Espoir audacieux pour la fraternité humaine

Espoir audacieux pour la fraternité humaine

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » Constitution de l’ONU.

Depuis des décennies, on assiste à la montée de l’extrémisme religieux et de l’intolérance qui se manifestent dans toutes les sociétés et toutes les confessions. Les valeurs du pluralisme, du respect mutuel, de la diversité des religions et des convictions sont le fondement de la paix et le ciment de notre famille humaine. Pourtant, partout dans le monde, ces valeurs sont bafouées.


En cause les clivages qui s’accentuent, les inégalités qui augmentent, les discours de haine, le sectarisme et les conflits qui progressent. Plus que jamais, il faut rappeler que le dialogue entre tous les groupes religieux peut aider à faire mieux connaître et mieux comprendre les valeurs communes au genre humain. Dans cette perspective, il est nécessaire d'encourager les initiatives destinées à promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures, afin de renforcer la paix, la stabilité sociale, la compréhension mutuelle et ainsi faire prospérer la fraternité humaine.


Un modèle d’harmonie interconfessionnelle



En 2010, l'Assemblée générale des Nations Unies proclame la Semaine mondiale de l'harmonie interconfessionnelle, célébrée la première semaine de février de chaque année comme moyen de promouvoir l'harmonie entre toutes les religions, croyances et confessions. Le 21 décembre 2020, la Journée internationale de la fraternité humaine est instaurée par le biais de la résolution 75/200, qui fut adoptée à l’unanimité et était portée par l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, la Guinée équatoriale, le Maroc, le Burkina Faso et le Venezuela. Les États membres sont invités à inscrire cette célébration dans leur calendrier à partir de 2021.

Cette journée, qui eut lieu pour la première fois le 4 février 2021, célèbre les valeurs de compassion, de compréhension religieuse et de respect mutuel qui garantissent la paix.

Elle est fondée sur l’adhésion aux principes de liberté, de justice, de démocratie, de tolérance, de solidarité, de coopération, du pluralisme, de la diversité culturelle, du dialogue à tous les niveaux de la société et entre les nations dans un environnement national et international favorisant la paix pour garantir les droits de chacun, en particulier les pauvres, les handicapés et les plus nécessiteux.


L’importance des religions 


« Personne ne se sauve seul »

Le cardinal Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège à l’occasion du premier Meeting mondial sur la Fraternité humaine
le 10 juin 2023 sur la Place Saint-Pierre à Rome.


Les religions ont une responsabilité décisive dans la coexistence entre les peuples. Pour se mettre au service de la fraternité, elles ont besoin de dialoguer entre elles, de se connaître, de s'enrichir mutuellement et d'approfondir ce qui les unit. Les différentes traditions religieuses, chacune puisant dans son patrimoine spirituel, peuvent apporter une grande contribution. En effet, si on sait démontrer qu'il est possible de vivre la différence dans la fraternité, on saura petit à petit se libérer de la peur et de la méfiance envers l'autre différent de soi.

Des actions ont ainsi été menées par les chefs religieux pour promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel. Une rencontre a notamment eu lieu entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, le 4 février 2019 à Abou Dhabi, à l’issue de laquelle a été signé le document intitulé « La fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ». Ce Document, en accord avec les précédents Documents Internationaux qui ont souligné l’importance du rôle des religions dans la construction de la paix mondiale, est une invitation à la réconciliation et à la fraternité entre tous les croyants et les non croyants. Il prône les valeurs de tolérance et de fraternité promues et encouragées par les religions et symbolise l’accolade entre Orient et Occident. En le remettant aux autorités, aux leaders influents, ou encore aux organisations de la société civile, l’Eglise catholique et Al-Azhar, promettent de faire en sorte qu’il devienne «objet de recherche et de réflexion» dans toutes les écoles, les universités et les instituts d’éducation et de formation, pour contribuer à créer de nouvelles générations qui porteront le bien et la paix.

En France, L’association "La Fraternité d’Abraham" a été l’une des conséquences du concile du Vatican II (1962-1965) qui avait été convoqué à l’initiative du Pape Jean XXIII. En effet la déclaration « Nostra Aetate » du 26 octobre 1965 recommandait aux chrétiens la connaissance du judaïsme et l’estime mutuelle et ouvrait aussi l’Eglise catholique au dialogue interreligieux avec l’Islam. Elle fut créée le 7 juin 1967 à la mosquée de Paris à l’initiative de l’écrivain André Chouraqui, le père Danielou, puis rejoints par le père Michel Riquet, le recteur de la mosquée Si Hamza Boubakeur et l’homme de lettres Jacques Nantet.
La Fraternité d’Abraham, qui par son nom fait référence au père des trois religions monothéistes dites abrahamiques, a été fondatrice de l’Amitié entre les communautés et a joué un rôle important, soit directement, soit par l'intermédiaire de ses membres, dans le développement des dialogues interreligieux en France, notamment après la guerre du Golfe de 1991, mais aussi en Europe et au niveau international. Elle veut dans cet esprit tisser des liens d'amitié fraternels entre les croyants, pour construire une paix durable.
En 2004, avec la LICRA, le CRIF,  le Consistoire et le Rabbinat, elle met en œuvre le processus des Amitiés Judéo-Musulmanes (AJMF) qui fédère en France de nombreux groupes attachés à ce dialogue.


« la connaissance est la première étape qui permet de bâtir des ponts avec l’autre »


La fraternité dans les trois monothéismes.

« Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés » (Jean 13). La vie de Jésus est un exemple et un appel à la fraternité. Né juif, Il invite ses compagnons à une nouvelle fratrie universelle, fondée sur l’unicité de Dieu, le Père de tous, et son dessein bienveillant à l’endroit de tous les humains. Par sa résurrection, Jésus est devenu, dit Paul, l"aîné de la multitude des frères. Il n"y a plus ni homme, ni femme, ni esclave ni homme libre, ni grec, ni juif (Gal. 3,28) : là est la descendance d’Abraham. Pour nous apprendre à nous aimer comme des frères, Jésus nous enseigne à voir ces différences qui demeurent non comme des oppositions, mais comme des richesses à partager.

« Suis-je le gardien de mon frère? » réponse de Caïn à l"Éternel, lorsque celui-ci s"enquiert du sort d’Abel (Gn 4,9) .
Selon le Judaïsme, la fraternité n"est pas innée, elle s"apprend. Il faut se conditionner à vaincre la haine, à la transmuter en amour comme dans l"histoire de Joseph et ses frères. Ce projet de fraternité élargi est celui du messianisme.Cet amour d"autrui qui mène au sentiment de fraternité est inclusif dans le judaïsme quel que soit le degré de pratique religieuse ou le degré de connaissance de la Torah. Tous les individus sont aussi importants l"un que l"autre et ils sont tous fraternellement réunis, personne n"est exclu dans la communauté. l"Éternel offre au peuple hébreu les Dix commandements qui demeurent jusqu’à présent le fondement du judaïsme et qui régissent les rapports entre l"homme et Dieu et ceux  entre l"homme et son prochain. L"amour d"autrui devient ainsi l"un des facteurs de notre communion avec Dieu. L"amour du Créateur et l"amour des créatures sont indissociables.

« Il n’a pas atteint la plénitude de la foi, celui qui dort repu alors que son voisin a faim » (Le prophète Mahomet).
La fraternité est également inscrite dans les maximes du Prophète Muhammad. Le Coran explique que tous les croyants sont frères et qu’ils doivent chercher à vivre en paix et en justice. Elle s’articule d’abord autour de la notion centrale de l’Unicité divine (Tawhïd). Dieu a créé une humanité unique, procédant d’une et même âme. Il n’est point de fraternité sans faire l’effort de connaître l’autre. La connaissance est la première étape qui permet de bâtir des ponts avec l’autre, dans le respect mutuel. La fraternité est le résultat d’un engagement, d’un effort soutenu pour la reconnaissance de l’autre (de sa personne, de sa vie, de ses droits etc ).

La journée internationale de la fraternité humaine s’inscrit dans un élan qui nécessite de renforcer en chacun d’entre nous sa capacité à dialoguer avec les autres, pour mieux se connaitre et s’accepter mutuellement. Nous partageons une origine et une descendance communes, nous avons aussi un destin commun. « La foi d’Abraham le croyant » apparait aujourd’hui comme un ferment de paix et d’entraide, capable de susciter l’enthousiasme et la générosité au service de toutes les causes vraiment humaines.
Juifs, chrétiens et musulmans ont décidé de s’unir pour prendre conscience de tout ce qui, depuis Abraham, constitue leur commun patrimoine spirituel et culturel, pour travailler ensemble à la réconciliation effective de tous ceux qui constituent, aujourd’hui, la descendance d’Abraham dans le but de libérer le monde des méfaits de la haine, des violences fanatiques, des orgueils de la race et du sang, en lui révélant les sources authentiques et divines d’un humanisme fraternel.


Sources:


https://www.vatican.va/content/francesco/fr/travels/2019/outside/documents/papa-
francesco_20190204_documento-fratellanza-umana.html


https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2023-06/le-meeting-mondial-sur-la-fraternite-humaine-un-echo-d-esperanc.html


https://www.un.org/fr/observances/human-fraternity


https://www.fraternite-dabraham.com


http://www.fraternite-dabraham.com/wp-content/uploads/Revue-153.pdf