Smart Fashion
Avec un volume estimé à 130 milliards d’unités produites par an, l’industrie du textile est un marché de taille. Mais face à l’impact de la poussée technologique, assortie à une conscience environnementale de plus en plus prégnante, le système actuel de fast fashion, auteur de 2% des émissions de gaz à effet de serre, tente d’entamer sa reconfiguration.
Dans ce même contexte, le monde arabe semble déjà annoncer sa transition vers une mode plus accessible et plus durable. L’heure est à la révolution des méthodes de production et de commercialisation du textile. L’investissement turc en matière de R&D, l’émergence de fashion startups en Egypte, de boutiques d’occasion en Israël ou encore d’exportations textiles au Maroc en sont les premiers exemples.
Turquie et Égypte : l’industrie textile propulsée par la R&D et l’essor du e-commerce
Dans le monde arabe, l’essor technologique profite aux grands acteurs de l’industrie textile. La Turquie est un pays leader de ce secteur. Or, depuis plus de trois ans, ses grands groupes investissent activement en R&D. Korteks a ainsi dédié 10 millions de dollars au lancement d’une nouvelle ligne de production à base de polyester recyclé. La transition vers des méthodes de fabrication plus performantes et plus durables s’accélère dans la région et est soutenue par un réseau de communication plus efficace, grâce à l’essor du e-commerce.
Si l’année 2020 s’est traduite par la croissance effrénée du commerce électronique en Afrique, en 2023, la vente en ligne a acquis près de 20% des parts de marché (par rapport à 6% en 2009) à l’échelle mondiale. En Égypte, The Fashion Kingdom a rapidement perçu l’opportunité que représentait l’alliance de la mode et de la technologie. En assemblant les meilleures marques de modes internationales et locales sur une plateforme optimisée, la start-up égyptienne s’est donnée pour mission de faciliter l’achat des vêtements sur internet. Au delà de son aspect pratique, The Fashion Kingdom porte aussi un message social. Face à l’inflation galopante qui appauvrit près de 105 millions d’égyptiens, les fondateurs se sont engagés à concilier produits de qualité et prix abordables.
Slow Fashion : un modèle déjà d’actualité en Israël ?
Vendre mieux et à un prix compétitif est une initiative beaucoup moins récente que ce que l’on pourrait penser. Bien avant Vinted, l’organisation internationale des femmes sionistes (Wizo) créée en 1920 a joué un rôle fondamental dans la promotion du marché d’occasion. La Wizo permet aux femmes d’acheter des vêtements de marque, jusqu’à quatre fois moins cher que dans les magasins traditionnels. En 2021, l’organisation israélienne compte quatre magasins à Jérusalem, deux à Tel Aviv et un à Netanya. “Avant, les gens étaient réticents vis-à-vis des boutiques de seconde main, mais depuis le covid, ils se sont rendu compte de l’opportunité économique que cela représentait. Ils peuvent acheter de très beaux articles sans avoir à s’endetter” témoignait Peggy Cohen, présidente de l’organisation.
Pionnière, La Wizo a ouvert la voie aux autres initiatives éco-responsable de l’État hébreu. C’est notamment le cas de la boutique Aderet, inaugurée en 2004 par Atnyel Guedj. Cette entrepreneuse, qui a déjà fait fleurir des fashion start-ups en Chine et aux États Unis, a compris le potentiel du marché d’occasion. Et de fait, les fashion analysts estiment que la fripe devrait dépasser les ventes du prêt à porter, d’ici à une dizaine d’années.
Industrie textile, entre hausse des exportations et des collaborations : Israël, Jordanie, Maroc et plus encore…
Israël est le premier pays de la région a avoir développé des relations commerciales avec le Canada, l’Union Européenne, le Mexique, Turquie, la Jordanie et les États Unis. Aujourd’hui, la transformation de l’industrie textile bénéficie au renforcement des échanges. Si la Jordanie et Israël disposent déjà d’une qualifying industrial zone (QIZ) facilitant la production et l’exportation de biens manufacturés, il semblerait que de plus en plus d'États leur emboîtent le pas, et ce grâce au secteur de l’habillement. En 2022, Fatima Zohra Alaoui, directrice générale de l’association marocaine des industries du textile, soulignait une augmentation de 23% des exportations textiles marocaines vers l’Europe par rapport à 2021.
La mise en valeur du textile marocain en Europe engendre de belles opportunités entrepreneuriales. Aux côtés de la Tunisie, de l’Égypte et de la Jordanie, Le Lion de l’Atlas a récemment pris part à l’événement régional MENA fashion hub, co-financé par le gouvernement suisse et suédois. Destiné aux professionnels de la région dans le domaine du design, les ateliers du MENA fashion hub sont animés par des experts internationaux de l’école Mod’Art International de Paris.
Stimulée par développement des échanges multilatéraux, l’industrie textile au Moyen Orient continue sa progression et pourrait vite s’adapter aux nouveaux défis du XXI ème siècle.
Sources :
https://www.statista.com/outlook/dmo/ecommerce/fashion/israel
https://embassies.gov.il/zagreb/Economic_Affairs/Israeli_Economic_Updates/Documents/ Fashion.pdf
https://www.tunisie.fr/vers-la-creation-dun-hub-de-la-mode-dans-la-region-afrique-moyen orient/