La Cuisine Levantine : un mezzé de cultures dans l’assiette

La Cuisine Levantine : un mezzé de cultures dans l’assiette

On appelle cuisine levantine la cuisine traditionnelle des pays qui formaient l’ancien Empire ottoman soit : l’Arménie, la Turquie, la Syrie, le Liban, Israël, la Palestine, l’Irak, l’Iran, la Jordanie et l’Égypte.

Relativement proche de la cuisine méditerranéenne, la cuisine du Levant est caractérisée  par ses mélanges d’épices et ses assaisonnements savoureux, à base d’huile d’olive, de  jus de citron et d’herbes fraîches. Ces ingrédients simples, accommodés à la perfection,  sont servis avec générosité. On les retrouve dans des plats colorés, saupoudrés de  zaatar, de sumac, de graines de grenade et de coriandre.

Voilà les principaux piliers de la cuisine levantine et de ses recettes tout droit venues du  Proche-Orient : Chakchouka, Chou fleur rôti, Baba Ganousch, Feuilles de vignes farcies,  Chawarama, Falafel et Houmous…

Le point fort de cette cuisine est le fait qu’elle soit accessible à tous, végétariens,  flexitariens, vegan etc.Tout le monde peut y trouver son bonheur. Mais surtout, c’est une  cuisine très axée sur le partage, avec des mezzés , des grands plats, des grandes tablées  et une grande diversité dans l’assiette.

Encore méconnue il y a 10 ans, la cuisine levantine ou plus généralement  méditerranéenne a connu un essor très important, sous l’impulsion de quelques chefs  aujourd’hui stars des réseaux sociaux ou auteurs de livres à succès, comme le célèbre  chef anglo-israelien Yotam Ottolenghi, à l’origine du raz-de-marée de saveurs orientales  qui déferle en Occident, le chef Assaf Granit, 1er chef israélien à avoir reçu une étoile au  Guide Michelin en 2021, ou encore Le chef Franco-libanais Alan Geam, également étoilé.

De véritables success stories pour ces citoyens du monde qui nous invitent à partager un  métissage de saveurs dans des assiettes qui racontent leurs parcours, leurs traditions,  leurs identités, et dans lesquelles s’entremêlent des cultures ayant depuis toujours  coexisté.  

Zoom sur les chefs

Yotam Ottolenghi

Yotam Assaf Ottolenghi est né le 14 décembre 1968 à Jérusalem.  

Après avoir effectué son service militaire en Israël dans les renseignements, et l’obtention  d’une licence et une maîtrise combinées en littérature comparée à l'Université de Tel Aviv,  il part s'installer à Amsterdam avec son compagnon dans l’espoir de décrocher son  doctorat en littérature comparée pour finalement changer de cap et se reconvertir en  étudiant la cuisine française au Cordon Bleu à Londres.

Il devient alors le chef pâtissier de trois restaurants londoniens. Puis, en 1999, il fait la  rencontre décisive de Sami Tamimi, chef palestinien qui a grandi dans la vieille ville de  Jérusalem. Ensemble, le duo fonde l'épicerie fine Ottolenghi dans le quartier de Notting  Hill et propose des plats inventifs, principalement à base de légumes cuisinés avec des  épices de chez eux comme le zaatar, l'eau de rose ou la mélasse de grenade.  La marque Ottolenghi prend de l'ampleur et deux nouvelles épiceries voient le jour à  Kensington et Belgravia, puis un restaurant à Islington, la brasserie NOPI à Soho et enfin  Rovi, un restaurant de légumes qui a ouvert en 2018 à Fitzrovia.

Le chef israélo-anglais incarne à la fois un révolution politique (association réussie avec le  Chef arabe-israélien Sami Tamimi, sociologique (gay, marié et père de deux enfants) et  gastronomique, réunissant des siècles d’influences orientales, européennes et méditerranéennes.

Il est également l’auteur de best-sellers culinaires dont le  succès repose sur une esthétique ultra léchée. Ses recettes sont souvent tournées vers le végétal dans  Lesquelles il célèbre les légumes et la simplicité.

Les recettes emblématiques du Chef

Le baba Ganousch aux courgettes

Les endives caramélisées au jambon Serrano

La salade de carottes épicées

Assaf Granit

« Je suis né et j’ai grandi à Jérusalem et j’adore cette ville. » C’est ce qu’on peut lire sur le  site du chef Assaf Granit, qui séduit le tout-Paris à coup de saveurs levantines grâce à ses  restaurants Shabour, Balagan et, plus récemment, Tekés. Dans sa famille, la cuisine est  un héritage qui se transmet de grand-mère en grand-mère et qui est devenu, sous la  toque du chef israélite, une véritable référence. Car, si la ville sainte inspire ce chef  accompli à la tête de 14 établissements c’est qu’elle abrite une immensité de cultures  diverses. Marocaine, yéménite, européenne… Une multitude de traditions culinaires d’ici  et d’ailleurs qui ont nourri son univers cosmopolite. Il dit se souvenir de sa grand-mère,  cuisiner fenêtres ouvertes, et discuter avec ses voisins de différentes recettes aux origines  lointaines. Une ouverture sur le monde, sans doute le socle qui forge la créativité des  grands cuisiniers.

Autodidacte, Assaf Granit s’est lancé dans l’univers de la gastronomie en passant dans les  cuisines de restaurants jérusalémites puis européens avant d’ouvrir son premier  restaurant dans la cité de David. Très vite, le serial chef israélien a ouvert deux adresses à  Londres, cinq dans son pays natal, et compte aujourd’hui trois tables parisiennes, dont  Shabour, sacré en janvier 2021 d’une étoile au Guide Michelin, toujours entouré de ses  complices Dan Yosha, Uri Navon et Tomer Lanzman. Dernièrement, il a inauguré Tekés,  nouveau rendez-vous où résonnent nature, émotion et racines avec comme formule  magique : « Rendre à la terre ce qu’elle a la bonté d’offrir », ceci en faisant du végétal la  star de l’assiette. Il le revisite, l’exploite, le parfume, mais, avant tout, le manie avec amour  et respect. Dans ce nouveau restaurant, la flamme jaillit aux yeux des convives : cuisine  ouverte et cuisson ancestrale sont de mise, offrant un inoubliable spectacle olfactif. Il avait  jusqu’à présent lieu uniquement le soir, mais le restaurant proposera dès ce mois-ci une  pause déjeuner, un take-away et un bar à jus de fruits et à cocktails. De quoi s’exiler un  instant dans les souvenirs du chef qui a su faire de ses origines sa marque de fabrique  culinaire.

Les recettes signatures du Chef  :

Les crevettes sautées à l’ocra et l’arak

Alan Geaam

Alan Geaam est un chef qui force l'admiration. Né le 1er janvier 1974 à Monrovia (Libéria), il a connu une enfance agitée. Dès l'âge de 4 ans, ses parents libanais décident de fuir le pays, alors frappé par un coup d'Etat. Au Liban, la guerre civile bat également son plein. "On vivait à moitié dans la maison et à moitié terré dans la cave qui nous servait d'abri durant les bombardements.", confie-t-il. Heureusement, la cuisine de sa maman l'égaye," une excellente cuisinière qui préparait chaque jour de grands plats délicieux pour toute la famille ». Lorsqu’il obtient sa première étoile Michelin en 2018, Alan Geaam ose à peine y croire. Il n’y a pas que le rêve américain, se plait à dire ce chef souriant et affable, en ajoutant : "Moi j’ai vécu le rêve français." Pourtant, ses débuts ont été semés d’embûches. En 1999, après avoir terminé sa scolarité aux Etats-Unis où une grande partie de sa famille est expatriée, il débarque à Paris avec 200 francs en poche. Il se retrouve à la rue et dort sur des bancs du Champ de Mars. Il enchaine les petits boulots et apprend le français et la cuisine en autodidacte, en dévorant les livres des grands chefs français qu’il découvre dans des émissions télévisées. Il trouve un travail de plongeur chez un traiteur libanais et remplace le cuisinier un jour où ce dernier ne vient pas. Véritable coup de pouce du destin. Une vocation vient de naître. Alchimiste des saveurs entre Orient et Occident, Alan Geaam reprend en 2007 la maison d’un autre alchimiste de renom, Nicolas Flamel. Aujourd’hui, Alan Geaam est le chef étoilé de son restaurant éponyme l’ AG Les Halles et propriétaire de plusieurs bistrots Qasti, dédiés à la cuisine libanaise à Paris. La cuisine d’Alan Geaam n’est pas compliquée. C’est une cuisine française claire, précise dans laquelle il injecte quelques notes et saveurs venues de la gastronomie du pays au Cèdre.Un falafel joliment revisité ,un thon à la cuisson parfaite avec son tabouleh ultra frais, une canette laquée au jus de caroube et ses légumes à la vanille.

Les plats phares du chef

"Lait miel de mon enfance", parfum d’hysope, pollen

Thon et tabouleh libanais