Egypte : le pari de la Fintech
Depuis que les zones financières de libre échange, telles que le marché mondial d’Abu Dhabi et le centre financier de Dubaï, ont commencé à promouvoir la croissance des fintechs régionales, le secteur bancaire a pris un véritable tournant. Le boom des fintechs dépassent les frontières moyen-orientales. Jeune, dynamique et résiliante, l’Afrique est devenue l’une de ces nouvelles terres d’accueil.
En 2022, le continent attire plus de 1100 investisseurs, ce qui correspond à une progression de 29% par rapport à l’année précédente. Nigéria, Kenya, Soudan… Parmi les pays en tête à adopter ce nouveau modèle, l’Égypte fait le pari de l’innovation financière. Dans quelles conditions ces nouvelles entreprises s’insèrent-elles dans le marché égyptien et quelle influence exercent-elles sur le territoire ?
Rénovation du secteur bancaire égyptien : la fintech MNT-Halan soigne les plaies socio-économiques du pays
La crise économique qui sévit en Égypte aura peut-être bousculé ses horloges mais pas son rang. À la troisième place des plus grosses économies du monde arabe, le Caire compte bien conserver ce titre. Une étude de The Economist montre que la bourse EGX 30 (équivalent du CAC 40) a connu une hausse de 12% en valeur entre décembre 2022 et mars 2023. Une corrélation peut vite s’établir entre cette tendance à la hausse et un marché de la technologie qui continue de s’épanouir. Le secteur des fintechs aurait déjà permis au pays du Nil de lever 736 millions de dollars en 2022.
Première société en lice : MNT-Halan, que Forbes a élue 10ème start-up la plus financée du Moyen-Orient. Valorisée à plus d’un milliard de dollars, la jeune pousse est devenue la nouvelle licorne d’Afrique, après Fawry et Hollydesk. Suivant l’exemple de ses deux grandes soeurs spécialisées dans la gestion des dépenses, MNT-Halan contribue à son tour à la modernisation du système bancaire. La plateforme dématérialisée facilite les paiements électroniques grâce au logiciel Neuron qui utilise l’IA pour anticiper le comportement de ses milliers d’utilisateurs.
Il faut comprendre que la vocation de la plateforme est double : amorcer une transition vers la digitalisation et répondre à un problème sociétal majeur : l’insécurité financière. Dans un pays où 70% de la population n’est pas bancarisée, la finance digitale pourrait devenir le remède contre la précarité. En embrassant le domaine de la fintech, l’entreprenariat égyptien semble panser les plaies de son pays, fussent-elles à l’échelle macro ou micro économique.
Les start-ups de la finance, régulées et soutenues par l’État
Perçu comme un moteur de développement technologique, sociale et économique, le secteur de la finance technologique est plébiscité par de nombreux acteurs du publique et du privé. D’après le Cabinet Redseer, un quart des pactes commerciaux du monde arabe se rattacheraient au secteur de la finance dématérialisée. Mais le passage à la digitalisation ne va effectivement pas de soi et nécessite la mise en place d’une solide régulation.
À l’heure où les consommateurs du pays commencent timidement à se tourner vers les paiements en ligne, l’État égyptien s’efforce de sécuriser cette nouvelle pratique tout en la rendant plus simple et accessible. La Banque Centrale applique pour ce faire une législation autorisant les utilisateurs à mener des transactions instantanées depuis leur téléphone portable.
De manière générale, les mesures gouvernementales supervisent l’innovation technologique de sorte à en minimiser les risques. Autre exemple notable: la récente loi FRA qui encadre les start-ups de la finance en leur soumettant une brevet temporaire, avant de les laisser s’intégrer dans l’écosystème. D’après la fondatrice de l’association de fintech égyptienne et vice présidente du réseau de fintech africaine Noha Shaker, celui-ci serait actuellement en pleine phase d’expansion. Du gouvernement aux investisseurs privés, même les universités démarrent à présent des programmes portant sur le sujet.
L’Égypte : le prochain hub technologique de la région MENA ?
L’essor des fintechs égyptiennes est d’ailleurs un indicateur significatif de l’évolution du gouvernement vis-à-vis de la révolution technologique. En 2023, plus confiant et plus au fait des dernières innovations de la finance, le ministre des finances prévoit d’émettre des obligations vertes d’une valeur de 500 millions de dollars afin de soutenir des projets d’infrastructures durables tout en créant de l’emploi.
L’Egypte est-elle le prochain hub de la technologie au Moyen Orient et dans le Nord de l’Afrique ? Si la Banque Mondiale classe aujourd’hui le pays du Nil juste derrière les Émirats Arabes Unis, le renforcement de son cadre juridique, conjugué à l’accroissement des investisseurs de la fintech, laissent présager que cette ascension n’est pas finie.
Sources :
https://thefintechtimes.com/fintech-in-egypt-101-middle-east-and-africa/