Du pétrole au lithium : l’indispensable transition énergétique des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
Un métal essentiel pour l’avenir de l’économie mondiale
Le lithium est devenu indispensable pour la fabrication des batteries qui alimentent les voitures électriques. La demande mondiale de lithium devrait tripler d'ici 2030, portée par l'objectif de nombreux pays de parvenir à une neutralité carbone. La course pour sécuriser les approvisionnements en lithium s’intensifie. Ainsi, posséder des réserves exploitables ou maîtriser les technologies d’extraction devient une priorité stratégique, tant pour réduire la dépendance aux importations que pour s’insérer dans les chaînes de valeur des technologies vertes. En effet, pour la région MENA, l’enjeu est double : utiliser ces ressources pour soutenir une économie décarbonée tout en attirant des investissements technologiques pour transformer ses économies encore largement dépendantes des hydrocarbures. Nous l’aurons compris, les sujets fondamentaux pour les pays de la région MENA résident dans leur capacité à s’industrialiser afin de bâtir une économie robuste, décarbonée, tout en garantissant une souveraineté sur des ressources énergétiques stratégiques telles que le lithium.
Les promesses de terres riches en Lithium
La transition énergétique de la région MENA et son approvisionnement en lithium ne sont pas de l'ordre du fantasme, bien au contraire. Ses terres riches et ses capacités technologiques lui donnent les moyens de rêver et d’accomplir grand. Dans les ambitieux pays du Golfe, encore trop dépendants des hydrocarbures, le lithium est perçu comme une opportunité indispensable à saisir pour réinventer leurs économies.
En Arabie saoudite, par exemple, cette ambition se traduit par des initiatives d’exploration et de partenariats internationaux pour sécuriser les technologies d’extraction. Son voisin, les Émirats arabes unis, met de son côté l’innovation au cœur de son cap, avec des recherches avancées sur l’extraction du lithium à partir des saumures produites par la désalinisation.
En Afrique du Nord, le lithium offre une perspective de développement incroyable. Au Maroc par exemple,de nombreux gisements restent à découvrir dans les formations rocheuses de l’Atlas. L’Algérie, quant à elle, avec ses vastes zones sahariennes riches en minéraux rares, présente un potentiel inexploité gargantuesque malheureusement freiné par une instabilité politique et un manque d’études géologiques. En Tunisie, le sud du pays, notamment près des bassins salins, montre beaucoup de potentiel, même si l’absence de cadres réglementaires adaptés reste un obstacle. La Libye, malgré ses conflits internes, pourrait un jour révéler des trésors cachés dans ses saumures sahariennes. Enfin, l’Égypte, grâce à ses bassins salins et ses régions désertiques, possède des atouts encore sous-estimés avec une attention restée focalisée sur des ressources plus traditionnelles comme l’or.
De son côté, la Mer Morte, une ressource partagée par Israël et la Jordanie, suscite beaucoup d’espoirs. Ses saumures riches en minéraux constituent une source potentielle phénoménale de lithium. Israël, en tête des explorations, a déjà franchi plusieurs étapes vers une exploitation durable. Cependant, la Jordanie, bien que prometteuse, doit encore intensifier ses efforts pour être à la hauteur de son voisin et des enjeux de notre époque.
L’Iran et l’Afghanistan à l’aube d’un tournant
En Iran, la récente découverte d’un gisement de 8,5 millions de tonnes de lithium dans la province de Hamadan, à l’ouest du pays, rebat les cartes de la transition énergétique du pays. Estimée à environ 10 % des réserves mondiales de lithium, cette découverte pourrait positionner l’Iran comme un acteur clé sur le marché mondial. Cependant, l’exploitation de ce gisement ne pourra se faire à plein potentiel que si l’Iran est réintégré dans le jeu politique international car les sanctions internationales freinent actuellement l’accès aux technologies avancées et aux investissements étrangers. Malgré cela, cette découverte représente un pas de géant pour l’Iran et démontre que le pays dispose des atouts nécessaires pour jouer un rôle majeur dans l’économie énergétique mondiale. Si les conditions géopolitiques s’améliorent, nul doute que cette ressource naturelle pourrait devenir le catalyseur d’une transition énergétique régionale.
L’Afghanistan, quant à elle, est souvent désigné comme un « trésor minéral inexploité », notamment pour son énorme potentiel en lithium. Selon des estimations réalisées par des géologues américains, le pays pourrait détenir des gisements dont la valeur totale atteint plusieurs milliers de milliards de dollars, avec une proportion significative de lithium. Ces réserves, concentrées principalement dans les provinces de Ghazni et de Helmand, pourraient rivaliser avec celles des plus grands producteurs mondiaux. De plus, le pays pourrait également tirer parti de la demande mondiale croissante pour le lithium en attirant des investissements étrangers, notamment de la part de la Chine, qui manifeste un intérêt croissant pour les ressources minières afghanes. Toutefois, la situation politique et sécuritaire reste un frein. L’instabilité, combinée à un manque d’infrastructures adaptées, empêche toute exploitation à grande échelle. Si ces défis sont surmontés, les gisements de lithium afghans pourraient non seulement relancer l’économie nationale, mais également transformer le pays en acteur clé de la transition énergétique régionale et mondiale. En ce sens, l’Afghanistan, comme l’Iran et les autres pays de la région, incarnent un espoir et un potentiel, à la fois immense mais pourtant si fragile.
pour en apprendre plus : https://www.abramundi.org/post/the-gulf-states-race-for-strategic-minerals-to-ensure-their-energy-transition).
Sources :
https://www.agbi.com/analysis/renewable-energy/2024/04/lithium-prices-market-gulf-production-ev/
https://www.iris-france.org/163703-lafghanistan-est-il-vraiment-larabie-saoudite-du-lithium/