Les coeurs iraniens s’enflamment au rythme des danses

Les coeurs iraniens s’enflamment au rythme des danses

En Iran, la tradition de la danse en Iran remonte à l'ère pré-achéménide, avec des preuves archéologiques datant de 2000 ans avant notre ère, liées au culte de Mithra, révélées par des fouilles récentes sur les trois dernières décennies. Pour cette ancienne civilisation, la danse avait un rôle crucial, à la fois social et spirituel.

Femmes perses dansant. Détail d'une peinture murale au "Kakk-e Hasht Behest" (Palais des huit paradis), Esfahan, Iran.

Les formes de danse en Iran sont très nombreuses mais l’une des plus répandues est celle dite de “l’improvisation”. Cette variété de danses est très populaire en Iran, surtout lors des événements heureux tels que les mariages. Sa grande particularité est que les danseurs évitent tout contact physique direct. Par exemple, même les couples ne se tiennent pas par la taille comme c’est souvent le cas en Occident. De plus, les mouvements de ces danses ne sont pas chorégraphiés à l'avance. 

La danse la plus connue est celle "Téhérani" (raqs-e tehrânî), influencée par les traditions des Ouïghours, des Ouzbeks, des Turcs, des Arméniens et des peuples de l'Est de la Méditerranée. La danse Téhérani met l'accent sur les mouvements des bras, maintenus au niveau des épaules, et valorise les expressions du visage, ainsi que des mouvements subtils du bas du corps et des hanches. Les mouvements sont improvisés sur une musique à rythme 6/8, connu sous le nom de reng. 

Bas les pas, interdiction de danser

En 1979, la révolution iranienne fait tomber la monarchie de Mohammad Reza Chah Pahlavi, dernier roi d’Iran. Après cela, l'Ayatollah Khomeini accède au pouvoir et établit un régime théocratique en Iran, fondé sur les lois de la Charia : c’est le début de la République islamique d'Iran. 

Les restrictions sont nombreuses et celles imposées aux danses traditionnelles iraniennes sont sévères. Selon la loi islamique en vigueur en Iran, il est interdit aux femmes de danser seules en public ou de participer à des danses mixtes. 

Cependant, depuis les mouvements de contestation déclenchés par la mort tragique de Mahsa Amini en 2022, la danse est devenue un puissant moyen d'expression contre le régime, à la fois pour les hommes et les femmes. Malgré les risques de répression, de nombreux  Iraniens utilisent la danse comme une forme de protestation pour défier le régime et manifester leur volonté d’être libres. Ainsi, dans les rues, dans les marchés et sur les réseaux sociaux, les femmes dansent pour symboliser leur lutte pour la liberté et l'égalité.

Danser pour les femmes, la vie, la liberté

Il y a quelques mois, un chauffeur de taxi iranien s'est transformé en icône anti-régime inattendue après que ses danses dans un marché aux poissons soient devenues virales. À l'âge de 70 ans, cet homme, surnommé "Oncle Sadegh", attire régulièrement des foules dans la ville côtière de Rasht avec ses chants et danses. Récemment, une de ses vidéos a suscité un immense engouement sur les réseaux sociaux iraniens. Cependant, les autorités ont jugé que ses actions enfreignaient les normes islamiques. “Oncle Sadegh" a donc été arrêté et son compte Instagram, qui rassemble plus de 675 000 abonnés, temporairement suspendu. En réaction, des milliers d'Iraniens ont commencé à partager des vidéos en signe de soutien. Face à une pression publique croissante, les autorités ont finalement levé l'interdiction du compte Instagram de M. Sadegh et l’ont relâché. 

Crédit : Financial Tmes

Autre cas, celui de cinq jeunes femmes dansant sur la chanson « Calm Down » pour célébrer la journée des droits des Femmes. Filmée dans le quartier d'Ekbatan à Téhéran, la vidéo est devenue virale. On y voit ces jeunes femmes en « crop tops », avec leurs cheveux libres et dansant, ce qui constitue une entorse au règlement islamique en vigueur. Cette danse a donc entraîné des réactions des autorités, qui ont utilisé les images de vidéosurveillance pour identifier et arrêter les danseuses. Celles-ci ont été détenues brièvement et contraintes d'exprimer des regrets dans une vidéo avant de pouvoir être relâchées. 

Crédit : Iran International Newsroom

La prochaine danse

L’Iran dévoile chaque jour une nouvelle facette de son visage, portée par l'aspiration de sa jeunesse à obtenir plus de liberté. Cet élan est largement alimenté par la vision qu’ont les iraniens d’un Occident où démocratie et liberté individuelle sont maîtres. Grâce à la technologie, notamment aux VPN permettant de contourner les interdictions d’accès aux réseaux sociaux, la jeunesse Iranienne se connecte avec le monde, découvre des modes de vie différents et forge sa volonté de changer son pays. Ainsi, dans chaque coin de rue et dans chaque maison où une musique s’élève, la danse devient une déclaration d’amour à un avenir meilleur. Chaque pas en ce sens est la chorégraphie de la prochaine danse iranienne : celle d’un Iran prospère, uni et apaisé. 

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Danses_d%27Iran

https://www.journaldesfemmes.fr/societe/actu/2097752-en-iran-danser-est-un-crime/

https://www.lefigaro.fr/international/iran-deux-jeunes-femmes-ayant-danse-en-public-arretees-pour-avoir-brise-les-normes-sociales-20240309

https://www.youtube.com/watch?v=kP9j70fdzP0

https://www.leparisien.fr/international/iran-cinq-jeunes-femmes-filmees-dansant-sur-calm-down-auraient-ete-arretees-14-03-2023-EMFCAPHSBRE2VA27H5727XSUTU.php

https://www.ft.com/content/39b47e62-001d-48c5-8c17-e6568d9160af

https://www.iranintl.com/en/202303147109