L’Iran face à son destin pour élire son prochain président
Des Iraniens font la queue en attendant de voter à l'élection présidentielle, le 28 juin 2024, à Téhéran. © Majid Asgaripour, West Asia News Agency via Reuters
Ce vendredi 28 juin, les électeurs iraniens, au nombre de 61 millions, se rendent aux urnes pour élire leur nouveau président. Cette élection, organisée dans l'urgence, revêt une importance particulière car elle pourrait marquer un tournant politique majeur pour l'Iran, avec des réformateurs et des conservateurs divisés sur l'avenir du pays.
Des élections à forts enjeux
Tout d’abord, il faut comprendre que ces élections présidentielles se déroulent dans un contexte de forte tension sociale, d’incertitude politique et économique. Les candidats en lice devront non seulement convaincre un électorat profondément divisé, mais aussi naviguer dans un paysage politique complexe où les tensions internationales et les problèmes internes pèsent lourdement. Cela fait maintenant plusieurs années que l’Iran est confronté à des défis économiques majeurs, notamment en raison des sanctions internationales et de son isolement diplomatique.
Réformer par le vote, Pezeshkian nourrit l’espoir
Massoud Pezeshkian, âgé de 69 ans, médecin d'origine azérie devenu député est le seul candidat réformateur autorisé par le Conseil des Gardiens. Quasi-inconnu avant sa candidature, il est devenu un symbole d'espoir pour les camps réformateurs et modérés, marginalisés ces dernières années. Pezeshkian promet des réformes sociales et économiques profondes, une lutte contre la corruption et surtout une ouverture diplomatique permettant de sortir l'Iran de l’isolement diplomatique et du cercle infernal des sanctions.
Pour lui faire face, 2 conservateurs, Mohammad-Bagher Ghalibaf et Saïd Jalili. Mohammad-Bagher Ghalibaf est l’actuel président du Parlement et ancien commandant militaire. Il prône une politique économique de résistance et d'autosuffisance nationale, alignée avec les principes de la Révolution islamique. Il est également favorable à une politique étrangère prudente, méfiante à l'égard de l'Occident. Saïd Jalili est quant à lui l’ancien négociateur du dossier nucléaire iranien. Celui-ci est fermement opposé à tout rapprochement avec l'Occident. Il défend une ligne dure sur les questions de sécurité nationale et soutient le développement du programme nucléaire iranien.
Les changements concrets si Pezeshkian venait à être élu
Massoud Pezeshkian a clairement exprimé son désir de modérer les lois sur le port du voile. Le débat sur le hijab, relancé après la mort de Mahsa Amini en 2022, demeure un sujet brûlant. Pezeshkian est le seul candidat ouvertement critique des méthodes de répression actuelles et manifestant une volonté de permettre une plus grande liberté d'expression et de choix pour les femmes iraniennes. Sur la question du programme nucléaire iranien, Pezeshkian adopte une position de réouverture et de négociation. Il a souligné la nécessité de relancer l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 afin de lever les sanctions économiques sévères qui paralysent l'économie du pays. Contrairement à ses adversaires plus conservateurs, il se montre favorable à un dialogue constructif avec les grandes puissances mondiales, y compris les États-Unis, pour améliorer la situation économique de l'Iran.
Les élections présidentielles de l’Iran post-Raïssi sont un moment décisif pour le pays. Même si le président élu aura beaucoup moins de pouvoir que l’Ayatollah, le choix d’un réformiste ou d’un conversavteur aura une importance capitale sur la stabilité et la prospérité du pays.