Arabie Saoudite : De l’or noir à la technologie, la révolution de la Vision 2030

Arabie Saoudite : De l’or noir à la technologie, la révolution de la Vision 2030

L'Arabie Saoudite s’est transformée à une vitesse fulgurante ces dernières années, passant de la locomotion en âne aux dernières berlines en moins de 50 ans. Cette prouesse s’est principalement appuyée sur la bénédiction ou malédiction du pétrole. Pourtant, sous l'impulsion de Vision 2030, un vaste plan stratégique lancé en 2016 par le prince héritier Mohammed bin Salman, le pays cherche désormais à diversifier son économie pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Avec des objectifs ambitieux et des investissements gargantuesques, le Royaume ancre dans le réel sa volonté de devenir une puissance économique seuvrée de l’or noir et misant sur la matière grise.

Mr Aljadaan a révélé que le taux de chômage dans le Royaume est faible (7,1 %) et que le nombre de PME dirigées par des femmes a doublé au cours des sept dernières années. (Crédit photo : SPA)

La nouvelle aire saoudienne

Le ministre saoudien des Finances de l’Arabie Saoudite, Mohammed Al-Jadaan,
a récemment annoncé une avancée majeure dans le processus de transformation du pays: le PIB hors pétrole représente désormais 52 % de l'économie saoudienne, contre seulement 40 % en 2016. Cette évolution est un des fruits direct des efforts déployés pour développer des secteurs tels que le tourisme, les technologies de l'information, l’industrie et les services financiers.
Cette diversification est cruciale pour un pays dont les revenus pétroliers ont souvent représenté plus de 70 % des recettes publiques. Ainsi, la vision saoudienne s’inscrit dans un contexte mondial où les économies cherchent à réduire leur dépendance à l’or noir, dont les quantités sont limitées et finies.
"Notre objectif est de devenir une économie diversifiée, capable de s'adapter aux changements globaux et de créer des opportunités d'emploi pour les jeunes"
, explique Al-Jadaan.

Autre résultat de cette diversification, le pays à réussi à créer un véritable marché économique et de l’emploi. En effet, avec une population en majorité jeune (environ 70 % de la population saoudienne a moins de 35 ans), l'Arabie Saoudite mise sur la création d'emplois pour répondre aux aspirations de sa nouvelle génération. En 2023, le taux de chômage des saoudiens a chuté à 8,5 %, un niveau historiquement bas, grâce aux nombreux projets de transformation du pays.
Le secteur privé a été encouragé à jouer un rôle central dans cette transformation, soutenu par des réformes réglementaires favorisant l'entrepreneuriat et l'investissement étranger. 

En parallèle, d'autres secteurs, comme le tourisme, connaissent un développement sans précédent. En 2022, le Royaume a accueilli 16,5 millions de visiteurs, soit une augmentation de 93 % par rapport à 2021. L'objectif est de porter ce chiffre à 100 millions de touristes d’ici 2030, en développant des attractions touristiques de renommée internationale comme Al-Ula, une région riche en patrimoine historique, la zone de Diriyah, berceau de la première capitale saoudienne et des alliances diplomatiques pour normaliser ses relations comme avec les accords d’Abraham toujours en discussion.  

Investissements et technologies comme nouveaux piliers de l’économie

La sortie du pétrole ne se fait pas de manière brutale. Les investissements, initiatives en tout genre et technologies sont indispensables.
Portée par la Vision 2030, le Fonds d’investissement public (PIF) de l’Arabie Saoudite joue en ce sens un rôle clé. En 2023, le PIF a injecté près de 100 milliards de dollars dans des projets locaux et internationaux, visant à positionner le Royaume comme un acteur mondial dans divers secteurs. Parmi les initiatives phares, on retrouve en autres, NEOM, une mégapole futuriste, avec un investissement estimé à 500 milliards de dollars. Ce projet ambitieux, basé sur des technologies et infrastructures modernes, symbolise la vision saoudienne d’un avenir innovant pour le royaume.

L’autre jambe de la diversification du pays est la transformation numérique et technologique. Le gouvernement saoudien a alloué 20 milliards de dollars pour moderniser les infrastructures technologiques du pays.
Cette stratégie s'accompagne de l'expansion de la 5G et du déploiement de technologies de pointe comme l'intelligence artificielle et la cybersécurité. Le ministère des Communications et des Technologies de l'information a par exemple pour objectif de faire passer la contribution de l'économie numérique de 3 % à 10 % du PIB d'ici 2030.
De plus, la finance  occupe une place stratégique dans les plans de développement saoudiens. Riyad ambitionne de devenir un centre financier régional, en concurrence directe avec des hubs comme Dubaï et Abu Dhabi. 

Un engagement vers le développement durable

Même s’il reste beaucoup à faire, l'Arabie Saoudite ne compte pas s’arrêter devant les critiques et l’immensité de ses ambitions. Pour parfaire le renouveau du royaume, MBS le sait, il doit intégrer l’écologie dans son programme de transformation. Pour ce faire, en 2021, le Royaume a annoncé son initiative "Saudi Green", un projet qui prévoit la plantation de 10 milliards d’arbres dans le pays et une réduction de 278 millions de tonnes de CO2 par an d'ici 2030. De plus, dans le domaine de l'énergie, le Royaume investit également massivement dans les énergies renouvelables, avec des projets comme la centrale solaire de Sakaka,
la première installation à grande échelle de ce type en Arabie Saoudite, et le parc éolien de Dumat Al-Jandal, le plus grand de la région. Les investissements dans les technologies vertes montrent la volonté du pays de se positionner comme un leader régional de l'énergie propre. "Nous croyons fermement que le développement durable est la clé de notre avenir et celui des prochaines générations", a affirmé Mohammed bin Salman lors de la présentation de l'initiative Saudi Green.

Le modèle de transformation et de développement de l’Arabie Saoudite inspire désormais de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, eux aussi désireux de diversifier leurs économies. Des nations comme les Émirats arabes unis, l’Égypte, ou encore Bahreïn, investissent massivement dans des secteurs stratégiques pour réduire leur dépendance aux hydrocarbures et suivre l'exemple de l'Arabie Saoudite vers une économie plus diversifiée.
En se soutenant mutuellement dans cette transition, ces pays ont l’opportunité de créer un espace économique consolidé, à l’image de l’Union européenne, et de bâtir une région qui dans les années à venir s’unifiera pour relever les défis de notre époque. 

Sources :

https://economymiddleeast.com/news/fii8-non-oil-gdp-now-represents-52-percent-of-saudi-economy-aljadaan-says/

https://www.arabnews.com/node/2577528/business-economy

https://www.zawya.com/en/economy/gcc/non-oil-revenues-represent-52-of-saudis-gdp-minister-of-finance-abp152zt

https://www.businesslinkuae.com/saudi-vision-2030-industries-and-sectors-open-for-investment/