Contrairement à ses adversaires plus conservateurs, il se montre favorable à un dialogue constructif avec les grandes puissances mondiales, y compris les États-Unis, pour améliorer la situation économique de l'Iran.
Les élections présidentielles de l’Iran post-Raïssi sont un moment décisif pour le pays. Même si le président élu aura beaucoup moins de pouvoir que l’Ayatollah, le choix d’un réformiste ou d’un conversavteur aura une importance capitale sur la stabilité et la prospérité du pays.
La révolution urbaine des pays du CCG : Transformer les déserts en villes intelligentes
NEOM : "The Line", la mégapole futuriste d'Arabie saoudite
L'un des projets les plus ambitieux du Moyen-Orient est NEOM en Arabie saoudite, une mégapole de 500 milliards de dollars conçue pour être un centre mondial d'innovation et de technologie. Lancée en 2017 par Mohamed Bin Salman et située dans le nord-ouest du pays, NEOM vise à redéfinir la vie urbaine grâce à l'intégration de l'intelligence artificielle (IA), de l'internet des objets (IoT) et de la robotique dans divers secteurs.
La conception de NEOM comprend la construction de "The Line", une ville linéaire de 170 kilomètres sans voitures, sans rues et sans émissions de carbone. Cette approche de la planification urbaine favorise la marchabilité, la connectivité transparente grâce à des transports en commun à grande vitesse et l'intégration de la nature dans les espaces urbains. La vision de NEOM met l'accent sur la durabilité en aspirant à être entièrement alimentée par des sources d'énergie propres. En outre, grâce à son initiative d'agriculture urbaine, elle vise à assurer la sécurité alimentaire de ses habitants. Cette démarche s'aligne sur les objectifs plus larges de diversification économique de l'Arabie saoudite dans le cadre du plan Vision 2030.
Masdar City : Le phare de la durabilité aux Émirats arabes unis
Masdar City, située près d'Abou Dhabi dans les Émirats arabes unis (EAU), est un autre exemple pionnier de développement de ville intelligente. Lancée en 2008, Masdar City est l'une des communautés urbaines les plus durables au monde, entièrement alimentée par des énergies renouvelables. Elle abrite le siège de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et le siège régional de Siemens.
La conception de la ville intègre des bâtiments à haut rendement énergétique, des matériaux durables et des pratiques telles que le refroidissement passif et les toits verts. Masdar City utilise largement l'énergie solaire, avec l'une des plus grandes installations photovoltaïques du Moyen-Orient et une centrale de refroidissement solaire thermique. Le réseau de transport de la ville comprend des véhicules électriques et autonomes, ce qui réduit la dépendance à l'égard des combustibles fossiles.
Masdar City n'est pas seulement un exemple de développement urbain respectueux de l'environnement, mais sert également de laboratoire vivant pour les technologies innovantes et les pratiques durables. Elle vise à réduire son empreinte écologique tout en offrant un niveau de vie élevé, ce qui en fait un modèle pour les futures villes durables à l'échelle mondiale.
La ville de Lusail : La vision du Qatar en matière d'urbanisme moderne
La ville de Lusail, au Qatar, représente une nouvelle étape dans les initiatives de villes intelligentes du CCG. En tant que ville hôte de l'un des stades de la Coupe du monde de football de 2022, Lusail City est sous les feux de la rampe internationale. Ce développement à grande échelle intègre des infrastructures de pointe à une planification urbaine moderne afin de créer un environnement urbain dynamique et de haute technologie.
Lusail City comprend un réseau de métro léger, un système piétonnier souterrain et un système de refroidissement urbain, tous conçus pour améliorer la connectivité et réduire la consommation d'énergie. L'infrastructure intelligente de Lusail City comprend des systèmes avancés de gestion des déchets, des réseaux intelligents pour la distribution de l'électricité, et une utilisation étendue de l'IdO pour la gestion et les services de la ville.
Défis et perspectives d'avenir
La construction de villes intelligentes dans le désert s'accompagne de défis uniques, notamment les températures extrêmes, la rareté de l'eau et la nécessité d'une gestion durable des ressources. Les pays du CCG déploient des efforts considérables pour ouvrir la voie à cette avancée grâce à des solutions innovantes telles que des usines de dessalement alimentées par des énergies renouvelables, des technologies de refroidissement avancées et des conceptions urbaines durables qui minimisent l'impact sur l'environnement.
La réussite de ces projets de villes intelligentes dans la région du CCG dépendra de l'investissement continu dans la technologie, l'infrastructure et le capital humain. La collaboration avec des partenaires internationaux et l'adoption des meilleures pratiques du monde entier seront cruciales.
Les pays confrontés à la désertification et à la hausse des températures devront suivre la même voie et développer des conceptions urbaines innovantes pour atténuer les perturbations climatiques et s'y adapter. Les modèles ambitieux développés par les pays du CCG devraient servir de modèle pour ces efforts à l'échelle mondiale. D'autres nations peuvent s'inspirer de ces stratégies pionnières pour créer des environnements urbains durables et résilients.
Sources :
https://masdar.ae/en/renewables/green-hydrogen
https://masdar.ae/en/renewables/our-projects/masdar-city-solar-photovoltaic-plant
https://www.flickr.com/photos/gordontour/25137880702 \
https://www.neom.com/en-us/our-business/sectors/water/infrastructure/resource-recovery
https://www.vision2030.gov.sa/en/
L' Arabie Saoudite se positionne comme pionnier de l'Esport au Moyen-Orient
Une transformation du pays au service de sa vision
Au-delà du divertissement et des foules qui se masseront dans les infrastructures gaming de l’Arabie Saoudite, l'initiative du pays s'inscrit dans une démarche de transformation profonde, baptisée "Vision 2030". L'objectif est ambitieux, diversifier l'économie nationale et se positionner sur de nouveaux marchés dynamiques et porteurs, tels que celui des nouvelles technologies et de l'e-sport afin de réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Néanmoins, MBS souhaite également mettre l'accent sur un secteur très prisé par la jeunesse saoudienne. Cette organisation de la coupe du monde esport est une fois de plus la démonstration que l'Arabie Saoudite ouvre des horizons nouveaux pour le pays et crée un pont entre l'occidentalisation et la culture traditionnelle.
Un Investissement Massif dans l'E-Sport
Le prince héritier MBS, à la fois visionnaire et passionné de jeux vidéo, a fait de l'e-sport l’une des priorités nationales. Le Royaume a déjà injecté 38 milliards de dollars dans l'industrie du jeu vidéo, acquérant des parts significatives dans des géants comme Electronic Arts et Nintendo.
Ces investissements stratégiques visent à établir une industrie de l'e-sport robuste et durable, capable de générer 39 000 emplois d'ici 2030. Ainsi, avec cette dotation annoncée comme la plus importante de l'histoire de l'e-sport, cette coupe du monde se profile comme l'événement le plus ambitieux jamais réalisé jusqu’à présent.
Soft Power ? Oui, mais pas seulement
La désignation de l'Arabie Saoudite comme organisateur de la Coupe du Monde esport illustre bien plus qu'un simple engagement. Elle symbolise un tournant significatif dans l'évolution des droits humains amorcé depuis 2018 au sein du Royaume. De plus, cette initiative n'est pas le fruit du hasard, mais résulte d'une volonté délibérée de l'Occident de tisser des liens économiques et politiques plus étroits avec les nations du monde entier, intégrant ainsi pleinement ces pays dans le tissu de la scène internationale.
Ainsi, Au-delà des ambitions de soft power, accueillir la Coupe du Monde d'Esport souligne l'aspiration profonde de l'Arabie Saoudite à se positionner comme un leader visionnaire dans un Moyen-Orient en pleine réunification. Ce n'est plus seulement une question d'image; c'est l'expression concrète d'un projet ambitieux visant à transformer radicalement la région, plaçant le Royaume au cœur d'une ère nouvelle marquée par l'innovation, la prospérité partagée et l'intégration dans l'économie mondiale.
De manière concrète, cela est aussi renforcée par la collaboration avec des organisations expérimentées dans l'organisation de tournois d'e-sport, telles que l'Electronic Sports League (ESL) et la direction renouvelée de l'Esports World Cup (EWC) sous l'égide de Ralf Reichert.
L'initiative de l'Arabie Saoudite de se lancer dans l'e-sport représente bien plus qu'une ambition économique; c'est une vision de l'avenir où le jeu vidéo devient un vecteur de changement, d'unité et de développement social. En s'ouvrant à l'e-sport, le Royaume ne se contente pas de diversifier son économie; il participe activement à la construction d'un futur où les barrières culturelles sont transcendées par le partage d'intérêts communs.
Sources :
Séminales langues sémitiques : patrimoine de l’humanité
A l’origine, une histoire de famille
Les langues sémitiques reflètent l’histoire de l’humanité. Nées en Afrique et au Proche-Orient, berceaux de cette dernière, elles sont à l’image d’une grande famille qui rassemble des patriarches vénérables plus ou moins tombés dans l’oubli mais dont le testament écritdemeure, des descendants issus d’une renaissance bien ancrée dans la modernité, ou bien encore des héritiers restés fidèles à la première lignée.
En effet, l’égyptien des hiéroglyphes, l’assyrien cunéiforme, le phénicien ou bien l’araméen sont autant de langues « mortes » dont subsistent, gravés ou dessinés, les symboles qui donnèrent progressivement naissance à l’alphabet hébreu, arabe ou amharique. L’hébreu, l’arabe et l’amharique, bien « vivantes », sont parlées, écrites et lues du Maghreb au Golfe Persique, en passant par la Corne de l’Afrique ou le Levant.
Le fils de Noé, Sem (« nom » en hébreu), en serait l’ancêtre commun et aurait transmis, comme autant de gènes en partage, le recours aux racines trilitères, aux consonnes fricatives et à une transcription de droite à gauche.
Langue liturgique, langue vernaculaire
Indissociable du judaïsme et de l’islam car langues d’écriture de leurs Livres respectifs, l’hébreu et l’arabe n’ont pas connu les mêmes méandres de l’histoire. Resté au temps de la diaspora la langue liturgique du peuple juif, l’hébreu ancien ou biblique ne rentre dans la modernité que sous l’impulsion d’Eliezer
Ben-Yehouda au XIXe siècle, avant d’être adopté comme langue officielle par le jeune Etat d’Israël à sa création en 1948. Mâtiné d’espagnol, d’allemand et d’arabe, il avait par ailleurs donné naissance, plusieurs siècles auparavant, à des dialectes régionaux (ladino, yiddish, judéo-arabe). Aujourd’hui, l’hébreu est parlé par plus de 9 millions de personnes dans le monde.
L’arabe classique ou littéraire naît avec le Coran au VIIe siècle dans la région qui lui a donné son nom, l’Arabie, et n’a connu aucune modification depuis. Langue de poésie, d’érudition et de science, il est à distinguer de ses variantes dialectales, aussi nombreuses que les pays de la zone arabo-musulmane.
Avec l’expansion de l’islam, son alphabet a été adopté par des langues indo-européennes comme le farsi ou l’ourdou. Parmi ses 400 millions de locuteurs,
on compte également les chrétiens du Liban, de Syrie, d’Irak, d’Egypte et de Terre sainte qui, eux aussi, en ont un usage liturgique mais le couplent à d’autres langues sémitiques anciennes et en voie de disparition comme l’araméen ou le copte.
Parler la langue de l’autre : un héritage en partage
Dans la région, Israël a aussi fait de l’arabe l’une de ses trois langues officielles. La littérature israélienne est riche d’exemples d’appropriations linguistiques et d’œuvres métissées, telles celles de l’écrivain d’origine palestinienne Anton Shammas, connu pour ses nouvelles, poèmes et articles ainsi que ses traductions de l’arabe à l’hébreu.
A Jérusalem et Tel Aviv, l’organisation A.M.A.L (« espoir » en arabe) fondée par le bien-nommé Ishmael Ben Israel, mandate des étudiants palestiniens pour aller enseigner l’arabe dans les écoles primaires et propose des cours par une plateforme en ligne à des milliers d’étudiants.
Cet intérêt grandissant pour l’apprentissage de cette langue s’explique par deux raisons : la curiosité à l’égard de la culture du voisin ou la redécouverte de ses propres racines pour les descendants de Juifs du Maghreb ou du Moyen-Orient.
En Egypte, les départements de langues orientales proposent l’enseignement de l’hébreu comme à l’université Al-Azar du Caire, tandis qu’à Dubaï ou à Abou Dhabi, les écoles de langue récemment ouvertes dans le sillage des Accords d’Abraham, séduisent de plus en plus les hommes d’affaires émiratis. Comme si parler la langue de l’autre s’apparentait, pour les fils de Sem, à renouer avec l’héritage que l’on a en partage avec des cousins pas si lointains.
Sources :
L’hébreu, langue mouvante d’un pays qui change (la-croix.com)
Les langues sémitiques (unige.ch)
De plus en plus d'Israéliens se mettent à l'arabe - The Times of Israël (timesofisrael.com)
Hebrew language in high demand in Gulf states – DW – 03/11/2021
LEVEL UP AU MOYEN-ORIENT : L'Industrie du Jeu Vidéo gagne du terrain dans la région
De plus en plus portée sur le secteur du gaming, la région Moyen-Orientale et Afrique du Nord (MENA) représente 2,5% des 135 milliards de ventes générées par le marché mondial, selon un rapport produit par Newzoo.
Dans les pas de Sony, Microsoft ou encore Electronic Arts, de nouvelles compagnies spécialisées dans l’électronique et le divertissement font leur entrée au Liban, en Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis.
Pour Nolan Bushnell, fondateur d’Atari, le paysage vidéoludique a beaucoup évolué en cinquante ans. À l’âge d’or des appareils connectés, le patriarche des jeux vidéos présage l’avènement d’une société vouée à la communication.
Enjeux Stratégiques : L'Arabie Saoudite en Pole Position dans la Course aux Jeux Vidéo
Player n°1 dans cette compétition régionale visant à dominer l’industrie du jeu vidéo, l’Arabie Saoudite développe activement son éco-système. Avec le rachat d’Electronic Sport League (ESL) et Faceit, deux entreprises européennes d’e-sport, le royaume pétrolier pilote aussi Savvy Gaming Group. Entièrement détenue par le fond d’investissement public national, cette société d’e-sport représente un atout économique majeur dans un pays jeune, où l’âge moyen est de 30 ans.
Fort des multiples investissements initiés dans le domaine, le marché saoudien des jeux vidéos s’élève à près d’un milliard de dollars en 2023.
La dynamique actuelle du jeu vidéo est étroitement liée à la généralisation de l'accès à internet. En Arabie saoudite, le trafic mobile, qui est actuellement estimé à 75,18% d’après Statcounter, favorise un accès élargi aux plateformes de jeux en ligne.
Cette stratégie d’ouverture dans le domaine du divertissement remporte un succès notable. En 2021, les investissements directs étrangers en Arabie saoudite ont connu une augmentation spectaculaire de 252% par rapport à l'année précédente, avec une formation brute de capital fixe atteignant 218 milliards de dollars américains et une croissance annuelle de 19,4%.
Des projections optimistes pour les cinq prochaines années témoignent de la croissance continue du marché des jeux vidéos dans la région MENA GCC. Selon Ericsson, le nombre d’abonnements aux smartphones devrait augmenter de 65 millions à 73 millions dans les pays du GCC d’ici 2027, tandis que le taux de croissance annuel composé de la région MENA devrait passer de 5,71 à 9,63 milliards de dollars entre 2023 et 2028, soit une hausse de 11,01% selon les données de Mordor Intelligence.
Un engouement régional de plus en plus prononcé pour le gaming
Pays organisateurs d’événements culturels autour du jeu vidéo, le Liban et les Émirats Arabes Unis sont également de la partie. L'enthousiasme suscité par le Middle East Gaming Festival à Beyrouth en 2018 a trouvé un écho chaleureux avec le Yas Gaming Festival à Abu Dhabi en 2023. Les Émirats Arabes Unis continuent d’ailleurs d’investir dans activement dans le secteur.
Au-delà des frontières, ces rendez-vous inédits ont réuni passionnés et curieux autour de simulations de course, jeux de réalité virtuelle et séances de cosplay, renforçant ainsi la position de la région en tant que plaque tournante de la culture gaming.
L’État du Golfe prédit en effet une dépense annuelle moyenne de 115 dollars par joueur.
C’est en méditant sur cette perspective économique que Fakhra Al Mansouri a saisi l'opportunité de promouvoir la culture locale grâce au nouveau levier pédagogique que constitue le vidéoludique. Il y a cinq ans, la développeuse émirienne a créé sa société Hybrid Humans Game Studio dans le but de faire connaître sa culture au reste du monde de façon innovante.
Cette plateforme de jeux pour mobile est notamment à l’origine de Falcon Valley, récompensé du titre de “jeu du jour” par l’apple store en 2017.
Multiplication des partenariats internationaux : de nouveaux joueurs rejoignent la partie
Au cœur de cette transition culturelle, les jeunes programmeurs locaux, dont la talentueuse Fakhra Al Mansouri, font émerger leurs nations sur la scène internationale.
Cette évolution se reflète de manière remarquable à travers la multiplication des partenariats. En mai 2022, le Moyen-Orient a marqué une avancée significative dans le domaine du jeu vidéo avec l'expansion réussie de la plateforme d’e-sports indienne Gamerji.
Ayant déjà étendu ses opérations aux Émirats Arabes Unis et en Arabie saoudite, Gamerji a récemment inauguré ses services dans ces pays, en affichant la vision claire d'une progression continue au cours des trois prochains mois.
En parallèle, la signature d'un protocole d'accord entre le Ministère saoudien de l'Investissement (MISA) et la société sud-coréenne WEMADE en 2023 constitue une étape majeure vers l'introduction de la blockchain en Arabie saoudite.
Le Moyen-Orient continue son ascension dans l'univers du jeu vidéo. À mesure que de nouveaux aventuriers intègrent ce monde virtuel : investisseurs, programmeurs, et même instances gouvernementales, l'excitation du jeu vidéo continue de drainer les opportunités de développement. Restez connectés.
Sources :
https://fr.timesofisrael.com/larabie-saoudite-veut-developper-le-secteur-des-jeux-video/
https://www.mordorintelligence.com/fr/industry-reports/middle-east-gaming-market
https://thebusinessofesports.com/2022/06/17/gamerji-commences-operations-in-the-middle-east/
https://www.arabnews.com/node/2292691/business-economy
https://www.timeoutabudhabi.com/things-to-do/yas-gaming-festival
Maroc : quand la tech vol au secours de l'agriculture
Avec une autosuffisance céréalière avoisinant les 75% et des produits de terroir qui génèrent un chiffre d’affaires de plus d’1,2 milliards d’euros par an, la terre du royaume est loin d’être stérile. Pourtant, depuis 40 ans, l’agriculture marocaine est menacée par une sécheresse endémique. En 2008, le gouvernement a mis au point le Plan Maroc Vert pour venir en aide aux petites exploitations commerciales. Cette décision s’est favorablement traduite par une hausse de 60% des exportations agricoles l’an suivant.
En 2023, c’est au tour des start-ups de prendre la main sur les terres arables. Tandem illustratif: Sand to Green use de sa technologie pour faciliter l’insertion des fermes agro forestières dans les environnements arides, tandis que Terraa renforce les circuits de distribution grâce à sa plateforme numérique. Comment ces deux entreprises comptent elles venir à bout des défis du secteur primaire ?
Sand to Green : reverdir le désert
Le territoire marocain est sans cesse remodelé par les mutations écologiques et urbaines du XXIème siècle. Son agriculture n’est pas épargnée. Sécheresse, étalement urbain, érosion… D’après Benjamin Rombaut, CEO de Sand to Green, près d’un tiers des surfaces terrestres seraient devenues désertiques. Afin d’adapter les pratiques agricoles du royaume, l’entrepreneur franco-marocain a décidé de déployer un modèle agroforestier en milieu aride au Maroc. Après trois ans de R&D, Sand to Green est désormais un projet mûr, prêt à contribuer à la résilience des économies rurales du pays.
Ce prototype prévoit de reverdir les milieux désertiques, notamment grâce à une stratégie de dessalement d’eau. Cette procédure permettrait d’aider les arbres à s’implanter dans un environnement hostile et peu irrigué. “À mesure qu’ils se fortifient, ils deviennent de plus en plus autonomes grâce à leur capacité à gérer leur propre cycle de l’eau” détaille un Benjamin Rombaut à la fois ambitieux et soucieux de voir éclore des végétaux en mesure de réduire les émissions de carbone. À l’heure actuelle, Sand to Green a déjà levé 1 million de dollars. Cette somme récoltée auprès des investisseurs devrait lui permettre de s’étendre sur des milliers d’hectares.
Terraa : la food tech qui cultive les réseaux de distribution
L’aridité n’est pas le seul challenge auquel le Lion de l’Atlas fait face. Le système d’achalandage est lui aussi à repenser. Intermédiations, Bases de données incomplètes et le retard technologique affectent le marché agricole et engendrent des prix excessifs, des invendus ainsi qu’une altération des aliments. Fondée en 2022, la start-up Terraa pourrait bien changer la donne. Sa mission : rétablir le réseau entre agriculteurs et marchés urbains via un système de commandes dématerialisé.
Pour y parvenir, la food tech marocaine a entrepris de s’approvisionner directement auprès des agriculteurs avant de les livrer aux revendeurs. Cette stratégie s’accompagne d’une politique de prix constants, qui tend quant à elle à limiter les pertes dues aux périodes de surproduction.
Cette année, la jeune pousse spécialisée dans la distribution alimentaire est parvenue à lever 1,5 millions de dollars de fonds de pré-amorçage qui serviront à renforcer son infrastructure logistique tout en étendant son activité dans le reste de la région. Impatient de percevoir l’impact positif que la technologie de Terraa aura sur l’offre et la demande, le cofondateur Benoît Devigne a déjà prévu d’ouvrir de nouveaux centres de collectes qui serviront au stockage et à la distribution.
Sur le terreau fertile de la collaboration internationale
Développer une économie numérique capable de revaloriser les agricultures familiales, soit, 70% des exploitations est un enjeu de taille au Maroc et dans l’ensemble du continent. L’utilisation des technologies en Afrique par les petits exploitants s’observe de plus en plus mais n’est pas suffisamment démocratisée.
S’il est désormais possible de cultiver dans les zones arides grâce aux techniques de l’agro-écologie, les centres de formation et d’experimentation sont indispensables pour aiguiller la jeune génération d’ingénieurs marocains. Pour y arriver, la participation des acteurs internationaux n’est pas négligeable. De fait, c’est la fondation française Yves Rocher qui a financé l’institut CIPA (carrefour des initiatives et pratiques technologiques) à hauteur de 10 000 euros.
Conscient de la valeur fondamentale que les partenariats internationaux peuvent apporter, le Maroc a ouvert ses portes aux collaborateurs de tous les horizons. Le royaume a ainsi récemment appelé à une coopération avec l’Europe et l’Afrique pour une agriculture durable. En octobre, il a pris part à la conférence internationale sur les technologies de production alimentaire de la mer et dur désert à Eilat. Cet événement a d’ailleurs réuni plus 70 représentants de nombreux pays - dont la Jordanie, le Barhein, le Ghana, les Émirats Arabes Unis - tous soucieux de redorer leur secteur agricole. Chacun peut apprendre de l’autre : voilà le mot d’ordre que l’on retiendra de cette rencontre historique.
Sources :
https://agriculture.gouv.fr/marocx
https://www.agriculture.gov.ma/fr/filiere/richesse-du-terroir
Egypte : le pari de la Fintech
Depuis que les zones financières de libre échange, telles que le marché mondial d’Abu Dhabi et le centre financier de Dubaï, ont commencé à promouvoir la croissance des fintechs régionales, le secteur bancaire a pris un véritable tournant. Le boom des fintechs dépassent les frontières moyen-orientales. Jeune, dynamique et résiliante, l’Afrique est devenue l’une de ces nouvelles terres d’accueil.
En 2022, le continent attire plus de 1100 investisseurs, ce qui correspond à une progression de 29% par rapport à l’année précédente. Nigéria, Kenya, Soudan… Parmi les pays en tête à adopter ce nouveau modèle, l’Égypte fait le pari de l’innovation financière. Dans quelles conditions ces nouvelles entreprises s’insèrent-elles dans le marché égyptien et quelle influence exercent-elles sur le territoire ?
Rénovation du secteur bancaire égyptien : la fintech MNT-Halan soigne les plaies socio-économiques du pays
La crise économique qui sévit en Égypte aura peut-être bousculé ses horloges mais pas son rang. À la troisième place des plus grosses économies du monde arabe, le Caire compte bien conserver ce titre. Une étude de The Economist montre que la bourse EGX 30 (équivalent du CAC 40) a connu une hausse de 12% en valeur entre décembre 2022 et mars 2023. Une corrélation peut vite s’établir entre cette tendance à la hausse et un marché de la technologie qui continue de s’épanouir. Le secteur des fintechs aurait déjà permis au pays du Nil de lever 736 millions de dollars en 2022.
Première société en lice : MNT-Halan, que Forbes a élue 10ème start-up la plus financée du Moyen-Orient. Valorisée à plus d’un milliard de dollars, la jeune pousse est devenue la nouvelle licorne d’Afrique, après Fawry et Hollydesk. Suivant l’exemple de ses deux grandes soeurs spécialisées dans la gestion des dépenses, MNT-Halan contribue à son tour à la modernisation du système bancaire. La plateforme dématérialisée facilite les paiements électroniques grâce au logiciel Neuron qui utilise l’IA pour anticiper le comportement de ses milliers d’utilisateurs.
Il faut comprendre que la vocation de la plateforme est double : amorcer une transition vers la digitalisation et répondre à un problème sociétal majeur : l’insécurité financière. Dans un pays où 70% de la population n’est pas bancarisée, la finance digitale pourrait devenir le remède contre la précarité. En embrassant le domaine de la fintech, l’entreprenariat égyptien semble panser les plaies de son pays, fussent-elles à l’échelle macro ou micro économique.
Les start-ups de la finance, régulées et soutenues par l’État
Perçu comme un moteur de développement technologique, sociale et économique, le secteur de la finance technologique est plébiscité par de nombreux acteurs du publique et du privé. D’après le Cabinet Redseer, un quart des pactes commerciaux du monde arabe se rattacheraient au secteur de la finance dématérialisée. Mais le passage à la digitalisation ne va effectivement pas de soi et nécessite la mise en place d’une solide régulation.
À l’heure où les consommateurs du pays commencent timidement à se tourner vers les paiements en ligne, l’État égyptien s’efforce de sécuriser cette nouvelle pratique tout en la rendant plus simple et accessible. La Banque Centrale applique pour ce faire une législation autorisant les utilisateurs à mener des transactions instantanées depuis leur téléphone portable.
De manière générale, les mesures gouvernementales supervisent l’innovation technologique de sorte à en minimiser les risques. Autre exemple notable: la récente loi FRA qui encadre les start-ups de la finance en leur soumettant une brevet temporaire, avant de les laisser s’intégrer dans l’écosystème. D’après la fondatrice de l’association de fintech égyptienne et vice présidente du réseau de fintech africaine Noha Shaker, celui-ci serait actuellement en pleine phase d’expansion. Du gouvernement aux investisseurs privés, même les universités démarrent à présent des programmes portant sur le sujet.
L’Égypte : le prochain hub technologique de la région MENA ?
L’essor des fintechs égyptiennes est d’ailleurs un indicateur significatif de l’évolution du gouvernement vis-à-vis de la révolution technologique. En 2023, plus confiant et plus au fait des dernières innovations de la finance, le ministre des finances prévoit d’émettre des obligations vertes d’une valeur de 500 millions de dollars afin de soutenir des projets d’infrastructures durables tout en créant de l’emploi.
L’Egypte est-elle le prochain hub de la technologie au Moyen Orient et dans le Nord de l’Afrique ? Si la Banque Mondiale classe aujourd’hui le pays du Nil juste derrière les Émirats Arabes Unis, le renforcement de son cadre juridique, conjugué à l’accroissement des investisseurs de la fintech, laissent présager que cette ascension n’est pas finie.
Sources :
https://thefintechtimes.com/fintech-in-egypt-101-middle-east-and-africa/
La Rénovation du patrimoine juif au Maroc
Le Maroc représente depuis plusieurs siècles un modèle singulier de coexistence et de convergence de civilisations, de cultures et de religions, au point de s’imposer comme un véritable carrefour entre l’Orient, l’Afrique et l’Europe. Par son modèle unique, le Maroc fait de la religion un facteur de paix, veillant à ce que les communautés juive et chrétienne vivent en harmonie et dans le respect des valeurs du vivre ensemble. Le pilier central de cette approche s’appuie sur l’institution de la Commanderie des croyants, «Imarat Al-Mouminine», incarnée par S.M. le Roi Mohammed VI qui est garante de l’unité nationale.
La coexistence et le vivre ensemble ne sont donc pas de vains mots au Maroc. Depuis des siècles et jusqu’à nos jours, les juifs vivent en harmonie et en paix aux côtés de leurs frères musulmans. Mieux encore, les Rois du Maroc ont veillé depuis toujours à ce que la composante juive de la Nation marocaine puisse exercer son culte dans les meilleures conditions et qu’elle puisse préserver ses spécificités socioculturelles.
L’exception juive marocaine
Présente depuis l’Antiquité, la communauté juive marocaine a crû au cours des siècles, avec notamment l’arrivée de ceux que les rois catholiques avaient expulsés d’Espagne à partir de 1492. Dans les années 1940, elle représentait environ 250 000 personnes, soit 10 % de la population et était la plus importante communauté juive du monde arabe. Beaucoup sont partis après la fondation de l’état d’Israël en 1948, puis après la guerre de 6 jours en 1967, avec pour objectif de repeupler le pays et également répondre à l’appel religieux messianique. Aujourd’hui, la communauté juive marocaine, qui réside essentiellement à Casablanca, compte environ 2 500 personnes et reste la plus importante d’Afrique du Nord.
Le statut des juifs du Maroc au XXe siècle a oscillé entre différents pôles : depuis le statut de « dhimmi » avant le protectorat en 1912, celui de « colonisés privilégiés » sous la domination française, ou encore celui de sujet à part entière du royaume chérifien. Ainsi Le Roi Mohammed V déclarait officiellement, en 1941, sa désapprobation des lois antijuives du régime de Vichy, et refusait strictement toute distinction faite entre ses sujets juifs ou musulmans.
Cette singularité de l’exemple marocain qui fait la force du pays n’est pas près de s’altérer. « Les relations entre Israël et le Maroc sont spéciales », abonde le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Le diplomate en veut pour preuve l’histoire qui lie le royaume chérifien à la communauté juive : « Il s’agit d’une histoire particulière dans le monde arabe. Le roi Mohammed VI et les rois précédents, dont Hassan II, respectent les juifs et les protégent. »
Cette histoire, le royaume souhaite désormais l’enseigner à ses enfants. En effet, le roi Mohammed VI, avait déjà clairement manifesté sa volonté de prendre soin de toutes les racines du Royaume et des affluents de son identité plurielle pour construire son avenir en faisant inscrire la revalorisation du patrimoine juif marocain dans la nouvelle Constitution de juillet 2011.
Aussi, un an après la signature des Accords d’Abraham en décembre 2020 qui marque le point de départ de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, plusieurs initiatives visant à répondre à l’intérêt croissant pour la préservation du patrimoine juif marocain ont été prises.
Le Souverain décide de faire intégrer au programme scolaire des petits Marocains la composante juive de l’histoire nationale, puis ordonne la rénovation de centaines de synagogues, de cimetières et de sites du patrimoine juif dans plusieurs villes du Maroc, dont le cimetière juif de la ville de Fès, qui comprend 13 000 tombes. Sa Majesté souhaite également rétablir les noms d’origine de certains quartiers juifs du pays.
« Bayt Dakira » la mémoire judéo-marocaine en terre d’Islam
Unique en son genre au sud de la Méditerranée et en Terre d'Islam, Bayt Dakira (la Maison de la Mémoire) témoigne du passé judéo-musulman d’Essaouira, de la destinée exceptionnelle des Juifs de cette ville et de leurs relations avec les populations musulmanes, qui ont toujours été riches et bienveillantes. Ce musée situé dans le quartier juif "Mellah" de l'ancienne médina se veut un espace spirituel dédié à la communauté juive de la ville.
Il abrite le Centre international de recherches sur l’histoire des relations entre le Judaïsme et l’Islam et joue un rôle important dans la préservation et la valorisation de la mémoire juive marocaine.
Ayant pour centre de gravité la synagogue «Slat Attia», Bayt Dakira est un lieu de mémoire qui raconte par les objets, les textes, la photo et le film, l’exceptionnelle saga du Judaïsme de la ville et de ses patrimoines : du cérémonial du thé à l’art poétique hébraïque, de l’orfèvrerie du filigrane de l’or et de l’argent à la broderie et à la confection de somptueux caftans, des arts culturels à la littérature et des rituels souiris (d’Essaouira) à la synagogue aux grands comptoirs du négoce qui ont fait le rayonnement d’Essaouira anciennement Mogador au 18e et 19e siècle. Ce lieu qui présente et explique tous les passages de la vie juive, de la naissance au décès et de la Bar Mitzvah au mariage, est également un lieu de pédagogie, un espace d’échange entre les chercheurs de divers horizons, un espace de partage, de transmission et de résistance à l’amnésie.
La visite du Souverain en 2020 de cet édifice traduit l’intérêt particulier qu’accorde Sa Majesté le Roi, au patrimoine culturel et cultuel de la communauté juive marocaine, et sa volonté permanente de préserver la richesse et la diversité des composantes spirituelles du Royaume et de son patrimoine authentique.
« Slat Al Fassiyine» témoin de l’héritage culturel juif
Un autre projet tout aussi symbolique, celui de la réhabilitation de la synagogue « Slat Al Fassiyine ». Véritable sanctuaire du judaïsme de la ville de Fes, cette synagogue a été restaurée et transformée en lieu de mémoire juive. Pour beaucoup d’observateurs, la réouverture de ce lieu de culte traduit de manière éloquente la ferme volonté du Royaume, de mettre en valeur le patrimoine judéo marocain et de promouvoir ainsi la culture de tolérance et de vivre ensemble qui a toujours prévalu entre musulmans et juifs marocains.
S.M. le Roi Mohammed VI avait adressé un message fort aux participants lors de son inauguration dans lequel il avait relevé l’intérêt de l’héritage culturel et spirituel de la communauté juive marocaine, en tant que partie intégrante du patrimoine marocain et témoin de la richesse et de la diversité de ses composantes. Reconnue et classée monument historique d’intérêt universel par l’Unesco et par le ministère de la Culture, la restauration de la synagogue Slat Al Fassiyine est le fruit de l’action concertée de la communauté israélite de Fès, de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain et de l’appui financier du gouvernement allemand. La restauration de cet édifice revêt une importance capitale dans la mesure où elle a été faite dans le respect de la particularité des synagogues au Maroc où chacune a ses spécificités propres, liées soit aux familles qui les ont édifiées, soit aux quartiers où elles sont installées.
Sa réhabilitation architecturale, œuvre d’architectes, de restaurateurs et d’artisans experts «maalmins» marocains, a permis de donner à ce monument une nouvelle vie.
La restauration de ce sanctuaire juif s’inscrit dans le cadre d’un programme de réhabilitation des quatre synagogues du Mellah de Fès, classées monuments historiques par l’Unesco et le ministère de la Culture. Il s’agit, outre la synagogue « Slat Al Fassiyine », des synagogues « Ibn Danan », « Mansano » et « Imhabanin ».
Datant du 17e siècle, la synagogue « Ibn Danan » est aujourd’hui un lieu de culte qui porte le nom d’un ancien rabbin et symbole du patrimoine judéo-marocain de la ville. Quant à la synagogue « Mansano », elle a été édifiée au 17e siècle par les juifs andalous expulsés d’Espagne. Enfin, la synagogue « Imhabanin » (en arabe oum al-banine) a été bâtie au 20e siècle par des femmes.
Les cimetières
Autre manifestation de l’intérêt porté par le Souverain à la préservation et à la valorisation du patrimoine judéo marocain, le programme de réhabilitation des cimetières juifs. Ce programme qui a duré cinq années a permis de revisiter le patrimoine funéraire juif marocain.
Cette initiative unique dans les pays arabes, a permis de réhabiliter 167 cimetières, construire plus de 40 kilomètres de murs, rénover 169 portes de cimetières, en plus des 200.000 mètres carrés de pavement et l’édification de dizaines de bâtiments et dépendances.
Ces réalisations ont été présentées à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, au Sénat américain et au musée MoMA de New York.
À travers ses sites historiques, synagogues, mellahs, expressions culturelles et artistiques, le patrimoine judéo-marocain témoigne d’une histoire commune et multiséculaire, et transmet aux nouvelles générations un héritage dont la valeur est inestimable.
La justice hébraïque
Partie intégrante du système judiciaire du Royaume, la justice hébraïque est une autre manifestation éclatante de la diversité qui caractérise l’identité marocaine. Le Maroc était et demeure l’unique pays arabe où les juifs marocains disposent de Chambres rabbiniques qui sont chargées de statuer sur leurs litiges relatifs notamment aux affaires du statut personnel et de l’héritage.
C’est dans ce cadre que le ministère de la Justice a établi un plan d’action dont le but est de mettre en lumière la justice hébraïque et les rôles qui lui sont dévolus. Encadrée par un ensemble de Dahirs Chérifiens qui illustre ses liens très étroits avec l’institution d’«Imarat Al Mouminine», la justice hébraïque dans le Royaume a pu produire une riche jurisprudence inhérente au statut personnel des citoyens juifs marocains.
En vue de la préservation, de la valorisation et de la protection de cet héritage historique, une campagne nationale a été lancée en mars 2021 pour la collecte des jugements et des manuscrits hébraïques répartis sur les différents centres de conservation et d’archivage relevant du ministère de la Justice. Ces documents d’une valeur inestimable feront ainsi l’objet d’un archivage électronique avant d’être conservés dans des conditions sûres, leur garantissant une meilleure protection contre la dégradation.
Toujours dans l’objectif de préserver et de promouvoir ce pan de l’identité marocaine, un Musée national de la mémoire du système de la justice dans le Royaume sera créé. La justice hébraïque y occupera une place de choix.
Après plusieurs décennies placées sous le signe de l’arabisation du pays, cet intérêt croissant pour la culture juive a coïncidé avec la reformulation du récit national tourné vers une revendication de la pluralité ethnique et linguistique du Maroc. Avec la Constitution de 2011, l’identité hébraïque est devenue, dans ce mouvement, une composante à part entière de l’identité marocaine, au même titre que les identités berbères ou hassanies.
Le Technion : La Réalisation d’une Utopie
Distinguée comme l'une des 100 meilleures institutions dans le Classement de Shanghai, le Technion est un bastion de l'excellence académique. Avec un impressionnant ensemble de 60 centres de recherche, l’institut attire annuellement plus de 14 000 étudiants en quête de connaissance et d’expertise. Aujourd’hui, le Technion est mondialement reconnu pour ses réalisations.
Une renommée d’autant plus renforcée par l'attribution du prix Nobel de chimie à trois de ses chercheurs en 2004 et 2011. Qu’il s’agisse de capturer la lumière, prédire l’émergence des épidémies ou encore relever les paraplégiques à l’aide d’un exo-squelette robotique, c’est au Technion que les plus grands esprits scientifiques se rassemblent pour refaire le monde. Parmi eux: Amit Goffer, père de ReWalk Robotics, la célèbre informaticienne israélo-ukrainienne Kira Radinsky, co-titulaire de 10 brevets et classée dans le palmarès des 30 jeunes entrepreneurs de Forbes en 2015.
Pierre angulaire de la Start-Up Nation, le Technion est un symbole d’ascension nationale et source d’inspiration. Quel est le secret d’un tel succès ?
Les origines du Technion : “une construction durable pour le développement de l’humanité”
Comment bâtir une nation ? Un demi-siècle avant la proclamation de l’État d’Israël, cette question travaille déjà les intellectuels Juifs du XXème siècle. Dans une Europe où l'antisémitisme sévit sous ses formes les plus virulentes, la nécessité de regagner leur terre ancestrale et d'y faire fructifier la connaissance humaine se fait plus pressante que jamais.
Lors du cinquième congrès sioniste en 1901, trois figures emblématiques - le philosophe Martin Buber, Chaim Weizmann, alors biochimiste, ainsi que journaliste Berthold Feiwel - portent à l’attention des participants le projet du Technion. La création de cet institut éducatif pour les ingénieurs jettera les bases d'un programme de promotion de la culture hébraïque et contribuera au développement de l'État à venir.
Vingt ans ont passé et la vision des fondateurs d’Israël, portée depuis les salles de concert du Stadtcasino de Bâle, commence à prendre forme. Le Technion, une cité universitaire hors du commun, voit le jour grâce à l'implication de ses propres membres. L'architecte allemand et futur professeur Alexandre Baerwald, conçoit les plans de cette infrastructure novatrice.
En 1923, Albert Einstein en personne se rend sur le chantier ajoute sa participation en plantant le tout premier palmier. Le Technikum ouvre ses portes en 1924. Le promotion inaugurale compte 17 étudiants: 10 ingénieurs et 7 architectes, dont une femme. Cette première génération ouvre la voie à une pléthore d’ingénieurs civils, de scientifiques et d’architectes.
Recevant le doctorat honorifique d’architecture en 1962, David Ben Gourion s’adresse aux étudiants de l’institut en ces termes: “Parcourez les quatre coins de notre pays, utilisez vos connaissances scientifiques pour bâtir la terre, construisez le Technion afin que ses enseignants et étudiants puissent édifier Israël : une construction durable pour le développement culturel et scientifique de l’humanité”. Le premier ministre de l’État Juif n’aurait pu trouver de mots plus justes.
Un institut en expansion: le projet d’un centre technologique régional
À l’aube des années 2000, tous les regards se tournent vers le Technion. À travers le monde, les prouesses académiques du MIT israélien suscitent l’intérêt des prestigieuses universités internationales. Les partenariats se multiplient aux États-Unis, en Europe, en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Le Technion est l'une des premières universités du Moyen-Orient à accueillir des étudiants issus de pays en développement.
Après avoir eu l’honneur de compter l'architecte et politicien nigérien Olorogun Felix Ovudoroye Ibru parmi ses élèves dans les années 1960, en 1998, le Technion diplôme son premier étudiant éthiopien en ingénierie agroalimentaire: Dr. Kebede Eshetu, et Dr. Abu Farich Award, premier étudiant bédouin en chimie.
Au début des travaux, lorsque les premiers bâtiments émergent dans l'immensité de Technion City, certains visiteurs se demandent pourquoi un pays aussi petit qu'Israël a besoin d'un campus aussi vaste. Dans son essai sur l’histoire du Technion, le journaliste Carl Alpert rapporte que le porte-parole de l’institut répond à ces interrogations en arguant que les architectes du site ne construisent pas seulement pour le présent, mais pour l'avenir, quand la paix sera établie au Moyen-Orient.
Le Technion deviendra alors un centre technologique régional, accueillant les étudiants de tous les pays voisins, qui contribueront à leur tour à l’amélioration du niveau de vie dans leur propre pays.
Paroles utopiques ou performatrices ? En 1944, le ministre égyptien des Sciences visite l’institut dans le but d'encourager la coopération israélo-égyptienne dans le secteur de l’informatique. En 1995, la curiosité intellectuelle réussit une fois de plus à rapprocher Israël de ses voisins malgré la distance apparente qui les sépare. Une délégation palestinienne constituée d’experts en agriculture (PARC) et hydrologie (PHG) part à la découverte du Technion.
Le virage vers une collaboration scientifique semble se dessiner à l’horizon. Au delà des seuls desseins scientifiques, la concorde s’inscrit dans un projet architectural tangible. Telle est la réflexion de Madjad el Humud. En 1997, l’architecte jordanienne passe dix jours sur le campus dans le cadre d’une mission de construction:“Je ne suis pas venue pour parler de paix, mais pour la concrétiser”.
“Que ceux qui continuent de s'opposer à la vie, à la lumière et à la paix échouent” - Hussein de Jordanie
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Le nombre d’étudiants arabes enrôlés au Technion a plus que triplé au cours de la dernière décennie, passant de 7% en 2010 à 22% en 2020. Parmi eux, 60% sont des femmes. Depuis 2006, le programme NAM promouvant l’excellence de la jeunesse arabe s’engage pleinement à faire progresser ces chiffres. Grâce à un entraînement intensif en mathématiques, physique, anglais et hébreu, NAM offre aux inscrits la possibilité de réussir leur parcours scolaire et d’accéder aux postes sélectifs des plus grandes entreprises israéliennes telles qu’Intel, TEVA ou Check Point.
Les relations diplomatiques suivront toujours le rythme du progrès. En 1996, la British Technion Society décernait le Winston Churchill Award au Roi Hussein de Jordanie pour sa contribution à la cause de la paix au Moyen-Orient. Acceptant le prix sous un tonnerre d’applaudissements, le monarque, ému, considère l’assemblée avec intensité et prononce son discours. “Le Technion a été un phare du savoir dans notre région. Nous sommes conscients de ses grandes réalisations.
Nos frontières sont gardées par notre peuple, travaillant ensemble, pour s’assurer que la paix soit préservée pour les générations à venir. À ceux qui continueront de s'opposer à la vie, à la lumière et à la paix, je souhaite que toutes leurs tentatives de détruire ce que nous avons construit échouent.”
Espérons que sa volonté soit exhaucée.
Sources :
Carl Alpert (1982), The Story Of Israel's Institute Of Technology, American Technion Soc.
https://www.technion.ac.il/en/history-of-the-technion/
https://technionuk.org/about-technion-uk/
https://www.technionfrance.org/news/larchitecte-de-letat-disrael
https://www.timesofisrael.com/israels-rewalk-snaps-up-alterg-for-19-million-in-profitability-push/
https://www.gtiit.edu.cn/en/einstein.aspx
L'Arabie Saoudite se positionne comme un leader émergent dans le secteur du transport aérien
Une vision stratégique qui porte le changement
L'initiative Vision 2030, lancée par le prince héritier Mohammed bin Salman, est au cœur de la transformation du pays. Ce plan vise à diversifier l'économie saoudienne et à réduire sa dépendance au pétrole, en mettant au cœur de sa stratégie la souveraineté technologique du royaume. C’est donc dans ce sillage que le développement du secteur aérien a été l’une des priorités. Dans la même ligne et parmi les objectifs clés de Vision 2030, l'amélioration des infrastructures de transport et l'augmentation de la capacité aéroportuaire sont prioritaires.
Pour concrétiser cette vision, l'Arabie Saoudite a investi massivement dans la modernisation et l'expansion de ses infrastructures aéroportuaires. L'aéroport international King Abdulaziz à Djeddah, récemment rénové, en est un exemple les plus intéressants. En effet, ce “hub” ultramoderne, avec ses installations de pointe et sa capacité d'accueil accrue, est destiné à devenir l'un des principaux centres de transit de la région. Par ailleurs, l'aéroport international King Khalid à Riyad et celui de Dammam bénéficient de projets d'expansion similaires.
Une flotte de premier plan
La compagnie nationale Saudia Airlines, ainsi que la nouvelle compagnie Riyadh Air, se sont engagées dans une modernisation de leur flotte. Il y a quelques jours, Saudia Airlines a annoncé une commande historique de 105 avions Airbus A320neo, d'une valeur de 9,13 milliards de dollars, et le Fonds public d'investissement saoudien a commandé 78 Boeing 787 Dreamliner, avec 43 exemplaires supplémentaires en option, pour une valeur totale de 22,8 milliards de dollars. Ces nouveaux appareils permettront aux compagnies de mieux concurrencer les autres grandes compagnies aériennes du Golfe comme Emirates et Qatar Airways.
La finalité de ce développement
Ces montants énormes amènent à s'interroger sur la finalité recherchée par le royaume. L’une des réponses consiste à mettre en évidence que l'amélioration des infrastructures aériennes vise à stimuler le tourisme et les affaires.
Avec l'ouverture de nouvelles routes internationales et l'assouplissement des politiques de visa, l'Arabie Saoudite espère attirer 100 millions de visiteurs annuels d'ici 2030. Des projets comme NEOM, une ville futuriste en cours de développement, et Al-Ula, un site archéologique spectaculaire, sont au cœur de cette stratégie touristique ambitieuse.
En plus du tourisme, l’objectif du pays est de se doter d’une forte capacité logistique afin de développer son fret aérien. Ainsi, le développement de la flotte aérienne s’accompagne d’un déploiement de centres de fret aérien et l'intégration de technologies avancées pour gérer des chaînes d'approvisionnement visent à faciliter le commerce mondial.
Rivalité stratégique avec la Turquie
L'Arabie Saoudite n'est pas seule dans sa quête de domination du transport aérien au Moyen-Orient. La Turquie, avec sa compagnie nationale Turkish Airlines, s'est également imposée comme un acteur majeur de la région. Turkish Airlines a récemment annoncé une commande de 600 nouveaux avions pour porter sa flotte à 813 appareils, un investissement stratégique visant à renforcer sa position de leader.
La compagnie turque mise sur la qualité de son offre, des prix compétitifs, et sur le positionnement géographique avantageux d'Istanbul, situé à seulement trois heures et demie de Paris. En avril 2024, Turkish Airlines a présenté des résultats financiers impressionnants, avec un bénéfice net de 5,52 milliards d'euros, surpassant ses rivales européennes comme Air France-KLM, IAG (la maison mère de British Airways), et Lufthansa.
La concurrence entre l'Arabie Saoudite et la Turquie se traduit par une course aux investissements et à l'innovation, chaque pays cherchant à attirer une plus grande part du trafic aérien international.
Grâce à des investissements stratégiques et une vision à long terme, l'Arabie Saoudite devient peu à peu un leader incontournable dans le secteur du transport aérien. Cette transformation positionne le royaume comme un centre névralgique du commerce, du tourisme et de l'innovation technologique.
Sources :
https://www.touleco.fr/L-Arabie-Saoudite-commande-105-Airbus-et-s-affirme-comme-un,42286
L'émergence du secteur touristique stimule l'économie d’Oman
Une étude récente de l'organisme mondial du tourisme indique qu'en 2023, la contribution du secteur des voyages et du tourisme au PIB a augmenté de près de 35 %, atteignant 2,8 milliards d'OMR, et qu'elle est en passe de dépasser les précédents records. Le secteur a également connu une croissance de 15 % en termes d'emploi, fournissant désormais du travail à 191 500 personnes dans tout le pays.
En outre, le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) révèle des perspectives prometteuses pour le secteur du voyage et du tourisme à Oman. Soutenu par un appui gouvernemental fort et des initiatives stratégiques, le secteur devrait atteindre de nouveaux sommets cette année. Selon le rapport, la contribution du secteur au PIB devrait dépasser 3,3 milliards d'OMR en 2024, soit 7,6 % de l'économie totale du pays. D'ici 2034, le WTTC prévoit que la contribution annuelle du secteur au PIB atteindra 5,4 milliards d'OMR, soit 9,8 % de l'économie omanaise, et qu'elle soutiendra plus de 265 600 emplois dans tout le pays, un habitant sur treize étant employé dans le secteur.
BMI, une société de Fitch Solutions, prévoit une augmentation de 24,7 % en glissement annuel des arrivées de touristes à Oman en 2024, pour atteindre un total de 5,3 millions de visiteurs. Il s'agira d'un nouveau record, qui viendra s'ajouter au précédent pic de 4 millions de visiteurs en 2023.À la fin du mois de janvier 2024, le trafic de passagers à l'aéroport avait déjà augmenté de 21,6 %, totalisant 1 417 442 passagers.
Oman prévoit d'investir 31 milliards de dollars dans son secteur touristique d'ici 2040 afin d'attirer davantage de visiteurs internationaux. En 2023, le pays a accueilli un nombre record de 4 millions de visiteurs, contre 2,9 millions en 2022, soit une augmentation de près de 38 %. Parmi eux, 231 000 visiteurs venaient d'Allemagne, soit une augmentation de 182 % par rapport à l'année précédente (Middle East Monitor).
Le ministère du patrimoine et de la culture vise à créer un environnement propice au tourisme grâce à des mesures telles que la simplification des demandes de visa et l'assouplissement des restrictions pour les citoyens de plus de 100 pays.En outre, le ministère prévoit d'importants investissements dans les infrastructures et les attractions, avec plus de 5,9 milliards de dollars US actuellement consacrés à plus de 360 projets.
Focus sur l'innovation touristique
Sous le thème « Encourager l'innovation - Transformer le tourisme au travers de l'esprit d'entreprise », Oman a présenté son secteur touristique dynamique à l'exposition Arabian Travel Market 2024. Dirigée par Son Excellence Azzan bin Qasim Al Busaidi, la délégation omanaise a mis l'accent sur ses dernières avancées en matière de technologies de voyage et de pratiques touristiques durables.
Cette participation stratégique visait à forger de nouveaux partenariats internationaux, à échanger des connaissances précieuses et à mettre en évidence les capacités touristiques croissantes d'Oman sur la scène mondiale.
Avec la participation de plus de 36 entreprises, Oman a mis en avant ses attractions culturelles et naturelles uniques, y compris la très attendue saison Khareef Dhofar et diverses activités promotionnelles estivales conçues pour attirer les touristes du monde entier (Breaking Travel News).Dans l'ensemble, la croissance stratégique du tourisme à Oman devrait continuer à renforcer la santé économique et la réputation internationale du pays.
Cette approche permet non seulement d'enrichir le paysage économique, mais aussi de préserver et de mettre en valeur les trésors culturels et naturels d'Oman auprès d'un public mondial et de se positionner comme une plaque tournante du tourisme international.
Sources :
https://arabiandaily.com/tourist-arrivals-in-oman-set-to-reach-3-5-million-in-2023-bmi-report/
https://www.middleeastmonitor.com/20240306-oman-to-invest-13bn-to-boost-tourism-by-2040/
https://visaguide.world/news/wtcc-forecasts-historic-growth-for-omans-tourism-sector-in-2024/
AlAlula : Comment l’Arabie saoudite mise sur la protection et l’ouverture de son patrimoine
Un site archéologique et naturel d’exception
Nichée à l’entrée d’une vallée désertique, entourée de massifs de grès ocre, rouge et d’oasis verdoyants, se dresse l’antique cité caravanière de Hégra. Système hydraulique, sanctuaires, nécropole monumentale de Madâin Sâlih creusée dans la roche, palmeraies à perte de vue…
Autant de vestiges qui témoignent, sur un territoire équivalent à la Belgique, d’une histoire fascinante et méconnue : celle de la civilisation nabatéenne dont le royaume s’étendait du Sinaï jusqu’à la rive ouest de la mer Rouge. Carrefour des routes qui reliaient l’Egypte, la Mésopotamie et les rives orientales de la Méditerranée, la petite sœur de Petra s’est développée et enrichie grâce à la captation de ses nappes phréatiques et au commerce de l’encens et de la myrrhe.
Voisin du royaume de Judée dont il connut un sort semblable - annexion romaine et effacement par un changement de nom -, le royaume nabatéen finit par disparaître au IIe siècle après J.-C. L’apparition de l’islam au VIe siècle éclipse Hégra au profit de la ville de Médine qui émerge alors comme centre culturel et religieux et attire, aux côtés de la Mecque, les flux de pèlerins. La monarchie saoudienne, gardienne des villes saintes, garde pendant des siècles l’existence du site secrète.
Dès 2008, en classant celui-ci au patrimoine mondial (le premier du pays), l’UNESCO en reconnait la valeur environnementale et culturelle de premier plan. Dans le cadre de son partenariat avec l’agence onusienne, la monarchie s’est engagée à partager avec la communauté scientifique son patrimoine archéologique et épigraphique, en invitant des chercheurs et des archéologues du monde entier à étudier la bibliothèque à ciel ouvert que constituent les inscriptions sur les falaises et les roches de Jabal Ikmah.
Financé en partie par la commission royale dédiée à cet effet, un vaste projet de conservation et de recherches a permis d’exhumer la progressive évolution des langues nabatéennes vers celle de l’arabe classique, favorisant une meilleure compréhension des échanges linguistiques et civilisationnels de l’époque. Dès lors, c’est toute une part de la mémoire du monde arabe préislamique avec laquelle les populations locale et mondiale sont invitées à renouer.
La « Merveille d’Arabie » comme emblème de la Vision 2030
AlUla est au cœur des ambitions de modernisation et de réforme économique de la monarchie. Il s’inscrit de plein pied dans la « Vision 2030 », portée par le prince héritier Mohamed Ben Salmane, dont il est un projet phare et un levier privilégié pour s’éloigner de la dépendance au pétrole, en misant sur un nouveau tourisme, laïc et tourné vers l’international.
En 2018, l’Arabie saoudite et la France signe leur premier accord intergouvernemental portant sur la création d’une agence spécialement dédiée au développement culturel et touristique d’AlUla : Afula.
D’après cette dernière, il s’agit d’« inventer une expérience touristique nouvelle, fidèle à l'hospitalité du monde arabe, à la fois culturelle (parcours archéologiques, musées), sensorielle (découverte des paysages grandioses, du désert, de l'oasis) et authentique (au contact de la culture locale) », tout en faisant du développement durable sa pierre angulaire : « AlUla aspire à devenir(…) un projet de référence en matière de développement durable, centré sur la préservation absolue de l’environnement, respectueux de l’histoire, des territoires et inclusif de la population locale. »
En effet, le changement climatique a eu un impact sur la biodiversité originelle du lieu, comme en témoignent les girafes, lions ou encore autruches gravées sur certains tombeaux : des espèces aujourd’hui disparues.
Le Sharaan (un hôtel de luxe confié à l‘architecte Jean Nouvel qui a déjà fait ses preuves avec le Louvre Abou Dhabi), des résidences d’artistes, la réhabilitation de la médina abandonnée dans les années 1980, un musée d’art contemporain partenaire du Centre Pompidou, des missions archéologiques, des transports innovants et écologiques, l’accueil de délégations d’entreprises…autant de réalisations et d’ambitions titanesques envisagées pour les prochaines années.
AlUla n’est pas qu’un emblème dont les potentialités servent au rayonnement national et au soft power saoudien. En mobilisant des acteurs multiples et engagés en faveur de sa renaissance, « la Merveille d’Arabie » est un exemple de coopération et de transmission, inspirant non seulement pour la région mais pour l’humanité dans son ensemble.
Sources :
AlUla, le trésor archéologique méconnu de l'Arabie saoudite.
L’Agence française pour le développement d’AlUla.
AlUla, l'oasis aux 7000 ans d'histoire.
Sharaan : Un projet hôtelier inédit par l’architecte français Jean Nouvel dans le désert d’Al-Ula.
Preserving Documentary Heritage in AlUla.
Documentary Heritage in AlUla.
La réduction de la dépendance aux hydrocarbures : un impératif au coeur de la vision des pays de la région MENA
La région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) compte plus de 450 millions d’habitants pour seulement 1⁄4 du PIB de l’Europe. Dans cette région du monde encore jeune mais qui évolue et avance très rapidement, la sortie progressive des hydrocarbures est loin d’être un impensé.
La raison principale des efforts des pays de la région résulte d’un double constat : les hydrocarbures sont limités en quantité disponible et ceux-ci seront particulièrement impactés par les effets du changement climatique.
L'épuisement des réserves de pétrole et l'augmentation de la demande d'énergie
Comme introduit précédemment, les réserves de pétrole sont limitées et la demande mondiale d'énergie continue d'augmenter de manière significative. Selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les réserves prouvées de pétrole dans la région MENA s'élèvent actuellement à environ 830 milliards de barils.
Cela représente environ 48 % des réserves mondiales de pétrole. Cependant, ces réserves ne sont pas inépuisables et elles diminuent au fur et à mesure de leur exploitation. Dans le même temps, la demande mondiale d'énergie ne cesse de croître, sous l'effet de l'urbanisation, de l'augmentation de la population et du développement économique.
Selon l'AIE, la demande mondiale d'énergie augmentera d'environ 25 % d'ici 2040, principalement sous l'impulsion des économies émergentes et en développement. Le virage économique pour transitionner est donc indispensable et les pays de la région MENA, tels que le l’Arabie Saoudite qui s’est développé notamment grâce au pétrole, sous l’impulsion de MBS et du plan vision 2030, l’ont parfaitement compris.
Des économies guidées par la volonté de transitionner vers des énergies renouvelables
Les pays de la région MENA ont pris des mesures concrètes pour réduire leur dépendance à l'égard des hydrocarbures et promouvoir la transition énergétique. l’un des premiers piliers est d'investissements massif dans les énergies renouvelables. Par exemple, les Émirats arabes unis se sont engagés dans une transition énergétique ambitieuse en lançant le projet Masdar, future société énergétique d'Abu Dhabi.
Masdar développe et investit dans les technologies propres et renouvelables, notamment l'énergie solaire, l'énergie éolienne et la gestion de l'eau. L'objectif est de créer une économie durable et de faire des Émirats arabes unis un leader mondial de l'énergie propre. Autre exemple de diversification économique avec L'Arabie saoudite qui a lancé l'initiative "Vision 2030" pour réduire sa dépendance à l'égard des recettes pétrolières.
Dans le cadre de cette initiative, le pays a fixé, en autres, des objectifs ambitieux en matière d'énergies renouvelables telles que la construction de parcs solaires et éoliens à grande échelle. Sur ce même sujet, le Maroc est un exemple notable de l'engagement de la région en faveur des énergies renouvelables. Le pays a inauguré la centrale solaire Noor à Ouarzazate, la plus grande centrale solaire concentrée du monde, qui couvrira une superficie de plus de 3 000 hectares et produira des mégawatts d'électricité. En parallèle, l'Égypte a également investi dans l'énergie éolienne avec le parc éolien de Gabal El Zayt, l'un des plus grands projets éoliens d'Afrique.
De plus, les initiatives des pays de la région MENA se traduisent aussi dans l’ investissement dans la recherche et le développement de technologies énergétiques avancées. Ces derniers mettent en place des centres d'innovation et de recherche dédiés aux énergies renouvelables et développent des partenariats internationaux pour accélérer l'adoption de solutions énergétiques durables.
La réduction de la dépendance aux combustibles fossiles est désormais une nécessité cruciale pour les pays de la région MENA. La transition énergétique représente une nécessité et une opportunité majeure pour la région de façonner un avenir plus durable pour ses habitants et les générations futures.
Mohammad Rasoulof, le triomphe d'un cinéaste iranien à Cannes
Une évasion courageuse
Condamné à huit ans de prison pour "collusion contre la sécurité nationale", Rasoulof a choisi l'exil. Traversant les montagnes à pied, il a échappé à la surveillance du régime pour rejoindre sa fille en Allemagne. Malgré l'absence de passeport, il a pu rejoindre Cannes grâce à un accord entre Berlin et Paris.
Sa présence au festival est un témoignage puissant de son engagement inébranlable pour la liberté d'expression.
Déclaration d’amour à la liberté
Les Graines du figuier sauvage est un thriller politique poignant. Le film explore la vie d'un juge d'instruction pris dans la tourmente des manifestations à Téhéran, reflétant les luttes internes et les dilemmes moraux des Iraniens sous un régime théocratique. Malgré une durée de plus de 2h45, le film maintient une intensité émotionnelle captivante du début à la fin.
Lors de la projection de presse, le film a été acclamé chaleureusement, et l'accueil du public lors de la montée des marches a été tout aussi enthousiaste. Accompagné de sa fille Baran et de l'actrice exilée Golshifteh Farahani, Rasoulof a marqué les esprits.
Un Prix Spécial du Jury
Le 25 mai, Rasoulof a reçu un Prix spécial du jury, symbolisant le soutien aux artistes iraniens réprimés. En acceptant son prix, il a rendu hommage à son équipe restée en Iran, sous pression constante. Il déclare avec émotion :
"Permettez-moi d'avoir une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi pour célébrer ce prix. Mon chef opérateur, nombre de techniciens, qui sont sous pression. Mon cœur est avant tout avec eux".
Il a également exprimé sa solidarité avec son peuple et souhaité "saluer toutes ces jeunes femmes dont le courage sans bornes a rendu possible ce film".
"Mon peuple vit chaque jour sous un régime qui l'a pris en otage".
Un cinéaste symbole de courage et d’engagement
Depuis ses débuts avec Gagooman (2002), Rasoulof s'est illustré par ses critiques sociales et politiques. Influencé par Abbas Kiarostami, réalisateur iranien de renom, il a toujours cherché à dévoiler les méandres du système iranien. Ses œuvres, telles que La Vie sur l’eau (2005) et Le Diable n’existe pas (2020), lauréat de l'Ours d'or à Berlin, dénoncent la corruption et l'oppression.
Malgré les difficultés à faire entendre sa voix, Rasoulof reste déterminé. Il envisage un futur où il pourrait diversifier son engagement, mais pour l'instant, il continue de s'élever contre la théocratie iranienne à travers son art. Sa présence à Cannes est non seulement un triomphe personnel mais aussi un puissant message de résistance.
Mohammad Rasoulof incarne le combat iranien pour la liberté artistique et politique. Son parcours et son œuvre au Festival de Cannes 2024 rappellent l'importance de militer pour un avenir dans lequel démocratie et liberté guideront l’Iran, et plus largement, le Moyen-Orient.
Sources :
La démocratie au service d’un nouveau monde
Un nouvel air se profile en Turquie
La Turquie est un pays de plus 85 millions d’habitants à la jonction de l'Europe et du Proche-Orient, lui offrant ainsi une position géo stratégique très avantageuse. Dans ce pays tenu d’une main de fer par Erdoğan, les élections municipales de 2024 ont marqué un tournant majeur dans la dynamique politique, révélant une opposition capable de remporter des victoires majeures dans des bastions historiquement fidèles au parti au pouvoir. Le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti de l'opposition, a remporté des victoires notamment à Istanbul (fief de Erdoğan) et Ankara, les deux plus grandes villes du pays.
Cette élection est un revers majeur pour le président Recep Tayyip Erdoğan, au pouvoir depuis 10 ans, et son parti, l'AKP (islamo-conservateur), qui ont dominé la politique turque depuis 2002. Les implications de ces résultats municipaux sont profondes car lors des prochaines élections présidentielles, Ekrem Imamoglu, le maire d'Istanbul et opposant principal de Erdoğan, pourrait se poser en sérieux concurrent. De plus, ce changement de régime pourrait profondément changer les relations internationales de la Turquie, notamment avec l'Union européenne et les États-Unis, et la gestion des crises régionales comme celles en Syrie, en Arménie ou en Irak.
En Iran, un souffle démocratique sur les braises de la révolte
À 2400 km d’Istanbul, à Téhéran, les élections législatives de 2024 se sont déroulées dans un contexte de très forte tension sociale. En effet, le scrutin a vu une victoire sans surprise des conservateurs. Néanmoins, le peuple iranien à largement boycotté les élections pour manifester sa profonde colère envers le régime théocratique actuel. Le double scrutin destiné à élire les 290 députés et les 88 membres de l’Assemblée des experts n’a mobilisé que 41% des électeurs. C'est la participation la plus faible depuis la révolution de 1979 !
Les conservateurs, soutenant le gouvernement du président Ebrahim Raïssi, restent très largement représentés au Parlement. Cette domination est un signe que malgré les crises internes, notamment les mouvements de protestation déclenchés par la mort tragique de Mahsa Amini en 2022, le régime continue de maintenir une main de fer sur la politique iranienne et farouchement réprimer les mouvements contestataires. Ce scrutin pourrait également avoir des implications importantes pour l'avenir politique de l'Iran, notamment en ce qui concerne l'Assemblée des experts, qui est chargée de désigner le guide suprême et préparer la succession l'ayatollah Ali Khamenei ayant 84 ans.
Cependant, et bien que les conservateurs maintiennent le contrôle, la faible participation et le nombre élevé de bulletins blancs sont l'expression directe d’une remise en question de la légitimité du parlement et, par extension, du régime lui-même ! En Iran, sous ce régime, ce qui compte n’est pas tant les résultats des votes mais plutôt ce qu’ils représentent : un fossé grandissant entre la population et les dirigeants. Ainsi, à l’heure ou la région est plus instable que jamais, que l’Iran multiplie provocations et attaques, le peuple Iranien est sans aucun doute l’une des principales portes de sortie de la crise régionale actuelle.
Les États-Unis ont leur destin entre leurs mains
Les élections présidentielles américaines de novembre 2024 sont cruciales pour l'avenir de la démocratie aux États-Unis et pour la stabilité internationale, notamment au Moyen-Orient. Les États-Unis tentent depuis plusieurs années d'accroître leur influence au Moyen-Orient avec des accords militaires et commerciaux tout en entretenant une relation historique très étroite avec Israël. Les prochaines élections présidentielles sont déterminantes pour l’impact qu’aura la politique de la première puissance économique et militaire du monde sur cette région du monde.
De manière générale, Biden favorise le multilatéralisme et la coopération internationale et souhaite que les États-Unis reviennent à une approche plus traditionnelle de sa politique étrangère en réduisant l'engagement militaire direct dans la région, comme le retrait d'Afghanistan. Trump a quant à lui une vision différente. Sa politique "America First" a encouragé un retrait des accords internationaux et des organisations mondiales, comme les accords de Viennes. De plus, il a favorisé des relations fortes avec Israël, reconnaissant Jérusalem comme sa capitale et promouvant les Accords d'Abraham entre Israël et plusieurs pays arabes, tout en adoptant une position dure contre l'Iran.
2024 est et sera une année élective sans précédent, marquant une période de transition significative pour la démocratie mondiale. Ces élections, couvrant des contextes géopolitiques variés de la Turquie à l'Iran, et jusqu'aux États-Unis, ne sont pas seulement un baromètre de l'état de la démocratie dans ces pays, mais aussi des points de bascule pour les relations internationales et la stabilité du Moyen-Orient.
Sources :
https://fr.statista.com/infographie/31636/carte-des-pays-avec-des-elections-nationales-en-2024/
https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/2024-lannee-de-tous-les-scrutins-2044449
Maison d'Abraham à Abou Dhabi : les Emirats s'engagent pour la tolérance religieuse et la coexistence
La Maison d'Abraham : un complexe religieux et touristique financé par les Emirats
L'île de Saadiyat à Abou Dhabi héberge, depuis son inauguration en février 2023, un curieux complexe de 6500 m2. Celui de la maison d'Abraham, conçue par l'architecte de renom Sir David Adjaye, à qui l'on doit la Wall Street Tower à New York ou encore le National Museum of African American History and Culture à Washington.
Construit dans le sillage de la déclaration sur « la fraternité humaine pour la paix mondiale et le vivre-ensemble » du Pape François et de l’imam de l’Université islamique du Caire
al-Azhar, Ahmad al-Tayeb, en visite aux Emirats le 24 février 2019, le site abrite une mosquée, une église et une synagogue, destinées à accueillir les trois cultes.
Chaque bâtiment porte le nom d'une figure historique liée au dialogue interreligieux et à la coexistence : Saint François d'Assise (dont le souverain pontife revendique l'héritage), Moïse Ben Maimon (Maimonide) et Ahmad al-Tayeb. François d'Assise, fondateur de l'ordre prêcheur des Franciscains au XIIIe siècle en Italie, avait été envoyé comme ambassadeur auprès du sultan d'Egypte Al-Kâmil à Damiette.
Maimonide, théologien et métaphysicien né à Cordoue, à qui l’on doit le code de la loi juive Mishné Torah, a quant à lui enrichi son cheminement philosophique par ses lectures des commentateurs musulmans d'Aristote. Entièrement financé par l’Emirat, le montant du projet est gardé secret. Situé non loin du musée du Louvre Abou Dhabi, il s'inscrit dans la démarche de développement culturel et touristique du pays, amorcée depuis les années 2010 et accélérée par les Accords d'Abraham.
Depuis leur signature en août 2020, ce sont près de 500 000 touristes israéliens qui se sont rendus dans le pays et on estime à environ 2 000 le nombre d’expatriés juifs qui sont venus grossir les rangs de la population d’Abou Dhabi, à 80% étrangère. Depuis son ouverture au public, la Maison d’Abraham est devenue l’un des principaux sites touristiques de la capitale émirati.
Un pari architectural audacieux et réconciliateur
Construits à la même hauteur et de même volume pour « effacer la différence hiérarchique » d’après l’architecte, les trois bâtiments représentent l’unité dans la diversité. Leur conception « s’inspire des points communs aux trois confessions, mettant l’accent sur les similitudes plutôt que sur les différences ».
Si le style et les matériaux utilisés sont résolument modernes (bois, calcaire, béton, bronze), ils reprennent les codes traditionnels en termes d’orientation géographique, de formes
et de symboles religieux. Tournée vers l’Est et son soleil levant, symbole de la Résurrection, l’église Saint-François rend hommage, par son minimalisme et l’extrême simplicité de son crucifix et mobilier en chêne ou marbre, au dépouillement prôné par le Saint d’Assise.
Seul l’autel est inspiré de celui de la basilique Saint-Pierre de Rome, clin d’œil audacieux au patrimoine de la Ville éternelle.
Regardant en direction de Jérusalem, la synagogue Maimonide peut autant accueillir les cultes ashkénaze que sépharade. L’Arche d’Alliance est représentée par un
rideau de bronze, aussi bien inspirée d’une souccah que d’une houppah, tandis que les colonnes croisées de la façade suggèrent également une tente de prière.
Orientée vers la Mecque, la mosquée Ahmad al-Tayeb ne possède pas de minaret mais abrite des plafonds voûtés et des colonnes, ainsi que de nombreux motifs de moucharabiehs, très prisés dans l’architecture islamique. Sa façade est percée de sept arches, chiffre symbolique dans les trois monothéismes.
Les trois lieux de culte entourent un jardin qui fait la part belle à l’air et à l’eau, « éléments de la création ». Un centre de recherche et d’archives ainsi qu’une bibliothèque accueillent également des événements et des colloques. La Maisond’Abraham, comme l’explique son site internet, a vocation à soutenir et promouvoir« la riche histoire des échanges interreligieux », autant d’un point de vue culturel et cultuel qu’intellectuel.
Un exemple pour la reconnaissance des minorités religieuses dans la région ?
Dans une région où l’islam est la religion majoritaire (à l’exception d’Israël), la liberté de culte n’est reconnue ouvertement que dans l’Etat multiconfessionnel qu’est le Liban, le royaume qu’est le Maroc ou des démocraties comme l’Etat hébreu ou la Turquie. L’islam comme religion et système juridique d’Etat reste la norme et restreint voire interdit les autres monothéismes.
Au Moyen-Orient, le judaïsme et le christianisme ne jouissent pas de statuts semblables, selon les rapports politiques entretenus avec Israël ou le Vatican notamment. Les minorités religieuses (quasi inexistantes dans certains Etats) luttent donc pour leur survie, quand elles ne sont pas instrumentalisées par les pouvoirs en place.
Les dynamiques socio-économiques à l’œuvre dans le Golfe résultent d’une prise de conscience des dirigeants : la fin de l’ère pétrolière nécessite le déploiement d’une nouvelle économie axée sur l’innovation et la nécessité de parler un langage commun.
C’est précisément ce tournant que les Emirats arabes unis observent depuis ces quinze dernières années en s’engageant pleinement dans une logique de coopération vertueuse, dont les retombées ne se limitent pas qu’aux buildings scintillants de Dubaï.
Si l’islam concerne 75% de la population, seulement 10% des habitants sont de nationalité émiratie. Soit une mosaïque de communautés et de minorités diverses qui participent au dynamisme du pays.
En normalisant ses relations avec Israël, la fédération fait délibérément sienne cet horizon de paix et la possibilité d’écrire un nouveau récit, qui passe aussi par la reconnaissance des autres descendants d’Abraham et de leurs apports respectifs à l’histoire pré-islamique.
C’est encore dans ce sillage que le ministère émirati de la Tolérance, créé en 2017, associe au portefeuille celle de la Coexistence en 2020, pour renforcer, entre autres, le rôle support de cette dernière en faveur de la croissance économique. Inenvisageable il y a de cela trois décennies, la Maison d’Abraham est une preuve tangible que la coexistence continue de s’écrire, de se construire et de se vivre dans la péninsule arabo-persique.
Sources :
https://www.abrahamicfamilyhouse.ae/about-us
https://www.adjaye.com/work/the-abrahamic-family-house/
https://www.newsweek.com/church-mosque-synagogue-abu-dhabi-1461097
Home - Ministry of Tolerance & Coexistence
Pour aller plus loin :
https://www.abramundi.org/articles/house-of-one
https://www.abramundi.org/articles/la-renovation-du-patrimoine-juif-au-maroc
https://www.abramundi.org/articles/espoir-audacieux-pour-la-fraternite-humaine
Semer les graines du changement: renforcer la coopération régionale pour la sécurité alimentaire et la prospérité dans la région MENA
Les agences des Nations unies ont estimé que plus de 55 millions des 456,7 millions d'habitants de la région étaient sous-alimentés. Les défis auxquels sont confrontées de nombreuses nations de la région nous offrent de nouvelles possibilités de collaboration afin de parvenir à la prospérité régionale.
Les principaux défis sous-jacents à l'insécurité alimentaire et aux opportunités de la région MENA
Voici quelques points clés concernant la sécurité alimentaire de la région MENA :
Tout d'abord, la région MENA dispose de ressources limitées en eau douce et figure parmi les régions du monde les plus touchées par la pénurie d'eau.
Cette pénurie a un impact significatif sur la productivité agricole dans la région, qui nécessite une quantité importante d'eau.
Par ailleurs, la région MENA dispose de peu de terres arables : une grande partie d'entre elles a été dégradée par l'érosion des sols et la désertification.
La conséquence est une baisse de la productivité agricole, ce qui entraîne une augmentation de l'insécurité alimentaire.
De plus de nombreux pays de la région MENA dépendent fortement des importations de denrées alimentaires pour répondre aux besoins de leur population. Ils sont donc vulnérables aux fluctuations des prix des denrées alimentaires à l'étranger, aux taux de change et, par conséquent, aux perturbations du commerce.
La Banque mondiale prévoit qu'au cours des prochaines décennies, la production alimentaire mondiale devra augmenter de 70 % ou plus pour répondre à la demande. L'innovation peut jouer un rôle important pour répondre aux besoins futurs. La position d'Israël en tant qu'innovateur agro-technologique, qui développe des solutions de pointe pour la production alimentaire face au changement climatique, peut jouer un rôle majeur dans ce défi régional.
Comment la détente israélo-arabe favorise de nouvelles collaborations ?
L'accord de partenariat économique global (CEPA), entré en vigueur en avril de l'année dernière entre les Émirats Arabes Unis et Israël, devrait contribuer à renforcer la sécurité alimentaire en soutenant la chaîne d'approvisionnement régionale. Selon le Dr Thani bin Ahmed Al Zeyoudi, ministre d'État des Émirats Arabes Unis chargé du commerce extérieur, "l'accord de partenariat économique global entre les Émirats Arabes Unis et Israël contribuera à faciliter l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement mondiale, y compris pour les produits agricoles et alimentaires, ce qui aura un impact sur la sécurité alimentaire ».
Le Maroc et Israël ont également signé un accord de coopération agricole en octobre 2023. "La déclaration d'intention sur la coopération agricole entre Israël et le Maroc est une étape importante dans notre plan d'expansion du réseau international de sécurité alimentaire d'Israël et du Maroc", a déclaré Dichter, ministre israélien de l'Agriculture et du Développement rural, soulignant l'importance de la collaboration.
Parallèlement, l'initiative N7, qui regroupe le Bahreïn, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, le Soudan et les Émirats Arabes Unis (EAU), a été créée dans le but d'élargir et d'approfondir l'intégration régionale entre Israël et ses voisins arabes et musulmans. La conférence du N7 sur l'agriculture, l'eau et la sécurité alimentaire, qui s'est tenue à Abou Dhabi en mars de l'année dernière, a rassemblé des experts professionnels de l'industrie et du gouvernement d'Israël et des États arabes afin de formuler des recommandations concrètes sur les défis régionaux en matière d'agriculture, d'eau et de sécurité alimentaire et d'apporter des avantages tangibles à leurs populations.
Des participants d'Indonésie, de Tunisie et du Burkina Faso se sont joints à eux, dépassant largement la région MENA, et des Palestiniens ont également participé à l'événement.
Les défis de l'agriculture dans les déserts, de la pénurie d'eau et de l'insécurité alimentaire sont des problèmes communs et essentiels pour assurer la croissance et la prospérité futures de tous ces pays.
Le lien entre la sécurité alimentaire et la prospérité régionale
Le potentiel de promotion de la sécurité alimentaire dans la région va bien au-delà des besoins alimentaires. Il existe un lien important entre la sécurité alimentaire et la prospérité. La sécurité alimentaire permet non seulement de lutter contre la faim, mais aussi de stimuler la croissance économique, le niveau d'éducation et d'autres objectifs de développement durable (ODD).
Avant toute chose, la sécurité alimentaire est essentielle à la croissance économique régionale et nationale.
Les personnes qui ont accès à une alimentation adéquate et nutritive sont en meilleure santé et plus productives, ce qui peut stimuler l'activité et la croissance économiques.
Par conséquent, pour améliorer les résultats en matière de santé, il faut s'attaquer aux problèmes liés à la sécurité alimentaire.
De plus, il existe une forte corrélation entre la sécurité alimentaire et l'éducation, en particulier pour les jeunes. La faim et la malnutrition peuvent entraver les résultats scolaires et le développement cognitif.
Selon une étude récente, une insécurité alimentaire persistante et grave est associée à des résultats plus faibles aux tests et à moins d'années d’éducation.
Naviguer dans les trajectoires futures
Alors que les tensions augmentent dans le conflit entre Israël et Gaza, le paysage politique déjà fragile du Moyen-Orient devient encore plus instable, exacerbant les crises humanitaires et mettant en danger des millions de vies. En période de conflit et d'incertitude, la valeur d'une coopération solide en matière de sécurité alimentaire est mise en évidence.
S'attaquer à la question urgente de la sécurité alimentaire n'est pas seulement un impératif humanitaire, mais aussi une étape nécessaire vers le développement et la paix à long terme dans la région.
En pleine tourmente, les parties prenantes, tant au niveau du gouvernement que de la société civile, ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de la politique de sécurité alimentaire.
Sources :
Argaw, Thomas Lemma, et al. (2023) "Children’s educaConal outcomes and persistence and severity of household food insecurity in India: Longitudinal evidence from Young Lives." The Journal of NutriCon 153.4 (2023).
Fernandes, M., & Samputra, P. L. (2022). “Exploring linkages between food security and economic growth: a SystemaCc mapping literature review.” Potravinarstvo Slovak Journal of Food Sciences 16: 206-218.
The World Bank. (2023). Climate-Smart Agriculture.
Joyce, Tom. (2023, September 6). “UAE says deal with Israel good for food security.” Eurofruit.
Kalifungwa, Lennox. (2023, October 2).” Israeli and Moroccan ministers sign agreement to boost agricultural cooperaCon.” Zenger News.
Holleis, Jennifer. (2024, January 31). “Israelis, PalesCnians, and Arabs join forces to tackle climate change.” DW News.
Les Émirats arabes unis prennent des mesures ambitieuses en faveur d'une économie verte fondée sur l’hydrogène.
Les Émirats arabes unis se concentrent de plus en plus sur l'hydrogène dans leur stratégie de transition énergétique. Ce changement positionne le pays comme un leader potentiel dans le stockage, la production et le transport de l'hydrogène, en tirant parti du rôle des solutions énergétiques durables dans la lutte contre le changement climatique.
À une époque où les solutions énergétiques durables deviennent prioritaires, les Émirats arabes unis font figure de pionniers en menant la transition vers une économie verte de l'hydrogène. Avec une vision stratégique centrée sur la diversification de son économie, les EAU ont reconnu la valeur de l'hydrogène vert pour atteindre leurs objectifs à long terme.
Stratégie nationale pour l’hydrogène
La vision des Émirats arabes unis est d'être l'un des principaux producteurs mondiaux d'hydrogène à faible teneur en carbone, en poursuivant ses efforts pionniers pour conduire la transition énergétique mondiale et favoriser la gestion de l'environnement tout en soutenant un avenir prospère pour le pays et ses résidents.
Elle se concentre sur la production d'hydrogène à faible teneur en carbone et la génération de la demande pour décarboniser des industries telles que l'industrie lourde, le transport longue distance, l'aviation et le transport maritime, démontrant ainsi l'engagement du gouvernement à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de carbone dans le cadre de l'Accord de Paris.
Les importantes réserves de gaz naturel du pays, ainsi que son emplacement stratégique au carrefour de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, permettent le développement de technologies de production d'hydrogène à faible teneur en carbone. Globalement, l'hydrogène à faible teneur en carbone offrira aux Émirats arabes unis une opportunité économique de maintenir leur position de producteur et d'exportateur d'énergie stratégique et de leader sur le marché mondial de l'énergie.
Les Émirats arabes unis ont lancé des mesures ambitieuses, décrites dans la stratégie nationale pour l'hydrogène 2050, qui visent à soutenir les industries locales à faible émission de carbone, à diversifier leur économie et à renforcer la position des Émirats arabes unis en tant que l'un des plus grands producteurs d'hydrogène d'ici à 2031.
La stratégie se concentre sur des éléments facilitateurs tels que la collaboration mondiale, la politique, la réglementation et l'infrastructure que les Émirats arabes unis metront en place pour accélérer la croissance de l'économie de l'hydrogène et réduire les émissions dans les secteurs à forte intensité d'émissions.
L'engagement des Émirats arabes unis en faveur de la transition vers l'hydrogène vert se traduit par des efforts novateurs qui visent à positionner le pays en tant que leader mondial dans le développement d'infrastructures pour de nouveaux modèles économiques et énergétiques.
La première usine d'hydrogène vert de Dubaï
En mai 2021, Dubaï a mis en service sa première usine d'hydrogène vert, un projet américain de 14 millions de dollars situé à Expo City Dubaï.
Le projet, un partenariat public-privé entre (Dubai Electricity and Water Authority) DEWA, et Siemens Allemagne, s'étend sur 10 000 m2 et constitue la première installation de production d'hydrogène vert alimentée par l'énergie solaire dans la région MENA.
L'usine peut produire 20 kg d'hydrogène par heure et devrait répondre à la capacité de stockage d'énergie de la DEWA d'ici 2030.
D'autres applications et plateformes d'essai pour l'utilisation de l'hydrogène dans les applications industrielles et de mobilité peuvent également être hébergées dans l'usine.
Projet de conversion de l'hydrogène vert en ammoniac (2GW)
Le deuxième projet à grande échelle est le projet de conversion de l'hydrogène vert en ammoniac par Abu Dhabi National Energy Company PJSC (TAQA) et Abu Dhabi, qui vise à développer un projet de conversion de l'hydrogène vert en ammoniac à l'échelle industrielle à Abu Dhabi.
Le projet vise à convertir l'hydrogène vert en ammoniac liquide pour les navires utilisant l'ammoniac comme combustible de soute et à exporter l'ammoniac via des transporteurs de gaz spécialisés à partir des ports d'Abou Dhabi.
L'usine de production d'ammoniac disposera d'un pipeline direct vers le port Khalifa, ce qui permettra de livrer directement de grands volumes d'ammoniac au port.
Ce projet de taille industrielle vise à transformer le port Khalifa en une plaque tournante majeure pour les exportations d'ammoniac vert vers les marchés internationaux.
La demande croissante d'exportation
Le marché mondial des exportations d'hydrogène à faible teneur en carbone devrait atteindre 200 millions de tonnes par an d'ici 2050, pour une valeur de 300 milliards de dollars par an, les pays disposant de ressources abondantes et d'infrastructures bien développées étant à la tête de l'industrie.
Les Émirats arabes unis, avec leurs faibles coûts d'énergie renouvelable, sont un acteur majeur dans ce secteur.
Cette énergie renouvelable à faible coût améliorera les possibilités d'exportation d'hydrogène à faible teneur en carbone ainsi que la compétitivité des produits contenant de l'hydrogène tels que l'acier vert et l'ammoniac vert.
La supériorité de l'infrastructure des Émirats arabes unis, les installations d'exportation existantes, les ports et la situation géographique du pays en feront un acteur mondial majeur dans ce domaine.
Jusqu'en 2031, les exportations comprendront des produits chimiques et industriels, notamment de l'ammoniac, des carburants synthétiques et de l'acier vert.
Avec les énormes possibilités offertes par la transition vers l'hydrogène vert, les Émirats arabes unis peuvent servir de modèle à d'autres pays de la région MENA et du monde qui cherchent à accélérer leur transition verte, car la transition vers l'hydrogène vert promet non seulement de réduire les émissions de carbone et de lutter contre le changement climatique, mais elle ouvre également de nouvelles voies pour la croissance économique, la création d'emplois et l'innovation technologique.
Sources :
Jacob Benoy P. "UAE Leads a Wave of Hydrogen Fuel Projects in the GCC".
Stratégie&. L'aube de l'hydrogène vert. 2020.
Le Sport au Moyen-Orient : d’expression identitaire à vecteur de normalisation des relations
Gili Lustig, directeur général du Comité olympique, a qualifié la victoire de Freilich « d’impressionnant exploit dans un tournoi de niveau olympique » et que
« la victoire au Qatar et le fait de brandir le drapeau israélien dans des moments comme ceux-ci, sur cette scène unique, est la fierté israélienne à son apogée ».
Mais alors, pourquoi gagner une compétition sportive de haut niveau revêt-il une si grande importance pour Israël comme pour les pays du Moyen-Orient ?
L’une des premières réponses réside dans une perspective historique. Dans cette région du monde, qui vit au rythme des conflits, le sport s’est imposé comme un moyen d’affirmer un héritage et une identité. Dans cet article, nous proposons un panorama permettant de comprendre comment, au fil des années, le sport est devenu un puissant moyen d’expression de l’identité des peuples et par extension, une manière de les réconcilier.
l’Héritage sportif et la construction identitaire permise par le sport
Le sport au Moyen-Orient n’est pas seulement l’exercice d’un loisir. Il est avant tout un héritage culturel, tissé dans la toile de fond complexe de l’histoire des pays. Cette dimension transcende les simples actes de victoire et de défaite pour devenir un pilier essentiel dans la construction identitaire des pays. Ainsi, cet héritage culturel est imprégné d'une symbolique et d’une volonté profonde, reflétant les aspirations, les défis et les triomphes d’une nation. Cette construction identitaire, en régénérant et ravivant l'image de soi des différentes communautés, qu’elles soient juives ou musulmanes, permet de s’affirmer en tant que peuple.
Pendant de nombreuses années, le sport a permis aux communautés du Moyen-Orient d’exprimer publiquement leurs sentiments les plus profonds, particulièrement dans des contextes difficiles. C’est pour cette raison que le sport agit comme un catalyseur puissant des identités nationales. On peut par exemple citer le mouvement sportif arabe-palestinien des années 1940, intégré au mouvement nationaliste arabe, illustrant parfaitement la manière dont le sport devient un moyen de défendre une identité collective. Les équipes sportives avaient alors des noms de commandants militaires musulmans et arabes qui renforcaient la dimension nationaliste du mouvement. Autre exemple, lorsque l'État d'Israël vient d’être créé et que la région s’embrase, la tension est à son paroxysme et les revendications nationalistes sont exacerbées.
Pourtant, la volonté des pays n’est pas réduite qu’au recours à des conflits armés directs mais aussi à des initiatives mettant en avant la riche culture de leur pays, comme à travers le sport. Côté israélien, cela s’est traduit par les noms des clubs sportifs sionistes, avec des références aux héros mythiques tels que Judas Maccabée, Samson, ou Bar-Kokhba.
Ainsi, le sport au Moyen-Orient illustre un désir profond de renouer avec des racines et des valeurs fondamentales. À ce stade, la question se pose de savoir si l’expression de cet héritage et de cette identité permettent d’outrepasser des divergences idéologiques au profit d’une unité. Pour le comprendre, nous proposons de mettre en avant un exemple concret dans lequel le sport à permis de montrer que la conflictualité peut laisser la place à la coexistence pacifique.
La normalisation des relations se bâtit pas à pas
Depuis 2016, l'Iran n’entretient plus de relations avec l’Arabie Saoudite. Or, l’entente entre ces deux poids lourds du Moyen-Orient est indispensable pour parvenir à une stabilité dans la région. En 2023, à la surprise générale, les deux pays ont décidé de renouer le dialogue: par le football !
Signé sous l’égide de la Chine, l'accord prévoit la reprise des matchs entre les clubs et les équipes nationales des deux pays, entérinant plus de 7 années de conflits. L'Arabie saoudite, ambitieuse de devenir une puissance footballistique mondiale, a investi plus d'un milliard de dollars pour attirer des stars internationales.
Ce rapprochement sportif est présenté comme un élément clé de la normalisation progressive entre les deux nations du Moyen-Orient, offrant une vitrine symbolique de l'apaisement. Le football est désormais considéré comme un outil puissant de soft power, aligné avec la vision respective des deux pays.
Ainsi, bien que des progrès concrets et une résolution complète des différends soient encore à venir, la première étape a été franchie avec la réouverture des représentations diplomatiques en septembre, symbolisée par l'arrivée simultanée des nouveaux ambassadeurs dans les deux capitales.
En conclusion, le sport dans la région du Moyen-Orient revêt une dimension particulière. Celui-ci contribue non seulement à forger des identités collectives, reflétant les épreuves passées, mais aussi à concrétiser les aspirations partagées à une coexistence pacifique.
Source :
- https://fr.timesofisrael.com/a-doha-lescrimeur-israelien-remporte-lor-et-est-en-route-pour-les-jo-de-paris/
- https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-2-page-47.htm?ref=doi#s1n2
- https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/11/en-iran-et-en-arabie-saoudite-le-football-a-l-heure-de-la-detente-diplomatique_6188803_3210.html
- https://www.francetvinfo.fr/sports/hockey-sur-glace/guerre-entre-israel-et-le-hamas-le-sport-ne-doit-rien-avoir-a-faire-avec-la-politique-plaident-des-athletes-israeliens_6319443.html
- https://www.ouest-france.fr/sport/football/cristiano-ronaldo/football-cristiano-ronaldo-accueilli-en-star-a-teheran-avant-un-match-avec-al-nassr-a8a27f5a-5621-11ee-8f6c-0944d4762ec9#:~:text=%C2%AB%20Welcome%20Ronaldo%20!%20%C2%BB%20Les%20Iraniens,Iran%20et%20l%27Arabie%20saoudite.
D'une économie basée sur le pétrole à une économie basée sur la connaissance : L'émergence de Bahreïn en tant que pôle d'innovation dans le secteur financier.
La semaine dernière, le prince héritier de Bahreïn Bin Salman a eu l'occasion de rencontrer des entrepreneurs bahreïnis et des lauréats de la série Startup Bahrain Pitch, organisée par StartUp Bahrain, la première plateforme pour les startups du Royaume de Bahreïn.
M. Bin Salman a souligné l'importance de soutenir l'innovation et l'esprit d'entreprise à Bahreïn. Il a fait remarquer que le secteur privé était un élément important de la croissance économique et qu'il faisait progresser le processus de développement global de Bahreïn.
Au cours des dernières années, Bahreïn a connu de nombreux progrès en devenant le principal centre d'innovation financière du Moyen-Orient. En raison de sa position stratégique dans le golfe Persique pour le commerce international, la petite nation insulaire a entamé sa transformation, passant d'une économie basée sur le pétrole à une économie basée sur le savoir.
Bahreïn est un lieu stratégiquement important car une grande partie du pétrole de l'Ouest doit le traverser avant d'atteindre la haute mer.
Bahreïn a progressivement pris sa place de centre financier du Moyen-Orient depuis plus de trois décennies. Le secteur qui a le plus d'influence sur le PIB réel de Bahreïn est le secteur financier. Avec plus de 67 % de la main-d’œuvre composée de près de 14 000 Bahreïnis, ce secteur est également le plus grand employeur du pays.
Cette émergence en tant que pôle d'innovation, notamment dans le secteur financier, souligne l'engagement de Bahreïn à diversifier son économie au-delà des secteurs traditionnels tels que le pétrole et le gaz, et à se positionner en tant que leader régional dans l'économie du savoir du 21e siècle.
La Fintech Bay
La FinTech Bay de Barheïn a été lancée en 2018 et il s'agit du plus grand centre de technologie financière du Moyen-Orient et de l'une des initiatives les plus importantes de Bahreïn, axée sur l'investissement dans l'innovation par le biais de laboratoires innovants, d'accélérateurs d'entreprises et de programmes d'éducation.
Selon un communiqué de presse du Conseil de développement économique de Bahreïn, le hub vise à accélérer le développement des entreprises fintech et à faciliter la communication entre les investisseurs, les entrepreneurs, les organismes gouvernementaux et les institutions financières.
L'engagement de Bahreïn à favoriser l'innovation dépasse ses frontières, comme en témoignent les initiatives visant à attirer les talents et les investissements internationaux.
Aion Digital
Aion Digital est l'une des startups FinTech les plus prometteuses du GCC.
Lancée en 2017, Aion est une plateforme entièrement mobile permettant de créer des banques numériques sécurisées.
"La mission d'Aion est de permettre aux banques existantes dans le GCC de passer au numérique avec certitude",
a déclaré Ashar Nazim, PDG du groupe.
Aion offre aux banques un lancement numérique rapide et peu coûteux. Il a été spécialement conçu en tenant compte de l'environnement commercial et réglementaire du GCC. En utilisant Aion, les banques peuvent élargir leurs bases de clients au-delà de leur clientèle traditionnelle tout en économisant jusqu'à 80 % sur les coûts d'acquisition.
L'année dernière, Aion Digital a levé 5 millions de dollars lors d'un tour de financement provisoire par Fintactics Ventures, un Venture Builder axé sur la fintech.
L'environnement réglementaire avantageux du Bahreïn est l'une des principales forces qui expliquent la montée en puissance du pays en tant que pôle d'innovation.
Pour encourager l'entrepreneuriat et attirer les investissements étrangers, le gouvernement a promu un certain nombre d'initiatives.
L'Economic Development Board (EDB) de Bahreïn a joué un rôle essentiel dans la promotion d'une culture de l'innovation et dans la création de startups. La mise en place de sandboxes réglementaires, qui offrent aux entreprises un cadre réglementé pour tester de nouveaux biens et services, a eu un effet particulièrement significatif.
Ce programme accélère l'innovation en permettant aux startups de tester de nouveaux concepts sans être entravées par des exigences réglementaires onéreuses. Les startups de la finance opérant à Bahreïn ont reçu un soutien important de la part du gouvernement.
À Bahreïn, il existe actuellement environ huit entités d'investissement qui réalisent des investissements dans les fintechs. Seuls 25 % des investisseurs locaux et régionaux interrogés par BFB disposaient d'un fonds actif réservé aux fintechs, malgré le fait que les investisseurs se concentrent à 100 % sur le secteur des fintechs.
Mais l'une des principales raisons pour lesquelles la fintech est devenue une priorité pour les investisseurs est qu'elle est considérée comme l'industrie à la croissance la plus rapide en termes d'activités de financement locales, régionales et internationales.
À l'avenir, Bahreïn devrait faire des progrès significatifs dans sa transformation en un centre mondial d'innovation.
Le futur de la nation en tant qu'économie fondée sur le savoir est prometteur grâce à l'engagement inébranlable du gouvernement à soutenir l'esprit d'entreprise et à ses investissements judicieux dans l'infrastructure et le capital humain.
En misant sur l'innovation, Bahreïn ne révolutionne pas seulement sa propre économie, mais influence également l'avenir de la région du Moyen-Orient en général. La réussite de Bahreïn est une source d'inspiration pour les autres pays de la région, car cette petite nation insulaire illustre ce qui peut être accompli grâce à un leadership visionnaire, à une planification stratégique et à une quête incessante d'innovation.
Sources :
Bahrain Economic Development Board (BEDB). “Bahrain, An Established Financial Services Sector.”
Bahrain Association of Banks. “Banking in Bahrain.”
Zawya. 2019. “Waqfe Unveils Next Generation Banking Platform Called Aion Digital.”
Bahrain FinTech Bay. FinTech Ecosystem Report.
L’invention de l’alphabet : aux origines du dialogue entre l’Orient et l’Occident
Aleph, alpha, aliph
Naissance et migrations de l’écriture
Si les archéologues et les historiens font remonter la naissance de l’écriture au IVe millénaire et la situent en Mésopotamie (en Irak), c’est au IIe millénaire qu’apparaît le code permettant de distinguer graphiquement entre elles les différentes langues antiques.
Les nombreux vestiges archéologiques et épigraphiques, retrouvés du Croissant fertile aux rives orientales de la Méditerranée, attestent de migrations particulièrement dynamiques.
Véritable révolution dans l’histoire de l’humanité, l’alphabet est à l’image des peuples de l’Antiquité : migrateur car commerçant.
En effet, le cunéiforme des Sumériens permet de graver dans l’argile ou la pierre des comptes, des transactions, des inventaires de biens ou des actes de propriété. Son évolution progressive vers un système conceptuel, où la lettre correspond à un mot, émerge dans la région de l’actuel Liban : la Phénicie, mais aussi en Palestine et sur les côtes syriennes.
Civilisation de marchands et de marins, les Phéniciens règnent alors en maîtres sur la Méditerranée et la mer Egée, où ils ont installé des comptoirs. Des inscriptions sur des fragments de céramiques ou des stèles funéraires attestent de leur présence jusque dans le Sinaï, avec des emprunts aux hiéroglyphes égyptiens.
C’est également à leur contact que les Grecs s’approprient l’usage de l’alphabet et en tirent le leur propre. Composé de vingt-deux lettres, l’alphabet phénicien, paléo sémitique, est ainsi la matrice de tous les autres, anciens et modernes.
Par l'araméen, il a directement engendré l’écriture hébraïque au VIe siècle av. J.-C (dont les lettres carrées attestent d’influences babyloniennes et servent à l’écriture de la Torah) puis arabe au VIe siècle ap. J.-C, en parallèle de l’écriture du Coran.
« Alpha-beth » : du dialogue des lettres au dialogue des cultures
Circulation des populations et par l’écrit, des langues, des cultes et des savoirs : telle est la manière dont les civilisations s’ouvrent à d’autres visions du monde.
Ainsi l’égyptien, le phénicien puis l’hébreu font-ils correspondre la prononciation et la graphie de certains signes aux objets désignés.
C’est le cas par exemple du a (« aleph »), qui schématise et désigne une tête puis les cornes du bœuf, du b (« beth ») qui signifie « maison » ou encore de la consonne « ain », commune à l’hébreu et à l’arabe, qui signifie « œil ». Leur est aussi associée une valeur numérique (les chiffres ne seront inventés par les Arabes qu’au IXe siècle) et par extension, mystique ou philosophique. En rencontrant ainsi la pensée, la lettre entre en relation avec des idées nouvelles.
Cet itinéraire se retrouve dans le mot « alphabet » lui-même, composé de la première et de la deuxième lettre phénicienne et hébraïque (« aleph » et « beth »). A peine transformées par le grec ancien en « alpha » et « betha », on les retrouve plus tard, en arabe, avec « aliph » et « bha ». L’alphabet latin moderne, qui provient du grec, les adopte également de son côté. En d’autres termes, l’alphabet comporte dans sa dénomination et sa transcription la possibilité de réappropriations et d’innovations, aussi bien linguistiques que culturelles.
Dans ce sillage, la pensée juive s’hellénise à Alexandrie (certains livres bibliques seront même rédigés en grec, devenue la langue universelle en Méditerranée) et à l’époque médiévale, l’Europe occidentale accède à la philosophie antique grâce, notamment, aux traductions des sages islamiques. Dans les deux cas, des transferts et des médiations s’opèrent : de l’hébreu au grec et du grec au latin par l’arabe.
Traversant les époques, parcourant les lieux, l’alphabet et ses différentes déclinaisons écrivent donc, depuis les temps les plus anciens, un récit inspirant et fécond : celui des relations entre l’Orient et l’Occident. Et nous invite, encore plus aujourd’hui, à cultiver l’art de la conversation et de l’échange.
Pour en savoir plus :
ATTALI Jacques, SALFATI Pierre-Henry, Athènes, Jérusalem, Le Destin de l’Occident, Fayard, 2016
Sources :
La révolution de l'alphabet | lhistoire.fr
L'hébreu : une langue sémitique et son histoire
Les langues sémitiques | unige.ch
QUE_SAVONS_NOUS_DES_LANGUES_SEMITIQUES.pdf
L’art de la révolte
À Téhéran, la créativité est devenue l’outil ultime de la résistance aux Mollahs
Les rues meurtries de Téhéran sont désormais investies de nouvelles couleurs. Sur leur passage, les manifestants ont métamorphosé la capitale, couvrant ses murs de graffitis, esquissant des portraits féminins ou y inscrivant le slogan “Femme, Vie, Liberté”. Des hymnes d’espoir et morceaux subversifs ont succédé aux cris de désespoir des protestataires, parmi lesquels plusieurs centaines ont été abattus lors des soulèvements. À l’heure actuelle, bien que les émeutes aient perdu en intensité, la contestation continue sous une forme inédite. Dans les métropoles et villes moyennes d’Iran, la résistance s’exprime à travers des guitares insurgées ou des crayons rebelles, venant illuminer les ombres persanes de cette lutte pour la dignité.
Arts Graphiques : les pinceaux contre les matraques
Berceau de l’art des miniatures persanes, il n’est pas étonnant de remarquer qu’en Iran, la bataille se livre à coup de pinceaux. Dès le début du XXème siècle, les premières caricatures iraniennes voient le jour. Elles viennent d’abord illustrer des périodiques régionaux tels que l’hebdomadaire azerbaïdjanais Mulla Nasruddîn, avant de se diffuser au sein de revues satiriques locales, notamment Gol Agha ou Tavana (fermé en 2001). Même au coeur de la révolution, les caricaturistes ne lèvent pas le crayon. En 1990, le dessinateur iranien Nick Ahang Kowsar n’hésite pas à représenter l’ayatollah Mohammad Taghi Mesbah-Yazdi sous les traits d’un crocodile aux crocs acérés.
En 2024, les arts graphiques ne sont plus uniquement l’emblème de la résistance par l’humour. Ils font désormais office de mémoire collective pour toutes les victimes de la répression des Mollahs. De l’autre côté de l’Atlantique, des peintures murales rendant hommage aux femmes iraniennes habillent désormais les façades des buildings américains. Au 7753 Melrose Avenue, l’artiste irano-américaine Cloe Hakakian a réalisé une fresque à l’effigie de Mahsa Amini. Regard fier et serein, le visage de cette kurde iranienne de 22 ans est baigné de lumière, tandis que les couleurs du drapeau iranien flottent dans ses cheveux.
À l’heure où le monde virtuel semble peu à peu supplanter le monde réel, les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel dans la visibilité du mouvement Femme, Vie, Liberté. La page Instagram @Iranianwomengraphicdesign regorge d’illustrations engagées, dont de nombreuses esquisses de femmes émancipées ou de Mahsa Amini et d’Armita Garavand, hier tombées sous les coups de la police des moeurs, aujourd’hui icônes de la révolte. @Iranianwomengraphicdesign compte déjà plus de trente-huit mille abonnés et mérite encore davantage !
Cinéma : rempart contre l'oppression
Autre instrument de protestation, la représentation scénique vient prolonger la représentation graphique : un homme vêtu de noir est assis sur les marches d’un escalier. À ses côtés, se tient une femme aux cheveux dévoilés, les yeux rivés sur la caméra. Ils sont bientôt rejoints par d’autres acteurs à l’apparence fantomatique. Tous demeurent immobiles et interdits sur le devant de la scène. Publiée sur instagram, la dernière performance du dramaturge Hamid Pourazari et de l’actrice Sohleila Golestani frappe par son engagement politique. Pourazari écrit en légende de son post : “le spectacle prend fin. La réalité se dévoile. Nos vrais héros sont des gens anonymes. Nous n’effaçons pas nos erreurs. Nous essayons de nouveau et nous apprenons. Les voies sont multiples et l’espoir pour un nouveau jour est immense. ‘Femme, vie, liberté’.”
Depuis 1979, le cinéma est un art contraint. En 2010, le cinéaste emblématique Jafar Panahi est condamné et assigné à résidence au motif de “propagande contre le régime”. Malgré ce carcan, les cinéastes iraniens parviennent à détourner les limites pour exprimer leurs revendications. Bahman Ghobadi est la figure de proue de cette position. Dans son film, “Les Chats Persans” le réalisateur dépeint une jeunesse underground iranienne et son appétence pour le rock, musique proscrite dans le pays.
Musique : quand les notes défient l’interdit
Tout genre musical non folklorique, importé d’occident est considéré comme subversif. Aucune femme n’est d’ailleurs autorisée à chanter en langue anglaise. Mais le pays est-il véritablement hermétique à la culture Pop-Rock ? Dans le pays où les rythmes déjantés des artistes Googoosh ou Dariush sont inscrits dans le patrimoine, la rébellion se fait en musique. En 2021, Barayé, la chanson de Shervin Hajipour. Cet hymne à la contestation est reprise par Coldplay, Marjane Satrapi ou encore Benjamin Biolay. Remixé par le DJ iranien Sonami, Barayé, est décrite comme une manière de protester et d’exiger la liberté et le bonheur.
Fin décembre 2023, c’est au tour d’un marchand de poisson de 70 ans d’entrer dans la danse. Sa chorégraphie endiablée sur un petit marché de Racht, au nord de l’Iran est devenue virale. Alors qu’il est interdit de danser en public, la vidéo montre le vieil homme tapant dans ses mains et encourageant les passants à le rejoindre. Avec plus de 500 000 j’aime sur son compte Instagram, “l’Oncle Sadegh” ainsi surnommé, ne s’attendait pas à récolter autant de succès. Ces actes de création, bien que perçus comme des actes de transgression, sont des actes de courage, de volonté et de détermination. Dans ses Versets Sataniques, Salman Rushdie relève en effet qu’en créant, l’artiste prend des risques, témoignant ainsi de son héroïsme.
Sources :
Marjane Satrapi (2023), Femme vie liberté, Iconoclaste
https://books.openedition.org/pur/102864?lang=fr
Sources images :
https://www.instagram.com/iranianwomenofgraphicdesign/
INSTADEEP : La start-up tunisienne qui creuse le potentiel de l’IA
Comment apporter davantage de clarté et accroître la capacité de prédiction des tendances de marché dans des secteurs clés que sont la mobilité, l'énergie et la logistique ?
C'est précisément sur cette problématique qu'InstaDeep a concentré ses efforts et proposé sa vision. En adoptant une méthodologie fondée sur des processus de traitement intelligent, cette entreprise tunisienne, figurant régulièrement dans le classement CB Insight des 100 entreprises privées d'IA les plus prometteuses au monde, s'engage quotidiennement dans l'optimisation des décisions de ses clients. Dotée d'une expertise remarquable à l'intersection de la recherche en intelligence artificielle et des déploiements commerciaux concrets, InstaDeep confère à ses partenaires un avantage concurrentiel indéniable dans un paysage où l'IA occupe une place prépondérante.
À notre tour d’approfondir l'histoire de cette entreprise hors du commun.
Quand une jeune pousse s’empare de l’innovation pour révolutionner la médecine
Fondée en 2014 par Karim Béguin et sa collaboratrice Zohra Slim, InstaDeep a tracé un parcours remarquable. En 2019, la start-up récolte environ 7 millions de dollars lors d’une première ronde de financement de série A. Trois ans plus tard, elle réussit à lever un capital de 100 millions de dollars, marquant ainsi une étape significative dans son expansion.
Dès ses débuts, la jeune pousse tunisienne décide d’affilier chacune de ses équipes d’ingénieurs à un secteur particulier, de sorte à couvrir toutes les industries possibles, notamment celle de la santé. Soucieuse de démocratiser le champ de la médecine à ses clients, InstaDeep leur offre une expérience immersive inédite. Via la plateforme DeepChain, les utilisateurs d’InstaDeep sont invités à explorer leurs propres séquences de protéines à l'aide de modèles de langage en I.A formés sur des milliards d'acides aminés.
Combinant une approche sectorielle ciblée à des solutions innovantes en intelligence artificielle, la stratégie visionnaire d’InstaDeep a non seulement offert à ses clients un accès à un enseignement avancé, mais a également propulsé l’entreprise en première ligne de la lutte contre les défis sanitaires mondiaux. Pendant la pandémie du Covid-19, InstaDeep a en effet revendiqué la capacité d’identifier 90% des variants surveillés par l'Organisation mondiale de la santé.
InstaDeep continue de s’ouvrir à l’internationale
Dans une démarche axée sur l'avenir, InstaDeep s’étend à de nouveaux secteurs tout en élargissant son spectre géographique. L'entreprise allemande Deutsche Bahn lui doit, entre autres, l'automatisation réussie du routage ferroviaire germanique. Toujours dans la même dynamique d’ouverture internationale, InstaDeep continue d’élargir son réseau de partenaires.
En 2022, la start-up est rachetée par la société allemande d’immunothérapie BioNTech et se renforce davantage par le biais de programmes partenaires avec les acteurs majeurs de l'IA, à savoir, les géants Google Cloud et DeepMind. De fait, la proximité géographique privilégiée de Tunis avec le marché européen, qui représente 64% de ses exportations, constitue un atout majeur, tant pour InstaDeep que l’environnement entrepreneurial tunisien plus en général.
La Tunisie : Futur Hub Technologique en Devenir ?
Le nombre constant d'entreprises nouvellement enregistrées depuis 2019, maintenant à une moyenne de 0,02 millier, témoigne du potentiel économique à long terme de la Tunisie qui commence d’ailleurs à se forger une réputation grandissante dans la sphère de l'intelligence artificielle. Occupant déjà le 93e rang du classement mondial du Government AI Readiness Index d'Oxford Insights, publié en décembre 2022, le pays du jasmin affiche une progression notable dans sa préparation à intégrer les nouvelles technologies.
Cette montée en puissance dans le domaine de l'IA a d’importantes répercussions sur le reste du continent africain. Le Rwanda suit désormais l'exemple de la Tunisie en développant de nouveaux modèles d'apprentissage automatique pour réguler les dérèglements climatiques. Dans l'objectif de stimuler cette propension à l'innovation, InstaDeep a spécifiquement choisi Kigali pour établir un nouveau bureau.
Au-delà de la simple recherche de dématérialisation des services, InstaDeep et son pays d’origine, agissent concrètement dans le monde matériel en approfondissant les opportunités de développement.
Sources :
https://www.statista.com/statistics/1347290/funding-value-raised-by-instadeep-by-round/
https://www.statista.com/forecasts/1156432/new-business-registration-forecast-in-tunisia
https://www.instadeep.com/2022/08/instadeep-joins-the-google-cloud-partner-advantage-programme/
Crédits image : https://www.euractiv.fr/section/economie/news/le-boom-des-start-up-de-sante-numerique-pendant-la-pandemie/
Le Maroc : nouvelle base industrielle d'Afrique et partenaire indispensable de l'Europe
Le Maroc voit loin et vise haut
Le Maroc se rêve en base industrielle du vieux continent qui tente tout pour s’extraire du joug de la puissante Chine. Ceci étant dit, les pays européens cherchent aussi à tout prix à raccourcir les circuits logistiques, faire des économies de coût et réduire leur empreinte carbone. De plus, même si le coût du travail reste plus élevé au Maroc qu’en Chine, il est beaucoup plus avantageux qu’au sein de l'Europe même.
L’économiste marocain Najib Akesbi confirme cette volonté :
« Il faut être lucide : l’Europe ne peut pas tout relocaliser. Mais une relocalisation dans la région Europe-Méditerranée serait un bon compromis entre les bas coûts de l’éloignement et ceux, très élevés, de la toute proximité ».
Le Maroc, conscient de ses nombreux atouts, a mis en place depuis plusieurs années une stratégie lui ayant permis d’obtenir de nombreux succès dans les domaines industriels automobiles et aéronautiques. Cette stratégie s’appuie sur plusieurs axes, dont la diplomatie, ayant permis la ratification d’une soixantaine d’accords de libre-échange, notamment avec l’Europe et les Etats-Unis. Ces succès ont permis au Maroc d’être un acteur industriel clé.
Par exemple, pendant la crise de la COVID-19, le Maroc a brillé aux yeux du monde pour son efficacité dans la gestion de la crise. Le pays a réussi la prouesse de ne connaître aucune pénurie de masque en reconvertissant ses sites industriels pour en fabriquer. De plus, à la pointe de l’aéronautique, la maroc a utilisé les compétences de ces ingénieurs au service du médical pour fabriquer bon nombre de respirateur de pointe.
La question se pose alors de savoir comment concrètement le Maroc est parvenu en seulement quelques années à s’industrialiser et devenir un leader mondial dans le secteur de l’aéronautique.
Un investissement sur la formation des talents
Au cœur du Maroc, à Casablanca, l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA) se dresse comme un bastion de l'excellence de la jeunesse marocaine dans le domaine de l'aéronautique. En effet, les récentes ambitions stratégiques du Maroc ont eu pour effet d’accélérer la formation en aéronautique. Au sein de l'Institut de l’IMA, la formation en aéronautique a connu une croissance significative. En moins d’une dizaine d’années, le nombre d'étudiants inscrits a connu une augmentation de plus de 30%, offrant une porte d’entrée dans la vie active pour les jeunes diplômés. De plus, les investissements dans les infrastructures et les équipements de pointe à l'IMA ont permis de créer un environnement propice à l'apprentissage et à la recherche.
Berceau de nombreux projets de recherche et d'innovation, le Maroc a vu naître sur son sol des avancées notables dans des domaines tels que la conception de drones intelligents, aéronefs... C’est avec ce type de réalisations que le pays est parvenu à se positionner comme un acteur de premier plan dans la recherche et le développement aéronautique. Ces avancées de pointe ont également permis des partenariats avec des entreprises aéronautiques de renommée mondiale, telles que Boeing, Safran…positionnant désormais le Maroc comme un véritable hub industriel.
Un partenariat avec Safran qui concrétise les ambitions
Le partenariat avec Safran a été clé dans cet exemple de réussite qu’est le Maroc. L'un des éléments cruciaux de cette coopération a été l'investissement massif de Safran dans des infrastructures de pointe au Maroc, ayant permis de considérablement renforcer les capacités de production du pays et permettant ainsi une modernisation accélérée de l'industrie aéronautique marocaine. Ainsi, des centres de production ultra modernes, équipés des dernières avancées technologiques, ont vu le jour. Le partenariat avec Safran a aussi permis le transfert de technologie.
En effet, l’entreprise a partagé une partie de son savoir-faire technologique avec les ingénieurs marocains, chose indispensable à l’industrialisation, pour favoriser le développement d'une main-d'œuvre hautement qualifiée. Ainsi, des programmes de formation ont été mis en place, permettant aux ingénieurs marocains d'acquérir une expertise pointue dans la conception, la production et la maintenance d'équipements aéronautiques.
Des rêves à la réalisation, voila l’exemple qu’offre le Maroc. Désormais, plus de 120 entreprises du secteur opèrent aujourd’hui au Maroc, contre moins de 5 au début des années 2000. Les retombées économiques de cette excellence ont permis une augmentation de plus de 5% du PIB Marocain et la création de 15 000 emplois directs.
Sources :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/11/03/au-maroc-l-aeronautique-joue-les-eleves-modeles_5209610_3234.html#
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/24/moins-d-impots-plus-de-boulots-au-maroc-la-strategie-des-zones-franches_6016812_3212.html
https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/11/dans-le-sillage-de-safran-le-maroc-s-invite-dans-la-cour-des-grands-de-l-aeronautique_6205164_3234.html
Entre singularité et résilience, le design réinvestit Beyrouth
Beyrouth, berceau d’un design singulier
Parmi les métropoles de la région, Beyrouth est sans conteste l’une des plus reconnues pour son effervescence créative, due à son brassage de cultures et à son ouverture sur le monde. Si la tradition du design remonte à la présence française jusqu’au milieu du XXe siècle et à l’occidentalisation qui s’est suivie, les différentes crises sont autant de jalons dans l’émergence de ce dernier comme discipline à part entière.
Lorsqu’il a fallu reconstruire la capitale à l’issue de la guerre civile, le développement urbain a été favorable aux investisseurs et aux créateurs. Malgré l’absence d’une planification établie, la gentrification et la rénovation de certains quartiers ont fini par établir la filière au cœur de Beyrouth, notamment à proximité du port dans les quartiers de Gemmayzeh et Mar Mikhaël, favorisant l’émergence d’une microéconomie qui n’existerait toutefois pas sans la diaspora. Boutiques-studios, agences, centres d’exposition à l’exemple du Beyrouth Art Center (BAC) ou de la Galerie Carwan, en passant par les foires locales d’art contemporain
(Beyrouth Art Design Fair) ... c’est tout un écosystème qui peut vivre grâce à des fonds privés, très souvent en provenance de l’étranger, au mécénat et aux partenariats avec des institutions et des musées occidentaux. En ouvrant ses portes en mai dernier, l’Ecole supérieure d’architecture du Liban, rattachée à la plus ancienne université du pays, compte bien former les créateurs de demain.
Deux décennies de rayonnement à l’international
Depuis le début des années 2000, le design libanais s’est exporté pour contourner les contraintes du marché local et a su imposer son identité mosaïque si reconnaissable, d’abord dans les villes du Golfe (Dubaï en tête), ensuite dans le monde entier. Fort d’une génération de créateurs passés par Londres, Paris ou New-York et revenus pour la plupart au pays, il s’expose dans les foires de référence : Art Basel Miami, Paris ou Milan Design Week et bien d’autres.
Pionnière du design contemporain au Liban, Nada Debs incarne à sa façon ce métissage, tant au niveau créatif que personnel. Née au Japon, formée en architecture aux Etats-Unis avant de s’installer un temps au Royaume-Uni, on lui doit la fusion du minimalisme asiatique et de la géométrie arabe, de l’industriel et de l’artisanal, du béton et de l’olivier massif. S’il s’agit de redonner « une forme de fierté aux habitants de pays arabes, via les meubles et lesustensiles qu’ils utilisent tous les jours », notamment grâce à sa collaboration spéciale Ramadan avec Ikea en 2021 ou à sa collection de tapis de prière tissés par des femmes afghanes, il est aussi question pour elle de continuer à faire vivre tout un patrimoine décoratif, prisé par les plus grandes maisons, à l’instar de Chanel ou Bulgari.
Cette fierté d’un design « Made in Lebanon », elle l’a transmise à la deuxième génération qui assure la relève de cette identité si particulière. Carlo et Mary-Lynn Massoud, le duo david/nicola formé par David Raffoul et Nicolas Moussalem, Marc Dibeh, Nathalie Kayat, Karen Chekerdjian...autant de noms dont la réputation dépasse désormais les frontières du Pays du Cèdre.
Face aux crises, la solidarité et la résilience
Plus que tout autre, ce secteur a à cœur d’incarner la résilience, en portant haut et fort un message de solidarité. Crise politique, pandémie, explosion du port, faillite économique et financière : depuis quatre ans, le pays est au bord du gouffre. Plutôt que d’opter pour le désespoir, alors que bon nombre d’ateliers et de studios ont été soufflés par l’explosion du 4 aout 2020, la filière se reconstruit, continuant de mettre en valeur les forces locales et de faire émerger de nouveaux talents, portés par cette vision de régénérescence autant matérielle que sociale et spirituelle. Une esthétique de la stigmate a même fait son apparition : en préservant les objets écorchés et les fissures sur les murs, elle cherche à transcender le traumatisme.
Artiste en pleine ascension, Rumi Dalle l’explique : le contexte actuel l’a forcée à se mettre en lien avec les artisans de son quartier, les plus touchés par les confinements, et surtout les femmes. Ses œuvres textiles, en convoquant des techniques parfois pluri-centenaires, racontent également son histoire : celle d’une petite fille née au lendemain de la guerre civile, dont les expérimentations à partir de presque rien l’ont menée à interroger le rapport qui unit créativité et durabilité.
Fondatrice de l’ONG House of Today qui accompagne et soutient depuis dix ans les artisans et architectes libanais, Cherine Magrabi Tayeb reconnaît de son côté que les crises successives n’ont pas porté atteinte au dynamisme et à l’inspiration des créateurs mais favorisé leur montée en puissance.
Le design libanais, un phénix qui renaît de ses cendres ? Toujours est-il que puisant sa force dans la lumière de la Méditerranée, le bouillonnement beyrouthin et le calme majestueux du Mont Liban, celui-ci n’a pas fini de dévoiler toutes les facettes de sa foisonnante identité.
Sources :
Ces designers qui font rebattre le cœur du Liban | AD Magazine
Beyrouth. Les temps du design au mudac - NOW Village
Le retour du design au Beirut Art Center - L'Orient-Le Jour (lorientlejour.com)
L'émergence technologique au cœur du Moyen-Orient : Un récit de progrès et d'innovation
Un Moyen-Orient devenu maître sur le front des guerres virtuelles.
Jamais cette partie du monde n’aura autant pris conscience des nombreux talents qui peuplent ses terres. Les entrepreneurs, ingénieurs, ingénieux, ont tous contribué à façonner, avec détermination et à l’aide de leur matière grise, le nouveau Moyen-Orient. Pour en arriver à cela, la région a dû miser sur ses propres ressources humaines et intellectuelles, notamment pour faire face aux nombreuses cyberattaques. Ce type de conflits cybernétiques s’est banalisé au Moyen-Orient en raison des défis géopolitiques propres à la région. Les pays ont dû employer tous leurs atouts pour être non seulement en capacité de se défendre mais aussi d’atteindre des objectifs géopolitiques sans recours aux moyens militaires traditionnels. L’enjeu est donc énorme. Cette cyberguerre, invisible à nos yeux, est d’une rudesse implacable. Néanmoins, elle a permis aux pays de la région d’être à la pointe technologique, d’obtenir des avantages concurrentiels et de faire émerger des startups technologiques innovantes. La souveraineté est en jeu !
L'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, leaders du nouveau paysage technologique du Moyen-Orient
Le paysage technologique du Moyen-Orient s’est aussi façonné au gré des nombreux investissements et plans de financement. L'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, leaders technologique de la région, multiplient depuis de nombreuses années les initiatives permettant de consolider un écosystème technologique dans leur pays. En 50 ans, ces pays sont passés des dromadaires à la production des technologies innovantes parmi les plus avancées de la planète. En peu de temps, ces deux pays ont réussi à créer des infrastructures permettant l’exploitation souveraine du pétrole, une industrialisation et une digitalisation entière de leurs nations. Tous les ingrédients ont été réunis pour créer de nouvelles startups nation. L’Arabie Saoudite à par exemple lancé son plan vision 2030 en 2016, visant à diversifier l'économie saoudienne et à réduire sa dépendance au pétrole. Ce plan inclut de nombreux projets liés à la technologie et à l'innovation, tels que le développement de zones économiques spéciales et de centres de recherche et développement. Nous pouvons également citer NEOM, projet de ville futuriste et d'une zone économique spéciale située dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite et visant à utiliser pleinement les technologies de pointe dans les domaines de l'intelligence artificielle, des énergies renouvelables et de l'automatisation. Les Émirats Arabes Unis ne sont pas en reste. Le plan Dubai 10X, vise à positionner la ville en tant que leader mondial en matière d'innovation. Autre exemple à citer, Smart Dubai, faisant de cette dernière une ville intelligente, connectée et durable.
Un élargissement de l'Horizon Technologique au Moyen-Orient au-delà de l'Arabie saoudite et des EAU
L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ne sont pas seuls dans la région à avoir dessiné les contours du paysage technologique. Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, ont aussi ouvert la voie grâce à des investissements notamment dans l'infrastructure numérique, la 5G et le cloud. Ainsi, les pays du Golfe ont consolidé une position en tant que leader mondial en matière de transformation numérique. Néanmoins, la dynamique numérique dans la région varie significativement entre les pays du Golfe précédemment cités et ceux du Levant comme l’Irak, le Liban et la Syrie. Ce retard technologique impose la nécessité de surmonter ces disparités pour rester compétitif à l'échelle régionale et internationale. Ainsi, et malgré les difficultés conjoncturelles, de nombreuses initiatives entrepreneuriales voient le jour pour faire émerger des talents et façonner le paysage technologique. Par exemple, BADEEL, le nouveau pré-incubateur du Centre d’Employabilité Francophone (CEF) de Beyrouth, ayant pour objectif d’accompagner les étudiants-entrepreneurs des universités de Beyrouth.
Ainsi, comme nous l’avons explicité, la transformation technologique s’est opérée au gré de nombreux leviers. Celle-ci a fait éclore de nouvelles industries technologiques dans lesquelles les pays du golfe sont devenus des références. L’une des plus prometteuses concerne la santé. La crise de la Covid-19 a agi comme un catalyseur positif en faveur de l'adoption rapide de solutions de santé numériques au Moyen-Orient. Une tendance plus que prometteuse s’est dessinée, avec une prévision de croissance annuelle moyenne du marché de 6,8% entre 2021 et 2030. Ainsi, d'ici 2025, ce marché de la santé numérique devrait atteindre une valeur estimée à 11 milliards de dollars. Cette transformation rapide a permis l’émergence de nombreuses startups technologiques proposant par exemple des plateformes de télémédecine et des applications de santé mentale. Les autres industries telles que la deeptech, la robotique et la biologie synthétique sont également florissantes et sont les fruits de nombreuses transformations politiques et technologiques.
Sources :
https://www.mei.edu/publications/middle-east-era-great-tech-competition
https://www.auf.org/nouvelles/actualites/badeel-le-nouveau-pre-incubateur-du-cef-de-beyrouth/
De Dubaï à Tel Aviv, la révolution numérique transforme l’éducation
L’éducation numérique, un secteur en plein essor
Tout comme le reste du monde, le Moyen-Orient n’échappe pas au bouleversement majeur que représente la révolution numérique appliquée à l’éducation. En inventant de nouveaux dispositifs d’apprentissage pour compenser les disparités en termes d’outils et de ressources allouées par les gouvernements aux systèmes éducatifs traditionnels, notamment grâce à l’IA et à la réalité virtuelle et augmentée, la révolution numérique répond donc à de véritables besoins.
L’UNESCO estime à 100 millions le nombre d’élèves dans la région, où l’accès à un enseignement de qualité est très inégal, induisant un apprentissage à domicile particulièrement développé. D’après la Banque mondiale, près de 60 % des jeunes de 15 ans ont recours au soutien scolaire privé (rien qu'en Égypte, plus de 40 % des dépenses éducatives privées y sont consacrées).
En Jordanie, les ministères de l'éducation, de l'économie numérique et de l'entrepreneuriat ont collaboré avec des entreprises privées (Edraak, Mawdoo3, Abwaab et JoAcademy) pour développer des plateformes d'apprentissage en ligne, suite à la fermeture temporaire des écoles. En Israël, la start-up nation par excellence, des entrepreneurs visionnaires n’ont cependant pas attendu le tournant de la pandémie de Covid-19 et son impact décisif sur les professeurs et les élèves pour se lancer dans l’aventure. La filière, bien que niche, est dynamique et attire les investisseurs étrangers, à l’image de Microsoft qui a investi dans le hub EdTech Israël, fondé en 2017 et rattaché depuis au Start Up Nation Central, l’ONG qui promeut l’écosystème de la tech israélienne.
Fort d’une quarantaine de start up et d’un marché en pleine expansion, estimé à près de 7,6 milliards d’ici 2027, l’ed tech révèle tout un potentiel régional.
Innover, encourager et rapprocher
Anand Kadian, PDG de KITMEK, la première école numérique interactive du Moyen-Orient basée à Dubaï, a parfaitement compris les enjeux et évolutions à l’œuvre. Pour 1$ par mois, sa plateforme propose aux élèves un enseignement multilingue couvrant l’ensemble du programme de la maternelle au collège, dans un métavers avec des enseignants créés par IA. Accessible sans connexion internet, sur un téléphone de base, elle permet par ailleurs aux enfants défavorisés d’y accéder gratuitement, grâce à un système de parrainage.
Lauréate du Cartier’s Women Initiatives en 2021, la Libanaise Manal Hakim est à l’origine de la plateforme Geek Express, dédiée à l’apprentissage des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM skills en anglais) par le biais de programmes de codage personnalisés, de kits de bricolage à domicile et l’accès à une communauté en ligne qui rassemble de l’Egypte au Golfe. L’entrepreneure note avec fierté que 60% des apprenants sont des filles, pour un domaine d’études qui n’en compte que 25% dans le reste du monde. Beaucoup d’entre elles font de cet outil un tremplin pour l’université. Dans une région où l’accès de ces dernières à l’enseignement secondaire et supérieur reste un défi majeur, l’ed tech joue un rôle émancipateur, corrige les inégalités et inspire même des vocations.
A l’échelle de la société civile, les outils d’enseignement et d’apprentissage numériques ont aussi facilité la promotion du dialogue et de la rencontre entre les communautés. La plateforme israélienne LingoLearn se veut ainsi la première école d’arabe en ligne à destination d’un public juif, embauchant des étudiants d’université palestiniens désireux d’enseigner leur langue maternelle.
De Dubaï à Tel Aviv, en passant par Beyrouth et Amman, l’éducation numérique est un véritable vivier pour des initiatives innovantes et à impact, au-delà des frontières nationales, sociales et culturelles.
Sources :
Accelerating the EdTech ecosystem in the Middle East and North Africa (worldbank.org)
Manal Hakim - Geek Express - 2021 Fellow for The Middle East & North Africa (youtube.com)
Comment l'IA et l’apprentissage à distance transforment l'éducation au Moyen-Orient | Arab News FR
Noël, cette fête qui rassemble au Moyen-Orient
Fête majeure pour les chrétiens, Noël a cependant une portée universelle, comme le démontre les festivités qui l’entourent au Moyen-Orient.
De décembre à janvier, un mois entier de festivités
Evénement incontournable de chaque fin d’année, Noël est célébré, dans la plupart du monde chrétien, dans la nuit du 24 décembre au 25 décembre. Pendant tout ce mois d’hiver, la période dite de « l’Avent » permet aux croyants de se préparer spirituellement à la naissance de Jésus qui a eu lieu, d’après le Nouveau Testament, à Bethléem. La diversité de rites et de traditions du monde chrétien en Orient n’implique toutefois pas une manière uniforme de fêter Noël. Tout d’abord, en ce qui concerne le calendrier. La communauté copte, qui a le sien propre (hérité de l’Egypte antique), fête Noël le 7 janvier, date plus ou moins concomitante de l’Epiphanie, qui célèbre la venue et les offrandes des Mages. Il en va de même pour toutes les autres communautés orthodoxes, c’est-à-dire de rite oriental, dont la manière de décompter les jours diffère de celle des catholiques. De Beyrouth au Caire, en passant par Jérusalem ou Damas, cette fête signe cependant pour chaque famille ou communauté la fin de l’année et le commencement d’une nouvelle.
Des traditions et des symboles
Pas de fête sans traditions culinaires et symboles ! Souvent, ces derniers s’inscrivent pleinement dans le folklore local et ont leurs équivalents, notamment en Occident. Ainsi en Syrie, le chameau fait-il office de Père Noël et apporte aux enfants leurs cadeaux. Héritage direct des Mages qui se seraient rendus, de cette façon, à Bethléem depuis la Perse…En Irak, les feux de joie et les prières récitées à la bougie rappellent le rôle miraculeux et créateur de la lumière. Autre tradition qui emprunte cette fois-ci au cycle de la nature et annonce l’année nouvelle, celle des graines germées au Liban. Une fois vertes, ces jeunes pousses de légumineuse décorent les crèches et ornent les églises. En Palestine, la ville de Bethléem vit tout une journée au rythme des défilés et des parades au son de la cornemuse. Au niveau culinaire, chaque pays peut se targuer d’avoir ses propres spécialités. Toutes les communautés ont cependant en commun l’usage des épices et la consommation de sucreries, assez semblables à celles offertes aux proches pour célébrer l’arrivée d’un nouveau-né. Pour certains, l’Avent est synonyme de jeûne, végétalien. Les viandes grasses, symbole de prospérité et d’abondance, sont consommées lors de la fête.
Un pont entre les communautés
Bien que religieuse, Noël reste la fête la plus fédératrice au niveau social dans les pays multiconfessionnels de la région. Au Liban, elle est vue d’un très bon œil par les musulmans. En Egypte, le 7 janvier est férié pour l’ensemble du pays. Dans le nord d’Israël, la coexistence propre à la ville de Haïfa est mise à l’honneur tout au long du mois de décembre, à l’occasion de la Fête des Fêtes (Hag shel HaHagim) qui célèbre Hanoucca, Mawlid et Noël, avec des spectacles et des illuminations. Il y est parfaitement admis que les communautés juive, musulmane et chrétienne s’échangent leurs vœux à cette occasion. L’Arabie saoudite, berceau historique de l’islam, est elle aussi séduite et se réapproprie l’événement, notamment au niveau commercial, pour démontrer sa tolérance religieuse et son ouverture, telles qu’inscrites dans la Vision 2030 du Prince Héritier Mohammed Ben Salmane. Aujourd’hui, il n’est plus rare de voir les boutiques et les cafés des grandes villes du royaume décorés à cet effet.
Fête de la naissance et de la lumière, avec une portée universelle mais dont les traditions reflètent parfaitement la diversité de la région, Noël est sans aucun doute le moment de l’année qui rassemble le plus les communautés.
Sources :
Crédits photo: AP / Mahmoud Illean
Noël en Orient: le calendrier copte donne le « la » des festivités orthodoxes | Terresainte.net
Comment fête-t-on Noël au Liban ? (la-croix.com)
Emirats arabes Unis : Un fonds d’investissement privé de 30 milliards d’euros pour la transition climatique
Les Emirats arabes Unis : précurseurs du Moyen-Orient dans la lutte contre le changement climatique
Si la transition climatique est un impératif pour l’humanité, elle l’est encore plus pour les pays comme les émirats arabes unis.
Les émirats arabes unis ont depuis de nombreuses années une vision claire du devenir de leur pays. La ligne de conduite est claire : atteindre la neutralité carbone en 2050. Le pays est pionnier et souhaite devenir la première nation du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à y parvenir. Alors, légitimement, la question se pose de savoir de quelles manières les émirats arabes unis seront capables d’accomplir une telle prouesse dans un contexte ou 30% de leur PIB dépend de la production d’hydrocarbures.
Des actions historiques en faveur de la transition climatique.
Depuis plus de 15 ans, le pays investit massivement dans les énergies renouvelables. En 2021, le Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum ,Premier ministre des Emirats arabes unis, annoncait l’ambition d’investir plus de 140 milliards d'euros d'ici à 2050. Cette volonté se matérialise de manière concrète puisque le pays a déjà investi plus près de 50 milliards d’euros et produit désormais l’énergie solaire la moins chère du monde. De plus, les investissements ne se limitent pas qu’au pays. Lors du sommet africain sur le climat à Nairobi le 5 septembre 2023, les Émirats arabes unis se sont par exemple engagés à déployer 4 milliards et demi de dollars d'investissements pour les énergies propres en Afrique.
Les émirats arabes unis répondent alors un besoin urgent d’un continent qui doit absolument réussir le pari d’une croissance verte.
Le lancement d’un fonds d’investissement de 30 milliards de dollars.
“Je suis heureux d'annoncer la création d'un fonds doté de 30 milliards de dollars”
Cheikh Mohamed ben Zayed al-Nahyane
Nouveau retentissement
Annoncé par le président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al Nahyane durant la COP 28, ce fonds d’investissement est une nouvelle preuve de la volonté et des ambitions des émirats arabes unis en matière de climat. Nommé "Altérra", ce fonds sera dirigé par Sultan al Jaber, président de la COP28 et dirigeant de la compagnie pétrolière nationale des Émirats. Sur les 30 milliards de dollars, 25 milliards sont exclusivement alloués à des investissements à fort potentiel de transition climatique. Les 5 milliards de dollars restants auront pour but de financer des projets à impact dans les pays du sud, notamment dans le continent africain, avec pour objectif premier de soutenir les zones géographiques fortement exposées aux risques climatiques. In fine, L'objectif est d’avoir une rentabilité sur investissement permettant à terme de lancer un autre fonds d’investissement à hauteur de 250 milliards de dollars.
Cette initiative vise à financer des solutions concrètes, couvrant un large éventail de technologies, qu'elles soient déjà développées ou innovantes, afin de contrer les effets du changement climatique. Il est important de noter que ces investissements ne se limitent pas à des initiatives nationales, mais s'étendent à une échelle mondiale, démontrant ainsi l'engagement du pays à contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique à l'échelle planétaire. Parmi les projets concrets envisagés par le fonds "Altérra", on compte par exemple le financement de parcs éoliens offshore pour accroître la production d'énergie renouvelable. De plus, des investissements significatifs seront alloués au développement de technologies de pointe visant à améliorer l'efficacité énergétique des industries, avec un accent particulier sur les secteurs à forte émission de carbone. Le fonds soutiendra également des initiatives de recherche et développement axées sur la mise en œuvre de méthodes novatrices de captation du dioxyde de carbone, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des partenariats stratégiques avec des entreprises et des organisations internationales seront encouragés, renforçant la collaboration mondiale pour relever les défis du changement climatique.
L’annonce du fonds d'investissement "Altérra" par les Émirats arabes unis à hauteur de 30 milliards de dollars est une contribution ambitieuse dans la lutte contre le changement climatique. Cette initiative reflète l’engagement profond du pays à transitionner vers un avenir plus durable. En favorisant l'innovation, la collaboration internationale et la recherche, les Émirats arabes unis ouvrent une porte positive vers un avenir porteur de prospérité et de résilience pour les générations futures.
L’exposition universelle de 2030 à Riyad : le retour en force du Soft Power
Déjà pressentie comme pays hôte pour cette 34ème édition, le mardi 28 novembre, l’Arabie Saoudite a remporté plus de 72% des voix dès le premier tour de scrutin, devançant ainsi ses rivales Pusan et Rome. Cette victoire, a résonné avec allégresse dans tout le royaume. Elle traduit d’une part, la confiance accordée par la communauté et d’autre part, un tournant géopolitique concernant la représentativité du Moyen-Orient dans l’exercice du soft power. C’est en effet, la seconde fois depuis 1851 que l’exposition universelle doit avoir lieu dans l’un des pays du Golfe. Si en 2021, Dubaï avait ouvert le bal avec succès, Riyad devrait briller à son tour lors de cette manifestation culturelle.
Organiser l’édition de 2030 coûte que coûte, un enjeu politico-économique de taille pour l’Arabie Saoudite
À l’instar de Mohammed Ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats Arabes Unis, Mohammed Ben Salman aspire à faire de son royaume le nouveau pivot économique de la région. Si Riyad a bien les moyens de cette ambition, avec un Produit Intérieur Brut progressant de 42% sur la décennie 2013-2023, l’implication de la capitale saoudienne dans un événement fédérateur, tel que l’exposition universelle, devrait avoir pour effet d’accélérer la croissance du pays. Comme l’indique un rapport d’EY sur l’impact financier de la dernière édition en date, l’exposition universelle de 2020 à Dubaï a permis de soutenir plus de 1 039 000 emplois-années et de générer une valeur ajoutée brute de 42,18 millions de dollars. MBS peut donc s’attendre à de pareilles retombées économiques.
Propulsée sur le devant de la scène, l’Arabie Saoudite compte bien combler les attentes des 40 millions de visiteurs annoncés dans sa capitale. Pour mener à bien cette mission, la délégation culturelle du pays voit les choses en grand : plus de 7,2 milliards d’euros devraient être investis pour développer le site de l’exposition, et l’achèvement de six lignes de métro, reliées aux lieux clefs de la ville est également prévu. L’évènement tant attendu se déroulera dans un emplacement stratégique : au nord de Riyad, à proximité de l’aéroport international du roi Khaled et du prestigieux King Abdullah, centre d’études et de recherches sur le pétrole.
L’Ère du Changement : un pari technologique et environnemental
“L’Ère du Changement” est un thème bien choisi pour décrire la volonté saoudienne de devenir le nouveau hub régional. L’écosystème saoudien est de fait, en pleine expansion. En témoigne l’évolution du taux de financement des start-ups, qui a connu une augmentation de 197% entre 2020 et 2023. Dans ce contexte, un espace dédié à l’innovation et à la jeunesse devrait voir le jour, sous le nom du “collaborative change corner”. Forte d’une population jeune, où 70% des individus ont moins de 30 ans, l’Arabie Saoudite, entend ainsi se saisir de l’événement pour valoriser sa future génération d’entrepreneurs.
Autre moteur de changement, la question environnementale. Celle-ci constitue le deuxième volet fondamental de cette exposition. Dès sa candidature, Riyad a vanté la richesse de ses paysages naturels et ambitionné d’être la première exposition carbo-négative du Moyen-Orient. Afin de conjuguer modernité et durabilité, le comité d’organisation s’est fixé l’objectif d’articuler le futur complexe urbain à l’environnement. La mesure d’intégrer le site de l’exposition à un réseau d’oueds existants, répond à cette visée. Outre la série d’infrastructures durables en cours, ce projet comprendra 70% d'espaces verts, dont le fameux parc Salman, où plus d’un million d’arbres devraient être plantés. Cet espace gigantesque occupera une superficie qui équivaudrait à cinq fois celle de Central Park.
Expositions Universelles : de “la rue”, au “boulevard” des nations…
Au coeur de son programme, l’exposition universelle de 2030 a, avant tout, vocation à unifier. Pour ce faire, chaque pays devrait se voir attribuer son propre pavillon. Les traditions, valeurs et racines des participants sont portées au pinacle. Mais d’ailleurs, à quand remonte la coutume ériger des pavillons nationaux ? L’architecture pavillonnaire s’est consolidée pendant l’exposition de Paris, en 1878. C’est lors de cet épisode qu’apparaît l’emblématique Rue des Nations, qui longe la Seine et relie l’esplanade des Invalides au Champ de Mars. À l’époque, ce promenoir concentre les sections étrangères des participants qui ont accepté de construire - à leur frais - une façade à l’image de leur style national. La mise en place de cette nouvelle attraction, fait naître l’idée de reconstituer un globe miniature. 145 ans plus tard, l’Arabie Saoudite donne corps à cette aspiration : six millions de mètres carrés de terrain pour 197 États. La jadis rue des nations semble bien s’être transformée en boulevard.
Après une période d’essoufflement, notamment dans les années 1980, les expositions universelles renaissent aujourd’hui de leurs cendres. Porteuses de vivre-ensemble, ces grandes démonstrations se sont développées au point de devenir un point d’ancrage dans le contexte d’interconnexion généralisée. Et si en 2010, l’exposition universelle de Shanghai tendait encore à muséifier la mégalopole hôtesse, par le biais d’un pavillon national sur-dimensionné, désormais, les pavillons nationaux sont tous placés sur le même piédestal. En se présentant au monde, les peuples ouvrent à présent une fenêtre sur des problématiques partagées, via une écoute et collaboration mutuelle.
Sources :
https://www.lefigaro.fr/culture/ryad-accueillera-l-exposition-universelle-de-2030-20231128
https://www.courrierinternational.com/article/arabie-saoudite-riyad-choisie-pour-l-exposition-universelle-2030-un-coup-d-eclat-pour-mbs
https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-10-24/saudi-arabia-will-invest-100s-of-billions-for-power-by-2030
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/28/riyad-designee-pour-accueillir-l-exposition-universelle-2030_6202785_3210.html
https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2015-4-page-3.htmhttps://www.statista.com/statistics/268059/gross-domestic-product-of-saudi-arabia/
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/23/arabie-saoudite-comment-riyad-essaie-de-supplanter-dubai_6178989_3210.html
https://www.lefigaro.fr/voyages/exposition-universelle-2030-a-riyad-les-plus-belles-choses-a-voir-en-arabie-saoudite-20231129
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-info-culturelle-reportages-enquetes-analyses/l-exposition-universelle-2030-a-riyad-en-arabie-saoudite-malgre-les-critiques-3018348
https://www.radiofrance.fr/franceculture/ecologie-vivre-ensemble-commerce-diplomatie-les-expositions-universelles-ont-retrouve-une-legitimite-2320576
https://fr.euronews.com/business/2023/11/16/riyad-met-tout-en-oeuvre-pour-accueillir-lexposition-universelle-de-2030
https://passerelles.essentiels.bnf.fr/fr/chronologie/construction/63f528df-5761-4fc1-8760-1a7d26eada9a-crystal-palace/article/e81f0117-74c4-4d7f-ab49-2f506a3edef7-crystal-palace-1-851-idee-expositions-industrie-et-agriculture
https://www.bie-paris.org/site/fr/actus-annonces/expo-dubai-2020-fr/l-impact-de-l-expo2020dubai#:~:text=Il%20est%20estimé%20que%20l,futures%20des%20Émirats%20arabes%20unis.%20»
https://riyadhexpo2030.sa/fr/riyad-expo-2030/
Le café, symbole des évolutions sociétales du Moyen-Orient
Le café, une « turquerie » pas comme les autres
Parmi les denrées exotiques qui ont fasciné et séduit l’Europe, le café (qahwa) occupe une place à part tant la culture du Moyen-Orient lui est liée. Sa consommation dans la Péninsule arabique est attestée dès le VIe siècle et sa diffusion dans le monde musulman, rendue facile par le développement du pèlerinage à la Mecque (le hadj), qui brasse des populations, des idées et des produits. Son commerce accompagne par la suite l’expansion progressive de l’Empire ottoman. Sa consommation par toutes les couches sociales en fait « la » boisson par excellence, dont la préparation par décoction (à la « turque ») reste encore de nos jours inchangée. Si on lui ajoute des épices au Maroc, de la fleur d’oranger en Algérie et en Tunisie, de la cardamone au Levant ou en Arabie saoudite, le café garde, malgré ses variantes, une aura particulière : celle du plaisir et de la convivialité, quitte à être considéré, par les autorités d’alors, avec beaucoup de suspicion. En effet, l’alcool étant interdit par l’islam, la consommation du café s’en est trouvée favorisée. Mais les oulémas et les médecins se disputent quant à sa nature : excitante ou médicinale, ce qui donne lieu à des controverses souvent tranchées au niveau politique.
Café de rue à Istanbul vers 1900 © Shutterstock / istanbulphotos
Du lien au lieu social
En 1554 sous le règne de Soliman le Magnifique, le premier lieu public dédié à sa consommation ouvre à Constantinople grâce à deux marchands de Damas. Le concept fait fureur : l’élite intellectuelle et économique de la ville s’y presse, du poète au haut fonctionnaire. On y parle d’art et de politique, on y écrit, on y joue et ce, à la vue de tous. Déplacé dans la rue, il offre aux populations plus modestes l’occasion d’inaugurer puis de clore par une tasse fumante une dure journée de labeur. Ses effluves suscitent l’inspiration, son arôme délie les langues. Prétexte à la conversation, il est un rituel social pratiqué au-delà de la sphère publique puisque son cérémonial se décline également au niveau privé. D’ailleurs, dans l’ancienne Anatolie, il est même ce par quoi la future mariée jauge son prétendant à l’occasion de leur rencontre : un café sucré si le promis trouve grâce à ses yeux, dans le cas contraire, un café salé. A la fin d’une querelle, il est le moyen de résoudre le conflit.
Café Fattoush à Haïfa (Israël)
Le café, symbole des évolutions sociétales du Moyen-Orient
Si les établissements traditionnels n’ont, de nos jours, pas disparu, certains d’entre eux cherchent à expérimenter de nouvelles formes de sociabilité : mixte, jeune, familiale et ouverte sur le monde grâce à l’accès à internet. A Tunis par exemple, l’inclusivité est le maître-mot du café Liber’thé qui est aujourd’hui l’un des piliers de la scène culturelle
alternative de la capitale. Idem pour le Café Fattoush à Haïfa, qui se veut symbole de coexistence et de fraternité en faisant dialoguer les cultures arabe et juive, métonymie de la plus grande ville mixte d’Israël. En parallèle, les coffee shops à l’occidentale se sont fortement développés au Moyen-Orient et participent pleinement de l’économie locale, avec un impact significatif sur les importations. Les Emirats arabes unis sont les premiers à s’être ouverts, dès les années 2000, aux chaînes étrangères comme Starbucks et à assouplir la règle de non-fréquentation des sexes dans ces espaces. Entre tradition et modernité, préservation et ouverture, le café est sans conteste l’un des symboles les plus signifiants pour comprendre le Moyen-Orient et ses évolutions. C’est sans doute l’une des raisons qui a poussé l’UNESCO à inscrire le café turc en 2013 et arabe en 2015 sur sa liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Sources :
Le café turc, une boisson et des traditions | Le Courrier de l'UNESCO
Le café (lesclesdumoyenorient.com)
Liber’Thé, incubateur de citoyenneté à Tunis | Le Courrier de l'UNESCO
“We Remember” : l’exposition inoubliable de Dubaï"
L’idée est de s’assurer que les visiteurs comprennent...
précisait Ahmed Al Mansouri, fondateur du musée.
Ahmed Al Mansoori, fondateur du musée du Carrefour des Civilisations (photo : site du musée)
Afin de mettre en lumière toute l’atrocité de cette période, les organisateurs ont tenu à submerger la salle d’animations visuelles, d’images et de textes frappants. Cette démarche constructive incite donc le public à ne pas se contenter d’une visite passive mais, bien au contraire, à se plonger dans le vif du sujet. En plus d’éveiller les consciences, cette galerie s’efforce de maintenir le souvenir des disparus. grâce à des témoignages, des photos, ou encore des objets rares et précieux tels que le facsimilé d’un “Marzor” (livre de prières) de l’époque médiévale.
Fondé en 2013 à partir d’une collection privée d’Ahmed Al Mansoori, le musée du Carrefour des Civilisations déploie l’histoire du Golfe Arabo-persique au travers de son art et de ses interactions avec différentes cultures et civilisations. Passionné d’histoire, ce conservateur Émirati collectionne les objets historiques provenant des quatre coins du Levant. Il possède, entre autres, une lettre manuscrite de Théodore Herzl, exposée dans son musée privé du sionisme. “Les juifs ont toujours joué un rôle important au Moyen Orient (...) je ne peux pas m’identifier au sionisme, mais Herzl a été le père du sionisme, c’était un visionnaire, je le regarde d’un point de vue historique, pas politique. C’est un grand honneur pour moi d’exposer sa lettre dans mon musée” déclare le fondateur.
Félicité par le Conseil de coopération des États arabes du Golfe en 2015 “pour sa participation à la conservation de l’héritage du Golfe ainsi que pour son ambition de Marzor, livre de prière de Worms en Allemagne. Autorisation d’Olga Fried connecter les futures générations à leur héritage”, ce musée se présente comme un lieu de rassemblement, de paix et de solidarité judéo-arabe au Moyen Orient.
Cette ambition transparait d’ailleurs dans l’exposition We Remember au vue de la section dédiée aux arabes et musulmans ayant sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. On découvre notamment le premier Arabe récompensé à titre posthume de la médaille de Juste parmi les nations par Yad Vashem. Il s’agit de Mohamed Helmy, docteur égyptien, qui a protégé une famille juive à Berlin au péril de sa vie. “Celui qui sauve une vie, sauve le monde entier”, voilà un message porteur d’espoir que l’on peut retrouver gravé sur l’un des murs du musée. D’après Ahmed Al Mansouri, cet adage serait d’ailleurs aussi bien inscrit dans le Coran que dans la Torah.
La Shoah bientôt enseignée à l’échelle régionale ?
Au delà de son strict cadre culturel, cette exposition aura eu un impact sociétal sans précédant. En témoigne la mise à jour du système éducatif des Émirats Arabes Unis : la Shoah est désormais en passe d’être enseignée dans toutes les écoles du pays. De nouveaux programmes scolaires sont en effet en cours d’élaboration grâce à l’action conjointe de l’institut de la paix et de la tolérance culturelle dans l’éducation scolaire - basé à Londres ainsi qu’à Tel Aviv - et le ministère de l’éducation des Émirats. Une étape décisive pour le pays mais peut-être aussi pour ses voisins. D’après l’historien Robert Rosette, on remarquerait actuellement un tournant dans le monde arabe musulman : la reconnaissance de la Shoah s’amorcerait enfin dans les mentalités régionales. Cette transition se perçoit déjà au Maroc, où la Shoah commence à être abordée plus ouvertement. En 2016, l’ambassade de France au Maroc et le Mémorial de la Shoah organisaient une formation consacrée à l’enseignement de la Shoah et des génocides au lycée Lyautey de Casablanca.
“We remember”, cet appel à la commémoration pourrait bien avoir un écho plus large dans l’espace et dans le temps. Du musée à la salle de classe, on peut espérer que l’enseignement de la Shoah apporte une base au partage et à la reconnaissance de la culture de l’Autre.
Pour en savoir plus :
https://www.thenationalnews.com/arts-culture/art/we-remember-holocaust-memorial-exhibition-opens-at-a-museum-in- dubai-1.1230970
https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/egypte/mohamed-helmy-cet-egyptien-devenu-juste-pour-avoir-sauve-une- famille-juive_3059795.html
https://www.lepoint.fr/monde/mohamed-helmy-premier-arabe-honore-comme-juste-30-10-2017-2168532_24.php
https://themuseum.ae https://www.memorialdelashoah.org/signature-dune-convention-archives-nationales-maroc.html
https://lphinfo.com/une-galerie-commemorative-de-la-shoah-aux-emirats-arabes-unis/
https://www.youtube.com/watch?v=wHXX7HaFc3s
https://english.tau.ac.il/news/center_for_antisemitism_2022
https://infojmoderne.com/2022/08/29/un-citoyen-des-eau-devoile-une-lettre-de-herzl-
lors-du-congres-sioniste-de-bale/
Entente et amitié : L'époque insoupçonnée des relations israélo-iraniennes
Une vision stratégique commune comme fondement de la coopération
En 1950, L'Iran devient le deuxième pays musulman à reconnaître officiellement l'État d'Israël, suivant ainsi la Turquie qui l'avait fait en 1949.
Cette reconnaissance peut s’expliquer par le fait qu’il existait des intérêts communs entre l'Iran et Israël, notamment des préoccupations partagées concernant la montée du nationalisme arabe. De plus, les deux pays partageaient des inquiétudes quant à l'influence soviétique dans la région.
Selon la perspective israélienne, ce moment revêtait une importance capitale en brisant un isolement diplomatique et en inaugurant la phase du concept de "périphérie", comme l'exprimait le Premier ministre de l'époque, David Ben Gourion. Ce concept de "périphérie" émerge d'une analyse historique, soulignant les deux millénaires d'antisémitisme subis par les juifs, ainsi que la persistance du refus des pays arabes envers l'existence d'Israël. Ainsi, la seule manière pour Israël d'éviter un isolement total consistait à forger des alliances stratégiques avec des États non-arabes et d’autres minorités religieuses.
Ben Gourion pousse cependant la réflexion plus loin, percevant rapidement l'avantage de cette politique périphérique vis-à-vis des États-Unis. En effet, ces alliances positionnent Israël en tant qu'atout stratégique, formant un pont entre les puissances occidentales et les acteurs régionaux.
C'est ce qu'explique Ben Gourion dans une lettre adressée au président Eisenhower le 24 juillet 1958 :
« Avec pour projet de former un barrage contre la vague déferlante nassériste et soviétique, nous avons commencé à renforcer nos liens avec certains États à l’extérieur du périmètre du Moyen-Orient – Iran, Turquie et Ethiopie, etc. Notre but est d’organiser un groupe de pays, pas nécessairement une alliance officielle, qui sera capable de tenir tête à l’expansion soviétique par l’intermédiaire de Nasser et un groupe qui pourrait sauver la liberté du Liban, et peut-être aussi celle de la Syrie »
Ainsi, naît une alliance naturelle et le début d’une amitié entre l’iran et Israël qui durera plus de 30 années. Cette relation, fondée sur le principe de “bénéfice mutuel”, va se concrétiser de bien des manières.
Une alliance énergétique comme rouage essentiel
Comme nous l’avons explicité, la reconnaissance d'Israël par l'Iran a naturellement débouché sur la possibilité d’envisager une coopération plus étroite entre les deux pays, notamment sur le plan commercial. Après la défaite des pays arabes lors de la guerre de 1948 visant à empêcher l’émergence d’un État israélien, l'Égypte et l'Irak privent ce dernier de ses approvisionnements en pétrole. En 1958, la situation pétrolière devient critique pour Israël, suite à la décision de l'URSS de cesser ses ventes. Israël se tourne alors vers son partenaire iranien.
Rapidement, l'Iran devient le principal fournisseur de pétrole d'Israël, et en 1967, les deux alliés établissent un oléoduc reliant Eilat, sur les rives de la mer Rouge, aux infrastructures de la ville portuaire méditerranéenne d'Ascalon. À la fin des années 1960, ce dispositif voit transiter annuellement 10 millions de tonnes, dépassant même les besoins d'Israël. Sur cette base, les relations sont consolidées et la suite des événements le prouvent. L'embargo pétrolier de 1973 ne comptera pas l’Iran dans ses rangs. Cette décision est le fruit d’une coopération économique fructueuse entre Israël et l'Iran, permettant à ce dernier de générer des revenus substantiels, amplifiés par l'appréciation rapide du prix du pétrole. Ainsi, en consolidant leur coopération dans des domaines cruciaux tels que l'énergie, ces deux pays ont démontré la possibilité d'instaurer une dynamique constructive malgré des contextes géopolitiques complexes. Par ailleurs, un autre domaine stratégique, connu sous le nom de "projet Fleur", va particulièrement contribuer à consolider les relations entre l’Iran et Israël.
Les pétales du projet “Fleur”
Le 18 juillet 1977, une rencontre significative se déroule entre le vice-ministre iranien de la Guerre, le général Hassan Toufanian, et les responsables israéliens, en l'occurrence le ministre des Affaires étrangères Moshe Dayan et le ministre de la Défense Ezer Weizman. L’objectif de cette rencontre est d'approfondir les relations entre les deux pays sur divers projets militaires collaboratifs parmi lesquels figure le projet “Fleur”. Facette particulièrement intéressante de la coopération économique entre l’Iran et Israël, le projet révèle une dimension des relations entre les deux nations dans laquelle s’entrelaçaient de manière complexe des intérêts économiques et sécuritaires.
Le projet “Fleur” prévoit le renforcement des compétences de l'Iran par Israël dans le secteur des systèmes de lancement de missiles de moyenne portée, avec une adaptation spécifique pour un tir depuis un sous-marin. En échange, l'Iran rémunère Israël à hauteur de 300 millions de dollars, auxquels s'ajoutent 250 millions de dollars en équivalent pétrolier. Sur le plan technique, Israël assume le rôle de leader dans le développement de technologies avancées de guidage, de navigation et de systèmes de propulsion. Des dispositifs de pointe, tels que des capteurs infrarouges et des systèmes de contre-mesures électroniques, font partie intégrante de la conception afin d'optimiser la précision et l'efficacité opérationnelle des missiles. Parallèlement, l'Iran se charge de la phase de la fabrication, mettant à profit ses installations spécialisées pour produire les composants essentiels des missiles. Ces technologies de pointe sont mises à l’épreuve de tests rigoureux, dans des conditions variées, tant sur le plan atmosphérique que sous-marin, pour garantir leur fiabilité et leur fonctionnalité en toutes circonstances.
Ainsi, l'époque insoupçonnée des relations israélo-iraniennes, qui s'étend de la création d'Israël en 1948 à la Révolution iranienne de 1979, offre un récit complexe mêlant des éléments diplomatiques, stratégiques, et économiques.
Le lien entre ces deux nations, initialement basé sur des intérêts communs et une vision stratégique partagée, a perduré pendant plus de 30 années. Cette période rappelle avec force qu'il a existé un moment où ces deux nations ont réussi à forger des liens, basés sur la coopération, la confiance mutuelle, et l'espoir d'un avenir commun. Espérons que les enseignements tirés de cette époque soient mis à profit pour rechercher des solutions constructives aux défis contemporains auxquels la région est confrontée.
Pour en apprendre davantage :
https://www.arte.tv/fr/videos/089134-001-A/la-longue-guerre-iran-israel-usa-1-2/
Sources :
https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=452&cidcahier=1289
https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2014-5-page-139.htm
https://en.wikipedia.org/wiki/Trans-Israel_pipeline#/media/File:Eilat-Ashkelon_Pipeline.svg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_l%27Iran_et_Isra%C3%ABl#:~:text=Depuis%
20sa%20cr%C3%A9ation%2C%20en%201948,son%20meilleur%20ami%20non%2Dmusulman.
https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-2-page-483.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Fleur
Les entrepreneuses du Golfe et d'Israel se ressemblent et s'assemblent
Première association à rassembler dirigeantes israéliennes, émiriennes, saoudiennes, égyptiennes ou encore bahreini, le Gulf-Israel Women’s forum a pour mission de donner aux femmes du Moyen-Orient la place qu’elles méritent sur la scène de l’entreprenariat. Plus de 2500 adhérentes issues d’une grande variété de formations se rencontrent régulièrement pour aborder leur domaine d’expertise : technologie, marketing, journalisme, finance… le spectre est large. Business, opportunités et sororité, le Gulf Women’s forum pourrait se définir en ces termes.
“Il était évident que nous voulions toutes la même chose : paix et prospérité ”
Pour Lea Tedrow, co-fondatrice du forum, l’idée mère est d’encourager la communication entre les femmes d’affaires Israéliennes et leurs partenaires des pays voisins. La réunion liminaire portait sur la culture du business aux Émirats Arabes Unis, une culture essentiellement fondée sur la construction de sa relation avec l’autre. Ayant elle-même vécu 13 ans aux Émirats Arabes Unis, Lea Tedrow acquiesce : “Ici, il ne suffit pas d’enchaîner les réunions puis de repartir avec le contrat signé. On construit des relations fortes, cela prend du temps et de l’investissement”. Ce modèle inspirant suit bien la ligne
directrice du projet de la fondatrice. Fleur Hassan-Nahoum espère éveiller chez les participantes un sentiment d’unité et de cohésion : “Il est évident que nous voulons toutes la même chose : paix et prospérité dans la région”.
Bien plus qu’une association professionnelle, le forum des femmes du Golfe fait aussi naître de belles amitiés. À l’occasion de son séjour à Jérusalem, Adheya Ahmed, journaliste Bahraini ne manque pas de prendre part au repas de Chabbat chez Fleur Hassan-Nahoum. Cette ancienne porte-parole du Bahrain revient ravie. Dans sa tribune postée sur le site du forum, elle ne tarie pas d’éloge sur Israël : “En 11 jours, j’ai eu la chance de découvrir une hospitalité sans pareille. Je ne peux pas oublier les repas de famille chez ceux qui m’ont chaleureusement accueillis dans leur maison. Je ne peux pas oublier le sourire qui est apparu sur les lèvres du chauffeur de taxi épuisé par sa longue journée de travail lorsque je lui ai dit que je venais du Bahrain…” De son côté, Fleur Hassan-Nahoum a pu également se rendre dans le Golfe pour rencontrer les membres du forum.
Credits : Gulf-Israel Women’s forum
Relations commerciales et amicales se tissent ainsi entre les soeurs du Golfe et pourraient avoir un impact considérable sur l’économie régionale. En effet, si les échanges entre Émirats Arabes Unis et Israël ont d’ores et déjà doublé depuis 2020, s’élevant à 9,4 milliards de dollars en 2022, une étude de l’IFC estimait que le PIB du Moyen-Orient pourrait encore augmenter de 30 à 40% si les femmes participaient plus activement à l’économie régionale.
Les femmes au Moyen Orient : vers une meilleure représentativité ?
À l’heure actuelle, de grandes opportunités professionnelles sont à saisir pour les femmes de la région. L’optique de construire un futur durable nécessite des collaborations plus paritaires. D’après Ronit Harpaz, membre du forum, le seul secteur de la biotech en est l’exemple concret. Malgré un taux de 70% d’emplois féminins, seulement 12% des femmes ont accès à des postes à haute responsabilité. La directrice générale de Bendit Technology a décidé d’oeuvrer pour une meilleure représentativité des femmes au Moyen Orient. “Je pense que faire partie du Gulf-Israel Women’s forum est l’occasion de renforcer la diversité à l’échelle locale en adoptant les modèles des dirigeantes bahraini et émiriennes”. En fondant WE HealthTech, une école qui a pour but pour d’encourager les jeunes entrepreneuses à prendre le leadership, Ronit Harpaz compte bien inverser la tendance. C’est ainsi en empruntant à chacune de leurs cultures respectives que les soeurs du Golfe rénovent le monde des affaires.
Sources :
https://www.bbc.com/news/business-63792841
https://www.jpost.com/opinion/article-724408
https://www.arabnews.com/node/2051581/middle-east
https://www.jpost.com/opinion/article-714988
https://www.jpost.com/opinion/article-714988
SUCCESS STORY : Noureddine Tayebi et Mahdi Yettou, fondateurs de Yassir
La start-up maghrébine Yassir est devenue une force majeure dans le domaine des services VTC en Algérie, Tunisie et Mauritanie, où Uber n'est pas présent.
Fondée en 2017, la plateforme qui met en relation taxis locaux et utilisateurs, assure également un service de livraison à domicile dans divers secteurs, passant de l’agro-alimentaire à la finance.
La start-up a connu une croissance rapide et s’est étendue au delà de la région maghrébine, notamment en Europe et en Amérique du Nord.
Une levée de fonds de 150 millions de dollars en 2022 l'a propulsée au rang de start-up la plus valorisée d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Comptant plus de 5 millions d’utilisateurs et de nombreux partenaires, Yassir incarne un modèle de réussite pour les entrepreneurs algériens.
NOUREDDINE TAYEBI
Noureddine Tayebi nait à Alger en 1977 dans une famille de médecins. Dès les années 1990, alors qu’il termine ses études d’ingénierie à l’école polytechnique d’El Harrach, sa famille l’exhorte à demander une bourse d’études auprès des écoles américaines. Son brillant parcours scolaire lui permet d’être reçu à l’Université de Stanford.
Son enfance passée aux abords de la côte méditerranéenne se prolonge en 1998 sur la côte ouest des États Unis. Après avoir obtenu son doctorat en génie électrique à Stanford, Noureddine s’installe au coeur de la Silicon Valley en 2006 et intègre le laboratoire de recherche et développement d’Intel. Il y acquiert des compétences en recherche et développement, marketing et commercialisation. La structure du département où il travaille, semblable à celle d’un accélérateur de start-up, éveille l’esprit du futur entrepreneur. Huit ans plus tard, l’ingénieur aguerri qui dispose désormais de 23 brevets, change d’horizon. Noureddine Tayebi quitte son poste pour mener à bien son projet : InSense, une jeune pousse spécialisée dans les nano-concepteurs de mouvement.
Cette première entreprise est une réussite. Rachetée en 2018 par Mojo Vision pour la somme d’1,6 millions de dollars, InSense s'avère un tremplin pour le lancement de Yassir, l’application de véhicules de transports avec chauffeur VTC. L’idée de Yassir émane de l’attachement de Noureddine Tayebi à l’Afrique du Nord. Une question le travaille alors : “comment développer la sphère high-tech, encore embryonnaire dans la région ?”. Repoussant les limites de son ambition, l’entrepreneur se donne corps et âme dans cette nouvelle aventure. Huit mois seulement après son déploiement, Yassir est déjà rentable. Aujourd’hui concurrent d’autres plateformes VTC renommées telles qu’Uber ou Jumia, Yassir est utilisé par plus de cinq millions d’utilisateurs dans neuf pays et une cinquantaine de villes.
MAHDI YETTOU
Diplômé de l’École Nationale Polytechnique d’Alger, puis de l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace de Toulouse, Mahdi Yettou, co-fondateur de Yassir, s’envole pour le Canada en 1998. Direction : l’Université de Sherbrooke. Il y deviendra enseignant chercheur. Dix ans plus tard, Mahdi Yettou décide de regagner son Algérie natale pour développer sa fibre entrepreneuriale aux côtés de son ami Noureddine.
Si ce dernier préfère rester au siège de Palo Alto, d’où il supervise les activités sur place, Mahdi Yettou, continue pour sa part d’exercer le métier de professeur à l’université de Bab Ezzouar à Alger tout en remplissant en parallèle le rôle de directeur général de Yassir. La présence de Mahdi Yettou sur place permet à l’entreprise de prospérer. En effet, la loi algérienne impose aux entreprises d’être présentes sur le territoire avec un minimum de 51% du capital.
À l’instar de son collègue, Mahdi Yettou ne manque pas d’idées. Alors que la pandémie menace le devenir de la plateforme, le cofondateur propose d’élargir la gamme de produits en ouvrant une branche de e-commerce : Yassir Express.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Noureddine_Tayebi
https://www.theafricareport.com/172161/algeria-meet-noureddine-tayebi-head-of-the-start-up-yassir/
https://www.forbesmiddleeast.com/innovation/startups/riding-high-noureddine-tayebi
Crédits Photo : Club Formation des Compétences -CFC- نادي تكوين الكفاءات
Careem, la everything app émirienne qui a conquis le marché des VTC
“La everything app” porte bien son nom. Proposant à la fois des services VTC, alimentaires et financiers, Careem n’a pas fini de développer ses activités. Rachetée par Uber en 2020, la licorne s’est assignée pour mission de développer la région MENA.
Dans un monde régi par les chiffres, on compte 86 milliards de neurones dans le cerveau humain, 5,33 milliards d’internautes à travers la planète et 903 kilomètres entre Abu Dhabi et Riyad. Les chiffres de Careem traduisent quant à eux un renforcement majeur de l’accès aux services de proximité au Moyen-Orient. En 2022, la plateforme recense 505 856 livraisons d’hamburgers, 97 millions de trajets effectués et plus d’un milliard de kilomètres franchis. Opérant dans plus de 100 villes et 12 pays au Moyen Orient, en Afrique et Asie du Sud, Careem a prouvé sa valeur et son efficacité. De Careem Now à Careem Pay, la start-up couvre tous les secteurs possibles et imaginables pour satisfaire la demande. En 2019, la plateforme s’est même essayée au “bike-sharing” avec Careem Bike pour les usagers les plus éco-responsables.
Careem et Uber : une rencontre fructueuse pour les deux leaders du VTC
Le potentiel de l’entreprise technologique n’a pas échappé à Uber. La perspective d’une étroite collaboration avec l’application émirienne pourrait bien insuffler une nouvelle dynamique à la plateforme californienne qui ambitionne de prendre le leadership dans chaque région majeure. En effet, bien que le géant du VTC domine les marchés américain et européen, sa présence dans les autres zones du globe reste erratique. Sur chaque marché local, Uber doit souvent se mesurer à plusieurs autres plateformes numériques, affiliées au même secteur.
À la veille de son entrée en bourse en 2020, Uber s’est donc décidé à racheter Careem pour la somme de 3,1 milliards de dollars. En effectuant cette acquisition stratégique, Uber a consenti à accorder davantage de liberté à Careem, l’incitant à façonner sa propre stratégie pour s'approprier le marché grâce à une connaissance plus pointue de la demande locale. Ce virage s'est avéré payant. Un an après le rachat de Careem, Uber prend le lead du secteur des mobilités au Moyen-Orient avec plus de 65% des parts de marché. Avec l'évolution rapide du secteur, la fusion des forces de ces deux acteurs pourrait offrir des économies d'échelle, une expansion efficace et une diversification des services.
“Améliorer la vie des usagers et créer de l’emploi” : la mission de Careem, partout et pour toutes.
Que de chemin parcouru depuis sa fondation en 2012 ! À l’origine, Careem est le fruit d’une collaboration américano-pakistanaise et suédoise. Mudassi Sheikha et Magnus Olsson, anciens consultants de McKinsey ont uni leurs forces dans un but précis : améliorer la vie des usagers et parvenir à créer plus d’un million d’emplois pour les talents régionaux, d’ici une dizaine d’années. Le défi a été relevé avec brio. Depuis sa création, Careem a permis de générer une source de revenus pour plus de 600 ingénieurs et développeurs - qui s’évertuent à perfectionner les modèles d’apprentissage de l’application - ainsi que 2,5 millions de chauffeurs et chauffeuses, notamment saoudiennes.
L’entreprise VTC s’est effectivement montrée réceptive à l’appel d’émancipation féminine, proclamé le 24 juin 2018 en Arabie Saoudite. Au l’heure où les citoyennes du royaume obtiennent l’autorisation officielle de passer le permis, l’entreprise VTC commence, pour sa part, à mettre en place une formation spécialement destinée aux futures capitaines. “C’est une étape importante” affirme Sarah Algwaiz, directrice du programme féminin de Careem (faisant référence à la réforme). “Pour les femmes, conduire leur propre voiture signe le début de leur indépendance financière et d’un réel gain d’autonomie…”
“Pour les femmes, conduire leur propre voiture signe le début de leur indépendance financière et d’un réel gain d’autonomie”
Sarah Algwaiz, directrice du programme féminin de Careem
Côté business, la main d’oeuvre féminine représente également un intérêt financier pour Careem. Dans une société traditionnelle où de nombreuses femmes appréhendent le fait de se retrouver seule dans la voiture d’un homme, l’option Capitanah (féminin de “Capitaine” en arabe) constitue une alternative rassurante. Les utilisatrices peuvent d’ailleurs cliquer sur l’icône du même nom pour permettre à l’algorithme de filtrer les chauffeurs masculins. D’après le porte-parole Murtadha Alalawi, dès la première session de recrutement initiée dans la ville de Khobar à l’est du pays, trente femmes s’étaient déjà inscrites. Forte de ce début prometteur, la start-up affiche à présent l’objectif de rassembler plus de 100 000 conductrices afin d’attirer de nouvelles clientes au sein du royaume saoudien.
Les prochaines perspectives géographiques et éducatives de Careem
Careem continue de déployer le spectre d’opportunités professionnelles pour les chauffeurs locaux. Depuis 2018, la plateforme VTC a étendu sa zone de desserte à la Cisjordanie, ouvrant ainsi aux trois millions de Palestiniens, qui y résident, la possibilité de trouver un emploi pérenne et flexible. Cette boulimie entrepreneuriale n’est pas prête de s’arrêter. Dans sa course à l’innovation, Careem a lancé Careem Next Gen, un programme conçu pour les ingénieurs juniors du Pakistan, de Jordanie ou d’Égypte. Son but : préparer la future génération d’entrepreneurs à prendre le relais.
Sources :
https://www.capital.fr/entreprises-marches/uber-affiche-toujours-une-lourde-perte-malgre-un-chiffre-daffaires-en-hausse-1443157
https://www.linkedin.com/company/etisalatandmore/about/
https://s23.q4cdn.com/407969754/files/doc_financials/2023/Stockholders2023/2022-annual-report.pdf
https://fr.statista.com/statistiques/571074/nombre-d-utilisateurs-d-internet-dans-le-monde-2005--/
https://www.courrierinternational.com/article/transports-uber-rachete-careem-son-concurrent-du-moyen-orient
https://www.arabnews.com/node/2229261/business-economy
https://www.taxiappclone.com/blog/guide-to-careem-like-taxi-app-development/
https://www.menabytes.com/careem-first-pitch-deck/https://www.challenges.fr/societe/la-prochaine-revolution-saoudienne-les-femmes-au-volant-de-taxis_505749https://en.wikipedia.org/wiki/Careem
Crédits photo : https://www.careem.com/en-AE/ride/
A lire aussi :
L'Élan Entrepreneurial des Femmes Saoudiennes : Un Pilier de l'Économie en Pleine Évolution
Sous l'influence de Mohammed Ben Salman, la levée des lois, fin 2019, qui créaient des inégalités de sexes, a marqué un tournant majeur, propulsant les femmes saoudiennes au cœur des changements sociaux, économiques et culturels. Cette évolution a ouvert de nouvelles opportunités, mettant en lumière le rôle clé des femmes dans la construction d'une économie plus diversifiée et résiliente. Les réformes ont permis aux femmes d'obtenir des droits fondamentaux, tels que celui d'étudier, de voyager, et de travailler sans nécessiter l'autorisation d'un tuteur masculin.
De plus, les lois relatives au statut personnel et à l'emploi ont été revues pour promouvoir l'équité, tandis que le harcèlement sur le lieu de travail a été pénalisé.
La pression devenait forte et le pouvoir Saoudien ne pouvait pas ignorer les revendications de la jeunesse saoudienne, composée à 2/3 de personnes de moins de 35 ans, exprimant des aspirations et volontés modernes en matière d'égalité des sexes. Ces attentes ont contribué à façonner une politique plus inclusive qui stimule l'emploi et la croissance économique. Ces changements n’ont pas seulement fait évoluer un cadre législatif, ils ont également façonné une nouvelle réalité sociale, où les femmes participent activement à des domaines tels que le cinéma et la musique, chose encore impensable il y a quelques années.
L'un des succès notables de cette politique est l'émergence dynamique de l'entrepreneuriat féminin en Arabie saoudite. Le secteur technologique en Arabie saoudite illustre de manière frappante la montée en puissance de l’intégration des femmes dans l’économie. De plus en plus de femmes dirigent des entreprises technologiques dans le royaume. L'entrepreneuriat féminin a connu une expansion significative. Selon le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), l'Arabie saoudite se distingue en tant que seule nation parmi les 23 économies à haut revenu du GEM où le taux de création d'entreprises est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Cette tendance se reflète particulièrement dans le secteur technologique, où les progrès en matière d'inclusion des femmes sont manifestes.
D'après le ministère des Communications et de l'Information et le rapport endeavor insights, au troisième trimestre de 2021, le taux de participation des femmes dans le secteur technologique a atteint 28 %, dépassant de plus de 10 % le taux de l'année précédente, et surpassant la moyenne européenne de 17,5 %. Cette dynamique positive s'observe de manière prononcée dans le domaine du commerce électronique. Des startups telles que Sabbar, une plateforme de recrutement de travailleurs occasionnels dans les secteurs de l'hôtellerie et de la vente au détail, ont réussi à lever 4 millions de dollars en 2021.
Taffi, une place de marché de la mode basée sur l'IA, a également connu un succès financier avec une levée de fonds de plus de 2 millions de dollars en 2022. De même, Gathern, une plateforme de réservation d'hébergements touristiques, a levé la somme impressionnante de 5,9 millions de dollars en 2021. Ces exemples concrets témoignent non seulement de la vitalité de l'entrepreneuriat féminin, mais également de la prospérité du secteur technologique en Arabie saoudite. Ces femmes entrepreneurs contribuent activement à la diversification économique du royaume et démontrent que l'inclusion des femmes dans des secteurs tels que le commerce électronique est un moteur puissant de croissance et d'innovation.
Bien que ces progrès soient louables, il est important de reconnaître que des défis subsistent et que les droits des femmes doivent encore évoluer pour s'ancrer pleinement dans la société civile. Les femmes saoudiennes continuent de militer pour faire entendre leurs voix pour consolider leurs acquis. Cependant, l'évolution positive observée dans le domaine de l'entrepreneuriat féminin témoigne d'une transformation significative de la place des femmes dans l'économie saoudienne, offrant une prometteuse de l'avenir.
Sources :
https://www.arabnews.fr/node/233446/%C3%A9conomie
PayTABS
Présente dans plus de 21 régions, la société saoudienne PayTabs prodigue des solutions financières aux entreprises du monde entier afin de garantir des paiements en ligne flexibles et sécurisés.
Pour la première fois aux États Unis, les portefeuilles numériques éclipsent la carte de crédit traditionnelle. Détenant plus de 32% de la valeur des transaction de commerce électronique en 2022, les cartes bancaires virtuelles deviennent en effet la principale source de paiement. Soucieux de prendre part à ce tournant décisif pour le secteur bancaire, Abdulaziz Al Jouf fait une entrée fracassante avec PayTabs, une start-up de services financiers innovante. Assurant à la fois transactions, factures en ligne et points de vente dans plus de 168 devises, PayTabs offre aux entreprises de toutes tailles, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, la possibilité d’étendre leur présence sur les marchés mondiaux de façon ininterrompue.
Payer en toute sécurité, où que vous soyez : la mission n°1 de PayTabs
Une fois intégrée au site web de chaque entreprise cliente, la plateforme de services financiers traite les opérations en toute sécurité. Ce volet occupe une part prédominante du système de l’application. La protection des données des utilisateurs est un enjeu majeur, surtout au Moyen Orient. Comme le révèle un récent rapport de Deloitte, depuis l’irruption de la crise du Covid, de nombreuses organisations de la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord) ont constaté une augmentation de la fraude informatique de l’ordre de 48% par rapport aux années précédentes. Afin de se prémunir contre cette menace, l’entreprise multiplie les partenariats avec les sociétés de cybersécurité, telles que la marque Modirum, spécialisée dans la reconnaissance 3D depuis plus de 20 ans.
Une entreprise compétitive et avide de nouveaux horizons
D’autres partenariats ont quant à eux vocation à pénétrer de nouveaux marchés inexplorés. C’est le cas de Payoneer, une fintech américaine qui, tenant compte des réglementations locales, préserve la conformité juridique de PayTabs. L’empreinte internationale de la jeune entreprise est frappante. Dès son lancement en 2014, la start-up basée à Riyadh ouvre des bureaux en Égypte, en Inde, en Turquie ainsi qu’à Dubai, véritable hub de la finance. Vite remarquée pour la qualité de ses services, PayTabs rejoint le marché du Conseil de Coopération du Golfe. Forte de son intégration réussie dans le contexte de mondialisation, PayTabs a été récompensée en 2016 par Forbes Middle East en tant que “start-up saoudienne, la plus prometteuse”.
Au fil des ans, PayTabs a accompli des étapes significatives dans son parcours vers l'expansion mondiale. En 2021, un partenariat stratégique avec Visa et Union Pay International est conclu, afin d’offrir des services de paiement mobile à l'échelle mondiale. Cette collaboration élargit le champ des transactions possibles à des milliers d’acteurs, y compris les petits commerces en Inde. C’est d’ailleurs sur cet endroit du globe que PayTabs a récemment jeté son dévolu, avec l’acquisition de PayLab, l'une des plus grandes plateformes de transaction et de transfert de fonds, opérant en Europe, aux États-Unis, en Afrique et en Asie. Plus à l’Est, l’acquisition de la société turque Paymes, a pour effet d’accentuer la modernisation des services de PayTabs. Paymes permet à la plateforme mère de vendre des produits et services en moins de vingt secondes sur la plateforme d’instagram, grâce à un simple lien. Aujourd’hui, la plateforme de services financiers est utilisée par plus de 12 000 entreprises au Moyen Orient, en Inde et aux Philippines.
Le fondateur et PDG de PayTabs souligne les avantages résultant du déploiement de ses activités à l’échelle globale : “PayTabs a réussi à prodiguer des solutions de paiements dé-matérialisés aux plus grandes multinationales des alentours. En conséquence, nous disposons désormais de notre droit de propriété intellectuelle et nous pouvons nous connecter aux multiples API (interfaces de programmation d’application) de la région”. Grâce à ce système inter-opérable, PayTabs manie à présent un langage (informatique) universel : essence même du projet fédérateur d’Abdulaziz Al Jouf.
Sources :
https://www.businesswire.com/news/home/20230323005062/en/Account-to-Account-Payments-Set-to-Revolutionize-Shopping-with-E-commerce-Payments-Reaching-525-Billion-Globally-Worldpay-from-FIS-2023-Global-Payments-Report
https://www2.deloitte.com/xe/en/pages/finance/articles/me-fraud-survey-2021.html
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Pay_Tabshttps://www.prnewswire.com/news-releases/paytabs-acquires-ogs-paylab-india-to-deliver-mada-certified-payment-orchestration-in-the-kingdom
301831887.htmlhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_coop%C3%A9ration_du_Golfe
https://www.payoneer.com/fr/
https://globalfintechseries.com/commerce/paytabs-acquires-turkeys-largest-social-commerce-platform-paymes/
A lire aussi :
Portrait : Abdulaziz Al Jouf, fondateur de PayTabs
PayTabs est une entreprise saoudienne présente dans plus de 21 régions du monde. Elle offre des solutions financières pour des paiements en ligne simplifiés et sécurisées.
Forte de nombreux partenariats à travers le globe et d’une modernisation constante de ses services, PayTabs jouit d’une couverture médiatique favorable et multiplie les récompenses.
Aujourd'hui, plus de 12 000 entreprises au Moyen-Orient, en Inde et aux Philippines utilisent PayTabs, en faisant ainsi un acteur majeur de la finance électronique.
Abdulaziz Al Jouf débute ses études à l'université islamique Imam Muhammad Ibn Saud de Riyad. En 1999, sa soif de connaissances le conduit à l'Université du Nebraska à Omaha, où il se spécialise dans les nouvelles technologies. L’étudiant assidu termine son parcours académique en beauté à l’institut de Technologie de New York. Il en sort diplômé d’un master en technologie et commerce électronique.
C’est en plein milieu de ses années d’études supérieures à Omaha que le futur entrepreneur est plongé dans le monde professionnel lorsqu’il est recruté par Aramco, la grande société pétrolière d’Arabie Saoudite. À partir de 2008, il fonde coup sur coup deux entreprises. La première, Aracco Holding, est spécialisée dans le commerce international de projets de construction et de maintenance. La seconde, Saletab est vouée à la vente de produits de marque à des prix réduits. Si ces deux jeunes pousses participent au renforcement de la réputation d'entrepreneur accompli d’Abdulaziz Al Jouf, son ambition est loin d’être assouvie.
Conscient des défis logistiques auxquels sont confrontés les commerçants du bassin méditerranéen, Abdulaziz Al Jouf décide d’apporter une solution durable avec PayTabs qu’il fonde en 2014. Cette plateforme de services financiers fait avancer le commerce régional en ce qu’elle facilite les transactions financières des entreprises locales. Ce projet réalisé avec brio obtient une reconnaissance internationale avec la couverture médiatique de CNN Arabic, Sky Arabia, Bloomberg et Reuters, et de célèbres revues telles qu'Entrepreneur et Forbes.
Aujourd’hui, Abdulaziz Al Jouf estime n'avoir accompli que 30% de son objectif. Son rêve est de s'inspirer du modèle américain pour simplifier la création d'entreprises au Moyen-Orient. En éliminant les obstacles bureaucratiques, il aspire à transformer le commerce électronique dans la région.
En marge de sa propre réussite, Abdulaziz partage également son savoir en enseignant aux jeunes créateurs d’entreprises comment atteindre leur plein potentiel. Son engagement envers la prochaine génération d'entrepreneurs traduit bien le désir incommensurable de contribuer au développement économique du Levant.
Sources :
https://www.arabnews.com/node/2049186/business-economy
https://www.newsofbahrain.com/bahrain/16734.html
https://site.paytabs.com/wp-content/uploads/2017/05/CEO-Profile_June-2022.pdf
Credits photo : https://www.arabnet.me/english/speakers/abdulaziz-aljouf
Portrait : Mudassir Sheikha et Magnus Olsson, fondateurs de Careem
Careem, surnommée la “everything app”, offre un éventail de services incluant VTC, livraisons alimentaires et services financiers.
Acquise par Uber en 2020, cette licorne se distingue par son engagement en faveur de l’emploi. Careem rassemble aujourd’hui plus de 2,5 millions de chauffeurs et chauffeuses, favorisant ainsi l'autonomie féminine, notamment en Arabie Saoudite.
En 2023, Careem a franchi une nouvelle étape avec Careem Next Gen, un programme spécialement conçu pour les jeunes ingénieurs. Son but : former une nouvelle génération d’entrepreneurs au sein de la région.
MUDASSIR SHEIKHA
Mudassir Sheikha naît en 1977 dans la ville de Karachi au Pakistan. En 1999, il obtient son diplôme en économie et en informatique à l’université de Californie du Sud, suivi d’une maîtrise informatique à Stanford en 2003. À l’issue de son parcours académique, Mudassir se lance dans l’entreprenariat. C’est au coeur de la Silicon Valley qu’il commence sa carrière chez Trilogy Software avant de rejoindre Brience, une start-up spécialisée dans l'expérience mobile, en mars 2020, au plus fort de la bulle Internet.
Ce premier jalon l’encourage à accomplir son ambition première : percer le marché pakistanais. Il retourne donc dans son pays natal où il co-fonde Device Anywhere, une société spécialisée dans le domaine du développement logiciel et des tests mobiles, acquise par Keynote en 2008. Il se rend ensuite à Dubaï, dans le cadre de son recrutement par McKinsey, le prestigieux cabinet de conseil en gestion. Pour la première fois, le nouveau consultant apprend à traiter des larges problématiques, tâche à laquelle sa formation d’ingénieur ne l’avait pas encore préparé. Mais, Mudassir comprend vite. À force de répétition, il finit par s’approprier la méthodologie et gagne en assurance. Cet élan de confiance le propulse vers une nouvelle entreprise… Une application VTC sur le point de bouleverser le marché.
MAGNUS OLSSON
Magnus Olsson est un ingénieur suédois. À seulement 21 ans, il fonde sa première société de conseil en informatique : Olsson Solutions AB, offrant ainsi son aide aux PME, sur une large gamme de produits et de services. Trois ans plus tard, Magnus suit le cursus de science informatique et ingénierie à l’université de Lund, d’où il sort diplômé en 2006. L’étudiant suédois complète son apprentissage à Harvard, où il approfondit sa connaissance de la finance. Recruté par McKinsey en 2006, Magnus Olsson se penche sur les projets de technologies et de nouvelles communications qui fleurissent aux États-Unis, en Europe et au Moyen-Orient. Or, cinq ans après son entrée dans le cabinet, Magnus est frappé par une malformation vasculaire artérioveineuse qui bouscule son destin. Le consultant quitte tout et part à l’aventure avec son collègue Mudassir Sheikha. En quête de sens, les deux entrepreneurs fondent Careem, une petite entreprise, pour un grand impact.
Dans une région dominée par le chômage et souffrant d’une offre de transports limitée, les deux entrepreneurs entendent initier un changement radical. Changement en termes de mobilité, de services proposés et d’employabilité. Careem aspire à relever ces défis. Très vite, la jeune application de VTC s’adapte à son environnement et voit ses effectifs croître d’année en année. Bien que Careem s’efforce de recruter des développeurs régionaux - à Dubaï comme à Karachi - la start-up a également ouvert un bureau à Berlin en vue d’attirer des talents européens.
Pour le tandem Mudassir Sheikha et Magnus Olsson, l’aspiration de Careem relève plus que la simple mobilité. Les autres domaines sur lesquels ils travaillent ensemble visent à contribuer à l’affirmation d'une région plus ouverte sur le monde et au progrès.
Sources :
https://www.linkedin.com/in/magnuskolsson/?originalSubdomain=ae
https://uae-wealth.com/mr-magnus-olsson/
https://www.entrepreneur.com/en-ae/author/mudassir-sheikha
Crédits Photo : https://www.arabianbusiness.com/industries/transport/the-race-is-on-for-careem-in-middle-east-661104
Yassir l’appli VTC qui facilite la vie des maghrébins
Si Uber peut se féliciter d’être parvenu à maximiser la connectivité de ses utilisateurs, le géant de la tech dissimule cependant son talon d’Achille. Il n’opère pas sur toute la surface du globe. Au Maghreb : Algérie, Tunisie et Mauritanie sont encore privées des services de la célèbre plateforme. Sur ce périmètre, la start-up Yassir a pris le relai du leader des services VTC et s’affirme désormais comme la start-up la plus valorisée d’Afrique et du Moyen Orient.
Les distances s’amenuisent à mesure que les services de guidage par satellites se développent. En 2022, plus de 4 milliards d’individus utilisent un GPS de façon quotidienne. Dans ce monde toujours plus connecté, les usagers se rêvent dotés d’un don d’ubiquité : passer d’un endroit à un autre en claquant des doigts… ou, plus exactement, en cliquant sur un bouton. Les génies de l’informatique et ceux de l’entreprenariat sont parvenus a concrétiser ce voeu via la mise en oeuvre des services VTC, aujourd’hui à leur apogée. Tandis qu'au deuxième trimestre 2023, Uber enregistre un bénéfice net avoisinant les 400 millions de dollars, une application mobile locale continue de se développer et pourrait bien faire de l’ombre à la célèbre multinationale.
Yassir : commander, se déplacer, investir…
Créée en 2017, Yassir - qui signifie “facile” en arabe - a révolutionné la vie des Algériens. Alors que son réseau routier s’étend sur 130 kilomètres, ce pays d’Afrique du Nord souffre d’une offre de transports insuffisante. Pour palier ce manque, la start-up algérienne, initialement spécialisée dans la réservation de chauffeurs privés, a décidé de démocratiser ses services tant sur iOS qu’Android. Grâce à un système de géolocalisation, Yassir met en relation les utilisateurs avec les conducteurs de taxi. Le prix de la course est ensuite déterminé en fonction de la distance et de la durée du trajet.
À l’instar de Deliveroo ou d’Uber Eats, Yassir destine une partie de ses activités à la livraison à domicile : alimentaire, cosmétique, gaming ou parapharmacie, rien n’est trop beau pour les consommateurs. Le spectre des secteurs disponibles sur l’application est extrêmement large. Meriem, fidèle utilisatrice, confie allègrement : “je l’utilise tous les jours pour faire du shopping, rendre visite à ma famille ou aller au travail, je n’ai jamais été déçue”. Pour couronner le tout, Yassir dispense également des services financiers.
L’ascension fulgurante d’une jeune pousse algérienne
À la création de l’entreprise, l’équipe ne compte que six salariés. En seulement un an, l’ascension de l’entreprise est fulgurante : quarante-cinq employés et le début de son déploiement à l’échelle régionale, tel qu’au Maroc ou en Tunisie. La plateforme compte en effet sur le support de plus de 50 000 partenaires au Maghreb. Yassir a su percevoir l’opportunité économique et stratégique que représentait le marché cette zone géographique, dont le réseau routier - hérité du passé colonial de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie - a l’avantage d’être plus étoffé que sur le reste du continent africain.
La valorisation économique de Yassir irradie dans le monde diplomatique
Fruit des efforts conjoints des ingénieurs algériens Noureddine Tayebi et Mahdi Yettou, Yassir continue de prospérer. En novembre 2022, Yassir cloture une deuxième levée de fonds de 150 millions de dollars grâce à la participation de la société technologique américaine BOND, celle de DN Capital, Dorsal Capital, Quiet Capital, Standford Alumni Ventures et Y Combinator. Cette entrée d’argent spectaculaire hisse l’entreprise au rang de “start-up la plus valorisée d’Afrique du Nord et dans la région MENA” (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le succès indéniable de Yassir lui vaut ainsi d’être couronnée du titre de “meilleur exportateur de services” par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Un an plus tard, en août 2023, Yassir officialise son partenariat avec le club de foot du Paris-Saint-Germain (PSG) pour les trois prochaines saisons. Ce contrat inédit devrait rapporter la somme de 15 millions d’euros au PSG, dont l’objectif est de renforcer son image de marque auprès des pays du Moyen-Orient. L’accord avec le Paris Saint Germain n’aurait pu voir le jour sans l’aval du pouvoir qatari, propriétaire du club.
Cette dimension diplomatique sous-jacente explique en partie l’expansion de start-up chevronnée. Le président algérien s’est déjà rendu deux fois au Qatar et les relations entre ces deux pays demeurent cordiales. l’Algérie a d’ailleurs tout intérêt à conserver la paix avec les États de la région si elle souhaite préserver son attractivité internationale. En juillet dernier, une délégation ministérielle malaisienne, accompagnée par des représentants des banques d’investissements nationales, était accueillie dans la capitale à l’occasion de la présentation de la success story de la jeune pousse, dont le siège social se situe désormais au coeur de la Silicon Valley.
Au commencement, L’application VTC made in Algeria, s’était donné pour principal objectif de rassembler sa communauté, tout en diffusant des valeurs sociales. À l’heure actuelle, la plateforme peut déjà se targuer de ses cinq millions d’utilisateurs et de son empreinte internationale : Allemagne, Canada, Côte d’Ivoire, France, Maroc, Tunisie, Sénégal et Afrique du Nord. Yassir est ainsi un bel exemple de réussite pour tous les entrepreneurs algériens qui hésiteraient encore à faire le grand saut.
Sources :
https://www.jeuneafrique.com/1390193/economie-entreprises/apres-une-levee-de-fonds-record-yassir-devient-la-start-up-la-plus-valorisee-dafrique-du-nord/
https://economic-research.bnpparibas.com/html/fr-FR/Algerie-Effet-aubaine-13/04/2023,48461rentable248786359955#::text=Au%20deuxième%20trimestre%202023%2C%20Uber,tôt%20à%20la%20même%20période)
https://www.24heures.ch/uber-parvient-enfin-a-etre
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/11/08/en-algerie-la-start-up-yassir-leve-150-millions-d-euros-poursonexpansion_6148951_3212.html#::text=Yassir%2C%20qui%20opère%20via%20une,de%208%20millions%20d%27utilisateurs.
https://www.jeuneafrique.com/1473339/societe/lalgerien-yassir-signe-un-partenariat-avec-le-psg/
https://www.linkedin.com/company/yassir/https://fr.wikipedia.org/wiki/Yassirhttps://www.ntic-dz.com/ya-technologies-createur-de-lapplication-vtc-yassir-classe-3eme-meilleure-start-up-du-maghreb/
A lire aussi :
Iran : le potentiel d’une startup nation
Rares sont les peuples aussi résilient que les iraniens.
Ces mots inscrivent dans l'histoire et l'éternité la manière dont un peuple, doté d'une histoire si riche et ancienne, relève avec détermination les défis qui se dressent devant lui.
La dépendance de l'Iran à l'égard des hydrocarbures revêt une importance capitale. En 2019, les exportations de pétrole constituaient environ 70% des revenus totaux du pays. Face aux défis de diversification économique et de transition climatique, l'Iran accorde une importance croissante au développement d'un écosystème entrepreneurial propice à l'épanouissement de d’innombrables et innovants talents. Pour ce faire, la stratégie iranienne repose principalement sur quatre piliers : des investissements, des structures d'accompagnement, un système éducatif efficace et un réseau.
Les investissements
En Iran, les principaux types d'investissement proviennent principalement de fonds d'investissement privés, de business angels, de financement participatif et de fonds de recherche technologiques. En novembre 2021, on estimait que le pays comptait 85 fonds d'investissement en capital-risque. Outre ces fonds, d'autres initiatives, telles que la RTF, une organisation non gouvernementale, jouent un rôle essentiel en fournissant un soutien financier et en facilitant l'accès à des conseils stratégiques. Cette approche holistique contribue à renforcer la viabilité et la compétitivité des startups dans un environnement économique en croissance.
Les structures d’accompagnement
Les incubateurs jouent un rôle crucial dans le paysage entrepreneurial iranien, facilitant l'émergence de nombreuses startups. Ils sont indispensables au sein de l'écosystème entrepreneurial en permettant aux porteurs de projets de concrétiser leurs idées, bénéficiant d'un accompagnement personnalisé par des experts du domaine. L'apparition du premier incubateur iranien en 2000 a marqué le début d'une tendance croissante, avec actuellement plus de 250 incubateurs à travers tout le pays.
Ces incubateurs sont pour la plupart affiliés à des parcs scientifiques et technologiques et à des universités, permettant ainsi de renforcer les liens entre l'innovation, la recherche et le développement entrepreneurial. Les incubateurs sont fondamentales pour offrir aux startups un environnement propice à l'apprentissage et à l'accès à des ressources.
Les accélérateurs et centres d’innovation
Parmi les mécanismes de soutien aux startups en Iran, les accélérateurs revêtent une importance capitale. Leur soutien, qu'il soit matériel, financier ou en termes de connaissances, accroît les chances de réussite des jeunes startups. Les accélérateurs en Iran sont principalement des structures du secteur privé. Leur efficacité a été unanimement reconnue par le gouvernement iranien et l'écosystème entrepreneurial, faisant émerger une volonté commune de les développer. Avatech, le premier accélérateur en Iran, a été fondé en 2014, et a marqué le début de la première vague d'établissement d'accélérateurs en 2016. Désormais, le nombre total de centres d'innovation et d'accélérateurs en Iran est estimé à 162. De plus, 69% des accélérateurs en Iran sont spécialisés dans des secteurs spécifiques, comme le montre le graphique ci-dessous présentant la répartition des accélérateurs spécialisés dans différentes industries.
Sanctions américaines : résilience et souffle de vie.
Les sanctions américaines ont profondément affecté l'écosystème entrepreneurial iranien, surtout depuis le retrait des États-Unis des accords de Vienne en mai 2018. Dès lors, les investisseurs étrangers ont manifesté une réticence à investir en Iran en raison des risques politiques et financiers liés à la situation du pays. Même les investisseurs nationaux ont réduit leurs engagements dans le pays. Parallèlement, les startups iraniennes ont été privées de nombreuses solutions matérielles et logicielles européennes et américaines en raison de ces sanctions, entravant le développement de plateformes et d'applications. De plus, les entreprises étrangères, qu’ils soient clients ou fournisseurs, sont dans l'impossibilité d'acquérir ou d'intégrer les produits des startups iraniennes dans leurs solutions, de peur de violer les sanctions américaines.
Cependant, ces sanctions ont aussi renforcé le pays et la détermination de son peuple à s'en sortir par ses propres moyens. Dos au mur, les entrepreneurs iraniens ont montré comment la frugalité peut être le moteur de grands accomplissements. L’écosystème entrepreneurial iranien s’est construit dans des conditions particulièrement difficiles, le rendant aujourd’hui plus résilient que jamais. L'isolement vis-à-vis des concurrents étrangers a offert aux startups l'occasion de se développer dans un environnement protégé, avec une moindre concurrence mais davantage de stabilité. Prenons un exemple concret. Les sanctions concernant l'interdiction des systèmes de paiement et des méthodes de transaction en ligne à fait émerger de nombreuses startups iraniennes cherchant à résoudre ce problème. Ce qui était alors une impasse, s’est transformé en une saillante opportunité pour des entrepreneurs qui ont créé et développé des solutions internes pour les méthodes de transaction. Ainsi, et contrairement à de nombreuses autres nations, les Iraniens ont développé leur propre version locale de startups internationales. Voici une infographie présentant quelques-unes des startups iraniennes bien connues et leur équivalent international.
De plus, l’écosystème entrepreneurial s’est consolidé à travers un esprit d’entraide national, poussant les acteurs à s’aider mutuellement et collaborer. Cet état d’esprit est déterminant dans la capacité d’un peuple à surpasser certains problèmes. Face aux sanctions, le gouvernement s’est également mobilisé avec des initiatives tels que le Fonds national de développement et le Fonds national de l'innovation, visant à soutenir les startups, allouant des prêts et des subventions aux startups existantes et émergentes.
Sources :
COP 28 à Dubaï : les Emirats arabes unis, leader environnemental au Moyen- Orient
Bien que leur développement soit axé sur les énergies fossiles, ils ne cachent pas leur détermination en faveur de la transition énergétique. Les Emirats arabes unis pensent à l’après-pétrole et ambitionnent d’être un champion des énergies renouvelables, dans une région du monde tout particulièrement exposée au réchauffement climatique.
L’émergence d’un leader régional face à l’urgence climatique
La 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ou COP28 s’est ouverte le 30 novembre dernier à Dubaï, en présence de près de 60 000 délégués internationaux. En identifiant ce qu’il reste à faire depuis l’Accord de Paris en 2015, elle se veut également la mise en œuvre de mesures accélérées face à l’urgence climatique.
L’habileté diplomatique des Emirats, hôtes de ce grand rassemblement annuel, n’est plus à démontrer car ils sont considérés comme un médiateur de premier plan pour les questions relatives au Moyen-Orient. Sur celle de l’environnement, ils entendent faire figure de leader et allier transition écologique et innovation technologique. Bien que leur développement soit axé sur les énergies fossiles, ils ne cachent pas leur détermination en faveur de la transition énergétique. Les Emirats arabes unis pensent à l’après-pétrole et ambitionnent d’être un champion des énergies renouvelables, dans une région du monde tout particulièrement exposée au réchauffement climatique (sécheresses, désertification et raréfaction de l’eau.) En présidant la COP28, ils se font porte-parole des pays soumis aux mêmes défis et exposent leur leadership, dans le photovoltaïque notamment.
Masdar City et Al-Dhafra, vitrines de l’engagement environnemental des Emirats Imaginée en 2006 par la compagnie nationale dédiée aux énergies renouvelables qui lui a donné son nom, l’éco-ville de Masdar City a été construite dans le désert avec un triple objectif : 0 déchet non renouvelable, 0 carbone, 100 % d’énergie solaire. Au niveau architectural, tout a été étudié pour y faciliter la circulation du vent et se protéger du soleil. Des groupes internationaux de premier plan, séduits par l’idée et les avantages fiscaux mis en place, s’y sont d’ailleurs installés comme Total Energies ou Engie. De son côté, le parc solaire d’Al-Dhafra, à 35km d’Abou Dhabi, est pour l’instant la plus grande centrale photovoltaïque du monde, avec 4 millions de panneaux sur une surface de plus de 21 km2. Inaugurée mi-novembre, elle a pour but de satisfaire les besoins en électricité de près de 200 000 personnes et permettrait d'éviter l'émission de près de 2,4 millions de tonnes de CO2 par an. Elle devrait bientôt être détrônée par le parc solaire Mohammed ben Rachid al-Maktoum, à Dubaï-même.
Des investissements massifs en faveur de la transition énergétique
En 2021, Abou Dhabi annonçait prévoir au moins 63 milliards de dollars dans le domaine des énergies renouvelables. En septembre dernier, présents à Nairobi à l’occasion du sommet africain pour le climat, les Emirats se sont prononcés pour un investissement de 4 milliards en faveur du développement des énergies renouvelables en Afrique. La 7e puissance pétrolière du monde s’engage pour l’avenir et compte peser sur la scène internationale en exportant son savoir-faire en matière de développement. Au sein de la coalition qui rassemble 7 autres nations arabes (la Tunisie le Maroc, Oman, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen) à la COP28, ils ont apporté leur soutien à un triplement de la production d’énergies renouvelables à 11 000 gigawatts d’ici 2030.
Leur engagement ne s’arrête pas là puisque la création d’un fond de transition, le premier dédié à cet effet, a été annoncée avec un versement de 30 milliards de dollars. Bien que les défis restent nombreux et nécessitent des mesures ambitieuses de la part de chaque Etat, adaptées à leur part de responsabilité dans le réchauffement climatique, les Emirats arabes unis démontrent, à leur échelle, une préoccupation pour la santé de la planète et le bien-être de l’humanité. Cette COP28, en mettant en lumière le rôle du pays, démontre par ailleurs que le Moyen-Orient joue un rôle majeur dans les solutions apportées au plus grand enjeu du XXIe siècle, non seulement en termes d’initiatives innovantes mais aussi de développement durable.
Sources :
COP28 : de quoi s’agit-il et pourquoi est-ce important ? | ONU Info (un.org)
Les Émirats arabes unis : le bon endroit pour une COP ? (radiofrance.fr)
Al Dhafra, vitrine solaire des Émirats arabes unis avant la COP28 | Connaissances des énergies
EAU - PIONNIERS MONDIAUX DE L’ADMINISTRATION DIGITALE
Une vision au service l’avenir
Le cap est clair, l'ambition est assumée :
Faire de Dubaï la ville la plus heureuse du monde grâce aux nouvelles technologies.
Alia Al Mur, directrice marketing du programme « Smart Dubaï », souligne que l'utilisation de la technologie comme facilitateur vise à améliorer la vie de tous les résidents et visiteurs.
Les ambitions des E.A.U ne sont pas nouvelles puisque la démarche vers une transformation numérique totale a été amorcée dès l'an 2000 avec le déploiement des initiatives "E Gov" et "Dubaï Internet City", lesquelles avaient pour objectif de rendre l'ensemble des opérations gouvernementales entièrement dématérialisées.
Des Économies Considérables et un Impact Environnemental Positif
Les bénéfices de cette prouesse technologique sont palpables. Les programmes gouvernementaux de Dubaï ont permis d'économiser 1.2 milliard de dollars au cours des treize dernières années grâce à une infrastructure et des services intelligents partagés par 50 entités gouvernementales. En abandonnant l'usage du papier, la ville fait un pas de plus vers une transition climatique indispensable.
Automatiser les procédures administratives a été une initiative majeure pour fluidifier et améliorer l'accès au service public. Les résidents permanents ou simples visiteurs peuvent désormais effectuer en ligne diverses transactions, allant du paiement des factures de santé à la gestion de l'inscription scolaire, tout en utilisant une seule et même application mobile.
Une Prouesse Technologique Inégalée
La prouesse technologique de Dubaï va bien au-delà de la simple adoption du numérique. L'utilisation novatrice de l'intelligence artificielle, de la blockchain et de l'Internet des objets a abouti à une automatisation sans précédent des processus gouvernementaux. Les équipes de « Smart Dubaï » ont développé 43 cas d'utilisation d'intelligence artificielle touchant aux transports, à la santé, à l'éducation et au tourisme. Un exemple marquant est l'assistant virtuel gouvernemental « Rachid », capable de fournir des informations personnalisées sur des sujets variés.
L'Identité Numérique : Le Cœur du Projet Smart Dubaï
Une des innovations les plus marquantes réside dans l'UAE Pass, une carte d'identité numérique pour tous les résidents permanents des Émirats Arabes Unis. Ce pass remplace progressivement la carte d'identité papier, servant également de permis de conduire et de passeport pour circuler et vivre dans les Émirats. Avec l'UAE Pass, les résidents peuvent signer n'importe quel document officiel et l'utiliser comme mot de passe pour accéder aux sites gouvernementaux et à l'hôpital public.
Les responsables de « Smart Dubaï » prévoient d'étendre l'utilisation de l'UAE Pass dans le secteur bancaire, facilitant ainsi la gestion des comptes de l'ouverture à la fermeture. D'ici 2021, chaque résident permanent des Émirats Arabes Unis devra disposer de cette nouvelle carte d'identité numérique.
Un Modèle d'Excellence en Avance sur l'Occident
Dubaï se profile comme un modèle d'excellence dans la transition vers une administration digitale et sans papier. Son avance significative par rapport à l'Occident démontre son engagement envers l'innovation et sa capacité à mettre en œuvre des changements radicaux à une vitesse remarquable. Dubaï écrit une nouvelle page de l'histoire de la gouvernance moderne, offrant un exemple lumineux pour ceux qui aspirent à repenser leurs systèmes administratifs dans le monde entier.
House of One
À Berlin, un lieu pour trois cultes : l’unité dans le respect de l’altérité
Shalom, salam, paix
Lancé il y a plus de dix ans, ce projet de construction d’un bâtiment rassemblant un temple, une synagogue et une mosquée ainsi qu’un quatrième espace dédié au dialogue interreligieux, est né, non pas sous l'égide de grandes institutions, d'associations ou de conseils centraux, mais sous celle de trois représentants de communautés religieuses : le pasteur Gregor Hohberg, le rabbin Andreas Nachama et l’imam Kadir Sanci. Centre de prière et d’enseignement interreligieux, « House of One » entend être un lieu de rencontre et de dialogue, ouvert aux croyants de toutes les religions ainsi qu’aux non-croyants. Roland Stolte, théologien chrétien et président du conseil d'administration de « House of One » affirme : « Juifs, chrétiens et musulmans ont planifié ensemble un lieu d’entente, une maison de paix, où chacun apporte le plus beau et le plus sublime de sa tradition religieuse. Et ça donne ce petit miracle ! » Pourles musulmans, ils’agira de la première mosquée construite dansle centre de Berlin. L’imam Kadir Sanci insiste sur un geste fort à destination d'une jeunesse musulmane « qui parle l'allemand et non le turc, l'arabe ou le pakistanais » et qui a besoin d'affirmer les valeurs d'un islam d'Allemagne : « Avec ce lieu emblématique et symbolique, c’est la preuve que les musulmans et l’islam font partie de l'Allemagne. Cela donnera un autre signal à l’ensemble de la société qui y verra notre travail de prévention et notre lutte contre l'antisémitisme, la violence. »
Le nom du projet, « House of One », qui signifie « Maison de l’Unité », serait inspiré du discours de Martin Luther King lors de la réception du prix Nobel de la paix en 1964. Dans son allocution , le pasteur afro-américain évoque l’unique maison que forme le monde, maison au sein de laquelle les hommes et les femmes doivent apprendre à vivre ensemble : « Sooner or later all the people of the world will have to discover a way to live together in peace, and thereby transform this pending cosmic elegy into a creative psalm of brotherhood » [trad. « Tôt ou tard, tous les peuples du monde devront découvrir un moyen de vivre ensemble en paix et transformer ainsi cette élégie cosmique en suspens en un psaume créatif de fraternité »]. Roland Stolte explique : « La même année, peu de temps avant ce discours, Martin Luther King était également à Berlin-Est, non loin de Petriplatz, où la House of One est en cours de construction. Aujourd’hui nous lui rendons hommage en quelque sorte. » Il est hautement symbolique que ce lieu de culte inédit voit le jour à Berlin, une ville multiculturelle riche d’un passé marqué à la fois par l’intolérance, la violence et le fanatisme mais aussi par les enseignements des Lumières, la liberté et la résistance non violente. L’ancienne capitale du Troisième Reich est en passe de devenir l’épicentre de la paix. Érigé sur la Petriplatz, l’une des plus anciennes places de la capitale allemande, le bâtiment se dressera sur les vestiges de la première église de Berlin, l’église protestante de Petri (Saint Pierre) construite en 1230, endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale puis détruite en 1964 par les autorités de l'ex-RDA. Palimpseste historique, la Petriplatz est un lieu symbolique fort pour rassembler les trois religions du Livre.
L’architecture : éloge de la complexité
En 2011, c’est le cabinet d’architecture berlinois Kuehn-Malvezzi qui a remporté l’appel à concours lancé aux architectes du monde entier, grâce à sa vision basée sur l’idée de rencontre, et non de mélange. Pour le trio berlinois, il s’agit d’articuler les différences entre chaque culte pour produire du dialogue et non de les fondre dans un lieu impersonnel. Le groupe d’architectes, épaulé dans sa démarche par Kadir Sanci, Gregor Hohberg et Andreas
Nachama, a ainsi imaginé un bâtiment « quatre-en-un » où se mêlent un temple rectangulaire, une synagogue hexagonale, une mosquée carrée et une salle de rencontre commune ouverte vers l'extérieur par de hautes fenêtres. Les trois espaces de prière ont exactement la même superficie et sont rassembléssous un dôme central. Lesfidèles y seront à la foisséparés, et en même tempsreliés par ce grand espace de réunion à travers lequel tout le monde doit passer pour se rendre dans l’un des lieux de culte.
Surnommée « churmosquagogue » (contraction de church, mosque et synagogue), la « House of One » sera un bâtiment purement naturel fait de millions d’épaisses briques de clinker. Ces briques jaunes ont pour but de se distinguer du rouge des briques utilisées dans tout Berlin et du gris du béton ou de l’acier des tours environnantes. « Il nous a paru important de présenter le bâtiment comme une entité singulière, sans symbole », explique l’un des architectes, Wilfried Kuehn. « Le matériau de construction est très commun – de la brique jaune, utilisée par la plupart des cultures – et, en même temps, le bâtiment se distingue dans un environnement urbain dominé par des lieux résidentiels et des tours de bureaux. » Il a fallu réunir environ 47 millions d’euros pour monter ce projet : plus de la moitié est financée par le gouvernement fédéral et la ville de Berlin, le reste par des dons privés et du financement
participatif. Sur le site de « House of One », tout le monde peut ainsi financer, pour dix euros, l’achat d’une brique. Depuisle lancement de la campagne en 2014, plusieurs milliers personnes ont fait des dons.
Hors les murs : un ambitieux projet de société
Si la « House of One » doit voir le jour en 2025, le projet universaliste de paix et de tolérance qu’elle défend se déploie dès à présent. Ainsi, la fondation « House of One » initie des évènements, des partenariats et des projetsscolaires dansle monde entier. « Nous envisageons déjà des événements communs : prières de paix multireligieuses, invitations mutuelles à des fêtes religieuses, visites d'écoles tri-religieuses ou encore des tables rondes » détaille Roland Stolte.
Le lancement du podcast « 3 Frauen, 3 Religionen, 1 Thema » [trad. « 3 femmes, 3 religions, 1 sujet »] s'inscrit également dans cette culture du dialogue interreligieux. Animé par Rébecca, une étudiante universitaire en études judaïques, Maïke, en formation pour devenir pasteure protestante, ainsi que Kübra, théologienne islamique, le podcast vise à une meilleure connaissance de chaque religion pour une meilleure entente. Au détour de débats et d’échanges d’expériences, les questions évoquées sont multiples : le rôle de la religion dans a vie quotidienne, ce qui fait bouger les jeunes juifs, chrétiens et musulmans, la manière de prier...
Le projet « House of One » inspire aussi d’autres communautés dans le monde. Trois projets partenaires se développent à Bangui en République centrafricaine, à Haïfa en Israël, et à Tbilissi en Géorgie. « Nous espérons apporter notre contribution à la paix et à la compréhension des mondes religieux » affirme Roland Stolte. Par exemple à Tbilissi, Malkhaz Songulashvili, l’évêque métropolitain de l’église évangélique baptiste et professeur de théologie comparée, a transformé son église en un bâtiment abritant des espaces de culte pour les trois confessions. Baptisée « cathédrale de la paix », le lieu abrite, en plus de la mosquée, de la synagogue et de l’église, un espace dédié au dialogue interconfessionnel ainsi qu’une bibliothèque interconfessionnelle qui accueille les enfants et les adultes. La « cathédrale de la paix » est le fruit d’une collaboration avec la « House of One » : c’est elle qui a fourni la Torah, apportée par le rabbin Golan Ben-Chorin, un rabbin réformé de Haïfa qui dirige la filiale israélienne de la « House of One », appelée le « Garden of One ». C’est un acte fort en Géorgie, où la communauté juive, implantée depuis 2600 ans, ne cesse de diminuer. Les vagues d’émigration vers Israël se succèdent depuis les années 1970, entrainant le déclin d’une communauté qui ne compte plus aujourd'hui que 3000 membres dans le pays, loin des 80 000 membres d’autrefois.
Ce projet s’inscrit aussi dans la continuité d’autres projets multireligieux comme l’Académie pour la Paix et le Développement, qui permet aux enfants chrétiens et musulmans de la capitale de se côtoyer et de partager leur quotidien... Des initiatives puissantes, d’autant plus nécessaires à l’heure où la Géorgie est témoin du conflit meurtrier qui déchire ses voisins, chrétiens arméniens et musulmans azerbaïdjanais, dans le Haut-Karabakh. « Je les amènerai sur ma montagne sainte et je les réjouirai dans ma maison de prière. Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel. Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples. » (Isaïe 56 :7) « House of One » est une incarnation de ces paroles du prophète Isaïe. Instrument de paix et d’unité, le projet porte déjà des fruits à Berlin et dans le monde et fait rayonner ce qu’il y a de plus beau et de plus universel au cœur des trois monothéismes, un trésor malheureusement trop souventocculté par les guerres de religion ou les tensions communautaires : la paix. Avec les fondateurs de « House of One », nous pouvons l’affirmer : « Heureux les artisans de paix » !
Espoir audacieux pour la fraternité humaine
Depuis des décennies, on assiste à la montée de l’extrémisme religieux et de l’intolérance qui se manifestent dans toutes les sociétés et toutes les confessions. Les valeurs du pluralisme, du respect mutuel, de la diversité des religions et des convictions sont le fondement de la paix et le ciment de notre famille humaine. Pourtant, partout dans le monde, ces valeurs sont bafouées.
En cause les clivages qui s’accentuent, les inégalités qui augmentent, les discours de haine, le sectarisme et les conflits qui progressent. Plus que jamais, il faut rappeler que le dialogue entre tous les groupes religieux peut aider à faire mieux connaître et mieux comprendre les valeurs communes au genre humain. Dans cette perspective, il est nécessaire d'encourager les initiatives destinées à promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures, afin de renforcer la paix, la stabilité sociale, la compréhension mutuelle et ainsi faire prospérer la fraternité humaine.
Un modèle d’harmonie interconfessionnelle
En 2010, l'Assemblée générale des Nations Unies proclame la Semaine mondiale de l'harmonie interconfessionnelle, célébrée la première semaine de février de chaque année comme moyen de promouvoir l'harmonie entre toutes les religions, croyances et confessions. Le 21 décembre 2020, la Journée internationale de la fraternité humaine est instaurée par le biais de la résolution 75/200, qui fut adoptée à l’unanimité et était portée par l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, la Guinée équatoriale, le Maroc, le Burkina Faso et le Venezuela. Les États membres sont invités à inscrire cette célébration dans leur calendrier à partir de 2021.
Cette journée, qui eut lieu pour la première fois le 4 février 2021, célèbre les valeurs de compassion, de compréhension religieuse et de respect mutuel qui garantissent la paix.
Elle est fondée sur l’adhésion aux principes de liberté, de justice, de démocratie, de tolérance, de solidarité, de coopération, du pluralisme, de la diversité culturelle, du dialogue à tous les niveaux de la société et entre les nations dans un environnement national et international favorisant la paix pour garantir les droits de chacun, en particulier les pauvres, les handicapés et les plus nécessiteux.
L’importance des religions
« Personne ne se sauve seul »
Le cardinal Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège à l’occasion du premier Meeting mondial sur la Fraternité humaine
le 10 juin 2023 sur la Place Saint-Pierre à Rome.
Les religions ont une responsabilité décisive dans la coexistence entre les peuples. Pour se mettre au service de la fraternité, elles ont besoin de dialoguer entre elles, de se connaître, de s'enrichir mutuellement et d'approfondir ce qui les unit. Les différentes traditions religieuses, chacune puisant dans son patrimoine spirituel, peuvent apporter une grande contribution. En effet, si on sait démontrer qu'il est possible de vivre la différence dans la fraternité, on saura petit à petit se libérer de la peur et de la méfiance envers l'autre différent de soi.
Des actions ont ainsi été menées par les chefs religieux pour promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel. Une rencontre a notamment eu lieu entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, le 4 février 2019 à Abou Dhabi, à l’issue de laquelle a été signé le document intitulé « La fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ». Ce Document, en accord avec les précédents Documents Internationaux qui ont souligné l’importance du rôle des religions dans la construction de la paix mondiale, est une invitation à la réconciliation et à la fraternité entre tous les croyants et les non croyants. Il prône les valeurs de tolérance et de fraternité promues et encouragées par les religions et symbolise l’accolade entre Orient et Occident. En le remettant aux autorités, aux leaders influents, ou encore aux organisations de la société civile, l’Eglise catholique et Al-Azhar, promettent de faire en sorte qu’il devienne «objet de recherche et de réflexion» dans toutes les écoles, les universités et les instituts d’éducation et de formation, pour contribuer à créer de nouvelles générations qui porteront le bien et la paix.
En France, L’association "La Fraternité d’Abraham" a été l’une des conséquences du concile du Vatican II (1962-1965) qui avait été convoqué à l’initiative du Pape Jean XXIII. En effet la déclaration « Nostra Aetate » du 26 octobre 1965 recommandait aux chrétiens la connaissance du judaïsme et l’estime mutuelle et ouvrait aussi l’Eglise catholique au dialogue interreligieux avec l’Islam. Elle fut créée le 7 juin 1967 à la mosquée de Paris à l’initiative de l’écrivain André Chouraqui, le père Danielou, puis rejoints par le père Michel Riquet, le recteur de la mosquée Si Hamza Boubakeur et l’homme de lettres Jacques Nantet.
La Fraternité d’Abraham, qui par son nom fait référence au père des trois religions monothéistes dites abrahamiques, a été fondatrice de l’Amitié entre les communautés et a joué un rôle important, soit directement, soit par l'intermédiaire de ses membres, dans le développement des dialogues interreligieux en France, notamment après la guerre du Golfe de 1991, mais aussi en Europe et au niveau international. Elle veut dans cet esprit tisser des liens d'amitié fraternels entre les croyants, pour construire une paix durable.
En 2004, avec la LICRA, le CRIF, le Consistoire et le Rabbinat, elle met en œuvre le processus des Amitiés Judéo-Musulmanes (AJMF) qui fédère en France de nombreux groupes attachés à ce dialogue.
« la connaissance est la première étape qui permet de bâtir des ponts avec l’autre »
La fraternité dans les trois monothéismes.
« Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés » (Jean 13). La vie de Jésus est un exemple et un appel à la fraternité. Né juif, Il invite ses compagnons à une nouvelle fratrie universelle, fondée sur l’unicité de Dieu, le Père de tous, et son dessein bienveillant à l’endroit de tous les humains. Par sa résurrection, Jésus est devenu, dit Paul, l"aîné de la multitude des frères. Il n"y a plus ni homme, ni femme, ni esclave ni homme libre, ni grec, ni juif (Gal. 3,28) : là est la descendance d’Abraham. Pour nous apprendre à nous aimer comme des frères, Jésus nous enseigne à voir ces différences qui demeurent non comme des oppositions, mais comme des richesses à partager.
« Suis-je le gardien de mon frère? » réponse de Caïn à l"Éternel, lorsque celui-ci s"enquiert du sort d’Abel (Gn 4,9) . Selon le Judaïsme, la fraternité n"est pas innée, elle s"apprend. Il faut se conditionner à vaincre la haine, à la transmuter en amour comme dans l"histoire de Joseph et ses frères. Ce projet de fraternité élargi est celui du messianisme.Cet amour d"autrui qui mène au sentiment de fraternité est inclusif dans le judaïsme quel que soit le degré de pratique religieuse ou le degré de connaissance de la Torah. Tous les individus sont aussi importants l"un que l"autre et ils sont tous fraternellement réunis, personne n"est exclu dans la communauté. l"Éternel offre au peuple hébreu les Dix commandements qui demeurent jusqu’à présent le fondement du judaïsme et qui régissent les rapports entre l"homme et Dieu et ceux entre l"homme et son prochain. L"amour d"autrui devient ainsi l"un des facteurs de notre communion avec Dieu. L"amour du Créateur et l"amour des créatures sont indissociables.
« Il n’a pas atteint la plénitude de la foi, celui qui dort repu alors que son voisin a faim » (Le prophète Mahomet).
La fraternité est également inscrite dans les maximes du Prophète Muhammad. Le Coran explique que tous les croyants sont frères et qu’ils doivent chercher à vivre en paix et en justice. Elle s’articule d’abord autour de la notion centrale de l’Unicité divine (Tawhïd). Dieu a créé une humanité unique, procédant d’une et même âme. Il n’est point de fraternité sans faire l’effort de connaître l’autre. La connaissance est la première étape qui permet de bâtir des ponts avec l’autre, dans le respect mutuel. La fraternité est le résultat d’un engagement, d’un effort soutenu pour la reconnaissance de l’autre (de sa personne, de sa vie, de ses droits etc ).
La journée internationale de la fraternité humaine s’inscrit dans un élan qui nécessite de renforcer en chacun d’entre nous sa capacité à dialoguer avec les autres, pour mieux se connaitre et s’accepter mutuellement. Nous partageons une origine et une descendance communes, nous avons aussi un destin commun. « La foi d’Abraham le croyant » apparait aujourd’hui comme un ferment de paix et d’entraide, capable de susciter l’enthousiasme et la générosité au service de toutes les causes vraiment humaines.
Juifs, chrétiens et musulmans ont décidé de s’unir pour prendre conscience de tout ce qui, depuis Abraham, constitue leur commun patrimoine spirituel et culturel, pour travailler ensemble à la réconciliation effective de tous ceux qui constituent, aujourd’hui, la descendance d’Abraham dans le but de libérer le monde des méfaits de la haine, des violences fanatiques, des orgueils de la race et du sang, en lui révélant les sources authentiques et divines d’un humanisme fraternel.
Sources:
https://www.un.org/fr/observances/human-fraternity
https://www.fraternite-dabraham.com
http://www.fraternite-dabraham.com/wp-content/uploads/Revue-153.pdf
Khazna : La start-up eco-friendly qui lutte contre précarité financière en Égypte
Le contexte socio-économique de l’Égypte est encore fragile. Au vu d’une l’inflation alarmante - frisant les 40% en septembre 2023 - la Banque Mondiale, estime qu’à l’heure actuelle 60% des 104 millions d’égyptiens se trouvent sous le seuil de pauvreté. Cette situation critique se traduit par de fortes inégalités recensées dans plusieurs domaines, notamment les services financiers. Bien que 50% des Égyptiens possèdent un téléphone, seulement un habitant sur trois bénéficie d’un accès complet aux services financiers. Khazna s’adresse aux deux tiers restant.
Khazna : une mission d’inclusion financière
La start-up, basée au Caire, a été fondée en 2019 par Omar Saleh, Ahmed Waqueeh et Fatma El Shenawy, elle déploie son offre de services financiers aux ménages pauvres dans tout le Moyen-Orient. Elle leur permet, entres autres, d'effectuer des retraits et des dépôts sans aucun frais. L’application fournit également un lexique exhaustif des éléments relatifs au salaire et à son usage, l’idée étant d’accompagner les utilisateurs vers une sécurité et indépendance financière totale. Elle permet même aux petites et moyennes entreprises de gérer aisément les avances salariales, demandées directement par les salariés via l’application, et obtenues en temps réel. D’après le centre de recherches 60 decibels, 60% des utilisateurs égyptiens considèrent que Khazna a changé leur vie.
Cette démarche d’aide à la gestion budgétaire et salariale qui s’appuie sur la technologie, attire d’ailleurs de plus en plus d’investisseurs dans de multiples marchés : France, Egypte, Espagne, Indonésie ou Nigéria où les start-ups Spayr, Khazna, Payflow, Xendit, Earnipay. L’intérêt de ce grand projet d’inclusion financière est qu’il évite aux consommateurs d’avoir à supporter le stress de manquer d’argent ou de devoir emprunter à des prédateurs.
Khazna n’a pas fini de lutter contre la pauvreté. La jeune fintech envisage de proposer des services supplémentaires tels que des offres d’assurance. Pour atteindre ce nouvel objectif, la start-up a entrepris de forger de solides partenariats avec les compagnies majeures que sont Quona Capital, Speedinvest, Nclude ou encore Arab Bank dans le but de recueillir davantage de fonds. En avril 2022, Khazna lève 38 millions de dollars de série A en dette et en capitaux propres, tandis que l’équipe dirigeante continue de perfectionner ses outils technologiques au sein des centres de données de Khazna. Résultat : en 2023, la start-up est lauréate du Fintech Social Impact Award.
Quand solvabilité rime avec durabilité : une start-up qui s’adapte aux enjeux climatiques
Que proposer de plus ? Bien connectée aux utilisateurs et à leurs besoins, Khazna ne néglige pas pour autant les enjeux plus globaux. En résonance avec la conférence de la COP27, qui s’est déroulée en 2022 à Charm El Cheikh (Égypte), Khazna vient tout juste d’amorcer son voyage vers une plus grande sobriété énergétique. La première étape, mais pas des moindres, consiste à remettre aux normes les infrastructures fixes qui concentrent les données mobilisées par l’application. Représentant 4% de la consommation énergétique mondiale en 2015, d’après la filiale d’EDF, Réseau de Transport d’Électricité (RTE), les centres de données font en effet partie des plus gros émetteurs de dioxyde de carbone.
Ainsi focalisé sur le fait de construire des centres de données durables dans la région, Hassan Alnaqbi, CEO de Khazna, a confirmé la récente adoption des réglementations internationales en matière d’environnement. D’ores et déjà, la fintech égyptienne a entamé une réduction de sa consommation hydrique en réutilisant ses eaux usées et prévoit également de développer une centrale d’énergie photovoltaïque en partenariat avec Emerge, la joint-venture d’EDF et Masdar. Les initiatives entreprises par Khazna ont d’ailleurs été récompensées par le système nord américain Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) qui s’est empressé d’accorder à la jeune pousse quatre certificats de construction.
“C’est en étant responsable que nous pouvons construire une marque fondée sur la confiance”
Fatma Ashkanani, dirigeante adjointe de khazna
Fatma Ashkanani, dirigeante adjointe, insiste sur l’importance de cette direction empruntée par la start-up : “C’est seulement en étant responsable que nous pouvons nourrir la réputation de notre entreprise et construire une marque fondée sur la confiance. En investissant dans les meilleures pratiques internationales et en créant un environnement favorable Khazna veut attirer les meilleurs talents”. Une ambition qui présage encore bien des développements.
Sources :
https://www.khazna.ae/about-us/
https://www.linkedin.com/company/khazna
https://www.planetoscope.com/electronique/230-energie-consommee-par-les-data-centers.html
Credits photo : https://telecomtalk.info/khazna-datacenters-benyagroup-egypt-first-hyperscale-datacenter/702584/
L’Espagne des trois cultures
Parler de l’Espagne des trois cultures, c’est entrer en conflit avec le récit historique national. En effet, l’Histoire raconte qu’il y a d’abord eu les Phéniciens, puis les Grecs, et ensuite les Romains. Mais curieusement, tout l’élément sémite, autant arabe que juif est laissé de côté. L’identité espagnole s’établit après la Reconquête, la victoire contre les arabes, ainsi que l’expulsion des juifs.
Cependant, malgré les conflits, il y a eu des échanges, des dialogues, des influences réciproques entre les trois cultures.
Les Sefarads
Le terme « Sefarad » désigne traditionnellement l’Espagne et les juifs espagnols. Par extension, il s’appliquera à tous les juifs des communautés du pourtour de la Méditerranée.
Depuis la fin du VIIIe siècle, le statut des juifs en Espagne a beaucoup évolué.
Sous les Romains, les juifs ont le même statut que dans le reste de l’Empire. Sous le règne des rois wisigoths, qui étaient aryens, les juifs sont tolérés et vivent beaucoup de l’agriculture. À partir de 586, date de la conversion au christianisme du roi Récarède, ils subissent pendant près d’un siècle des persécutions et des conversions forcées (les marranes). Le roi Egica envisage même de les réduire en esclavage.
À l’arrivée des Arabes, en 711, les juifs se mettent à leur service. Les Arabes sont peu nombreux et cherchent des alliés fidèles. Les deux communautés trouvent intérêt à s’entendre, d’autant plus que de nombreux juifs du Maghreb viennent renforcer la présence des Maures et des juifs de Sefarad. D’ailleurs, certains géographes arabes n’hésitent pas à déclarer que Grenade, Tarragone et Lucena sont des « cités juives», pour bien marquer l’importance de cette minorité. Le développement de la vie urbaine requiert commerçants et administrateurs, fonctions que les Arabes et les Berbères répugnent à exercer.
Les juifs dans l’Espagne musulmane
À partir de l’instauration du califat de Cordoue, en 929, commence un âge d’or du judaïsme en terre d’Islam. Abderahman III (912-971) prend pour médecin Hasday ibn Saprut, un juif originaire de Jaen, à qui il confie, en plus de sa propre santé, de nombreuses missions diplomatiques: contact avec l’abbé de Gorze, négociations avec les royaumes naissants de León et de Navarre. Il fait traduire de nombreuses œuvres scientifiques du grec en arabe, et contribue beaucoup à l’épanouissement culturel de sa communauté. Au contact de la poésie arabe, les juifs composent de très beaux poèmes, s’investissent dans des études grammaticales; toute cette effervescence intellectuelle favorise l’éclosion d’une riche culture hébraïque.
Au XIe siècle, Grenade est la capitale du monde arabe en Espagne. Samuel haNaguid, ou le Naguid (993-1056), est le personnage clé de cette époque. Ce commerçant originaire de Malaga devient vite le dirigeant de la politique grenadine ; il n’hésite pas à conduire les troupes arabes dans leur combat contre Séville ou Almería. Également poète et rabbin très érudit, il favorise les arts et, en particulier, la poésie.
Les sept siècles de présence musulmane en Espagne, de 711 à 1492, ont profondément marqué la réalité historique et culturelle de la Péninsule ibérique en rendant possible l'émergence d'une civilisation, celle d'al-Andalus – terme utilisé par les auteurs arabes du Moyen Âge pour désigner l'Espagne musulmane. Les grandes réalisations architecturales, comme la mosquée de Cordoue et l'Alhambra de Grenade, mais aussi l'art mudéjar et, dans le domaine intellectuel, la pensée d'Averroès et celle de Maïmonide, constituent des oeuvres essentielles de l'héritage d’al-Andalus.
Les juifs dans l’Espagne Chrétienne
La Reconquête chrétienne, culminant avec la prise de Grenade par les Rois catholiques en 1492, ouvrit une période sombre placée sous le signe de l’unification politico-religieuse qui tendit à faire disparaître les témoignages et les apports de cet héritage et à soumettre, par la violence et la conversion forcée, les communautés (celle des juifs convertis et des morisques) parties intégrante de ce que l'on appelle depuis le milieu du XXème siècle l’Espagne des « trois cultures ».
À la coexistence limitée entre maures, juifs et chrétiens, durant la période médiévale, marquée par des collaborations fécondes et des influences réciproques, succéda alors, dès la fin du XIVème siècle, une longue phase de persécution des minorités (expulsion des juifs dès 1492 et des morisques en 1609) et de mise à l'écart délibérée du legs culturel et identitaire de l'Espagne des trois religions.
Sur ce plan artistique, les phénomènes de métissage montrent la vitalité de cet héritage sur les deux rives de la méditerranée comme en témoignent, par exemple, les formes de renouvellement de la musique arabo-andalouse.
Depuis la redécouverte par les romantiques, au XIXème siècle, des vestiges et des symboles de cette Espagne médiévale souvent idéalisée, et les vifs débats historiographiques, dès le milieu de ce même siècle, chez les arabisants et les médiévistes qui mettront plus tard en avant l'«orientalisation» ou, selon leurs positions, l'«occidentalité» d'al-Andalus, la question de l'héritage des « trois cultures » en Espagne n'a cessé, à des degrés divers, d’être inscrite au sein de stratégies et d'enjeux idéologiques et politiques. Ces derniers sont présents dans les discussions suscitées par l'entreprise de restauration de l'architecture de cette époque, mais également dans les différentes utilisations des recherches archéologiques qui permettent parfois d'appuyer le travail des historiens pour établir certains faits en s'opposant à l'effacement de ce passé.
Héritage contrasté, occulté, redécouvert et réapproprié, l'Espagne des « trois cultures » est indissociable d'une histoire conflictuelle dont la meilleure compréhension peut néanmoins redéfinir les lignes de clivage pour mettre en lumière le rôle et l'influence de cet héritage pluriel, comme lieu de dialogue et d'échange socioculturel, dans l'espace euro-méditerranéen.
Les Détours de Babel
Pour tout voyageur au Levant, la vision des véritables prouesses architecturales qui surgissent dans toutes les capitales de Ryad à Tel Aviv en passant par Dubaï s’imposent à l'oeil. Energivores, couteuses, à forte densité... ces cités futuristes sont-elles un défi à un avenir vert et décarboné ? Les nouvelles “Tours de Babylone” disent-elles l’histoire d’une modernité aux ambitions toujours décadentes? Ou a contrario, ces édifices sont-ils dorénavant au service d’une économie responsable et d’une prospérité équitable ?
Un pas vers la modernisation et le dialogue mosaïque
“Ce fut, sur toute la terre, une seule langue et des paroles identiques (...) ils dirent “Allons, construisons nous une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel. Et nous nous ferons un nom, de peur que nous soyons dispersés sur la surface de la terre” (187 Genèse, 11, 1-9). Le récit biblique expose déjà implicitement ce que l’innovation représente pour les hommes : l’ajournement de leur déclin. La volonté de modernisation se manifeste d’ailleurs très tôt dans les organisations sociales en Orient. Par exemple, dès 1300 les routes du commerce se développent, et les échanges transitent de l’Afghanistan à l’Afrique du Nord. Un véritable pont culturel nait ainsi entre l’Asie et l’Afrique grâce aux marchands et à leurs investissements dans les moyens de transports. À cet égard, il semble que le progrès soit bien le fruit du dialogue et des échanges entre les peuples et pas seulement de la folie des grandeurs des monarques.
Aujourd’hui, nombreux s’indignent devant l’ampleur presque indécente des chantiers de Néom, en Arabie Saoudite, cette ville nouvelle qui accueillera 9 millions de touristes d’ici 2050. Pourtant, ce projet s’inscrit dès l’origine dans une même vision d’ouverture au reste du monde. Rappelons que l’émergence de villes nouvelles et modernisées sont une dimension du “soft power” qui aide à rapprocher les cultures, comme notamment entre laFrance et les Émirats Arabes Unis à travers le “Louvres Abu Dhabi”. En Égypte, la Tour du Caire, est le produit d’une coopération américano-égyptienne. En plus d’un dialogue engagé avec l’Occident, les travaux initiés en Égypte, font aussi oeuvre de tolérance religieuse. Comme avec la reconstruction de l’ancestrale Cathédrale de la Nativité, dans la future capitale administrative “Sissi City”, qui traduit le soutien du gouvernement envers les chrétiens d’Égypte.
Des “éco-tours” de Babel ?
Si, l’effondrement de la tour biblique symbolise l’échec d’une absurde rivalité avec leCréateur, il semblerait aujourd’hui, à l’aune de la transition climatique, que les nouvelles tours de babel s’harmonisent avec l’environnement. Cela est frappant si l’on prend l’exemple de la centrale d’Ashalim en Israël : haute de 250 mètres, forte de 50 000 panneaux solaires, elle est la plus grande tour solaire du monde et approvisionne 2% des besoins en électricité du pays. La tête dans les nuages et des étoiles plein les yeux, voilà la nouvelle méthode des ingénieurs du XXI siècle pour triompher des défis de notre époque.
Dans l’architecture moderne, la technologie est mise au service d’une politique environnementale vertueuse. Aux Émirats, l’éco-cité de Masdar (“source” en arabe) veut atteindre la sobriété carbone d’ici 2030. Dotées d’un style architectural respectueux des traditions, de nouvelles infrastructures sont déployées, tel le nouveau système de transports collectif et léger, le “Personal Rapid Transit” (PRT). En Arabie Saoudite, le projet“the line” est lui aussi pensé pour être une ville durable. Fonctionnant intégralement à base d’énergie renouvelable, cette skyline s’étendra sur 170 kilomètres et favorisera l’essor des services de proximité tout en reposant sur un TGV souterrain. Utopique ? Peut-être, mais pas impossible. De plus en plus de plus d’études militent pour une véritable transition énergétique urbaine à l’échelle mondiale. l’Irena, qui sise à Abu Dhabi, accompagne ses 160 pays membres pour évaluer leur situation énergétique et établir des plans d’action efficaces au long terme. On leur doit entre autre “l’Alliance mondiale pour l’éolien en mer”, un projet qui pourrait se révéler décisif.
“Et nous nous ferons un nom”
En 1927, Métropolis apparaissait sur grand écran. Ce film prophétique annonçait la folie des grandeurs de notre siècle. De génération en génération, à mesure que la technologie se perfectionne, les villes du passé disparaissent pour laisser place à de nouveaux prototypes. Hier le Colosse de Rhodes, aujourd’hui Burj Al Arab, ou la Tour d’Afrique... On ne peut nier la corrélation entre frénésie constructrice et volonté des Puissances de s’affirmer sur la scène internationale. “Et nous nous ferons un nom” auraient dit les bâtisseurs de la Tour de Babel. Ici, cet adage biblique prend peut être un sens différent.Les projets urbanistiques ne sont plus à la gloire d’un nom mais surtout l’expression d’un besoin de développement collectif et durable, entre peuples qui, hier, se parlaient peu. De la même façon qu’Abraham arrive dans l’histoire juste après la tour de Babel pour enseigner l’éthique, peut-être voyons-nous sortir de terre des édifices annonciateurs d’une ère de tolérance et de prospérité partagée
Pour en savoir plus :
https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/masdar-city
https://www.connaissancedesenergies.org/questions-et-reponses-energies/quel-est-le-role-de-lirena
https://hal-enpc.archives-ouvertes.fr/hal-01724329/document
https://www.youtube.com/watch?v=q01aYeZYqmM&t=132s
https://www.irena.org/Energy-Transition/Planning/Africa-Continental-Power-System-Masterplan
https://selectra.info/energie/actualites/revue-de-presse/10-11-2022
Géopolitique des Émirats Arabes Unis, Charles Saint Prot Des Hommes et des Risques, Marc Nabeth
Au Commencement Était La Mondialisation, Nayan Chanda
"Qui veut gagner la guerre, se prépare à la paix"
Point névralgique du globe, c’est ici que le commerce fleurit et se renforce à travers les siècles. Dans ses “Crises d’Orient”, Henry Laurens rappelle avec justesse que le Moyen Orient fonctionne comme un réseau par lequel transite les échanges. Réseau maritime d’une part : au XIXème siècle, les Émirats Arabes Unis construisent leur économie autour de l’exportation de perles en Inde. la Turquie et autres États riverains de la mer Noire participent eux aussi au développement du trafic maritime de la mer Noire. La Convention de Montreux qui garantit la liberté de passage des navires marchands dans les détroits de la mer Noire est d’ailleurs l’une des rares conventions multilatérales à avoir survécu au temps. Réseau gazier d’autre part, c’est au Moyen Orient que naissent 5 des 13 pays membres de l’OPEP.
De fait, la région est le coeur d’une ressource inestimable : le pétrole. Avec plus de 55% des réserves mondiales, la région est propulsée au rang de leader dans cette industrie. Avec plus de 10 millions de tonnes de pétrole dans les années 1900, l’Iran se classe en tête et sera suivi du Koweit à l’entre-deux-guerres. Mais cet avantage comparatif n’est pas sans revers.
Le pétrole : atout ou fardeau ?
Revers d’une part, géographique : la répartition aléatoire des sources gazières et pétrolifères dans le pourtour méditerranéen accroit l’hétérogénéité économique et sociale de la région. Les pays riches bénéficiant de cette rente : Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Iran, Koweit - côtoient les pays les plus pauvres : Yémen et Palestine. Ce développement à deux vitesses creuse davantage le fossé entre des peuples pourtant voisins. D’autre part, le revers est d’ordre politique : depuis le XIX ème siècle, la découverte de l’or noir a transformé le Levant en un échiquier géopolitique sur lequel s’affrontent les acteurs de l’économie mondiale. Le pacte d’Achnacarry de 1928 - qui scelle le partage des réserves régionales entre les cinq plus grandes compagnies étrangères, les chocs pétroliers survenus au lendemain de la guerre du Kippour en 1973 puis de la révolution islamique en 1979 en sont l’illustration.
Pourtant aujourd’hui, à l’inverse de l’adage de Thucydide : “qui veut la paix se prépare à la guerre”, le contexte global tend à prouver que : “qui veut gagner la guerre, se prépare à la paix”. Un siècle après les crises d’Orient, une lueur d’espoir fait surface. Si le traité de paix israélo-égyptien de 1979, suivi du traité de paix israélo-jordanien en 1994 avaient entr’ouvert la voie, le 15 septembre 2020, les accords d’Abraham résonnent comme une promesse de renouveau pour le dialogue inter-culturel. L’embrassade des nations s’élargit : Émirats Arabes Unis, Bahrein, Soudan, Maroc, Israël…
Le remède contre les changements globaux : la coopération
Pourquoi ici, pourquoi maintenant ? D’un point de vue purement pragmatique, les accords d’Abraham s’accompagnent des armes pour lutter contre l’adversité. Deux menaces imminentes sont à identifier. La première est d’ordre idéologique. Composé à 90% de pays sunnites, le Moyen Orient est néanmoins sujet à l’avènement d’un arc Chiite avilissant. L’Iran qui exerce son hégémonie sur le détroit d’Ormuz agite le spectre de l’enclavement maritime à l’encontre du royaume émirati. Et au vu de l’enrichissement nucléaire et de l’agressivité politique de Téhéran, l’État du Golfe a bien raison de requérir la protection américaine, via un accord militaire qui prévoit la livraison d’avions de chasse furtifs F35.
La seconde menace n’a ni patrie ni visage, elle est d’ordre naturel : la transition climatique. Déjà dans les années 2000, les innombrables sécheresses, empêchant aux agriculteurs de cultiver localement en Méditerranée, forment la toile de fond du Printemps Arabe. Or, dans son dernier rapport, le GIEC affirme qu’à plus de 3% réchauffement climatique, l’insécurité alimentaire sera généralisée. La marge de manoeuvre des sociétés sur leur environnement se réduisant à peau de chagrin, les grands exportateurs de blé, soit : l’Algérie, l’Iran et l’Égypte, sont en première ligne. Et surtout, les pays qui ont construit leur prospérité autour de l’exploitation pétrolière risquent de basculer. Certes, il est vrai que le
Moyen-Orient avait vu sa part décliner dans le domaine du pétrole depuis le début des années 2000 en raison de la diversification des partenaires dans le secteur (Mexique, Nigéria…). Mais, de manière beaucoup plus radicale, l’or noir est à son apogée. Son pic de production, prévu pour 2035, traduit le début de son déclin. Pour chacune des parties, la normalisation des relations diplomatiques reflète donc l’enjeu de trouver des alternatives de richesse. D’après Montesquieu, le commerce pacifie les relations. Le philosophe français n’aurait pas cru si bien dire : en 2022, Abu Dhabi prévoit une hausse de 8% de son PIB et l’arrivée de 4000 nouveaux résidents nantis. Les Accords d’Abraham ont désenrayé les secteurs du tourisme, de l’éducation, de la santé, du commerce et de la sécurité.
Calquer le modèle Israélien
Les États signataires de cet accord messianique ont pris conscience que leur dernier rempart contre la déchéance reposait sur une étroite coopération, notamment avec un pays qui est parvenu à s’épanouir sans n’avoir jamais pu puiser dans son sol : Israël. En 1947, lorsque le premier plan de partage voit le jour, l’État Juif se voit attribué 55% de terres… arides. Dont une partie du désert du Neguev. Ainsi depuis sa création, Israël n’a eu d’autre choix que de faire preuve d’agilité et d’innovation pour survivre. La “Start-Up Nation” fait ses débuts en 1912 avec l’institut de technologie d’Israël. Classée comme la meilleure université du Moyen Orient par le classement de Shanghai et comme la sixième meilleure université au monde, le Technion est un exemple de la réussite et de la résilience d’une nation. Un modèle pour les pays du Golfe qui entament leur processus reconversion économique. Planifiant de se détacher de leur dépendance aux énergies fossiles grâce aux nouvelles technologies, d’ici 20 ans, les États du Golfe marchent dans les pas de l’État Hébreu.
Plus à l’est du rivage, en Extrême-Orient, il y a bien longtemps que la Chine a opté pour l’accroissement de ses échanges. Pilier de la mondialisation, ce régime puissant, contesté et contestable a lancé depuis 2013 une initiative ambitieuse. Les nouvelles routes de la soie traduisent le souci de maximiser le pouvoir chinois grâce à une intégration parfaite au modèle réticulaire qui prévaut aujourd’hui. N’est-il pas temps pour les pays du Proche Orient de renforcer la leur ?
Sources :
Mohammad-Reza Djalili (2010), Histoire de l’Iran contemporain, Repères
Mosab Hassan Youssef (2010), Le Prince Vert : Du Hamas aux services secrets israéliens, Denoël Henri Laurens (2017), Les Crises d’Orient, Fayard
Amin Maalouf (2019), Le Naufrage Des Civilisations, Grasset
Charles Saint-Prot (2019), Géopolitique des Émirats Arabes Unis, Karthala
Thomas Gomart (2019), L’Affolement du Monde 10 enjeux géopolitiques, Tallandier Christophe Blain & Jean-Marc Jancovici (2022), Le Monde Sans Fin, Dargaud Emmanuel Navon (2022), L’Étoile et le Sceptre Histoire Diplomatique d’Israël, Hermann
https://fr.wikipedia.org/wiki/Technion
Emirats Arabes Unis : la prochaine start-up nation ?
On avait déjà vu émerger aux Émirats des start-ups à succès telle que Souq, meilleur détaillant en ligne du monde arabe, racheté par Amazon en 2017 pour une somme qui se serait élevée à plus de 700 millions de dollars. Cas isolé ? Cet exemple s’ancre plus largement dans une dynamique économique pilotée par le pays du Golfe. Alors que leur rente pétrolière est condamnée à long terme, quels moyens déroulent donc les Emirats pour reconvertir leur État en start-up nation ?
Les start-ups boostées par l’aide publique
Les start-ups naissent et grandissent dans un éco-système propice au développement. Aux Émirats, les acteurs publics tiennent compte de cette consigne. Avec un taux d’imposition nul et une TVA de 5%, appliqués aux entreprises dont le chiffre d’affaire est inférieur à 385 000 dirhams émiratis (37 500 dollars), les jeunes entreprises innovantes sont encouragées à élire domicile dans ce pays de cocagne. Les métropoles sont particulièrement impliquées dans cette promotion. En 2022, le conseil exécutif de Dubaï a créé un nouveau fonds de 100 millions d’euros alloué aux startups. Le “Venture Debt Fund for Startups” a pour objectif de soutenir les projets des jeunes entreprises et de s’assurer de leur croissance. À Abu Dhabi, un fonds de 2 millards de dollars a été levé par le gouvernement via la plateforme HUB71, afin de donner plus de visibilité aux start-ups du WEB3 à l’échelle régionale.
Vers une nouvelle Silicon Valley
Les grandes villes ne sont d’ailleurs plus les seules à accueillir les start-ups. Bientôt, les entrepreneurs se fabriquent leur propre espace d’épanouissement et l’étendent au delà de de son cadre professionnel. Tel est le cas de Mohammed Al Zarooni, directeur général de la Dubai Silicon Oasis. La Silicon Valley du Moyen Orient est aujourd’hui le plus grand incubateur technologique. Son campus compte une centaine de start-ups issues de plus de 70 pays. Reconnue comme un hub de recherches majeur, la Dubai Silicon Oasis ne vise pas seulement à favoriser l’innovation mais surtout à la rendre accessible aux citoyens par le biais d’un projet encore plus fédérateur. Programmé pour s’étendre sur plus de 150 000 km le Dubai Digital Park se présente comme un véritable microcosme. Cette smart city devrait pouvoir réunir à la fois : industries, parc immobilier et complexe commercial. La transition vers une économie tournée vers l’ingénierie se concrétise ainsi plus en profondeur.
La fin tech : un levier incontournable
Classée dans le top 20 des compagnies de fintech par Forbes, la start up émirienne Sarwa participe à cette réussite. Grâce à une technologie innovante, combinée à des conseils d’experts, cette jeune pousse parvient à rendre l’investissement plus abordable en élaborant et testant des stratégies personnalisées. La fintech s’enracine ainsi dans le pays qui cumule déjà des services financiers bien implantés et permet d’attirer les capitaux du monde entier.
La diplomatie de la high tech : d’une startup nation à l’autre
Le nouveau paysage diplomatique a lui aussi fortement contribué à l’essor technologique et économique des Émirats Arabes Unis. À son tour sur la voie de l’innovation, cette nouvelle start-up nation a pu compter sur le soutien de son aînée. En septembre, la rencontre entre la délégation officielle d’Abu Dhabi et les entreprises israéliennes cotées en bourse s’est traduite par la signature de nouveaux accords économiques. Désormais, de nouvelles opportunités commerciales sont à saisir dans les domaines de la Cyber sécurité, de l’intelligence artificielle, blockchain et protection des données. Le commerce entre Israël et les Émirats aurait ainsi augmenté de 117% au premier semestre 2022 selon l’ambassadeur d’Israël aux Émirats Arabes Unis, Amir Hayek. Ce rapprochement entre l’écosystème technologique israélien et les entrepreneurs émiratis continue d’hisser les jeunes entreprises du Golfe au sommet du marché mondial de l’innovation. Dubai se classe à présent juste derrière Tel Aviv en matière d’investissements au Moyen Orient.
La matière grise : relai de l’or noir
Aujourd’hui désigné par la Banque Mondiale comme le pays le plus favorable à l’entreprenariat au Moyen Orient, l’État du Golfe est en passe de devenir une plaque tournante mondiale de la tech. Si en 2017, la trésorerie dans les entreprises de ce secteur clef avait déjà quadruplé par rapport à 2016, atteignant les 870 millions de dollars, en 2023, le FMI recense dans son rapport annuel 72 000 nouvelles entreprises contre 20 000 en 2018.
Toujours plus connectés, plus attractifs, plus compétitifs, les Émirats Arabes Unis se préparent à une transition économique et énergétique majeure. Si l’économie du pétrole ne sera bientôt plus une option pour la fédération du golfe Persique, une autre richesse est extraites du sol émirati : la matière grise remplacera l’or noir.
Sources :
https://arab.org/fr/middle-easts-start-scene-explained-five-charts/?amp
https://www.ft.com/content/225ffd34-0f22-11e7-b030-768954394623
https://lepetitjournal.com/dubai/installation/impot-revenu-entreprises-emirats-2023-352164 https://www.cairn.info/les-startups%20en%20france--9782715406810-page-63.htm https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/AE/situation-economique-et-financiere-des-emirats arabes-unis
https://www.youtube.com/watch?v=6WOQKKONciE
https://en.wikipedia.org/wiki/Souq_(company)
https://kawa-news.com/5-start-ups-arabes-a-suivre/
https://www.dsoa.ae/explore-dso/who-we-are/our-story
Peuples d'Orient : les enjeux sont les mêmes
Cette réflexion sonne d’autant plus juste que celui qui l’exprime témoigne lui-même d’un parcours on ne peut plus labyrinthique. Mosab Hasan Youssef, fils du chef de l’autorité du Hamas, devient agent du Shin Bet à 18 ans, et finit par s'exiler aux États Unis après sa conversion au christianisme. Tout en gardant un attachement viscéral à sa famille et au peuple palestinien, le “Prince Vert” demeure éternellement tiraillé par une identité à jamais démultipliée.
Mais au fond, ne reflète-t-elle pas toute l’histoire du Moyen Orient ? Loin d’être un bloc monolithique, cet espace qui couvre plus de 7 millions de km2, abrite une myriade d’ethnies et de religions: Turkmènes, Berbères, Nubiens, Kurdes, Druzes, musulmans, juifs, zoroastriens…. et plus d’une vingtaine de langues. C’est dans ce décor prophétique que se déroule inlassablement les mêmes scènes de batailles et de déchirements au fil des siècles. Dans ses cours du Collège de France, Henry Laurens admet pourtant que la violence ne vient pas des peuples mais bien de la géopolitique. Les conflits régionaux sont inexorablement enchevêtrés dans des logiques internationales. Depuis le XIXème siècle, cette terre mythique, replète de richesses culturelles et énergétiques n’a pas échappé aux yeux de ses voisins.
Pour le grand historien britannique Arnold Toynbee, la “question d’Orient” est plus vraisemblablement une “question d’Occident”, car c’est dans un contexte de course effrénée à la puissance que Grande Bretagne, France et États Unis ont jeté leur dévolu sur le Moyen Orient. L’épineuse question des frontières résulte en partie de la répartition territoriale entre ces États occidentaux du XIXème siècle. En 1916, l’accord de Sykes Picot, permet à la France et Grande-Bretagne de se répartir les zones du Levant et en 1920 le traité de Sèvres sonne le glas de l’intégralité territoriale de l’Empire Ottoman et du nationalisme arabe… De la même façon en Iran, à la suite de la révolution constitutionnelle, le juriste américain Morgan Shuster, chargé de rétablir la situation financière difficile de la dynastie Qajar, divise quant à lui, le pays en trois zones d’influence.
À l’heure actuelle, la région souffre encore de ses frontières emmêlées. Le berceau des trois monothéismes présente autant de facettes que de défis, conflits, agrégations et désagrégations qui se répètent à travers les âges… Avant les guerres, avant les tractations, il faut se souvenir que les pays qui composent le bassin méditerranéen et ses alentours sont toutes les facettes d’un même joyau. Ils se ressemblent bien plus qu’on ne le pense.
Mêmes combats, mêmes vestiges, mêmes menaces
Les combats internes sont les mêmes. La problématique de l’éducation est par exemple commune à L’Égypte et à l’Iran. Tous deux ont perdu le ministre de l’éducation visionnaire et progressiste qui aurait pu moderniser le secteur. En Iran, Amir Kabir avait fondé la Polytechnique perse (Dar-ol-Fonoun) et libéré la presse. Il est assassiné le 10 janvier 1852. Parallèlement en Egypte, malgré ses idées progressistes, Naahas Pacha est limogé de son poste de premier ministre. Il avait pourtant placé au ministère de l’éducation l’un des plus grands hommes de lettres de son pays : Taha Hussein. Vestiges politiques et idéologiques sont les mêmes. Du nom de Poale Tsion et Mapaï en Israël, du nom de Tudeh et Adalat en Iran… Les influences marxistes sont parvenues à imprégner avec autant d’intensité deux États, pourtant ennemis jurés.
Les menaces sont les mêmes. La pathologie dictatoriale détectée par Orwell dépeinte dans 1984 n’est pas seulement propre à l’Union Soviétique. Témoin des successifs coups d’État en Syrie, en Libye, en Irak et Iran… Amin Maalouf, qualifie d’“Orwellisme” les dictatures à répétition dans le bassin méditerranéen. Dans Le Naufrage des Civilisations, l’auteur qui navigue dans son enfance entre Égypte et Liban, récuse la montée de l’extrémisme, toujours à l’aide d’une dialectique de “minorité” oppressée par une “majorité”. Lutter contre le fondamentalisme des frères musulmans était déjà l’une des priorités de l’Égypte. Bien avant le coup d’État d’Abdel Fattah al-Sissi en 2013, en 1948, l’assassinat du Premier ministre Mahmoud an-Nukrashi Pacha sonne l’alarme auprès du gouvernement égyptien. Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, la Syrie ou encore les Émirats
Arabes Unis s’en méfient à leur tour. En 2012, après la chute de Moubarak, Abu Dhabi coupe toute relation diplomatique avec Doha qui avait exprimé son soutien à l’organisation islamiste égyptienne.
Mêmes espoirs…
Les pays qui composent la Méditerranée n’ont-ils en commun que des impasses ? Ne partagent-ils pas les mêmes aspirations ? Les mêmes ambitions ? Au Xème siècle avant Jésus Christ, le Roi Salomon aurait été l’un des premiers diplomates du Moyen Orient. Tout en nouant des relations avec une Égypte sur le déclin, il se serait départi du territoire de Damas au profit de la Syrie. Cette approche géopolitique de la bible, esquissée par Emmanuel Navon dans “L’Étoile et le Sceptre Histoire Diplomatique d’Israël”, nous rappelle que, de tout temps, la communication n’a jamais cessé d’exister entre les peuples orientaux. Malgré leurs conflits, les différents acteurs régionaux ont toujours maintenu le dialogue - certes, de façon plus ou moins animée.
En -538, Cyrus le Grand, fondateur de l’Empire Perse, libérait le peuple juif de Babylone et le 14 mars 1950, l’Iran devient le deuxième État musulman à reconnaître l’État d’Israël après la Turquie. S’en suit l’ouverture respective d’un bureau à Tel Aviv ainsi qu’à Téhéran avant même que n’ouvrent les ambassades officielles des années 1970. À cette époque, Éthiopie, Iran, Turquie et Israël sont considérés comme “l’alliance de la périphérie”. Si ce temps est désormais révolu pour Israël et l’Iran, une éclaircie perce en 2016 du côté des relations turco-israéliennes avec la normalisation de leurs relations diplomatiques. “On a tort d’opposer les valeurs aux intérêts. Parfois, ils se rejoignent”. À cet égard, le point de vue d’Amin Maalouf colle parfaitement à la situation. Les interêts gaziers de la Turquie sont le pendant de cet accord, soit : la prévision d’un pipeline israélien qui traverserait la Turquie à destination de l’Europe. Les deux parties sont gagnantes.
Et l’Occident ?
En élargissant la focale, on constate d’ailleurs que cet adage s’applique tout aussi bien aux relations avec l’Occident. Effectivement, même après son indépendance en 1946, le Liban décide de préserver son union douanière héritée du mandat français. Autre exemple, la France et les Émirats Arabes Unis. En 1977, Valéry Giscard D’Estaing établit une charte garantissant son soutien indéfectible envers le royaume. Aujourd’hui, 60% des exportations d’armements proviennent de Paris. Un volet culturel s’ouvre également puisqu’en 2017, une extension du Louvre est inaugurée à Abu Dhabi… Un intérêt pour les Émirats : une plus grande visibilité à l’internationale.
Prix Nobel d’Économie en 1998, Amartya Sen corrigeait l’oeuvre de Samuel Huntington. Tandis que l’auteur du Choc des Civilisations martèle que le monde est divisé en huit
civilisations, Amartya Sen dénonce cette thèse réductrice. L’identité n’est pas d’un bloc, elle est fractale, multiple, parfois changeante ou incomplète… L’identité s’imprègne de ce qui l’entoure et de ceux qui l’entourent.
Au Moyen Orient, l’identité est plurielle, seul le destin est commun.
Sources :
Mohammad-Reza Djalili (2010), Histoire de l’Iran contemporain, Repères
Amin Maalouf (2019), Le Naufrage Des Civilisations, Grasset
Charles Saint-Prot (2019), Géopolitique des Émirats Arabes Unis, Karthala
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohammad_Reza_Pahlavi
Quel Bazar !
Le pouvoir central perd aujourd’hui un soutien indispensable : celui des bazars. Ces marchés traditionnellement fidèles au régime chiite ont fait grève du 15 au 17 novembre à Téhéran.
Waza
Bien plus qu’un lieu d’échange de biens et de services, le bazar est un lieu total. Cet environnement héberge à la fois logements, écoles, institutions religieuses et surtout : mouvements sociaux. Entre traditionalisme et modernité, on y découvre tout un microcosme. À notre tour, engouffrons-nous dans les ruelles de ces marchés typiques d’Orient, partons à la découverte des bazars.
Un lieu de planification spatiale et économique
Que l’on soit de passage en Iran, en Turquie, au Maroc, ou même en Macédoine du Nord, arpenter les quartiers du bazar donnera toujours l’impression de
se trouver dans une bulle temporelle où le passé se visiterait. Le professeur Mohammad Hossein Zia Tavana, de l’université Shahid Beheshti, estime d’ailleurs que les bazars iraniens remontent à l’époque pré-islamique.
Les villes d’Our et de Suse, vieilles de 4000 ans, regorgent de parchemins mentionnant ces lieux-dits. Quel est donc le secret d’une telle pérennité ? Si l’institution du bazar a su se maintenir, c’est avant tout grâce à sa fonction d’espace de décisions. Qu’elles soient d’ordre politique, économique, culturel ou urbanistique, ces décisions ont toujours tendu vers un seul et même but : adapter le marché au changement.
L’organisation spatiale de ce dédale en est une preuve. Bien que l’on trouve un peu de tout dans un bazar - bijoux, vêtements, meubles, épices - l’agencement interne de ses quartiers est parfaitement structuré. Par exemple, les produits artistiques susceptibles de plaire aux touristes sont généralement situés aux extrémités du bazar tandis que les marchands d’or et de pierres précieuses se placent plus souvent près des mosquées, au centre du bazar.
Le poids économique du bazar, tout particulièrement à l’export, a toujours été important. Au XIXème siècle, le bazar de Tabriz représente 25% des transactions commerciales de l’Iran. Avec ses 75 hectares, ce marché peut être considéré comme le plus grand centre commercial du monde, devant le South China Mall et ses 66 hectares. Cependant, le modèle du bazar n’est pas comparable à celui du “mall” européen ou américain. Il bouillonne comme un véritable creuset social, multiculturel, et politique.
Le “Carrefour” des civilisations
Le bazar est un lieu vivant. On y parle, on y négocie - car les prix ne sont jamais fixés à l’avance - on y fait des rencontres... Dans cette effervescence, les habitants marginalisés par leur statut ou leur origine se mélangent aux autres. C’est d’abord le cas pour les masses rurales. Repliée dans des villages isolés, cette tranche de la population a peu de contact avec le reste de la société.
Son intégration passe donc essentiellement par le réseau national des bazars auquel elle a facilement accès.
Le bazar de Téhéran revêt lui-même une dimension multi-ethnique de par ses commerçants majoritairement azéris et turcophones et l’origine des objets vendus. Produit phare, le tapis persan connu pour ses couleurs chaudes et ses noeuds asymétriques aurait été principalement produit par les communautés juives d’Ispahan et de Shiraz, d’après Benjamin de Tudèle, voyageur espagnol du XIIème siècle. Aujourd’hui encore, on trouve plusieurs synagogues dans le quartier d’Oudjalan du bazar de Téhéran.
Retrouvez le bazar dans votre assiette !
L’originalité du bazar tient aussi à l’absence de système de publicité : la prospérité des commerces bazaris repose donc presque exclusivement sur l’entretien d’une bonne réputation. C’est le cas pour la plus ancienne maison de thé de Téhéran au coeur du grand bazar. Présentée par les locaux comme le temple du thé, cette petite échoppe d’1,5 mètres carrés accueille quotidiennement plus de 200 personnes selon les estimations du gérant, Casant Mabhoutian.
À l’heure actuelle, des restaurateurs s’emparent de cette tradition du bouche à oreille pour en donner l’eau à la bouche à une clientèle en quête d’exotisme. À Tel Aviv, un restaurant gastronomique le Ola Ola s’est égaré en plein milieu du Shuk* Hacarmel (*le souk arabe est l’équivalent du bazar iranien). Au Liban, l’événement Souk El Akel à Beyrouth rassemble plus de 25 stands culinaires pour célébrer la nourriture orientale et internationale. Enfin, on peut citer le restaurant caché derrière les étalages du marché druze de Merkaza en Israël. Un autre aspect savoureux du bazar et autres souks.
Foyer des révoltes sociales et revendications politiques
Tout comme le souk, le bazar en français, c’est le désordre, l’agitation... Cette expression courante est bien plus profonde qu’on ne le pense. En Iran, le bazar est avant tout foyer des révoltes sociales et revendications politiques. L’historien Stéphane Dudoignon rappelle qu’à chaque renversement politique, le grand bazar de Téhéran a été le point de départ des soulèvements.
Depuis l’époque Qadjar, la place prépondérante du bazar lui a valu de devenir la première force d’opposition à l’élite politique. La “révolution constitutionnelle” de 1905 commence effectivement au bazar. Le gouverneur de Téhéran fait abattre trois marchands de sucre qui refusent de réduire leurs prix. C’est alors tout le marché qui s’insurge, rejoint par des mollahs et des étudiants.
Les protestataires réclament une “maison de justice”, ce qu’ils obtiennent en même temps que la démission du gouvernement. Quand plus tard, le Chah Reza Pahlavi cherche à contrôler cette institution, le bazar démarre de nouvelles grèves et paralyse l’économie iranienne, fournissant un soutien au clergé chiite qui propulsera Khomenei au pouvoir en 1979.
Dans le contexte actuel d’embrasement de la société iranienne, c’est peut-être bien du bazar que viendra le plus grand bouleversement politique iranien du XXIème siècle.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bazar
https://fr.wikipedia.org/wiki/Souk
https://www.persee.fr/doc/cemot_0764-9878_1987_num_4_1_878 https://www.lenouveleconomiste.fr/a-quand-leffondrement-du-regime-iranien-95752/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tapis_persan https://www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2022-2-page-212.htm
https://www.merkaza.com https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20221115-grèves-manifestations-en-iran-le-mouvement-rend-hommage-à-la- contestation-de-2019
https://paristehran.com/teheran-centre-itineraire/
http://www.teheran.ir/spip.php?article631#gsc.tab=0
https://libshop.fr/souk-el-akel/ https://fr.ncr-iran.org/communiques-cnri/iran-protestations/70e-jour-de-soulevement-en-iran-greve-des-bazars- manifestations-nocturnes-et-enterrement-de-martyrs/ https://legrandcontinent.eu/fr/evenements/va-t-il-y-avoir-une-revolution-en-iran/ (conférence avec Stéphane Dudoignon, Novembre 2022)
Mohammad-Reza Djalili, Thierry Kellner, Histoire de l’Iran contemporain, La Découverte
Internet, santé, culture… Les start-ups jordaniennes irradient le monde arabe
Au début des années 2000, le succès de Maktoob conduit la société à créer de nouveaux services dé-matérialisés, avec en tête de liste : CashU, plateforme régionale de paiements électroniques que Yahoo acquiert en 2009, et Souq, site de e-commerce, dont le siège social s’installe à Dubai avant d’être racheté par Amazon en 2017. C’est à présent au tour des secteurs de la santé et de la culture de faire leurs premiers pas dans le royaume des start-ups, avec la plus grosse plateforme de télé-consultation au Moyen Orient : Altibbi, et Abjjad : la liseuse incontournable.
Altibbi : le doctolib du Moyen Orient
Alors que 400 millions de personnes n’ont pas d’accès direct aux services médicaux dans la région, Altibbi s’emploie à faire circuler le conseil médical en langue arabe via internet. Suivant un modèle déjà adopté par les sites occidentaux de Doctolib, Livi ou Hellocare, Altibbi propose une ergonomie intuitive et efficace, fondée sur un système de chat et téléconsultation, ce qui permet aux patients de maintenir une connection directe avec leur médecin.
Lauréat du World Summit Award pour le meilleur contenu digital dans la catégorie “santé et bien-être”, le site de télé-consultation jordanien affiche un taux annuel de croissance de 1% et cumule au total plus 40 millions de visites. Altibbi est aujourd’hui basé aux Émirats et commence à se connecter aux autres pays voisins. La start-up a récemment signé un partenariat avec la Prince Sultan University, à Riyadh, avec qui elle s’apprête à collaborer dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la sécurité sanitaire.
Abjjad : redonner le goût de la lecture à l’échelle régionale
Pour avoir un esprit sain dans un corps sain, Abjjad complète la mission de la start-up de conseil médical. Ce service électronique d’e-book se chargera d’assurer la santé intellectuelle en faisant circuler la la littérature arabe et étrangère dans l’ensemble du
bassin méditerranéen. Fondée en 2012 par Eman Hylooz, la plateforme électronique offre notamment un accès illimité à plus de 600 oeuvres de langue arabe pour un abonnement mensuel de 6 dollars. Sa bibliothèque en ligne héberge en prime une multitude d’ouvrages d’auteurs internationaux qui sauront trouver grâce auprès de nombreux profils. On y trouve ainsi les plus grands classiques, allant de Saint-Exupéry à Spinoza, mais aussi des essais de géopolitique notables tels que Master of the Game: Henry Kissinger and the Art of Middle East Diplomacy signé Martin Indykn, et même de la science fiction comme l’atteste la collection d’Isaac Asimov, en libre accès sur l’application.
1,5 millions de lecteurs plus tard, la start-up hachémite prévoit d’attirer 180 millions de nouveaux lecteurs. Pour atteindre son but, Abjjad peut compter sur le soutien de deux investisseurs considérables. Le Jordan Entrepreneurship Fund et l’ISSF, fonds d’investissement dédié aux start-ups et aux PME. Ces deux bienfaiteurs ont respectivement apporté 1 million et 200 000 dollars. La culture n’a pas de prix, mais elle a bien un coût, que les investisseurs sont prêts à payer.
Tout comme leur initiale l’indique, Altibbi et Abjjad sont bien des leaders dans leur catégorie. La réussite de ces deux start-ups laisse présager la rénovation prometteuse des secteurs santé et éducation dans la région MENA. À quels autres domaines, les talents jordaniens vont-ils s’attaquer pour leurs futurs projets d’entreprise ?
Sources :
https://www.wamda.com/2020/12/abjjad-raises-1-million-series
https://www.linkedin.com/company/altibbi/
https://www.similarweb.com/fr/website/altibbi.com/competitors/
https://www.instagram.com/abjjad/?hl=fr
https://en.wikipedia.org/wiki/Abjjad
Marock, ce film qui nous fait toujours vibrer
Ce long-métrage aura en effet offert au public la vision neuve d’une jeunesse marocaine décomplexée, avide de liberté et d’insouciance. Marock retrace l’histoire d’amour impossible entre deux adolescents issus de deux milieux différents. Elle, est musulmane, lui est juif. À l’instar de Titanic, Dirty Dancing, la Boum ou LOL, cette comédie romantique est devenue un classique pour la nouvelle génération. Mais au delà de son ton léger, Marock porte aussi un message politique fort. En 2006, dans un contexte tendu par les attentats de Casablanca qui se sont abattus sur les communautés espagnoles, juives et belges, Laïla Marrakchi affronte l’obscurantisme islamique à l’aide de sa caméra.
L’histoire
Loin des préoccupations scolaires, Ghita et ses amies croquent la vie à pleines dents. Rires, chants, danses... elles se prélassent au soleil tout en écoutant du David Bowie. Mais voilà qu’un jour, le regard de Lalla Ghita croise celui de Youri Benchetrit. Les deux amoureux commencent à se tourner autour et finissent par ne plus se quitter. “La passion, on n’en parle pas Monsieur, on la vit !” répondra audacieusement l’héroïne à son professeur de philosophie. La passion religieuse se vit aussi. C’est justement ce que traverse le grand frère de Ghita. Mao, campé par le talentueux Assad Bouab, s’est mystérieusement assombri depuis son retour de Londres. Lui qui festoyait autant que sa soeur s’adonne désormais à la prière jour et nuit. Ghita, avant proche de son frère, le voit peu à peu s’éloigner d’elle. Quel secret essaye-t-il de dissimuler derrière son mutisme ?
Un vent de liberté pour la femme marocaine
En marge de ces intrigues, on a en toile de fond une société marocaine contemporaine qui reste attachée à ses traditions, ses rites, ses préparations culinaires... Ce film n’a ainsi pas vocation à dénigrer les dogmes religieux. Il vise surtout à illustrer un contexte d’émancipation et de renouveau. En effet, le règne d’Hassan II s’achève en 1999, faisant place à une ère de modernité. La réforme de la Moudawana (code de la famille marocain) se concentre principalement sur le droit des femmes. La femme marocaine est enfin reconnue en tant qu’individu à part entière. Ghita, au centre de l’intrigue, illustre cette avancée sociale.
Le pluri-culturalisme à l’honneur
Ce Roméo et Juliette méditerranéen a le mérite de projeter sur grand écran la cohabitation de deux communautés au sein d’un seul et même pays. À l’école, comme à la fête, on suit indistinctement le quotidien de lycéens arabes et juifs. D’ailleurs, le seul prénom de l’héroïne dessert bien une volonté de brasser les cultures. Ghita (ou Rita) prend racine dans la culture arabe, portugaise, latine “margarita” (pureté) et grecque “caritas”(perle). Il fait bien-sûr écho à l’iconique actrice américaine d’origine hispanique, irlandaise et britannique : Rita Hayworth. Autre exemple : la chanteuse Rita Yahan Farouz dont l’identité est partagée entre sa naissance iranienne et sa nationalité israélienne. Voilà encore un mariage inattendu entre deux pays pourtant rivaux aujourd’hui.
Sur l’autoroute de la modernité
Sur une piste déserte, trois voitures se pressent sur la ligne de départ. Youri ne détache pas son regard du feu tricolore. Il va bientôt passer au vert. Après une attente insoutenable, le jeune homme appuie sur l’accélérateur. Malgré les sens interdits et les limites de vitesse, il ne voit qu’une route dégagée, jalonnée de palmiers et éclairée par le soleil brulant. Enfin, il franchit la ligne d’arrivée. Cette scène emblématique du film, un brin caricaturale, en dit long sur la société marocaine : la nouvelle génération entend bien avancer sur la route des libertés
Pour en savoir plus :
http://www.maghrebdesfilms.fr/marock.html https://www.festival-cannes.com/fr/festival/films/marock https://fr.wikipedia.org/wiki/Marock_(film) https://idpbarcelona.net/docs/recerca/marroc/pdf/nor_loi_70_03.pdf https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2011-2-page-15.htm https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/920 https://www.journaldesfemmes.fr/prenoms/rita/prenom-5409 https://fr.wikipedia.org/wiki/Rita_(chanteuse) https://fr.wikipedia.org/wiki/Rita_Hayworth https://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Khan https://en.wikipedia.org/wiki/Marock#/media/File:Marock.jpg
Smart Fashion
Avec un volume estimé à 130 milliards d’unités produites par an, l’industrie du textile est un marché de taille. Mais face à l’impact de la poussée technologique, assortie à une conscience environnementale de plus en plus prégnante, le système actuel de fast fashion, auteur de 2% des émissions de gaz à effet de serre, tente d’entamer sa reconfiguration.
Dans ce même contexte, le monde arabe semble déjà annoncer sa transition vers une mode plus accessible et plus durable. L’heure est à la révolution des méthodes de production et de commercialisation du textile. L’investissement turc en matière de R&D, l’émergence de fashion startups en Egypte, de boutiques d’occasion en Israël ou encore d’exportations textiles au Maroc en sont les premiers exemples.
Turquie et Égypte : l’industrie textile propulsée par la R&D et l’essor du e-commerce
Dans le monde arabe, l’essor technologique profite aux grands acteurs de l’industrie textile. La Turquie est un pays leader de ce secteur. Or, depuis plus de trois ans, ses grands groupes investissent activement en R&D. Korteks a ainsi dédié 10 millions de dollars au lancement d’une nouvelle ligne de production à base de polyester recyclé. La transition vers des méthodes de fabrication plus performantes et plus durables s’accélère dans la région et est soutenue par un réseau de communication plus efficace, grâce à l’essor du e-commerce.
Si l’année 2020 s’est traduite par la croissance effrénée du commerce électronique en Afrique, en 2023, la vente en ligne a acquis près de 20% des parts de marché (par rapport à 6% en 2009) à l’échelle mondiale. En Égypte, The Fashion Kingdom a rapidement perçu l’opportunité que représentait l’alliance de la mode et de la technologie. En assemblant les meilleures marques de modes internationales et locales sur une plateforme optimisée, la start-up égyptienne s’est donnée pour mission de faciliter l’achat des vêtements sur internet. Au delà de son aspect pratique, The Fashion Kingdom porte aussi un message social. Face à l’inflation galopante qui appauvrit près de 105 millions d’égyptiens, les fondateurs se sont engagés à concilier produits de qualité et prix abordables.
Slow Fashion : un modèle déjà d’actualité en Israël ?
Vendre mieux et à un prix compétitif est une initiative beaucoup moins récente que ce que l’on pourrait penser. Bien avant Vinted, l’organisation internationale des femmes sionistes (Wizo) créée en 1920 a joué un rôle fondamental dans la promotion du marché d’occasion. La Wizo permet aux femmes d’acheter des vêtements de marque, jusqu’à quatre fois moins cher que dans les magasins traditionnels. En 2021, l’organisation israélienne compte quatre magasins à Jérusalem, deux à Tel Aviv et un à Netanya. “Avant, les gens étaient réticents vis-à-vis des boutiques de seconde main, mais depuis le covid, ils se sont rendu compte de l’opportunité économique que cela représentait. Ils peuvent acheter de très beaux articles sans avoir à s’endetter” témoignait Peggy Cohen, présidente de l’organisation.
Pionnière, La Wizo a ouvert la voie aux autres initiatives éco-responsable de l’État hébreu. C’est notamment le cas de la boutique Aderet, inaugurée en 2004 par Atnyel Guedj. Cette entrepreneuse, qui a déjà fait fleurir des fashion start-ups en Chine et aux États Unis, a compris le potentiel du marché d’occasion. Et de fait, les fashion analysts estiment que la fripe devrait dépasser les ventes du prêt à porter, d’ici à une dizaine d’années.
Industrie textile, entre hausse des exportations et des collaborations : Israël, Jordanie, Maroc et plus encore…
Israël est le premier pays de la région a avoir développé des relations commerciales avec le Canada, l’Union Européenne, le Mexique, Turquie, la Jordanie et les États Unis. Aujourd’hui, la transformation de l’industrie textile bénéficie au renforcement des échanges. Si la Jordanie et Israël disposent déjà d’une qualifying industrial zone (QIZ) facilitant la production et l’exportation de biens manufacturés, il semblerait que de plus en plus d'États leur emboîtent le pas, et ce grâce au secteur de l’habillement. En 2022, Fatima Zohra Alaoui, directrice générale de l’association marocaine des industries du textile, soulignait une augmentation de 23% des exportations textiles marocaines vers l’Europe par rapport à 2021.
La mise en valeur du textile marocain en Europe engendre de belles opportunités entrepreneuriales. Aux côtés de la Tunisie, de l’Égypte et de la Jordanie, Le Lion de l’Atlas a récemment pris part à l’événement régional MENA fashion hub, co-financé par le gouvernement suisse et suédois. Destiné aux professionnels de la région dans le domaine du design, les ateliers du MENA fashion hub sont animés par des experts internationaux de l’école Mod’Art International de Paris.
Stimulée par développement des échanges multilatéraux, l’industrie textile au Moyen Orient continue sa progression et pourrait vite s’adapter aux nouveaux défis du XXI ème siècle.
Sources :
https://www.statista.com/outlook/dmo/ecommerce/fashion/israel
https://embassies.gov.il/zagreb/Economic_Affairs/Israeli_Economic_Updates/Documents/ Fashion.pdf
https://www.tunisie.fr/vers-la-creation-dun-hub-de-la-mode-dans-la-region-afrique-moyen orient/
Broderies : en Iran, langue de vipère contre langue de bois
On discute… on prévoit de… on se vante que… on rapporte, colporte, radote… Ce besoin oratoire n’est pas toujours innocent. Qu’y a t-il de plus plaisant que de parler de soi ? Parler des autres ! La langue de vipère est aussi vieille que la Genèse. Le vil serpent ne serait-il pas la première des commères ? En calomniant Dieu auprès d’Ève afin de la convaincre de goûter au fruit de la connaissance, le reptile justifie sans doute l’adage : “Quiconque désire la vie, garde sa langue du mal”. Inspiré par ce verset des psaumes, Meir Hakoen de Radin y consacre un ouvrage entier : le Hafets Haim. Car, comment donc échapper à un vice si naturel ?
Marjane Satrapi répond autrement. La médisance n’est autre qu’une “séance de ventilations du coeur”. Autrement dit, rien de plus sain. À travers son roman graphique Broderies, l’autrice de Persepolis nous convie à une savoureuse session de “qu’en dira-t on”. C’est dans une ambiance conviviale, que les femmes de la famille partagent leurs secrets et surtout ceux de leurs connaissances.
Bien plus qu’un florilège de commérages : la parole libérée des femmes iraniennes
Tout commence pourtant par la présentation d’un cadre sage et traditionnel… Marjane Satrapi nous dépeint l’un des ses repas de famille où “sa grand mère n’appelait jamais son grand-père par son prénom, arguant qu’il fallait respecter son mari”. Quand soudain, changement de décor et de langage. Quittant la table, les femmes de la maison se réunissent pour se délecter d’un met bien plus épicé : le commérage. “Vous vous rappelez de Nahia ? De Shideh, cette planche à pain avec une tête de cheval, eh bien la dernière fois que je l’ai revue elle était blonde !” Une flopée de noms, tous rattachés à des histoires sentimentales, intimes et provocantes, sortent tour à tour des bouches de cette assemblée féminine. La légèreté avec laquelle les thèmes sensibles du sexe, de la chirurgie esthétique et du mariage précoce choquent. La dessinatrice ne fait pas dans la dentelle et c’est ainsi qu’elle réussit son tour de force : aborder les questions de fond qui minent la vie de ses contemporaines du Proche Orient.
À cet égard, Parvine la tante de Marjane joue un rôle central. Incarnation même de la femme affranchie, elle ébauche un modèle d’indépendance. Relatant la façon dont elle est parvenue à refuser son mariage, son lieu de résidence et même son nez aquilin hérité de son père et d’une identité aristocratique qu’elle récuse, Parvine échappe à son destin. Elle contraste en ce sens avec les autres femmes mentionnées qui, par souci de faire corps avec la société ont fini par mutiler le leur (ou celui des autres…) Plus de tabou, plus de retenue, la parole se libère. Mais si les langues sont tranchantes comme des couteaux, c’est pour mieux se détacher des liens d’un régime qui enserre le corps des femmes iraniennes. “Si un mot te brûle la langue, laisse-le faire”
Comme dit le proverbe persan : “si un mot te brûle la langue, laisse-le faire”. Pourtant, la médisance et la calomnie figurent dans la liste des péchés les plus abjects. Dans le judaïsme, tout comme dans l’islam et le christianisme le lachon hara* (médisance* en hébreu) est condamné pour sa faculté à diviser les êtres. Comme le rappelle la sourate Houjourate 49 : “Ô vous les croyants, qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe car ceux-ci sont peut-être meilleurs”.
Mais dans Broderies, le colportage vise-t-il seulement à se railler des absentes ? Au contraire, celles-ci sont plaintes, applaudies ou défendues par Marjane et son entourage : “Alors comme ça il a proposé à Shideh qu’ils restent ensemble sans se marier ? Mais qu’est-ce qu’elle a fait cette Shideh ? Elle est magnifique !! - tu connais les hommes, dès que tu leur cèdes, ils t’ignorent…” Une forme de solidarité féminine transperce les lignes. Le rav Dessler préconise, en cas de médisance, de réunir les trois personnes : celle qui a raconté, celle qui a écouté et celle sur qui le mal a été proféré. N’est-ce pas cette réunion à laquelle on assiste ? Ventilant leurs coeurs, ces dames se rassemblent et s’associent aux sujets de leur racontar.
Derrière son ton frivole, Marjane Satrapi tisse un discours politique fort : l’émancipation des femmes iraniennes. À l’heure où les masses de Persepolis se soulèvent contre la condition féminine opprimée, lire ou relire Broderies prend tout son sens.
Sources :
Broderies, Marjane Satrapi, édition : l’association
https://fr.chabad.org/parshah/article_cdo/aid/2602935/jewish/Les-lois-du-Lachone-Hara.htm https://www.bible-notes.org/article-2140-le-langage-du-chretien.html
https://www.evolution-101.com/proverbes-persans/
https://www.jardindelatorah.org/introduction-aux-lois-de-lashone-hara-preserver-sa-langue-du hafets-haim-rav-perets-bouhnik/
https://www.ajib.fr/islam-humilier-medire-frere/
https://cejnice.com/wp-content/uploads/2021/12/KI-TETSE.pdf
Diet-éthique : se nourrir selon les préceptes de l'islam, du judaisme et du chrisitanisme
Alors que la farine de grillon vient d’être légalisée en Union Européenne, le Qatar réitère l’interdiction de commercialiser des insectes à l’intérieur de ses frontières. La raison ? À l’instar du judaïsme, l’islam en proscrit la consommation. À l’heure où la recherche de protéines animales alternatives, moins polluantes et bon marché montre que les pratiques alimentaires mondiales sont à un véritable tournant, un petit village de différentes communautés religieuses résiste encore et toujours à l’envahisseur. En 2022, le marché mondial des aliments casher a augmenté de 3,7% (taux de croissance moyen) tandis que la France devient le 4ème exportateur de viande halal dans le commerce international.
On ne peut faire abstraction de la place prédominante qu’occupe la nourriture pour les trois monothéismes. Pour comprendre l’obstination qui pousse les confessions à maintenir les règles alimentaires qu’elles ont toujours observées, il faut en comprendre le sens.
Tous à table ! Le rôle du repas pour les trois monothéismes
Avant d’inspecter le fond de nos assiettes, il convient de rappeler la symbolique du repas aux yeux des trois monothéismes. Communier, fêter, aimer… Le Lévitique, le Coran et le Nouveau Testament mettent un point d’honneur à souligner la dimension communautaire du repas. Chaque vendredi soir, les familles juives se réunissent allègrement autour de la table du Chabat. La cérémonie du Kiddouch, où l’on boit le vin, suivie de celle du motsi (où l’on fend le pain) unit à la fois les membres de l’assistance entre eux et à leur créateur.
Lors de la bénédiction du Kiddouch, on récite ainsi : “Tu es source de bénédiction, Éternel notre Dieu… Son Chabbat saint, Il nous l’a légué avec amour : commémoration de l’acte créateur…” (Genèse, 2,1-3). Ce lien indélébile est tout aussi présent lors de l’Eucharistie dans la communauté chrétienne qui rend présent son créateur par transsubstantiation (conversion du pain et du vin en corps et sang du Christ). “La multitude que nous sommes est un seul corps car nous avons tous part à un seul pain” (1 Cor, 10,17).
Règles de consommation et leur signification
On est ce que l’on mange. L’importance névralgique de la nourriture justifie l’attention particulière que lui porte la religion. Par le biais de l’alimentation, les textes bibliques et coraniques indiquent une ligne de conduite, une éthique à respecter. De fait, le terme Halal englobe bien au-delà des règles d’ordre strictement culinaire et comprend l’ensemble de nos actes et comportements. Il en va de même pour le judaïsme, auquel le Coran fait explicitement référence pour reconnaître la continuité des révélations alimentaires.
La casheroute se fonde essentiellement sur des métaphores qui ordonnent le monde. Par exemple, l’interdiction de mélanger les aliments lactés et carnés, que l’on tire du Lévitique, traduit la volonté de ne pas confondre la vie (associée au lait, à ce qui provient de la mamelle) et la mort (la chair inerte de la bête).
Un esprit saint dans un corps sain : importance de la santé dans la religion
Bien que la nourriture soit scrupuleusement étudiée dans chaque communauté, on aurait tort de réduire cette réglementation à une succession d’interdits ou à de l’ascèse. Comme il est écrit dans le Coran (XXIII) : “Mangez d’excellentes nourritures ! Faites le bien !” Dans la Torah, manger ne rime pas avec souffrance. D’après Maïmonide, la préservation du corps serait au coeur des principes de la casheroute. Dans le Guide des Égarés, le médecin séfarade du XIIème siècle expose les raisons rationnelles et médicales incitant l’application de lois alimentaires. Le sang, dont la consommation est prohibée dans l’Islam et le judaïsme, serait en effet vecteur de germes et propice aux maladies infectieuses.
La communauté adventiste prend également en compte la variable sanitaire. Recommandant de ne pas consommer les ingrédients contenant de la théine, de la caféine ou de l’alcool, cette branche issue du christianisme prône un modèle de vie sain que nombreux commencent à adopter.
Véganisme biblique, Halal Bio… La modernité à l’ordre du jour ?
Archaïque ? Loin s’en faut. Dans nos sociétés sécularisées, de nouveaux interdits sont diffusés au nom d’arguments louables mais qui frôlent la croyance. Le réchauffement climatique a notamment fait surgir le thème d’une consommation moins carnée, corrélée à l’émission de CO2. Selon un sondage Opinion Way, la consommation de viande aurait chuté de 12% en 10 ans. Les véganes d’aujourd’hui retournent sans le savoir aux origines bibliques. “Je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre” (Genèse). Tout laisse entendre que l’Éternel aurait d’abord orienté l’homme vers une alimentation purement végétarienne. Dans la Bible, ce n’est qu’après l’épisode du Déluge que la consommation de viande apparaît.
En attendant, les croyants continuent de conjuguer tradition religieuse et modernité. En 2013, la première boucherie halal bio ouvre ses portes en bordure de Paris. Avec un chiffre d’affaire de 6 millions d’euros, elle propose une large gamme de viande de choix, certifiée AOP, AOC. Bien qu’elle ait dû renoncer à son label BIO en 2019, en raison des nouvelles normes européennes liées à l’abattage rituel, cette boucherie continue d’accueillir une clientèle de plus en plus diversifiée. Décidément, la gastronomie n’a pas fini de nous surprendre !
Sources :
Les Nourritures divines, Olivier Assouly, éditions babel
https://www.massorti.com/Kiddouch-du-vendredi-soir
https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2016-3-page-113.htm
https://fr.aleteia.org/2021/02/13/la-presence-du-christ-dans-leucharistie-est-elle-reelle/
https://www.businesscoot.com/fr/etude/le-marche-des-aliments-casher-france https://www.businesscoot.com/fr/etude/le-marche-de-la-viande-halal-france https://www.leparisien.fr/societe/la-viande-halal-ou-casher-peut-elle-etre-certifiee bio-18-06-2019-8096226.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Église_adventiste_du_septième_jour
https://www.revueconflits.com/veganisme-nouvelle-religion/
A l’unisson : L’union des voix pour l’union des coeurs
La musique est un langage universel qui n'a pas besoin d’être traduit. Elle est le vecteur le plus fort pour faire passer des émotions, parler à l’âme et toucher les consciences.
Depuis quelques années, on assiste à la recrudescence des actes de haine, de racisme et d’antisémitisme en France et dans le monde. Face à l’horreur et la violence qui ont envahi nos rues et notre quotidien, des barrières se se sont crées entre les différentes populations, par réflexe sécuritaire.
Alors comment se retrouver, communiquer les uns avec les autres, dans un climat de confiance et de partage ?
Pour des générations d’individus venant d’origines diverses et dont les frontières des pays restent fermées les unes aux autres, la musique est un moyen de construire des ponts pour les faire se rencontrer. Elle adoucit les coeurs et les rancoeurs. Elle transcende les peurs et les préjugés. Elle pénètre l’âme et tout devient alors possible.
Nombre d’artistes ont tout naturellement choisi de se servir de la musique pour initier ce rapprochement en chantant l’espoir et la paix entre les peuples.
A l’unisson, et en mélangeant leurs styles, ils ont réussi à s’assembler et à rassembler en mettant de coté leurs différences, pour clamer d’ une même voix la nécessité d’une paix dans les coeurs.
Un projet à trois voix et à mille voies
Ils ne se connaissaient pas avant, et pourtant ils chantent des textes remplis d’amour, de respect et de cohésion.
A eux trois, ils incarnent une grande part de l’humanité.
Le trio de chanteurs « Ensemble » composé de trois hommes de foi : Farid Abdelkrim, humoriste et comédien musulman engagé, Philippe Darmon, chantre dans une synagogue parisienne et Matthieu de Laubier, prêtre catholique partagent leurs voix sur le même album intitulé « Liberté » pour célébrer et inspirer le vivre ensemble et la tolérance. Ce sont trois voix, trois traditions, trois personnes faisant une même fraternité.
Un ambitieux projet artistique, qui aurait pu paraître angélique, mais dont la force symbolique est importante puisqu’il réunit des personnes des trois grandes religions monothéistes au service du dialogue interreligieux, dans une époque troublée par la résurgence du fanatisme et du terrorisme.
Les voix des trois chanteurs s’entremêlent dans une symphonie apaisante à l'unisson prônant les valeurs humanistes communes à la Torah, à la Bible et au Coran : « Voilà ma foi, mon espérance, mon amour, ma joie » car « si un ciel divise les hommes, la Terre, elle, les réunit. »
Une même voix pour s’engager
A l’image de ces deux chanteuses, l’une Israélienne juive, l’autre arabe- israelienne , Noa et Mira Awad s’inscrivent comme des ambassadrices militantes pour faire avancer un dialogue de paix et d’espoir dans cette région du Proche- Orient.
Les chanteuses se sont associées pour la première fois en 2002, au plus fort de la deuxième intifada palestinienne, pour aborder le dialogue à travers leur version enregistrée de la chanson des Beatles "We Can Work It Out", qui a été interprétée à la fois en arabe et en hébreu. Quelques années plus tard, en 2009, le duo a été choisi pour représenter Israël au concours de l’Eurovision avec le titre « There must be another way ».
Bien que les deux femmes soient issues de milieux très différents, leur engagement empreint de courage et de détermination illustre les efforts de nombreuses organisations en Israël qui promeuvent la paix et la coopération par le biais de projets communs tels que les centres de développement économique, les sports extra scolaires et les écoles bilingues et biculturelles.
"Chacun est responsable de mettre son grain de sel pour la paix et la coexistence. Notre contribution est la musique", a déclaré Noa au sujet du duo de chanteurs "Nous avons une véritable amitié. Bien sûr, nous nous disputons. Mais ce qui est beau, c'est que nous offrons un exemple de ce à quoi la coexistence pourrait ressembler. »
S’unir pour apaiser
Elles se sont retrouvées dans la cour des Invalides, pour la cérémonie d’hommage national aux victimes des attentats du 13 Novembre 2015 , qui ont couté la vie à 131 personnes et fait 350 bléssés.
Le trio de chanteuses issues d’origines diverses et aux timbres de voix bien distincts composé de Nolwenn Leroy, la bretonne, Camélia Jordana, la petite fille d’immigrés algériens et Yael Naim, la franco-israélienne, a repris la chanson très emblématique « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel.
Ensemble avec leurs voix à la fois douce, forte et éraillée, sur un texte aux paroles pacifistes, elles ont répondu aux terroristes qui ont endeuillé Paris et voulu détruire la cohésion de la société française.
A l’unisson, elles ont uni leurs voix pour répondre à la violence et à la barbarie.
Chanter pour ne pas se taire.
Chanter pour apaiser le ressentiment, le désir de vengeance et le rejet d’autrui. Chanter pour toucher l’âme et rappeler la nécessité absolue de fraternité.
Ensemble elles ont montré l’exemple de l’union face à l’horreur quelles que soient les origines ou les convictions religieuses.
Nos différences, notre richesse
Ils sont différents mais se ressemblent, ils partagent une histoire et des valeurs communes et ont le même objectif : montrer que l’entente est possible et qu’il suffit de montrer l’exemple pour inspirer.
Ils se sont réunis sur scène à Paris en janvier 2015, en réaction aux lourds attentats ayant frappé la France, autour d’ un titre symbolique intitulé "Pourquoi ne pas y croire..."
Des paroles qui prennent d’autant plus de sens lorsqu’elles sont écrites et chantées par un trio très éclectique à la fois français, marocain et israélien. A cette occasion, les chanteurs Patrick Bruel, Youness Elguezouli et Idan Raichel se sont engagés pour faire avancer l'histoire et l’écrire ensemble avec une chanson universelle interprétée en français, en arabe et en hébreu.
Le choix audacieux de Bruel en la personne de Raichel, chanteur juif israélien bien connu pour ses collaborations interculturelles qui ont changé le visage de la musique populaire israélienne en montrant un Israël jeune, tolérant et multi- ethnique, et celui de la star du Raï ,Youness, chanteur populaire marocain et musulman, pour interpréter cette chanson pleine d’espoir et de fraternité illustre parfaitement le désir d’entreprendre le chemin du dialogue et de la paix.
La musique est un merveilleux instrument pour faire entendre sa voix et raconter ses sentiments. S’en servir pour aider à éveiller les consciences, engager le dialogue, prôner l’entente et la coexistence est le plus noble moyen de résister à la violence.
"Fois deux" en deux ans
« Products from Israël ». Voici ce qu’on peut lire au-dessus de la supérette Almaya, installée sur Al Marsa Street à Dubaï. Dans cette épicerie achalandée en houmous, tehina et autres biscuits israéliens, les accords d’Abraham portent leurs fruits. Deux ans après la signature de ces accords historiques entre Israël et les Émirats Arabes Unis (EAU) d’une part et Israël et Bahreïn d’autre part, suivis d’accords avec le Maroc et le Soudan, la normalisation des relations diplomatiques a ouvert la voie à des échanges croissants de plus en plus denses. Les routes du commerce se déploient et croisent désormais celles de la coopération scientifique et culturelle sur l’ensemble du bassin méditerranéen.
Tech : des collaborations qui se multiplient
Cette nouvelle donne bénéficie en premier lieu au secteur de la technologie. Initié par les EAU, un programme gouvernemental de 545 millions de dollars dédié au développement du secteur de l’innovation ouvre de nouvelles opportunités pour les entreprises. À ce titre, une plateforme d’investissement basée à Jérusalem, « Our Crowd », ouvrira prochainement un centre d’IA à Abu Dhabi. Réciproquement, Israël accueille la société émirienne G42, spécialiste de l’IA appliquée à la sécurité.
Cette dynamique profite aussi aux entreprises de la tech qui œuvrent dans le secteur de la transition climatique. Ainsi, l’entreprise marocaine Gaïa Energy s’est associée à l’entreprise israélienne H2PRO, envisageant, selon les mots du président de Gaïa “de combiner la puissance des actifs développés par Gaïa avec la technologie de production d’hydrogène vert d’H2PRO, pour devenir les leaders de la production d’hydrogène vert en Afrique”.
Une Terre en commun, des défis climatiques à relever ensemble : pour les entrepreneurs, les accords d’Abraham seraient-ils porteurs d’une nouvelle Alliance ?
Une forte croissance des échanges commerciaux
Dans ce contexte, les échanges commerciaux se multiplient et prennent de l’ampleur. Fin 2021, l’ensemble des échanges commerciaux entre les EAU et Israël s’élevaient à plus de 700 millions de dollars.
En ce sens, Muhammed Al-Khaja, ambassadeur des EAU, estime que son pays deviendra l’un des cinq plus gros partenaires d’Israël d’ici la prochaine décennie. L’on peut également se réjouir de l’abolition des barrières douanières entre les deux pays pour 96% des échanges ainsi que de la mise en place d’une ligne maritime directe suite à la dernière déclaration de Dubaï Ports World. Cette initiative augmentera les flux de marchandises qui transitent déjà d’un port à l’autre. Ces échanges sont dès aujourd'hui rendus possibles par une entreprise comme Barakat Group, leader des importations de fruits et légumes frais aux Émirats, qui propose des produits israéliens aux hôtels et marchés locaux qu’il approvisionne.
Les transactions se diversifient puisqu’à ces flux de produits alimentaires s’ajoute un commerce de biens de luxe. À cet égard, les diamants bruts représentent 55 % des importations israéliennes.
Et le Maroc n’est pas en reste. Depuis la reprise des relations diplomatiques, les échanges commerciaux avec Israël ont atteint 117 millions de dollars en 2021 et les exportations ont augmenté de plus de 200% par rapport à 2020. “Depuis un an, c’est une histoire d’amour qui s’est dévoilée des deux côtés, en tous points de vue : économique, culturel, touristique…” confie David Ouaknine Kenan, président de l’association des juifs de Marrakech, au journaliste Sami Boukhelifa.
Une ouverture culturelle et religieuse
Le développement des relations commerciales s’accompagne d’une plus grande entente religieuse. Et les accords d’Abraham n’y sont pas pour rien … Dans les pays musulmans signataires, la vie des communautés juives et chrétiennes a été améliorée. Ainsi, dans un marché populaire au cœur de Manama, au Bahreïn la synagogue ancestrale fraîchement rénovée a pu célébrer l’office du Chabat pour la première fois depuis 74 ans. Aux Émirats, la première crèche publique juive a été inaugurée et dès à présent, les Dubaïotes peuvent inscrire leurs enfants à “Mini Miracles”. Situé à 400 mètres de la Mosquée Al Farooq Omar Bin Al Khattab, cet établissement enseigne aussi bien l’hébreu que l’arabe à la nouvelle génération. Ce projet éducatif participe à la construction d’un “Moyen-Orient cosmopolite”, une vision défendue par Reem Al Hashimi, ministre de la coopération internationale, lors de la présentation de l’Exposition universelle de 2020 à Dubaï.
Des accords qui influencent l’ensemble du bassin méditerranéen
Les bienfaits des accords se répercutent sur tout le pourtour méditerranéen, de l’Arabie Saoudite à la Jordanie en passant par le Liban et la Turquie. Ainsi, depuis la signature des accords d’Abraham, l’on assiste à un rapprochement progressif entre Israël et l’Arabie saoudite. Alliées des États-Unis et unies de facto contre leur ennemi commun, l’Iran des mollahs, ces deux puissances régionales normalisent leurs relations : ouverture de l’espace aérien entre Riyad et Tel Aviv, délégations d’hommes d’affaires israéliens en visite officielle sur le sol saoudien pour développer des échanges commerciaux et sécuritaires entre les deux pays… Et à l’instar de la diplomatie du ping-pong chère à Henry Kissinger, la participation d’un athlète israélien au triathlon de Neom en Arabie saoudite est une première entre le royaume du Golfe et la Start-Up nation !
La Jordanie participe aussi à ce climat d’apaisement. Fort d’un premier accord de paix avec Israël en 1979, elle voit depuis 2020 quelques initiatives de grande ampleur apparaître. C’est le cas de l’accord Vert-Bleu conçu entre les deux pays, soutenu par les EAU et les États-Unis. La Jordanie fournira de l’énergie solaire (verte) à Israël qui approvisionnera le royaume hachémite en eau dessalée (bleue). Cet accord pourrait s’avérer décisif face aux défis énergétiques et hydriques auxquels les deux pays font face : tandis que la Jordanie souffre d’un déficit d’eau chronique, l’État hébreu a besoin de plus d’électricité d’origine photovoltaïque.
La Turquie est également de la partie et c’est dans cet état d’esprit d’apaisement général des tensions, que le ministre des affaires étrangères turc s’est rendu en Israël puis en Cisjordanie en mai 2022. Melvut Çavusoglu s’est exprimé à ce sujet en admettant que la résolution du conflit israélo-palestinien ne pourrait qu’avoir lieu dans un contexte normalisé. La Turquie veut être parmi les premiers pays à poser les pierres d’un Levant pacifié. Ce voyage diplomatique de bon augure précède l’aparté d’Erdogan et Yair Lapid lors de la réunion annuelle des Nations Unies suivie de la discussion d’un nouvel accord sur l’aviation civile, après 15 ans d’interruption des lignes aériennes.
En conclusion : le retour du « Grand Moyen-Orient » ?
En 2001, suite aux attentats terroristes du 11 septembre, Georges Bush Junior et le G8 esquissèrent le projet d’une restructuration du Moyen Orient. Leur but : initier un changement culturel et politique afin de prévenir de prochains actes terroristes. L’avènement d’une “société de la connaissance” (Peter Drucker) devait engager la mise en œuvre d’un programme de démocratisation.
Aujourd'hui, face à une menace climatique globale qui fait s’effondrer nos certitudes, des ponts se bâtissent d’une rive à l’autre. Les pays des peuples d’Abraham se mobilisent tous ensemble et construisent l’unité d’aujourd'hui pour apprécier la paix de demain.
Pour en savoir plus :
https://www.economist.com/business/2021/01/25/emirati-and-israeli-bosses-cannot-wait-to-do-business
https://israelvalley.com/2022/10/06/les-echanges-commerciaux-entre-israel-et-les-emirats-diamants/
https://aujourdhui.ma/economie/gaia-energy-sallie-a-lisraelien-h2pro
https://www.wam.ae/fr/details/1395302977073
Bahrein : le nouveau e-passeport abaisse toutes les barrières
Le e-passeport Bahreïni a récemment été dévoilé. En présence du ministre des transports et de celui des finances, le ministre de l’intérieur, Rashid Ben Abdullah Al Khalifa a indiqué la finalité de ce document: proposer une offre de services modernisée aux autochtones et faciliter leur déambulation bien au delà des berges du Golfe Persique.
Passage à la numérisation : voyager de façon plus simple et plus sereine
Approuvée par l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) dont le Bahrein fait partie, cette solution électronique reflète un véritable tournant de la mondialisation: l’accélération des flux. Pour tous les adeptes du e-passeport, les procédures d’immigration se verront largement simplifiées: obtention de visa plus rapide, moins d’étapes de contrôle à l’aéroport, réduction du risque de vol ou de perte…
Cette innovation n’a été rendue possible que par le renforcement du contrôle de la confidentialité des données informatiques. Consciente du risque de piratage ou de contrefaçon, Manama n’a pas lésiné sur le volet de la sécurité. Le prototype a été confié à l’entreprise Américaine HID Global, spécialisée dans la conception de produits d’identité sécurisés. Le modèle du e-passeport Bahreïni comprend une carte sim qui contient les informations personnelles et biométriques de l’utilisateur, ce qui limite drastiquement les tentatives de fraude. Les pages du visa ont quant à elles été réalisées par Blue Line Technologies, autre société outre-atlantique de design. Le passeport en cours de finalisation, se verra prochainement assemblé et imprimé dans des firmes spécialisées en Allemagne et en Pologne. Bien plus qu’une mise à jour administrative, l’arrivée du e passeport au Bahrein traduit bien une dynamique de coopération plus affirmée avec l’Occident.
Credits : HID Global
Un passeport à cheval entre tradition et modernité
Collin Howell, designer d’HID Global a souligné l’étroite collaboration entre les autorités du royaume et les concepteurs digitaux américains. Après 12 mois de développement, le rendu final est impressionnant. Effets tactiles, portrait couleur, animations… Le choix du contenu n’est pas anodin. Ce document est le fruit d’une longue réflexion iconographique. La culture, l’héritage et les atouts du pays sont exposés, page après page, tel un livre d’histoire.
Chaque page du visa présente des éléments de design inédits associés à différents domaines, à savoir, tourisme, transports, religion, nature, sciences… On retiendra notamment cette image sublime d’un étalon au galop surgissant du passeport dès que l’on
commence à le feuilleter. Cet animal symbolise l’une des fiertés du pays de par l’hippodrome de Sakhir, qui accueille les plus grandes courses internationales. Cet alliage entre tradition et modernité pointe ainsi toute la richesse et diversité du Bahreïn.
“Les principes sont clairs, nous voulons nous développer plus vite que le reste du monde”
Barrières physiques, mentales et à présent administratives s’amenuisent toujours davantage. Quoi de mieux pour encourager les individus à goûter un peu plus au voyage et à la découverte des autres cultures ? À l’horizon 2024, l’OACI prévoit en effet une hausse du volume de fréquentation de l’ordre de 4% par rapport aux chiffres enregistrés fin 2019.
Le Royaume du Bahrein a bien compris l’enjeu de la trans-spatialité quant à sa croissance. Tandis que le trafic aérien mondial sort de sa paralysie et recouvre son dynamisme d’avant pandémie, le pays du Golfe sort de son insularité en misant sur l’industrie du tourisme. Depuis les turbulences de 2011, le Bahreïn essaye effectivement de mettre en place des réformes économiques et fiscales pour gagner en compétitivité.
À cet égard, l’implémentation du e-passeport répond à une double ambition. Il s’agit, d’une part, d’améliorer la mobilité des citoyens, et d’autre part, d’encourager celle des visiteurs internationaux au sein du pays. En conséquence, afin d’accompagner la mise en oeuvre du nouveau passeport officiel, Manama s’est chargée d’aménager un nouveau terminal dans l’enceinte de l’aéroport international, dont la capacité s’élève à 14 millions de passagers par an.
Khaled Ibrahim Houmaidane, directeur général du Conseil de développement économique a d’ailleurs insisté sur le pan stratégique du e-passeport. “Les principes sont clairs, nous voulons nous développer plus vite que le reste du monde”. S’il y a 25 ans, on parlait du Bahrein comme d’un simple point de transit entre l’Europe et l’Asie, il se pourrait prochainement que cette destination exotique séduise de plus en plus de voyageurs. Le pôle touristique devrait contribuer à hauteur de 11,4% du PIB. Dans un climat de normalisation des relations inter-étatiques avec Israël ou l’Arabie Saoudite, l’île pourrait déjà compter sur la venue de ses voisins.
Pour un pays dont l’étymologie signifie “les deux mers”, l’opportunité technologique et touristique du e-passeport est peut-être le pont qui saura joindre tous les bords de la région et plus loin encore.
Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=ghdStaLDu2U
https://www.newsofbahrain.com/bahrain/88794.html
https://www.ecologie.gouv.fr/statistiques-du-trafic-aerien
https://www.muscatdaily.com/2022/11/24/ugandan-diaspora-in-oman-instructed-to-get-new-e passports/
https://www.chronicle.co.zw/e-passport-centres-to-increase-to-14/
https://www.easyvoyage.com/bahrein/les-traditions-nomades-302
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bahreïn
Les stylistes du voyage
Ces mots de Miuccia Prada sonnent parfaitement juste. Moyen d’expression, revendication identitaire, la mode est une langue sans frontières. Pour la Paris Fashion Week, saison homme automne-hiver, le designer marocain Charaf Tajer et Hed Mayner, d’origine israélienne, portent ce message haut et fort. Bien plus similaires qu’on ne le pense, ces deux stylistes du bassin méditerranéen ont tout deux l’ambition de casser les codes vestimentaires en présentant des modèles exotiques, unisexes, et inspirés du tailoring de leur milieu d’origine. Cette année, la maison Casablanca revient illuminer le podium avec le show For the Peace tandis que Hed Mayner continue de revisiter les codes du costume avec ingéniosité.
Charaf Tajer, lauréat du prix LVMH 2020, fonde Casablanca en 2018. Cette collection lui est directement inspirée de cette ville marocaine, où ses parents se rencontrés. Couleurs chaudes, tons pastels, motifs orientaux… Le Maroc s’anime au travers des modèles du designer. À l’intersection de plusieurs mondes - son pays natal, Belleville où il grandit, les États Unis où il voyage… - le styliste marocain retranscrit le multiculturalisme dans ses créations. “Je suis issu de différents milieux, tout comme Casa.
Charaf Tajer dans le studio Casablanca. Credits : Le Monde
Credits : charaftajer, instagram
Son nom est espagnol, son pays est musulman, son continent est africain, et elle est aussi une ancienne colonie française”. La ville pour identité : Casablanca coule dans les veines de Charaf Tajer. Cela n’est pas sans rappeler l’éminent photographe Erwin Blumenfeld qui livrait dans ses mémoires « en Amérique je ne suis pas américain, je suis New Yorkais. En Allemagne je ne suis pas allemand, je suis Berlinois ». Le photographe du magazine Harper’s Bazaar a d’ailleurs lui aussi vécu au Maroc. Coincidence ? Les grands esprits se rencontrent, même à un siècle d’écart.
L’exotisme est encore sous le feu des projecteurs quand les mannequins d’Hed Mayner foulent le runway. Déjà lors de son défilé printemps-été 2020, tuniques sablées et djellabas re-visitées façon chemises ramenaient à Paris l’ambiance et la chaleur du Moyen Orient. Originaire d’Amuka au nord d’Israël, celui qui recevait le prix Karl Lagerfield en 2019, reste fidèle à ses origines. Le vêtement est son lieu d’expression et de spiritualité. Avec des collections qui puisent dans l’univers du tailoring traditionnel juif orthodoxe, le styliste israélien rappelle les principes fondamentaux de la tsniout. L’élégance a toute son importance dans le judaïsme. Synonyme de dignité et de respect d’autrui, ce principe religieux s’impose tant dans la garde-robe que dans le comportement.
Le Levant inspire Hed Mayner et Dany Atrache
Collection Hed Mayner, Fashion Week automne-hiver 2023.
Credits : Vogue Runway
Jouant avec les codes de la tsniout, Hed Mayner accoutre ses silhouettes de smokings en satin aux volumes exagérés. C’est ainsi qu’il matérialise la spiritualité d’une longue tradition biblique qui continue de l’envelopper, à la manière d’un grand manteau. Non loin de là, costumes et rencontre entre Orient et Occident sont également la signature de Dany Atrache. Bien qu’absent de cette édition 2023, ce grand couturier libanais demeure une
icône de la mode. Il habille les princesses et célébrités du monde arabe en s’inspirant des tapisseries de sa culture libanaise.
Par delà les kilomètres qui séparent Paris de Casablanca, Tel Aviv et Beyrouth, les stylistes du voyage ramènent avec eux les paysages, les gens et les coutumes de la Méditerranée.
Sources :
https://www.vogue.fr/vogue-hommes/article/qui-est-hed-mayner-laureat-du-prix-karl-lagerfeld https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/talmudiques/erwin-blumenfeld-au-dela-de-la mode-3488600-"Erwin-Blumenfeld-au-delà-de-la-mode"
https://www.instagram.com/p/Clv5Fs_IjaO/?igshid=MDJmNzVkMjY%3D
https://parisfashionweek.fhcm.paris/fr/arab-designers-in-paris-at-tranoi/
https://femmedinfluence.fr/citations-createurs-mode/
https://www.liberation.fr/portraits/charaf-tajer-costard
xxxl-20220222_JDJASQFSI5FJ5CKJYJOR5WEFIU/
https://luxe.net/hed-mayner-automne-hiver-2023-tailoring-disproportionne-pour-plus-de-comfort/
La Jordanie revitalisée par ses jeunes pousses
Lorsqu’il arrive au pouvoir en 1999, le roi Abdallah II donne le ton : l’heure est à la modernisation. Insuffisance hydrique, agriculture sur le déclin, la Jordanie n’a d’autre choix que de se renouveler. Premier pays de sa région à investir dans les énergies renouvelables, le royaume hachémite est devenu un hub majeur de la tech, permettant l’émergence de jeunes entreprises prometteuses. En atteste le classement 2019 du Forum économique mondial sur le Moyen-Orient et l’Afrique où 20 start-ups jordaniennes figurent parmi les 100 sélectionnées. Celle que l’on surnomme “Silicon Wadi” parie désormais clairement sur son éco-système de start-ups pour répondre aux problèmes politiques et sociaux qui minent le pays.
Le boulevard des NTICS : un atout pour résorber le chômage dans le royaume hachémite
Tandis que la société Ericsson s’apprête à déployer la 5G sur l’ensemble du territoire, les start-ups du royaume continuent de miser sur le secteur des télécommunications, suivant le modèle de Maktoob, dont la réussite résonne encore dans le monde arabe. Racheté pour plus de 170 millions de dollars par Yahoo en 2009, ce premier fournisseur de courrier
électronique arabe/anglais au Moyen Orient aura eu une influence déterminante sur l’économie nationale. Avec une participation de 4% au PIB jordanien et un taux de croissance de 25% en 2022, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTICS) constituent un secteur d’avenir.
Au regard des 900 entreprises spécialisées dans la télécommunication et des 26 000 emplois générés dans ce domaine, le roi Abdallah a pris conscience de la richesse que les start-ups pouvaient apporter. Afin de résoudre le problème prégnant de chômage structurel, le souverain a décidé de cultiver la fibre entrepreneuriale jordanienne grâce à la mise en place d’un programme d’accompagnement efficace. Oasis500 alimente ainsi les jeunes pousses incubées à hauteur de 30 000 dollars. Les fonds qu’elle investit s’élèvent à 100 000 dollars à la création et peuvent grimper jusqu’à 350 000 dollars en période de suivi. La plateforme a déjà accompagné plus de 150 entreprises et engendré 800 emplois directs.
La promotion des nouvelles entreprises participe à la féminisation de l’emploi
Oasis500 a aussi le mérite d’inciter les femmes à démarrer leurs sociétés. Aujourd’hui, 37% des entreprises financées par la compagnie d’investissement sont dirigées par des businesswomen. Si Oasis peut se targuer d’avoir pour PDG Luma Fawaz, qui figure sur la liste des 100 femmes d’affaires de Forbes au Moyen-Orient, ces chiffres ne reflètent pas uniquement une poignée de cas isolés, mais bien une évolution significative de la féminisation de l’emploi en Jordanie.
Sujet central des discussions des chefs d’État, la promotion des femmes sur le marché du travail est devenu un motif d’octroi financier à l’échelle internationale. En août 2022, le Canada a adressé 25 millions de dollars au royaume hachémite en vue de renforcer l’accès féminin au marché du travail, surtout dans les zones rurales de Salt et d’Ibrid.
Cet objectif socio-économique trouve une illustration réussie en Teenah, start-up prospère située dans le nord d’Ibrid. Fondée en 2016, Teenah s’est donné pour mission d’offrir ses postes aux femmes jordaniennes ainsi qu’aux réfugiées syriennes tout en relançant l’activité professionnelle des zones agricoles du nord. Officiellement reconnue et soutenue par Amann, cette compagnie spécialisée dans le textile durable a depuis attiré l’attention de l’UNICEF et Shamal Start qui ont apporté les ressources économiques et sociales nécessaires pour la création de nouveaux postes et entrepôts.
Génératrice d’emplois, de services et de recettes, la voie de l’entreprenariat réussit à la monarchie du Proche-Orient, et semble en prime, déboucher sur l’Oasis du progrès social.
Sources :
https://www.aa.com.tr/fr/monde/financement-canadien-de-25-millions-de-dollars-à-la-jordanie/ 2660066
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maktoob
https://wydden.com/1001startups-fait-escale-en-jordanie/
Fair-Paix
Nous avons tous frissonné à chaque coup d’envoi, nous nous sommes tous enflammés à chaque but… Surtout, ce mondial s’est révélé historique en ce qu’il a placé le monde arabe sous le feux des projecteurs : le Lion de l’Atlas devient la première équipe africaine à se qualifier en demi-finale, tandis que l’Arabie Saoudite bat l’Argentine 2-1…
Les matchs s’achèvent, mais le jeu est loin d’être fini. Les derniers événements sportifs ont ébréché les barrières politico-religieuses qui séparaient les différentes nations de la Méditerranée.Athlètes israéliens, palestiniens, émiratis, saoudiens - et bien d’autres encore - s’affrontent désormais sur un terrain beaucoup plus fertile que celui de la division : le terrain du fair-play.
Pour toutes les cultures le sport est mythique
Le sport rassemble bien plus qu’il n’éloigne. En témoigne l’intérêt croissant qui lui est porté dans les nationalismes tant arabes que juifs. Remède contre la faiblesse, en Europe, les premiers clubs de sports sionistes ont pour aspiration de renouer avec les héros légendaires de l’histoire juive, notamment : Judas Maccabée. Parallèlement, le mouvement arabe sportif des années 1930 tend lui aussi à mettre en avant les figures emblématiques de son histoire, telles que Saladin. Les deux peuples adoptent donc sans le savoir la même perspective : montrer au monde que leur force physique prolonge le mythe. Cette forme d’hubris transparait de façon sous-jacente dans toutes les compétitions d’aujourd’hui, les JO en étant la forme la plus éclatante.
“Le sport est un pont qui franchit les différences. On se respecte avant tout”
Les matchs disputés entre les équipes ne se résument pas à un combat pur et simple. C’est là tout le paradoxe du tournoi sportif : des pays se battent pour obtenir la victoire, mais cette lutte implique des règles strictes, garantissant le respect des adversaires. Une guerre pacifiée donc. Shakespeare est le premier à désigner ce “rapport courtois entre guerriers” sous le nom de fair-play (dans sa pièce Le Roi Jean). Au football, ce principe est placé au coeur du dispositif. Lors du Mondial, les équipes se sont livrées une bataille sans merci, ce qui n’empêche pas Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, de déclarer après la défaite de ses joueurs face aux Bleus “Aujourd’hui la France est le meilleur pays de football au monde”. Autre exemple, en 2018, avant même la signature des accords d’Abraham, la ministre israélienne de la Culture et des Sports se rendait à Abu Dhabi, où pour la première fois, Sagi Muki affichait les couleurs du drapeau bleu et blanc. Pour ce judoka doublement champion d’Europe, “le sport est un pont qui franchit les différences. On se respecte avant tout”. L’amitié qu’il noue avec son adversaire Iranien Saied Mollaei en est la preuve.
La diplomatie du football
En plus de renforcer les liens entre nations, la diplomatie du football fait également ses preuves en interne. En Israël, un tiers de l’effectif du football masculin est composé de joueurs issus des quartiers et villages arabes. En 2004, c’est d’ailleurs l’équipe arabe du club Ittihad Abna Sakhnin qui remporte l’Israel State Cup et représente le pays en Europe la saison suivante. Dans ce cadre, le football se présente comme un champ des possibles. Les immenses opportunités qui s’ouvrent aujourd’hui aux joueurs sont le pendant d’un apaisement général des tensions régionales. Diaa Sabia, du club Hapoel Be’er Sheva, club reconnu pour sa longue histoire de coopération entre Juifs et Arabes, est le premier footballeur israélien d’origine palestinienne à jouer dans un championnat arabe. Rien n’est infaisable.
La Palestine n’est pas mise sur la touche
Bien qu’elle n’ait pu participer à cette Coupe du monde, la Palestine était bel et bien présente dans les gradins et sur la pelouse du stade d’Al-Bayt. Des drapeaux portant ses couleurs ont été brandis par les supporters et par l’équipe Marocaine. Un message : “rejoignez-nous sur le terrain !” Ce message prend tout son sens à la lumière de la rencontre Palestine-Arabie Saoudite qui s’est tenu cet automne à Al Ram, près de Jérusalem. Si cet événement esquisse le rapprochement entre le Royaume du Golfe et Israël, pour l’entraîneur des Palestiniens, ce match a surtout été l’occasion de donner plus visibilité à son équipe. Au delà de la sphère footballistique, la Palestine a aussi brillé lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Cinq athlètes originaires de Cisjordanie, Gaza, Jérusalem se sont illustrés à la natation, au sprint ou encore au judo.
L’Iran, exclu de toutes les compétitions de La FIJ pour quatre ans : ultime défaite du régime des Mollahs ?
L’esprit sportif est celui du fair play, du respect de l’autre, de l’ouverture culturelle… Comment l’Iran des Mollahs s’intègre-t-il dans ce tableau ? Le gouvernement Chiite refuse de laisser ses judokas et ceux d’Israël concourir sur le même tatami. Les menaces exercées à l’encontre de son propre représentant, Saied Mollaei, l’ont contraint de quitter les JO de Tokyo. Le judoka a depuis tourné le dos à son pays en intégrant l’équipe mongolienne. La fédération internationale de judo a réagi immédiatement avec une sanction irrévocable : l’équipe nationale iranienne est officiellement exclue de toutes les compétitions pour quatre ans.
Et si le sport mettait un coup d’arrêt à l’autoritarisme ? En marge de cette peine imposée par une association internationale, l’Iran fait désormais face à la désagrégation de ses propres joueurs. L’image forte que l’on retiendra de la Coupe du Monde 2022 est sans aucun doute celle de la vaillante équipe iranienne campée dans un mutisme provocateur quand retentit son hymne national. À l’heure actuelle, ce silence s’entend comme un soutien aux manifestations qui font rage dans le pays. Ce geste symbolique est suivi dans plusieurs autres sports : au volley ball, au basket et même au beach soccer. Cette tendance fait écho au match de football du 21 juin 1998 entre Iran et États Unis. Alors que les tensions entre les deux pays sont à leur comble, les joueurs iraniens arrivent sur le terrain, une rose blanche à la main : symbole de paix qu’ils remettent aux américains. Cet épisode démontre que le peuple n’est jamais acquis à son pouvoir, les footballeurs sont des esprits libres et savent où se cache leur véritable adversaire. Près de vingt ans ont passé mais le combat reste le même.
Les Iraniens 1, Téhéran 0.
Sources :
https://conseilsport.decathlon.fr/dou-vient-lexpression-etre-fair-play
https://www.dw.com/en/what-does-the-israel-uae-normalization-agreement-mean-for-football/a-55051626
https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-2-page-47.htm
https://www.sofoot.com/palestine-arabie-saoudite-un-evenement-historique-475405.html
Ces librairies interculturelles qui nous remettent à la page
Hier, la dynastie des Abbassides mobilisait les livres du monde entier afin de fonder une bibliothèque encyclopédique.
Dans la maison de la sagesse : “Bayt al-Hikma”, érudits d’Orient et d’Occident unissaient leurs efforts pour rendre la connaissance universelle. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre pour la maison de la sagesse tout comme pour le dialogue entre les peuples.
À l’heure où le marché du livre affiche une hausse annuelle de 18% de son chiffre d’affaire et où la trend booktok séduit de plus en plus de tiktokeurs, les librairies et bibliothèques interculturelles se réinventent et prennent le relais en tant qu’espaces d’échange et d’apprentissage. En voici trois d’entre elles qui méritent le détour.
Al Saqi : un chapitre s’achève mais l’histoire continue pour la librairie spécialiste du Moyen-Orient
Al Saqi Books, c’est l’histoire de trois amis, Mai Ghoussoub, André et Salwa Gaspard, qui quittent leur Liban en feu et en flammes pour tout recommencer de l’autre côté de la Méditerranée.
Avec eux, ils emportent la connaissance et installent une librairie au centre de Londres afin de pouvoir la transmettre. Regorgeant d’essais et de romans sur le monde arabe, la maison spécialiste du Moyen Orient s’est vite imposée en l’Europe comme la plus grande du genre.
Par ailleurs, l’établissement ne s’est jamais plié à la censure, proposant notamment les oeuvres de Rushdie, traduites par l’auteur Israélien Abba Ebban.
Aujourd’hui pourtant, l’iconique librairie londonienne s’apprête à fermer ses portes sous le double coup de la crise au Liban, où se trouve leur maison d’impression, et du Brexit qui mpose de nouvelles barrières douanières.
Un chapitre se cloture pour Al Saqi, mais l’aventure continue !
Ses branches éditoriales Al Saqi Books et Dar al Saqi restent accessibles en ligne tandis que de nouveaux locaux sont en construction dans l’ouest de la capitale.
Les lecteurs pourront donc rapidement retrouver les essais sociologiques de Samir et Roseanne Khalaf, tels qu’Arab Youth : social mobilisation, ou encore The Meaning of Mecca de M.E McMillan et bien d’autres ouvrages…
Bien plus qu’un magasin, la librairie comme refuge : Pages à Istanbul
Tout comme les fondateurs d’Al Saqi, le syrien Samer Al-Kadri inaugure sa librairie sur les routes de l’exil. Arrivé en Turquie en 2012, le fondateur de Pages tenait à aménager un endroit spécial pour les habitants de la ville mais aussi pour les réfugiés syriens qui s’y trouvent.
Les étagères sont remplies de livres de célèbres auteurs syriens et de poètes arabes, presque impossibles à trouver à Istanbul.
Un espace est également offert aux écrivains, artistes et musiciens syriens pour qu’ils puissent perfectionner leur art et pour mieux s’intégrer dans la société. “Les membres de la communauté syrienne avaient besoin d’un endroit qui puisse leur rappeler leur pays, tandis que les communauté turque avait besoin de mieux nous connaître” souligne la co-créatrice de ce projet, Gulnar Hajou.
Synonyme de partage, le projet Pages a créé un point de rencontre entre les deux populations.
Plus de “barrière de la langue” pour l’association "LivreEnsemble"
Et si l’on faisait de la littérature une langue universelle ? Tel est le défi que s’est lancé l’association LivreEnsemble dont les locaux ouvriront prochainement à Paris Centre.
Cette bibliothèque multilingue ambitionne de promouvoir la diversité culturelle en proposant une large gamme d’ouvrages dans plusieurs centaines de langues. Véritable passerelle entre les cultures, LivreEnsemble tiendra également des ateliers pour faire découvrir la spécificité de chaque idiome.
Pour le moment, sa bibliothèque virtuelle donne déjà accès à un contenu varié grâce a des vidéos de lecteurs qui présentent leurs langue leur livre préféré.
Nadia Déhan Rotschild nous livre ainsi dans son yiddish maternel cet extrait hilarant des Mille Et Une Nuits De Krushnik de Sholem Aleichem :
“Sur la ligne de front, le soldat Yiekhiel commence à tirer en l’air. Là bas, tu dois tirer là bas, comme les autres ! Lui dit l’officier. Mais Yehiel ne s’alarme pas davantage et lui dit bien posément : là-bas ? Mais il y a des hommes là-bas !”
Quel avenir pour les bibliothèques ?
Se questionnait Umberto Eco lors de sa conférence du 10 mars 1981, à l’occasion du 25 ème anniversaire de la bibliothèque communale de Milan. Son essai De Bibliotheca laissait paraître que la bibliothèque de demain devait d’abord être un lieu de vie, un lieu où l’on ait envie d’aller, où l’on se sente chez soi.
LivreEnsemble à Paris, Al Saqi à Londres, et Pages à Istanbul prouvent que la prédiction de l’écrivain est en train de se réaliser.
Sources :
https://www.association-livreensemble.fr/la-chaine-livreensemble/
https://kawa-news.com/top-3-des-plus-belles-bibliotheques-du-monde-arabe/
Superstitions en partage
“When you believe in things that you don’t understand, Then you suffer, Superstition ain’t the way”
Stevie Wonder a-t-il raison ? Les superstitions nous induisent-elles en erreur ? “Cinq sur toi”, “ne me porte pas l’oeil”, “je touche du bois”... Combien d’expressions de ce genre s’entendent au quotidien ? Malgré le règne de la Science et du Fait, ces petits bouts de formules magiques prévalent encore sur la logique purement rationnelle. Un sondage IFOP révèle qu’aujourd’hui, un Français sur trois est superstitieux. Au XXIème siècle, certaines croyances restent indélébiles. Adoptons-nous la posture prudente du Rabbin médiéval Ben Samuel de Ratisbonne : “on ne croit pas aux superstitions, mais il reste quand même plus sûr de les respecter” ? Ou sommes-nous prisonniers de représentations imaginaires ?
Trop de raisons de ne pas croire à ces histoires ancestrales et pas assez pour les défendre... Et si l’on se faisait l’avocat du diable ? Ici, on proposera plutôt trois bonnes raisons de continuer à faire vivre nos superstitions.
Un patrimoine culturel partagé
Plus qu’une force mystique déterminant le destin individuel et collectif, une superstition constitue d’abord un patrimoine culturel partagé. Dans les anciennes provinces de l’Empire Ottoman, Serbie, Turquie mais aussi communautés arabes et juives du Levant, on perpétue la coutume ancestrale de jeter de l’eau derrière ceux qui partent en voyage : “pars comme l’eau, reviens comme l’eau”. Tout comme l’eau, cette tradition revient habiter les nouvelles générations de parents qui accompagnent leurs enfants à la gare, munis d’une bouteille bien remplie. Ce symbole et son usage révèlent le partage d’un même imaginaire... “Keep me in a daydream” dirait Stevie.
Autre symbole fort, le Nazar en Turquie, l’Ain au Maghreb, l’Oeil de Sainte Lucie en Corse ont une seule et même signification : le mauvais oeil. Attirer sur soi le malheur à cause de la jalousie d’autrui.
Pour conjurer cette malédiction, à chaque communauté ses grigris. En Turquie, les porte-bonheurs revêtent l’apparence d’un oeil bleu qui éloigne les mauvais esprits. Ces amulettes nazar que l’on repère parfois à l’avant des voitures sont les mêmes que celles fabriquées aux abords de la mer Égée en 3 300 avant JC.
En Égypte, dès 1 500 avant JC, le khôl porté par les égyptiens dessinait un oeil magique les prémunissant des puissances maléfiques. De génération en génération, la transmission du Ain et de ses antidotes est un fil rouge pour historiens et archéologues. Les superstitions préservent ainsi des siècles d’histoire.
Mauvais oeil et réseaux sociaux
Les croyances magico-religieuses expriment un besoin de contrôle sur sa propre vie : si je me comporte conformément à la règle édictée, alors je devrais être protégé(e). Or, à l’heure actuelle, ce contrôle est mis à mal par l’usage des réseaux sociaux : la frontière entre vie privée et publique est de plus en plus brouillée, il faut se montrer pour exister. On finit par se donner en pâture à des yeux inconnus.
Dans ce contexte, la peur de l’oeil n’est plus une croyance, c’est une ligne de conduite. Dois-je vraiment exposer ma vie à tous les regards pour la rendre légitime ? Et si une personne malveillante venait à repérer mon adresse, mon lieu de travail, mes dates de congés à cause d’un de mes posts... Les forces maléfiques ne relèvent pas que du monde spirituel, elles sont également perceptibles dans notre monde à nous.
Être superstitieux, c’est être raisonnable : la sagesse persane
Ce qu’on cherche alors, c’est une direction, une voie à suivre dans l’obscurité. Dans le Talmud de Babylone tout comme dans la tradition Coranique, les démons sont des êtres invisibles qui occupent un monde d’ombre partagé avec les humains. L’image du démon djinn renvoie à la racine ja-na-na : ce qui est caché. Le besoin de lumière est aussi l’un des fondements de la kabbale chrétienne de Pic de la Mirandole.
La logique se retourne : être superstitieux, c’est être raisonnable et rationnel. Le superstitieux s’inquiète du réel, tandis que le Cartésien minimise ses dangers. “En Iran, avant d’aller consulter l’avenir auprès d’un clerc, selon la pratique de l’estekhâreh, il est d’abord conseillé de recourir à la raison” confirme l’anthropologue Laetitia Fronval. Cette coutume chiite vise à guider les égarés en élargissant la focale vers l’avenir... On avance dans le noir, mais on avance !
Pour en savoir plus :
https://www.femina.fr/article/vendredi-13-les-francais-de-plus-en-plus-superstitieux-selon-une-etude http://www.veroniquechemla.info/2015/07/magie-anges-et-demons-dans-la-tradition.html https://lepetitjournal.com/istanbul/comprendre-turquie/superstition-turque-le-nazar-cest-quoi-au-juste-276634 https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-du-vivant/le-khol-egyptien-et-medecine-traditionnelle-la-science- au-service-de-l
https://www.cairn.info/revue-le-divan-familial-2014-1-page-103.htm https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/djinns-islam-creatures-surnaturel-tradition-arabe-coran https://journals.openedition.org/assr/50047 https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2013-2-page-135.htm https://www.cairn.info/revue-archives-de-sciences-sociales-des-religions-2020-2-page-73.htm https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/mauvais-oeil-ayn-jalousie-envie-moyen-orient-maghreb-protection https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Pic_de_la_Mirandole
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kabbale_chrétienne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lilith
https://www.google.com/search? client=safari&rls=en&q=odelly+chante+pour+conjurer+le+mauvais+sort&ie=UTF-8&oe=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:8f7f2 3e0,vid:EF1ZWCajBrc
https://www.lesoirdalgerie.com/societe/un-geste-et-une-croyance-emplis-de-tendresse-37815
Source image : https://www.bwallpaperhd.com/nazars.html
Lumières d'hiver en partage
En cette période hivernale, tandis que Frank Sinatra et Mariah Carey tournent en boucle dans nos têtes, les rues s’illuminent pour accueillir chaleureusement les fêtes de fin d’année. Alors que l’on s’engouffre dans le froid et l’obscurité, les lumières sont mises à l’honneur par les trois monothéismes. Chaque communauté vient renforcer l’éclairage des réverbères et des décorations murales à force de bougies, de rites ancestraux et de plats traditionnels…
Noël, Mawlid, Hanouka…
La date du 25 décembre est bien connue de tous. La fête de Noël donne l’occasion aux familles de se réunir autour d’un repas plantureux. Crèches, sapin et messe de minuit, cette célébration est aussi celle de la lumière. Symbole de sagesse, de tolérance et de discernement, elle n’est jamais acquise. La bougie reste par excellence un élément phare des décorations et fait écho à la naissance de Jésus qui aurait inauguré “la lumière du monde”.
Dans la tradition hébraïque, la lumière est un idéal mais aussi un combat. On raconte qu’au IIème siècle avant JC, Juda Maccabé aurait affronté les Séleucides dans l’espoir de parvenir à rallumer la Ménorah du temple sacré. C’est donc en souvenir de cet événement, qu’à compter du 25 Kislev, les familles juives allument la Hanoukia (chandelier à 9 branches) pendant 8 jours. Durant cette semaine tant attendue, beignets enduits d’huile sont servis abondamment tandis que les enfants font tourner les toupies et déballent leurs cadeaux.
Enfin, bougies et guirlandes électriques viennent aussi éclairer les maisons et mosquées des pays musulmans à majorité sunnite. Le Mawlid : naissance du prophète, est fêté le 12 Rabi’Al Awwal dans le calendrier hégirien. Ce jour férié en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Lybie et aux Émirats Arabes Unis, commémore la préexistence de la lumière prophétique “nûr muhammadî” grâce à laquelle le monde fut créé. Les familles se réunissent le soir autour d’un repas familial où trônent les spécialités régionales : couscous, tamina, rechta…
Mondialisation des festivités : les marchés de Noël, une aubaine pour les commerçants du monde entier
Noël, une fête commerciale ? Et comment ! À Casablanca, les commerces de la capitale économique du royaume attendent eux aussi le mois de décembre avec impatience. Le directeur général de la plateforme d’e-commerce avito.ma , Zakaria Ghassouli, constatait une hausse de 20% comparée à la moyenne annuelle des ventes de ses consoles, à l’approche de la venue de “Baba Noel” (ainsi appelé par les enfants marocains). Tandis que le Morrocco Mall multiplie animations et spectacles, les consommateurs se pressent autour des enseignes afin de se procurer présents, mets ou encore le fameux sapin “Nordman” : une espèce de conifère rare, plébiscitée par la demande et vendue à 1200 dirhams marocains.
Morrocco Mall à Noël. Credits : Brahim Taougar
L’influence de la mondialisation sur les événements culturels ou festifs qui ponctuent notre année est patente. Dans une Arabie Saoudite de plus en plus ouverte sur l’extérieur, il est aujourd’hui devenu commun de fêter Noël. Dans le quartier de Djeddah, la mélodie du jingle “All I want for Christmas is you” s’échappe d’une boulangerie. Il y a 10 ans, cette anecdote aurait été à peine croyable, pourtant, depuis 2016, la démarche Vision 2030, dévoilée par le prince Mohammed Ben Salmane, le Royaume du Golfe partage désormais ces réjouissances avec le reste du monde.
La mondialisation s’accompagne de l’essor de l’urbain. Ce phénomène encourage à son tour la rencontre* - et non pas “le choc*” - des cultures. Depuis les années 1980, le mouvement Loubavtich organise chaque année les fêtes de Hanouka dans l’espace public des métropoles du monde entier. Cette initiative brouille ainsi temporairement les frontières entre le monde de l’ultra-orthodoxie et le monde urbain. Hanouka dans la ville, revient à l’imprégner de cette cérémonie et vice versa. Même constat dans le sud du Sahara, le jour chômé du Mawlid atteint également l’espace public : les enfants chantent dans les rues tout en exécutant rigoureusement une chorégraphie très spécifique.
“Nous nous souvenons que la lumière gagne toujours sur l’obscurité”
Miracle de Noël, de Mawlid ou de Hanouka : à Haïfa, un étincelant sapin, une menorah et un croissant de lune resplendissent côte à côte. Chaque année, cette ville au nord d’Israël accueille les fêtes de fin d’année dans l'atmosphère unique du festival Hag HaHagim (fête des fêtes) institué par le centre culturel Arabo-Juif Beit Hagefen. Chaque année, cet événement réunit tous les citadins autour de son marché de noël. Juifs, Arabes et Chrétiens festoient ensemble. Même constat dans la ville de Nazareth, où les Druzes prennent également part aux festivités. À la lumière de la joie, des rires et des chants, la cohésion devient une réalité. Le Cheikh Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue Islamique mondiale rappelait d’ailleurs au cours d’une interview : “L’islam n’interdit pas aux musulmans d’échanger des voeux de Noël avec les chrétiens”.
Femme Druze dans un marché de Noel à Nazareth. Credits : @IsraelenFrance
À l’autre bout de l’hémisphère, un message d’espoir similaire luit depuis la Maison Blanche. Le 19 décembre, la Vice Présidente des États Unis, Kamala Harris y allumait la première bougie de Hanouka avec son époux de confession juive.
“C’est une période particulière dans notre maison. Nous nous souvenons que la lumière gagne toujours sur l’obscurité”. Cette confidence prend tout son sens au regard de la Hanoukia installée chaque année à l’entrée de la Porte de Brandebourg à Berlin. Ce chandelier est un marqueur fort là où flottaient, 80 ans plus tôt, les drapeaux du IIIème Reich. “C’est très symbolique d’être ici à la Porte de Brandebourg qui, d’un côté, symbolise les plus grands moments de l’Allemagne et, de l’autre, les plus sombres, pour célébrer Hanouka ensemble” déclarait la ministre de la culture Monika Grutiers en 2015. Ainsi la vision de cette Menora scintillante peut-elle s’entendre comme une réponse à La Nuit d’Elie Wiesel : après les années les plus sombres de l’histoire de l’humanité, le jour se lève enfin.
Sources :
https://instagram.com/israel.en.france?igshid=YmMyMTA2M2Y=
https://www.cairn.info/revue-archives-de-sciences-sociales-des-religions-2017-2-page-177.htm https://www.cairn.info/revue-archives-de-sciences-sociales-des-religions-2017-1-page-51.htm? contenu=resume
https://www.letemps.ch/opinions/noel-2022-nuit-lumiere
https://lphinfo.com/kamala-harris-a-allume-la-hanoukia-avec-son-mari/
https://www.arabnews.fr/node/328996/monde-arabe
https://www.arabnews.fr/node/328876/monde-arabe
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/hanouka-2022-que-celebrent-les-juifs-lors-de-la-fete-des lumieres-7900216951
https://www.ohmymag.com/news/mawlid-an-nabi-dates-traditions-origines-tout-savoir-sur-cette-fete musulmane_art153121.html
https://www.arabnews.fr/node/328876/monde-arabe
https://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/1672064714-rien-dans-l-islam-n-interdit-d echanger-des-voeux-de-noel-secretaire-general-de-la-ligue-islamique-mondiale
https://fr.timesofisrael.com/des-refugies-syriens-se-joignent-a-lallumage-des-bougies-de-hanoukka-a-berlin/ https://aujourdhui.ma/actualite/saison-des-fetes-des-surprises-attrayantes-concoctees-par-le-morocco-mall (photographie)
La Cuisine Levantine : un mezzé de cultures dans l’assiette
Relativement proche de la cuisine méditerranéenne, la cuisine du Levant est caractérisée par ses mélanges d’épices et ses assaisonnements savoureux, à base d’huile d’olive, de jus de citron et d’herbes fraîches. Ces ingrédients simples, accommodés à la perfection, sont servis avec générosité. On les retrouve dans des plats colorés, saupoudrés de zaatar, de sumac, de graines de grenade et de coriandre.
Voilà les principaux piliers de la cuisine levantine et de ses recettes tout droit venues du Proche-Orient : Chakchouka, Chou fleur rôti, Baba Ganousch, Feuilles de vignes farcies, Chawarama, Falafel et Houmous…
Le point fort de cette cuisine est le fait qu’elle soit accessible à tous, végétariens, flexitariens, vegan etc.Tout le monde peut y trouver son bonheur. Mais surtout, c’est une cuisine très axée sur le partage, avec des mezzés , des grands plats, des grandes tablées et une grande diversité dans l’assiette.
Encore méconnue il y a 10 ans, la cuisine levantine ou plus généralement méditerranéenne a connu un essor très important, sous l’impulsion de quelques chefs aujourd’hui stars des réseaux sociaux ou auteurs de livres à succès, comme le célèbre chef anglo-israelien Yotam Ottolenghi, à l’origine du raz-de-marée de saveurs orientales qui déferle en Occident, le chef Assaf Granit, 1er chef israélien à avoir reçu une étoile au Guide Michelin en 2021, ou encore Le chef Franco-libanais Alan Geam, également étoilé.
De véritables success stories pour ces citoyens du monde qui nous invitent à partager un métissage de saveurs dans des assiettes qui racontent leurs parcours, leurs traditions, leurs identités, et dans lesquelles s’entremêlent des cultures ayant depuis toujours coexisté.
Zoom sur les chefs
Yotam Ottolenghi
Yotam Assaf Ottolenghi est né le 14 décembre 1968 à Jérusalem.
Après avoir effectué son service militaire en Israël dans les renseignements, et l’obtention d’une licence et une maîtrise combinées en littérature comparée à l'Université de Tel Aviv, il part s'installer à Amsterdam avec son compagnon dans l’espoir de décrocher son doctorat en littérature comparée pour finalement changer de cap et se reconvertir en étudiant la cuisine française au Cordon Bleu à Londres.
Il devient alors le chef pâtissier de trois restaurants londoniens. Puis, en 1999, il fait la rencontre décisive de Sami Tamimi, chef palestinien qui a grandi dans la vieille ville de Jérusalem. Ensemble, le duo fonde l'épicerie fine Ottolenghi dans le quartier de Notting Hill et propose des plats inventifs, principalement à base de légumes cuisinés avec des épices de chez eux comme le zaatar, l'eau de rose ou la mélasse de grenade. La marque Ottolenghi prend de l'ampleur et deux nouvelles épiceries voient le jour à Kensington et Belgravia, puis un restaurant à Islington, la brasserie NOPI à Soho et enfin Rovi, un restaurant de légumes qui a ouvert en 2018 à Fitzrovia.
Le chef israélo-anglais incarne à la fois un révolution politique (association réussie avec le Chef arabe-israélien Sami Tamimi, sociologique (gay, marié et père de deux enfants) et gastronomique, réunissant des siècles d’influences orientales, européennes et méditerranéennes.
Il est également l’auteur de best-sellers culinaires dont le succès repose sur une esthétique ultra léchée. Ses recettes sont souvent tournées vers le végétal dans Lesquelles il célèbre les légumes et la simplicité.
Les recettes emblématiques du Chef
Le baba Ganousch aux courgettes
Les endives caramélisées au jambon Serrano
La salade de carottes épicées
Assaf Granit
« Je suis né et j’ai grandi à Jérusalem et j’adore cette ville. » C’est ce qu’on peut lire sur le site du chef Assaf Granit, qui séduit le tout-Paris à coup de saveurs levantines grâce à ses restaurants Shabour, Balagan et, plus récemment, Tekés. Dans sa famille, la cuisine est un héritage qui se transmet de grand-mère en grand-mère et qui est devenu, sous la toque du chef israélite, une véritable référence. Car, si la ville sainte inspire ce chef accompli à la tête de 14 établissements c’est qu’elle abrite une immensité de cultures diverses. Marocaine, yéménite, européenne… Une multitude de traditions culinaires d’ici et d’ailleurs qui ont nourri son univers cosmopolite. Il dit se souvenir de sa grand-mère, cuisiner fenêtres ouvertes, et discuter avec ses voisins de différentes recettes aux origines lointaines. Une ouverture sur le monde, sans doute le socle qui forge la créativité des grands cuisiniers.
Autodidacte, Assaf Granit s’est lancé dans l’univers de la gastronomie en passant dans les cuisines de restaurants jérusalémites puis européens avant d’ouvrir son premier restaurant dans la cité de David. Très vite, le serial chef israélien a ouvert deux adresses à Londres, cinq dans son pays natal, et compte aujourd’hui trois tables parisiennes, dont Shabour, sacré en janvier 2021 d’une étoile au Guide Michelin, toujours entouré de ses complices Dan Yosha, Uri Navon et Tomer Lanzman. Dernièrement, il a inauguré Tekés, nouveau rendez-vous où résonnent nature, émotion et racines avec comme formule magique : « Rendre à la terre ce qu’elle a la bonté d’offrir », ceci en faisant du végétal la star de l’assiette. Il le revisite, l’exploite, le parfume, mais, avant tout, le manie avec amour et respect. Dans ce nouveau restaurant, la flamme jaillit aux yeux des convives : cuisine ouverte et cuisson ancestrale sont de mise, offrant un inoubliable spectacle olfactif. Il avait jusqu’à présent lieu uniquement le soir, mais le restaurant proposera dès ce mois-ci une pause déjeuner, un take-away et un bar à jus de fruits et à cocktails. De quoi s’exiler un instant dans les souvenirs du chef qui a su faire de ses origines sa marque de fabrique culinaire.
Les recettes signatures du Chef :
Les crevettes sautées à l’ocra et l’arak
Alan Geaam
Alan Geaam est un chef qui force l'admiration. Né le 1er janvier 1974 à Monrovia (Libéria), il a connu une enfance agitée. Dès l'âge de 4 ans, ses parents libanais décident de fuir le pays, alors frappé par un coup d'Etat. Au Liban, la guerre civile bat également son plein. "On vivait à moitié dans la maison et à moitié terré dans la cave qui nous servait d'abri durant les bombardements.", confie-t-il. Heureusement, la cuisine de sa maman l'égaye," une excellente cuisinière qui préparait chaque jour de grands plats délicieux pour toute la famille ». Lorsqu’il obtient sa première étoile Michelin en 2018, Alan Geaam ose à peine y croire. Il n’y a pas que le rêve américain, se plait à dire ce chef souriant et affable, en ajoutant : "Moi j’ai vécu le rêve français." Pourtant, ses débuts ont été semés d’embûches. En 1999, après avoir terminé sa scolarité aux Etats-Unis où une grande partie de sa famille est expatriée, il débarque à Paris avec 200 francs en poche. Il se retrouve à la rue et dort sur des bancs du Champ de Mars. Il enchaine les petits boulots et apprend le français et la cuisine en autodidacte, en dévorant les livres des grands chefs français qu’il découvre dans des émissions télévisées. Il trouve un travail de plongeur chez un traiteur libanais et remplace le cuisinier un jour où ce dernier ne vient pas. Véritable coup de pouce du destin. Une vocation vient de naître. Alchimiste des saveurs entre Orient et Occident, Alan Geaam reprend en 2007 la maison d’un autre alchimiste de renom, Nicolas Flamel. Aujourd’hui, Alan Geaam est le chef étoilé de son restaurant éponyme l’ AG Les Halles et propriétaire de plusieurs bistrots Qasti, dédiés à la cuisine libanaise à Paris. La cuisine d’Alan Geaam n’est pas compliquée. C’est une cuisine française claire, précise dans laquelle il injecte quelques notes et saveurs venues de la gastronomie du pays au Cèdre.Un falafel joliment revisité ,un thon à la cuisson parfaite avec son tabouleh ultra frais, une canette laquée au jus de caroube et ses légumes à la vanille.
Les plats phares du chef
"Lait miel de mon enfance", parfum d’hysope, pollen
Thon et tabouleh libanais
L'incroyable destin de Fayce
Elle décide d’inscrire son fils à l’école juive française « Narcisse Leven », école mixte et ouverte à toutes les confessions, pour qu’il y reçoive une éducation qui lui permette de partir plus tard étudier en France. Il y apprend l’hébreu et porte même la kippa.
Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Maïmonides, il tente d’intégrer les universités de médecine en France, mais l’admission lui est refusée. Il fait alors tout naturellement sa demande pour intégrer une école d’ingénieurs à Tel Aviv en Israël comme le font tous ses camarades du lycée, et dans laquelle il sera admis.
A 18 ans, Il découvre donc la société israélienne. Il y rencontre la communauté arabe israélienne au sein de laquelle sa présence est incomprise et dérange. Les questions fusent autour de lui : Pourquoi avoir choisi de venir étudier en Israël ? Comment est-il possible d’avoir été à l’école juive dans un pays musulman ? Autant d’interrogations que Fayce ne s’était jamais vraiment posées, tant l’entente était naturelle dans son pays entre les communautés juives et musulmanes, et ce depuis de nombreuses générations.
A partir de ce moment, Fayce commence à prendre conscience de la problématique du conflit israélo palestinien.
Le 2 Juillet 2001, il échappe de justesse à l’attentat de la discothèque du dolphinarium à Tel Aviv qui a couté la vie à 21 israéliens et blessé 120 autres. Pour la première fois, le jeune marocain est confronté au terrorisme, au même titre que ses amis israéliens. Ce drame le marquera à jamais.
Son diplôme en poche, il décroche un poste dans une société High-Tech de Tel Aviv. Il s’installe avec sa fiancée israélienne, parle couramment l’hébreu, et se sent parfaitement intégré .
« Lorsqu’un juif marocain s’expatrie, le Maroc perd un citoyen mais gagne un ambassadeur » Sa majesté feu le Roi Hassan II.
En Décembre 2020, Les accords d’Abraham sont signés entre le Maroc et Israël, et Fayce saisit cette merveilleuse opportunité avec ses amis d’enfance juifs marocains et israéliens, les deux frères Richard et Samy Ohayon. Ensemble, ils s’associent et créent la société Tammar Invest, dont le but consiste à mettre en relation des sociétés marocaines et israéliennes qui veulent investir dans les deux pays, mettre en place des partenariats dans le domaine de la high tech, mais pas seulement, et également permettre aux sociétés israéliennes d’ouvrir une entité au Maroc pour faire de leur pays un tremplin vers l’Afrique et les pays sub sahariens.
Cet exemple de fraternité est particulièrement inhérent à la société marocaine dont les fondements des rapports judéo-musulmans résident dans l'enracinement des communautés juives dans le pays, l'allégeance à un même souverain et la réciprocité des influences religieuses. Rappelons que la présence des juifs dans le pays remonte à plus de 2 000 ans et que leurs membres avaient le statut de « dhimmis » (protégés canoniques selon les stipulations de l'islam).
Aucune différence entre les sujets du roi.
Sa Majesté le roi Mohammed VI n'a cessé de témoigner sa
sollicitude à l'égard des juifs marocains où qu'ils soient. La
Constitution du royaume adoptée en 2011 leur inspire une
grande fierté et fortifie leur sentiment d'appartenance.
Dans son discours du 20 août denier, à l'occasion de la Fête
de la révolution du roi et du peuple, le roi a particulièrement
insisté sur des dispositions qui montrent l'importance
attachée à la composante juive de la population marocaine.
A l’instar de son père Feu le roi Hassan II, qui prônait la
concorde intercommunautaire entre les citoyens
musulmans et juifs.
On se souvient de son rôle dans la recherche d’un
réglement pacifique du conflit israélo-palestinien ainsi
que sa participation dans les résolutions de divers
sommets arabes et islamiques.
Et comme son père avant lui, Feu le roi Mohammed V, qui
s’était opposé, pendant la Seconde Guerre mondiale, à la
mise en application des lois raciales de Vichy.
Le souverain restera pour toujours dans la mémoire
collective des juifs marocains le protecteur qui leur a permis
d'échapper à la shoah dans laquelle des millions de leurs
coreligionnaires en Europe ont été exterminés.
Le peuple marocain qu’il soit juif ou musulman a toujours été attaché à son identité marocaine ainsi qu’aux valeurs d'ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde.
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript
Heading
Heading 1
Heading 2
Heading 3
Heading 4
Heading 5
Heading 6
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur.
Block quote
Ordered list
- Item 1
- Item 2
- Item 3
Unordered list
- Item A
- Item B
- Item C
Bold text
Emphasis
Superscript
Subscript