Emirats Arabes Unis : la prochaine start-up nation ?
On avait déjà vu émerger aux Émirats des start-ups à succès telle que Souq, meilleur détaillant en ligne du monde arabe, racheté par Amazon en 2017 pour une somme qui se serait élevée à plus de 700 millions de dollars. Cas isolé ? Cet exemple s’ancre plus largement dans une dynamique économique pilotée par le pays du Golfe. Alors que leur rente pétrolière est condamnée à long terme, quels moyens déroulent donc les Emirats pour reconvertir leur État en start-up nation ?
Les start-ups boostées par l’aide publique
Les start-ups naissent et grandissent dans un éco-système propice au développement. Aux Émirats, les acteurs publics tiennent compte de cette consigne. Avec un taux d’imposition nul et une TVA de 5%, appliqués aux entreprises dont le chiffre d’affaire est inférieur à 385 000 dirhams émiratis (37 500 dollars), les jeunes entreprises innovantes sont encouragées à élire domicile dans ce pays de cocagne. Les métropoles sont particulièrement impliquées dans cette promotion. En 2022, le conseil exécutif de Dubaï a créé un nouveau fonds de 100 millions d’euros alloué aux startups. Le “Venture Debt Fund for Startups” a pour objectif de soutenir les projets des jeunes entreprises et de s’assurer de leur croissance. À Abu Dhabi, un fonds de 2 millards de dollars a été levé par le gouvernement via la plateforme HUB71, afin de donner plus de visibilité aux start-ups du WEB3 à l’échelle régionale.
Vers une nouvelle Silicon Valley
Les grandes villes ne sont d’ailleurs plus les seules à accueillir les start-ups. Bientôt, les entrepreneurs se fabriquent leur propre espace d’épanouissement et l’étendent au delà de de son cadre professionnel. Tel est le cas de Mohammed Al Zarooni, directeur général de la Dubai Silicon Oasis. La Silicon Valley du Moyen Orient est aujourd’hui le plus grand incubateur technologique. Son campus compte une centaine de start-ups issues de plus de 70 pays. Reconnue comme un hub de recherches majeur, la Dubai Silicon Oasis ne vise pas seulement à favoriser l’innovation mais surtout à la rendre accessible aux citoyens par le biais d’un projet encore plus fédérateur. Programmé pour s’étendre sur plus de 150 000 km le Dubai Digital Park se présente comme un véritable microcosme. Cette smart city devrait pouvoir réunir à la fois : industries, parc immobilier et complexe commercial. La transition vers une économie tournée vers l’ingénierie se concrétise ainsi plus en profondeur.
La fin tech : un levier incontournable
Classée dans le top 20 des compagnies de fintech par Forbes, la start up émirienne Sarwa participe à cette réussite. Grâce à une technologie innovante, combinée à des conseils d’experts, cette jeune pousse parvient à rendre l’investissement plus abordable en élaborant et testant des stratégies personnalisées. La fintech s’enracine ainsi dans le pays qui cumule déjà des services financiers bien implantés et permet d’attirer les capitaux du monde entier.
La diplomatie de la high tech : d’une startup nation à l’autre
Le nouveau paysage diplomatique a lui aussi fortement contribué à l’essor technologique et économique des Émirats Arabes Unis. À son tour sur la voie de l’innovation, cette nouvelle start-up nation a pu compter sur le soutien de son aînée. En septembre, la rencontre entre la délégation officielle d’Abu Dhabi et les entreprises israéliennes cotées en bourse s’est traduite par la signature de nouveaux accords économiques. Désormais, de nouvelles opportunités commerciales sont à saisir dans les domaines de la Cyber sécurité, de l’intelligence artificielle, blockchain et protection des données. Le commerce entre Israël et les Émirats aurait ainsi augmenté de 117% au premier semestre 2022 selon l’ambassadeur d’Israël aux Émirats Arabes Unis, Amir Hayek. Ce rapprochement entre l’écosystème technologique israélien et les entrepreneurs émiratis continue d’hisser les jeunes entreprises du Golfe au sommet du marché mondial de l’innovation. Dubai se classe à présent juste derrière Tel Aviv en matière d’investissements au Moyen Orient.
La matière grise : relai de l’or noir
Aujourd’hui désigné par la Banque Mondiale comme le pays le plus favorable à l’entreprenariat au Moyen Orient, l’État du Golfe est en passe de devenir une plaque tournante mondiale de la tech. Si en 2017, la trésorerie dans les entreprises de ce secteur clef avait déjà quadruplé par rapport à 2016, atteignant les 870 millions de dollars, en 2023, le FMI recense dans son rapport annuel 72 000 nouvelles entreprises contre 20 000 en 2018.
Toujours plus connectés, plus attractifs, plus compétitifs, les Émirats Arabes Unis se préparent à une transition économique et énergétique majeure. Si l’économie du pétrole ne sera bientôt plus une option pour la fédération du golfe Persique, une autre richesse est extraites du sol émirati : la matière grise remplacera l’or noir.
Sources :
https://arab.org/fr/middle-easts-start-scene-explained-five-charts/?amp
https://www.ft.com/content/225ffd34-0f22-11e7-b030-768954394623
https://lepetitjournal.com/dubai/installation/impot-revenu-entreprises-emirats-2023-352164 https://www.cairn.info/les-startups%20en%20france--9782715406810-page-63.htm https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/AE/situation-economique-et-financiere-des-emirats arabes-unis
https://www.youtube.com/watch?v=6WOQKKONciE
https://en.wikipedia.org/wiki/Souq_(company)
https://kawa-news.com/5-start-ups-arabes-a-suivre/
https://www.dsoa.ae/explore-dso/who-we-are/our-story