Du sable aux fleurs : Israël fait éclore la vie au milieu du désert
A l’épreuve climatique du Néguev
Le désert du Néguev s'étend sur 13 000 km², formant un triangle dont la pointe sud touche le golfe d'Aqaba et la ville d'Eilat. À l'ouest, il est bordé par la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza, tandis qu'à l'est, il longe la vallée de l'Arabah, marquant la frontière entre Israël et la Jordanie. Au nord, sa délimitation est plus floue, s'étendant entre Gaza et la mer Morte.Le climat aride du Néguev représente une barrière naturelle aux cultures traditionnelles. Avec des précipitations annuelles parfois inférieures à 100 mm et des températures estivales qui atteignent souvent les 45°C, l’agriculture semblait autrefois impossible dans ces régions. Pourtant, c'est dans ces conditions extrêmes qu'Israël a développé des technologies agricoles révolutionnaires qui permettent de cultiver des fruits, légumes et fleurs dans le désert.
La technologie au service du désert
En quelques années seulement, la startup nation s'est imposée comme pionnière dans les technologies agricoles, notamment à travers l'irrigation goutte-à-goutte, une méthode qui a révolutionné la gestion de l’eau dans les zones arides. Inventée par l’ingénieur Simcha Blass dans les années 1960, cette technique consiste à apporter de petites quantités d’eau directement aux racines des plantes pour éviter les pertes par évaporation, particulièrement élevées dans le désert. En effet, grâce à cette méthode, Israël réduit avec succès la consommation d’eau tout en augmentant la production agricole. En plus de réduire la consommation d'eau, cette méthode favorise une meilleure absorption par les plantes, augmentant ainsi la production tout en minimisant l'utilisation d'engrais. Le succès de l’irrigation goutte-à-goutte a permis de convertir des terres autrefois infertiles en zones agricoles productives. Aujourd’hui, environ 60 % des fruits et légumes exportés par Israël proviennent du Néguev, preuve que le défi est relevé. Il est important de souligner que l'irrigation goutte-à-goutte a largement été perfectionnée par Netafim, une entreprise israélienne fondée en 1965 dans le kibboutz Hatzerim. Cette société est aujourd'hui un leader mondial de la micro-irrigation, avec une part de marché de plus de 30 %.
Autre technologie clé israélienne pour fleurir le désert : l'agriculture de précision et l'utilisation des serres intelligentes. En effet, ces serres intelligentes, également appelées serres automatisées, permettent de maximiser l'efficacité des ressources et de répondre aux défis climatiques en ajustant automatiquement les conditions environnementales. Grâce à une technologie avancée de capteurs, les niveaux d'humidité, de lumière et de température peuvent être surveillés en temps réel, ce qui optimise la croissance des cultures tout en minimisant la consommation d'eau et d'énergie. Les capteurs sophistiqués utilisés dans ces serres mesurent en continu l'état des cultures et des sols. Par exemple, AgroWebLab, une entreprise israélienne spécialisée dans l'agriculture de précision, a développé des capteurs capables d’optimiser l’irrigation et la gestion des nutriments. Par la suite, les données récoltées permettent aux agriculteurs de mieux anticiper les besoins des plantes, d’ajuster l’apport en eau et en nutriments, et de prévenir les maladies potentielles. Selon un rapport de l'Institut Volcani, les serres intelligentes en Israël permettent une augmentation de la productivité agricole de plus de 15 % par rapport aux méthodes traditionnelles. En parallèle, la consommation d'eau peut être réduite de 25 à 30 %, ce qui est essentiel dans un pays où les ressources en eau sont rares. Pour combiner cette approche par les serres intelligentes, Israël a développé l'agriculture de précision, qui repose sur l’analyse des données pour une gestion fine des parcelles. Les entreprises comme Taranis et Prospera combinent des données satellitaires et des drones pour surveiller les cultures en temps réel. Cette technique permet de détecter des anomalies, de prévenir les maladies, et d’apporter une solution rapide, ce qui réduit les pertes. Prospera, par exemple, utilise l'intelligence artificielle pour analyser les données des cultures et fournir des recommandations en temps réel aux agriculteurs.
Une vision stratégique pour régénérer le Néguev
David Ben Gourion, ancien premier ministre israélien et père fondateur de l'État Hébreux déclarait : « Il est de notre devoir de faire fleurir le désert ».
Tout est dit. L'irrigation goutte-à-goutte, les serres intelligentes ou encore le dessalement dont nous n’avons pas parlé ne sont que quelques-unes des nombreuses initiatives qui s’inscrivent dans un projet plus vaste : le développement du Néguev, une région historiquement marginalisée. Ce projet est une vision nationale pour renforcer la sécurité alimentaire du pays et attirer de nouvelles populations dans le sud d’Israël car la pression démographique est très forte dans la capitale. Depuis 2020, le gouvernement israélien multiplie le lancement de plans stratégiques pour l’implantation de nouvelles villes et l'expansion des infrastructures dans le désert du Néguev. Cela inclut des projets d'énergie solaire, l'agriculture de haute technologie et la construction d’habitations.
Là où le désert a été un obstacle pour plus d’un pays, Israël, par sa capacité à innover et par sa volonté profonde de vivre sur une terre sainte, a réussi à transformer le désert en une terre fertile et productive. Ce succès est non seulement un exploit technique, mais aussi une démonstration que rien ne peut se faire sans des esprits déterminés.
Sources :