Les vents du changement font avancer les transports publics en Israël et en Arabie Saoudite

Les vents du changement font avancer les transports publics en Israël et en Arabie Saoudite

Les déplacements dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) ont longtemps été dominés par l’usage de la voiture et par les trajets en avion pour relier les grandes distances. Mais les vents du changement soufflent fort dans cette région du monde. Avec Israël comme pays pionnier de la région et le nouveau réseau de métro à Riyad, les deux pays ouvrent un nouveau chapitre de ce qui n’est que le début de la mobilité durable dans la région.

La station King Abdullah du métro de Riyad, crédit : VRT

Le bilan est le premier vers l’élan du changement

La chaleur est intense, elle frappe de plein fouet. Pour y échapper, la voiture climatisée à l’abri des rayons du soleil est le meilleur moyen. Dans de nombreuses villes de la région, les embouteillages sont donc une réalité quotidienne. En plus de cela, les infrastructures de transport en commun, qui auraient pu être des alternatives, bien que moins confortables, sont souvent absentes ou sous-développées. Cette situation découle aussi d’un modèle économique historiquement centré sur le pétrole, où la voiture individuelle a longtemps été la norme. À cela s'ajoute une planification urbaine favorisant l'étalement des villes  rendant donc difficile l'intégration d'un réseau de transport collectif efficace. Cette dépendance accrue à la voiture n’est pas sans coût. En effet, elle s'accompagne d'une augmentation des émissions de CO2 et d’un coût élevé pour les économies locales, à la fois en termes de trafic routier et de pollution. Pourtant, des initiatives émergent, portées par la prise de conscience de la nécessité de trouver un modèle de déplacement urbain favorable au plus grand nombre tout en favorisant un développement durable.

Israël comme précurseur régional de la mobilité alternative

Nous l’avons vu, les transports publics ont connu un développement ralenti ces dernières années pour de multiples raisons. Pourtant, dans la région MENA, Israël se démarque par une transformation spectaculaire de sa mobilité urbaine et interurbaine. Avec un investissement massif de 200 milliards de shekels entre 2018 et 2025, le pays révolutionne ses infrastructures de transport et établit un modèle à la fois écologique et technologique. Cette transformation s’appuie sur une expansion constante du réseau ferroviaire, qui accueille aujourd’hui 68 millions de passagers par an, avec une croissance annuelle de 6 %. Ainsi, le réseau s’étend sur 1 100 kilomètres de voies, dont 420 kilomètres sont déjà électrifiés, tandis que les bus desservent l’ensemble du territoire à travers 16 000 véhicules et 5 000 lignes.

Dans les grandes villes, cette transformation est encore plus visible. À Tel Aviv, un projet de métro comprenant 145 kilomètres de voies et 109 stations est en cours de construction et devrait permettre de transporter jusqu’à 2 millions de passagers par jour d’ici 2032. La première ligne, appelée la ligne rouge, est déjà opérationnelle et accueille chaque jour 240 000 voyageurs. Cette initiative, qui représente à elle seule un investissement de 150 milliards de shekels, incarne l’ambition de Tel Aviv de devenir une métropole plus fluide et mieux connectée. Jérusalem, de son côté, s’appuie sur un réseau de tramways et métros en pleine expansion, transportant actuellement 160 000 passagers par jour, avec une prévision de 450 000 d’ici 2025 grâce à des extensions qui ajouteront 22 kilomètres supplémentaires. 

En parallèle, Israël déploie des efforts monumentaux pour encourager la mobilité douce. Par exemple, Tel Aviv dispose déjà de 300 kilomètres de pistes cyclables, et Jérusalem vise à atteindre 123 kilomètres d’ici 2025. D’autres villes comme Haïfa et Be’er Sheva suivent cette dynamique, avec respectivement 65 et 50 kilomètres de pistes en cours de développement. De plus, ces infrastructures s’accompagnent d’un déploiement croissant de services de vélos et trottinettes partagés, rendant la mobilité écologique plus accessible. Le cap est clair, ces initiatives s’inscrivent dans des objectifs ambitieux pour 2040, où 40 % des déplacements devraient être effectués en transport public, 25 % à pied, 15 % à vélo, et seulement 20 % en voiture, un contraste énorme avec les 90 % de déplacements en voiture observés en 2020.

Le métro de Riyad : un tournant historique

Le lancement du réseau de métro de Riyad marque une étape déterminante pour l’Arabie saoudite et, plus largement, pour la région MENA. Ce projet ambitieux, démarré en 2013, s'inscrit dans le cadre de la Vision 2030, un programme stratégique visant, en autres, à atteindre la neutralité carbone à horizon 2060. Avec six lignes s’étendant sur 176 kilomètres et comprenant 85 stations, le métro de Riyad s'impose naturellement comme l’un des projets d’infrastructure les plus novateurs de la région. Sa réalisation a mobilisé des entreprises de renommée mondiale telles qu’Alstom, qui a fourni 69 rames électriques ultramodernes pour le réseau ou encore Hitachi et RATP Dev, cette dernière étant chargée de la gestion et de l'exploitation du réseau grâce à son expertise reconnue dans le domaine des transports publics.

Ce métro devrait transformer la vie quotidienne des habitants de Riyad, une ville peuplée par près de 8 millions de personnes. Prévu pour desservir une capacité maximale de 3,6 millions de passagers par jour, il devrait considérablement réduire les embouteillages, améliorer les temps de trajet et offrir une solution efficace aux problèmes de trafic routier. Au-delà de son impact immédiat, le projet représente une avancée sociale et économique qui va améliorer la qualité de vie tout en stimulant l’activité économique locale.

Le lancement de ce réseau dépasse le cadre d’une simple infrastructure. Il incarne une volonté claire de transformer les modes de vie et de répondre aux enjeux du XXIe siècle. Si des pays comme Israël et l’Arabie saoudite ouvrent la voie avec des projets pionniers, ils montrent également l’ampleur du travail restant à effectuer pour les autres pays de la région MENA. Cette disparité révèle un défi de taille, mais aussi une opportunité pour les gouvernements et les investisseurs d’accélérer la transition vers des systèmes de mobilité modernes et durables, s’inspirant des succès de Riyad ou de Tel Aviv.

Sources :

https://www.lorientlejour.com/article/1437329/larabie-saoudite-ouvre-une-partie-du-reseau-de-metro-de-sa-capitale.html

https://www.alstom.com/fr/press-releases-news/2024/11/alstom-celebre-le-lancement-du-reseau-de-metro-de-riyad

https://www.ratpdev.com/fr/references/arabie-saoudite-riyad-metro

https://openknowledge.worldbank.org/server/api/core/bitstreams/dde26f03-4a50-454f-ac3f-11403a8bd814/content

https://www.zaha-hadid.com/architecture/king-abdullah-financial-district-metro-station/