Mohammad Rasoulof, le triomphe d'un cinéaste iranien à Cannes
Une évasion courageuse
Condamné à huit ans de prison pour "collusion contre la sécurité nationale", Rasoulof a choisi l'exil. Traversant les montagnes à pied, il a échappé à la surveillance du régime pour rejoindre sa fille en Allemagne. Malgré l'absence de passeport, il a pu rejoindre Cannes grâce à un accord entre Berlin et Paris.
Sa présence au festival est un témoignage puissant de son engagement inébranlable pour la liberté d'expression.
Déclaration d’amour à la liberté
Les Graines du figuier sauvage est un thriller politique poignant. Le film explore la vie d'un juge d'instruction pris dans la tourmente des manifestations à Téhéran, reflétant les luttes internes et les dilemmes moraux des Iraniens sous un régime théocratique. Malgré une durée de plus de 2h45, le film maintient une intensité émotionnelle captivante du début à la fin.
Lors de la projection de presse, le film a été acclamé chaleureusement, et l'accueil du public lors de la montée des marches a été tout aussi enthousiaste. Accompagné de sa fille Baran et de l'actrice exilée Golshifteh Farahani, Rasoulof a marqué les esprits.
Un Prix Spécial du Jury
Le 25 mai, Rasoulof a reçu un Prix spécial du jury, symbolisant le soutien aux artistes iraniens réprimés. En acceptant son prix, il a rendu hommage à son équipe restée en Iran, sous pression constante. Il déclare avec émotion :
"Permettez-moi d'avoir une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi pour célébrer ce prix. Mon chef opérateur, nombre de techniciens, qui sont sous pression. Mon cœur est avant tout avec eux".
Il a également exprimé sa solidarité avec son peuple et souhaité "saluer toutes ces jeunes femmes dont le courage sans bornes a rendu possible ce film".
"Mon peuple vit chaque jour sous un régime qui l'a pris en otage".
Un cinéaste symbole de courage et d’engagement
Depuis ses débuts avec Gagooman (2002), Rasoulof s'est illustré par ses critiques sociales et politiques. Influencé par Abbas Kiarostami, réalisateur iranien de renom, il a toujours cherché à dévoiler les méandres du système iranien. Ses œuvres, telles que La Vie sur l’eau (2005) et Le Diable n’existe pas (2020), lauréat de l'Ours d'or à Berlin, dénoncent la corruption et l'oppression.
Malgré les difficultés à faire entendre sa voix, Rasoulof reste déterminé. Il envisage un futur où il pourrait diversifier son engagement, mais pour l'instant, il continue de s'élever contre la théocratie iranienne à travers son art. Sa présence à Cannes est non seulement un triomphe personnel mais aussi un puissant message de résistance.
Mohammad Rasoulof incarne le combat iranien pour la liberté artistique et politique. Son parcours et son œuvre au Festival de Cannes 2024 rappellent l'importance de militer pour un avenir dans lequel démocratie et liberté guideront l’Iran, et plus largement, le Moyen-Orient.
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