Iran : le potentiel d’une startup nation
Rares sont les peuples aussi résilient que les iraniens.
Ces mots inscrivent dans l'histoire et l'éternité la manière dont un peuple, doté d'une histoire si riche et ancienne, relève avec détermination les défis qui se dressent devant lui.
La dépendance de l'Iran à l'égard des hydrocarbures revêt une importance capitale. En 2019, les exportations de pétrole constituaient environ 70% des revenus totaux du pays. Face aux défis de diversification économique et de transition climatique, l'Iran accorde une importance croissante au développement d'un écosystème entrepreneurial propice à l'épanouissement de d’innombrables et innovants talents. Pour ce faire, la stratégie iranienne repose principalement sur quatre piliers : des investissements, des structures d'accompagnement, un système éducatif efficace et un réseau.
Les investissements
En Iran, les principaux types d'investissement proviennent principalement de fonds d'investissement privés, de business angels, de financement participatif et de fonds de recherche technologiques. En novembre 2021, on estimait que le pays comptait 85 fonds d'investissement en capital-risque. Outre ces fonds, d'autres initiatives, telles que la RTF, une organisation non gouvernementale, jouent un rôle essentiel en fournissant un soutien financier et en facilitant l'accès à des conseils stratégiques. Cette approche holistique contribue à renforcer la viabilité et la compétitivité des startups dans un environnement économique en croissance.
Les structures d’accompagnement
Les incubateurs jouent un rôle crucial dans le paysage entrepreneurial iranien, facilitant l'émergence de nombreuses startups. Ils sont indispensables au sein de l'écosystème entrepreneurial en permettant aux porteurs de projets de concrétiser leurs idées, bénéficiant d'un accompagnement personnalisé par des experts du domaine. L'apparition du premier incubateur iranien en 2000 a marqué le début d'une tendance croissante, avec actuellement plus de 250 incubateurs à travers tout le pays.
Ces incubateurs sont pour la plupart affiliés à des parcs scientifiques et technologiques et à des universités, permettant ainsi de renforcer les liens entre l'innovation, la recherche et le développement entrepreneurial. Les incubateurs sont fondamentales pour offrir aux startups un environnement propice à l'apprentissage et à l'accès à des ressources.
Les accélérateurs et centres d’innovation
Parmi les mécanismes de soutien aux startups en Iran, les accélérateurs revêtent une importance capitale. Leur soutien, qu'il soit matériel, financier ou en termes de connaissances, accroît les chances de réussite des jeunes startups. Les accélérateurs en Iran sont principalement des structures du secteur privé. Leur efficacité a été unanimement reconnue par le gouvernement iranien et l'écosystème entrepreneurial, faisant émerger une volonté commune de les développer. Avatech, le premier accélérateur en Iran, a été fondé en 2014, et a marqué le début de la première vague d'établissement d'accélérateurs en 2016. Désormais, le nombre total de centres d'innovation et d'accélérateurs en Iran est estimé à 162. De plus, 69% des accélérateurs en Iran sont spécialisés dans des secteurs spécifiques, comme le montre le graphique ci-dessous présentant la répartition des accélérateurs spécialisés dans différentes industries.
Sanctions américaines : résilience et souffle de vie.
Les sanctions américaines ont profondément affecté l'écosystème entrepreneurial iranien, surtout depuis le retrait des États-Unis des accords de Vienne en mai 2018. Dès lors, les investisseurs étrangers ont manifesté une réticence à investir en Iran en raison des risques politiques et financiers liés à la situation du pays. Même les investisseurs nationaux ont réduit leurs engagements dans le pays. Parallèlement, les startups iraniennes ont été privées de nombreuses solutions matérielles et logicielles européennes et américaines en raison de ces sanctions, entravant le développement de plateformes et d'applications. De plus, les entreprises étrangères, qu’ils soient clients ou fournisseurs, sont dans l'impossibilité d'acquérir ou d'intégrer les produits des startups iraniennes dans leurs solutions, de peur de violer les sanctions américaines.
Cependant, ces sanctions ont aussi renforcé le pays et la détermination de son peuple à s'en sortir par ses propres moyens. Dos au mur, les entrepreneurs iraniens ont montré comment la frugalité peut être le moteur de grands accomplissements. L’écosystème entrepreneurial iranien s’est construit dans des conditions particulièrement difficiles, le rendant aujourd’hui plus résilient que jamais. L'isolement vis-à-vis des concurrents étrangers a offert aux startups l'occasion de se développer dans un environnement protégé, avec une moindre concurrence mais davantage de stabilité. Prenons un exemple concret. Les sanctions concernant l'interdiction des systèmes de paiement et des méthodes de transaction en ligne à fait émerger de nombreuses startups iraniennes cherchant à résoudre ce problème. Ce qui était alors une impasse, s’est transformé en une saillante opportunité pour des entrepreneurs qui ont créé et développé des solutions internes pour les méthodes de transaction. Ainsi, et contrairement à de nombreuses autres nations, les Iraniens ont développé leur propre version locale de startups internationales. Voici une infographie présentant quelques-unes des startups iraniennes bien connues et leur équivalent international.
De plus, l’écosystème entrepreneurial s’est consolidé à travers un esprit d’entraide national, poussant les acteurs à s’aider mutuellement et collaborer. Cet état d’esprit est déterminant dans la capacité d’un peuple à surpasser certains problèmes. Face aux sanctions, le gouvernement s’est également mobilisé avec des initiatives tels que le Fonds national de développement et le Fonds national de l'innovation, visant à soutenir les startups, allouant des prêts et des subventions aux startups existantes et émergentes.
Sources :